A LA UNE
Édition du vendredi 15 janvier 2010
http://www.midilibre.com/articles/2010/01/15/A-LA-UNE-Malaise-entre-les-murs-de-la-psychiatrie-1072678.php5
Gard, Malaise entre les murs de la psychiatrie
Après 13 jours d’arrêt maladie, cet infirmier en psychiatrie âgé de 40 ans a repris le chemin de l’hôpital. Mais il a le blues. « Je compte partir, quitter le secteur fermé, passer en extra hospitalier, pour intégrer l’équipe des visites à domicile », confesse-t-il.
Le 25 décembre dernier, ce professionnel expérimenté a été frappé violemment par un patient. Un événement qui l’a choqué et agit sur lui « comme la goutte d’eau qui fait déborder le vase ». Cet infirmier qui travaille depuis 1995 en psychiatrie au CHU de Nîmes, en a assez. « Cela se dégrade d’année en année », estime-t-il.
« Le soir de Noël, un patient d’une vingtaine d’années a été admis en HDT (hospitalisation à la demande d’un tiers), raconte-t-il. A 23 h 15, un collègue aide soignant est allé voir dans sa chambre s’il dormait. Le patient lui a sauté dessus, l’a frappé. Je suis arrivé en renfort et j’ai reçu un coup de poing à la figure qui m’a étalé par terre. » Le jeune homme a pu être maîtrisé. Mais les deux agents hospitaliers agressés ont été mis en arrêt maladie.
L’affaire n’a en soit rien d’extraordinaire dans ce secteur fermé de psychiatrie, où, derrière les grilles, sont hospitalisés des cas susceptibles de constituer un danger pour eux-mêmes ou pour autrui. Mais elle se traduit par un vif ras le bol. Surtout que l’incident succède à un autre, choquant. Le 20 décembre, toujours dans ce secteur fermé qui compte 24 lits, un patient qui était allé fumer dans une cage d’escalier prévue à cet effet, s’est immolé par le feu en enflammant avec son briquet un déodorant aérosol. Très sérieusement blessé, il a été évacué vers le service des grands brûlés de Montpellier. Il est aujourd’hui tiré d’affaire.
Ces deux événements violents, qui font suite à d’autres, suscitent des interrogations sur les conditions de travail, alors que les méthodes psychiatriques ont considérablement évolué, elles sont notamment plus versées dans les droits des patients. Est-il ainsi loisible qu’en secteur fermé les patients puissent avoir un briquet sur eux ou d’autres effets personnels potentiellement dangereux ? « On n’est pas en sécurité », estime carrément l’infirmier agressé le soir de Noël.
Une infirmière et une aide soignante en milieu ouvert, ou encore un agent du secteur fermé, ne disent pas autre chose. Tous incriminent le manque de personnel – « le jour où le patient s’est immolé il manquait un infirmier et un aide soignant » -, le nombre insuffisant d’agents masculins, précieux face aux cas violents. Ou encore l’inexpérience de la plupart des infirmiers en milieu fermé : « Des jeunes diplômés puisque plus personne ne veut désormais travailler en secteur fermé. »
Richard BOUDES