Compte courant du sperme
26 octobre 2012
Il y a un pouvoir encore plus fort que celuique confère l’argent, la politique ou la célébrité. Une puissance face à laquelle on ne peut que plier, s’agenouiller, se tenir pour vaincu d’avance. Ce privilège est celui que les femmes ont acquis depuis quelques décennies sur la sexualité masculine. Et je ne fais pas allusion aux actes indélicats, voire brutaux, commis contre elles par des hommes et qui impliquent une responsabilité juridique, corollaire d’une faute de leur part. Je veux parler des situations dans lesquelles, même si un homme n’a pas commis la moindre faute, même s’il s’est montré doux, attentionné et s’est mis entièrement au service du plaisir d’une femme, celle-ci peut le contraindre par la voie judiciaire à devenir père de l’enfant qu’il a engendré.
Récemment, les médias ont dévoilé deux affaires qui nous ont rappelé l’ampleur de ce pouvoir : Rachida Dati, qui assigne le milliardaire Dominique Desseigne en reconnaissance de paternité, et une ancienne conquête de Jean-Luc Delarue, dont l’enfant âgé de 12 ans pourrait obtenir un tiers de sa succulente succession. On dira qu’il est dégueulasse qu’une société qui a donné aux femmes le pouvoir de décider librement de la maternité (contraceptifs, avortement, accouchement sous X) oblige les hommes à devenir pères des enfants qu’ils ont conçus parfois par une imprudence ou un simple accident.
Même si une femme s’empare du sperme d’un homme à l’insu de celui-ci ou contre son gré, la paternité sera malgré tout attribué à l’homme.