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mardi 5 septembre 2023

VRAI OU FAUX. La non prise en charge de la santé mentale coûte-t-elle 110 milliards d'euros à la France, comme l'affirme Boris Vallaud ?

Armêl Balogog   Publié 

Lors de la rentrée du Medef, le député socialiste Boris Vallaud a appelé à investir dans la santé mentale pour permettre aux Français d'aller bien et de pouvoir travailler.

Le député socialiste Boris Vallaud; le 21 septembre 2022. (THOMAS SAMSON / AFP)

"Vous savez quel est le coût de la non prise en charge de la santé mentale en France ?", a lancé le député socialiste des Landes Boris Vallaud, mardi 29 août, lors d'un débat sur l'État et les dépenses publiques pendant les journées de rentrée du Medef. "110 milliards", a-t-il continué, avant de demander à ses débateurs s'ils ne pensaient pas"qu'il y aurait à investir dans la santé mentale pour que précisément les gens se sentent bien pour aller au boulot". 110 milliards, vraiment ?

Un chiffre datant de 2007

C'est faux. En réalité, c'est encore plus. Contactée par franceinfo, l'équipe du président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale explique que l'élu s'est basé sur un chiffre donné par le Comité stratégique de la santé mentale et de la psychiatrie lors de sa création en 2018. Mais en réalité ce chiffre est encore plus vieux. Par ailleurs, il ne parle pas uniquement de la non-prise en charge de la santé mentale, comme le dit l'élu un peu vite, mais du coût de la santé mentale en générale – ce dont l'équipe du député convient. Celui-ci rappelle d'ailleurs à franceinfo que les députés socialistes présenteront un plan "santé mentale" à l'automne 2023 avec un chiffre mis à jour.

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Les querelleurs, malades de la justice

News Day FR

Publié le 2 septembre 2023

QUEBEC

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« Tendance exagérée à rechercher réparation pour des dommages imaginaires. C’est ainsi que le Larousse définit la querulence, un des maux de la justice, bien réel, mais encore peu connu. 

Sylvette Guillemard, professeure de droit civil à l’Université Laval est l’une des rares à s’y intéresser. Elle écrit sur le sujet, commente les jugements, donne des conférences et reçoit des messages des victimes des querelles. Des gens partout, souvent en détresse et à bout de ressources. « Les gens sont ruinés à cause de ces fauteurs de troubles professionnels », insiste-t-elle dans un entretien au Soleil

Avec Benjamin Lévy, psychologue français, le juriste signe un nouvel ouvrage, « Quérulence : quand droit et psychiatrie se rencontrent », récemment publié aux Presses de l’Université Laval. 

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Quérulence, quand droit et psychiatrie se rencontrent (Presses de l’Université Laval)

Un livre loin de la littérature de plage, reconnaît l’avocat, mais qui intéressera un public averti, pas seulement la communauté juridique. Car tout le monde peut, un jour ou l’autre, être confronté à une grogneuse. 

Qui sont-ils, ceux que le professeur Guillemard a déjà qualifié de « accros à la procédure », qui multiplient les recours souvent complètement frivoles ? « Des calamités pour les juges, des cas d’école pour les psychiatres ou peut-être simplement des citoyens imbus de leurs droits, imprégnés de la conviction qu’ils ont raison alors que le monde entier a tort », résument les auteurs.

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Peut-on vraiment guérir d’un trouble psychique ?

 

Publié en ligne le 2 septembre 2023 

La guérison en médecine signifie la disparition d’une maladie et le retour à l’état de santé antérieur à celle-ci, un retour dit ad integrum, grâce à l’instauration d’une thérapie traitant des causes de la maladie. Cette définition s’adapte bien aux maladies aiguës comme une infection bactérienne ayant, dans la plupart des cas, un début et une fin. Mais cette approche ne peut pas être généralisée : elle est, par exemple, mise à mal avec les maladies chroniques comme le diabète, l’asthme, les troubles thyroïdiens… Dans ce cadre, les interventions soignantes ont pour objectif de limiter les manifestations de la maladie et ses impacts, faute de la faire disparaître. Par ailleurs, les progrès de la médecine permettent de guérir des maladies qui étaient jusque-là fatales, ou de les transformer en maladies chroniques avec lesquelles on peut vivre (comme certains cancers). Qu’en est-il en psychiatrie ?

Guérir d’une pathologie psychiatrique, une pure folie ?

La guérison, en tant que rémission symptomatique complète, est une ambition réaliste pour certaines pathologies. C’est par exemple le cas de certains états dépressifs caractérisés qui peuvent présenter une rémission symptomatique complète pour un tiers des patients, après huit semaines de traitement médicamenteux bien conduits [1]. Toutefois, ce concept de guérison ne semble pas adapté aux pathologies psychiatriques dites sévères, comme la schizophrénie, le trouble bipolaire ou les troubles de l’humeur ou anxieux sévères. Ces troubles sont définis par la Haute autorité de santé par « leur caractère incertain et évolutif, le temps nécessaire pour confirmer le diagnostic, la stigmatisation associée, le handicap psychique engendré, le risque suicidaire, parfois la nécessité de soins sans consentement, les comorbidités somatiques, les conduites addictives et les difficultés à prendre conscience des troubles et à s’y ajuster » [2]. La guérison dépasse en effet complètement la seule dimension médicale (la présence des symptômes, leur intensité et leur retentissement). Elle renvoie à des attentes d’ordre politique et socioculturelle autour de la normalité et de la dangerosité supposée des « anormaux » [3]. De plus, la maladie psychique est souvent perçue comme un déficit stable et irréversible, inscrit dans l’identité même des personnes concernées.

Il en découle des représentations populaires encore persistantes : un trouble psychique serait incurable et la place des personnes concernées serait dans les hôpitaux psychiatriques conçus spécialement pour eux et non « dans la rue ». Autre idée reçue : la rareté supposée des troubles psychiques. Ils touchent pourtant beaucoup d’entre nous puisqu’une personne sur cinq souffrira d’une dépression au cours de sa vie [1]. Quant aux troubles psychiques sévères, ils concernent environ trois millions de personnes en France [4].

Prenons l’exemple de la schizophrénie. Une vision très pessimiste caractérise encore l’évolution de ce trouble psychique sévère. Elle remonte à la fin du XIXe siècle, où elle s’appelait alors « démence précoce » et avait un pronostic forcément défavorable. Cette vision fataliste perdure. Qu’en est-il en réalité ? La rémission est-elle possible ? Doit-elle s’évaluer uniquement sur des critères symptomatiques comme ceux définis de manière consensuelle en 2005 [5] ? Cette rémission correspondrait alors à une diminution importante de différents symptômes de la maladie (symptômes positifs ou délires, symptômes négatifs, désorganisation de la pensée) pendant au moins six mois, associée à un fonctionnement opérant dans les actes de la vie quotidienne évalué comme stable et de bonne qualité. Sur ce modèle uniquement médical, le taux de rémission à un an de la mise en place d’un traitement reste modeste, de 10 % à 27 % selon plusieurs études [6]. On peut cependant reprocher à cette approche de se fonder sur la simple observation clinique du thérapeute (à l’aide d’échelles validées), sans prise en compte réelle du point de vue de la personne concernée. Elle induit aussi une vision de la bonne santé mentale à l’absence de symptôme psychiatrique.

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«Comment peut-on entamer une thérapie sans parler la même langue ?» : la difficile prise en charge psychologique des exilés

par Margaux Gable   publié le 2 septembre 2023 

Public souvent exclu et précaire en France, au passé lourd de traumatismes, les exilés ont besoin d’un accompagnement psychologique spécifique. Mais les capacités des structures restent très limitées, et ce, face à une demande qui ne cesse de croître.

Certains ont traversé la Méditerranée sur des bateaux bondés, d’autres ont été torturés dans leur pays, et tous ont côtoyé la mort pendant des mois. C’est souvent «endeuillées» et «hantées par des images violentes» que les personnes exilées posent le premier pied sur le sol d’un pays inconnu. Si bien qu’une fois en France, «un quart d’entre eux auraient besoin d’un parcours de soins en santé mentale», confie Arnaud Veisse, directeur du Comité pour la santé des exilés (Comede). Pour venir en aide à ces destins brisés qui ont fui leur pays au péril de leur vie, il faut un parcours de soin «spécifique» dispensé par un personnel «compétent et formé à ces questions».

Soins psychiatriques aux migrants : «Dans la rue, la solitude me bâillonnait. Grâce au docteur, je me libère»

par Emile Boutelier   publié le 2 septembre 2023

A Paris, 80 % des 4 000 personnes fréquentant les «équipes mobiles psychiatrie précarité» sont désormais des exilées, souvent polytraumatisées. Leur précarité, tant au niveau administratif que de l’hébergement, rend difficile un traitement de longue durée des troubles lourds. 

Avant même de narrer son destin, les cicatrices de Fofana Seko parlent pour lui. Son crâne, son bras gauche, son tendon d’Achille, portent de profondes meurtrissures. «Ils m’ont tracé le visage avec un cutter, tranché le tendon à la machette pour que je ne puisse pas courir, puis cassé une brique sur mon visage. J’ai été laissé pour mort dans un cimetière.» C’était en 2018. Cet Ivoirien de 42 ans, alors marchand de vêtements dans une banlieue d’Abidjan, avait refusé de se laisser acheter par le parti majoritaire pour les élections municipales. Après six mois de coma, il croise à nouveau ses agresseurs, décide de fuir, et parvient en France en 2019.

lundi 4 septembre 2023

Comment ça s'écrit «Complaisance» de Simona Sora, blues d’hôpital

par Mathieu Lindon   publié le 1er septembre 2023

Un établissement de santé sous Ceausescu, une clinique suisse où la complaisance est «une monnaie d’échange»... Roman en deux volets de l’autrice roumaine. 

«Elle l’a fait, finalement elle l’a fait, c’était la seule pensée qui lui tournait dans la tête, comme un tapis roulant horizontal, sont les premiers mots de Complaisance, le roman de la Roumaine Simona Sora née en 1967. Et ce que la jeune Maïa a fait (perdre sa virginité) est le résultat de l’obsessionnelle ambiance hiérarchique et érotique régnant dans l’hôpital à la fin des années 1980, quand Nicolae Ceausescu est encore au pouvoir. Ce sont plus exactement les premiers mots de la première partie de Complaisance, intitulée «Ascension en orthopédie». L’héroïne se retrouve pour «vingt-quatre secondes» dans l’ascenseur vers le service Orthopédie avec ce docteur au «polo bleu» qui lui dicta des comptes rendus d’opérations, «cherchant ses mots comme s’il en caressait les contours», de même que, elle, sous la douche, «l’eau l’avait caressée de la tête aux pieds» – et que, dans la seconde partie, «Hôte à vie», se déroulant dans une institution gériatrique suisse, le responsable sourira «en caressant de sa main gauche un formulaire». On caresse beaucoup, mais avec plus ou moins d’érotisme. «Dès qu’ils avaient franchi les filtres, les patients se muaient comme par miracle en d’aveugles objets rituels, étanches et précis, dans l’attente du sacrifice.»

Euthanasie pour des troubles psychiatriques : « Quand les portes seront ouvertes, il sera trop tard »

  • Faroudja Hocini et Bruno Dallaporta, 

Alors que la France envisage de légaliser l’euthanasie, deux médecins réfléchissent aux risques pour les patients en psychiatrie d’une dépénalisation de toute « aide à mourir », même s’ils en étaient d’abord exclus. Ils s’appuient sur les exemples venus de l’étranger pour dénoncer de graves dérives possibles.

On peut s’interroger sur le silence des psychanalystes dans le débat sur les questions de fin de vie. Il s’agit tout de même d’un événement considérable dans l’histoire de l’humanité : lever l’interdit de donner la mort. Il se peut d’abord que la plupart des psys, comme la majorité des soignants et du grand public, confondent les cinq cas unissant l’acte médical et la mort. Les amalgames sont nombreux : par exemple, on confond trop souvent sédation profonde et euthanasie, arrêt de traitement vital et aide au suicide.

Là réside l’un des problèmes de ce « débat » sociétal où la confusion empêche toute réflexion : on réclame à grands cris la dépénalisation de « l’aide à mourir » alors que nous disposons de bonnes pratiques légales mais qui sont mal connues, mal enseignées, mal appliquées, faute de décisions politiques ad hoc.


Cafard de jardin – Comment s’en débarrasser rapidement ?

Deco Tendency

Mathieu Carlier   6 septembre 2023

Et, oui, le cafard de jardin existe bel et bien. Les habitants des zones sans cafards pourraient être surpris d’apprendre que ces insectes sont des charognards. Cela signifie que dans les zones où les cafards prospèrent, vous êtes tout aussi susceptible de trouver des cafards dans le jardin qu’à l’intérieur de la maison.

cafard de jardin

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Le gophering, un nouveau type de ghosting dont il faut se méfier

Publié par Lauréna Valette le 

Vous planifiez votre premier rendez-vous et votre crush l’annule et ne vous répond plus ? Attention, vous êtes peut-être victime de gophering.

Chaque année, de nouvelles tendances relationnelles font leur apparition. Si le ghosting n’est plus à présenter – arrêter de parler à quelqu’un du jour au lendemain, sans lui donner aucune explication – voilà que le gophering semble s’ajouter à la liste des mots en « -ing » qui nous donnent froid dans le dos. Proche du ghosting, ce comportement serait de plus en plus courant d’après un rapport du site de rencontres canadien Plenty of Fish.

Le gophering : qu’est-ce que c’est ?

Le gophering est une variante du ghosting qui se produit avant même que la relation ne commence réellement. Il se manifeste généralement lorsqu’une connexion émotionnelle se développe entre deux personnes qui se sont rencontrées sur une application de rencontres ou via des amis et qui ont eu des échanges en ligne. Les messages sont chaleureux, les discussions sont engageantes, et un premier rendez-vous est prévu. Tout devrait se dérouler comme prévu, jusqu’à ce que soudainement, l’un des individus annule le rendez-vous au dernier moment et met fin brusquement à la conversation, sans explication.

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Un Américain arrêté alors qu’il tentait une traversée de l’Atlantique dans une roue de hamster géante

Par Victor Cousin 

Le 7 septembre 2023 

L’homme de 44 ans a refusé de sortir de son embarcation pendant près de 3 jours, en menaçant les garde-côtes américains de se suicider.

Cet Américain appelle son moyen de transport artisanal, "la bulle". CR : FLAGLER COUNTY SHERIFF'S OFFICE
Cet Américain appelle son moyen de transport artisanal, "la bulle". CR : FLAGLER COUNTY SHERIFF'S OFFICE

Il voulait traverser l’Atlantique et rallier Londres tout seul, les garde-côtes l’en ont empêché. Un Américain de 44 ans, Reza Baluchi, s’était lancé le pari de rejoindre le Royaume-Uni en partant de la Floride, à bord d’une embarcation artisanale, semblable à une roue pour hamsters géante. Les autorités américaines l’ont finalement intercepté à 110 km des côtes fin août.

Ce n’est pas une première pour lui, puisque à trois reprises, l’homme de 44 ans, originaire d’Iran et coureur de marathons, a tenté d’utiliser son moyen de transport avant d’être intercepté. Son engin, créé à partir de palettes artisanales, fonctionnait à la manière d’une roue pour animal, l’homme n’avait qu’à courir à l’intérieur pour avancer sur l’eau.

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dimanche 3 septembre 2023

De plus en plus de jeunes en attente d’un psychologue au Québec



Le nombre de jeunes en attente d'un psychologue a augmenté de façon impressionnante au Québec depuis 2020. C'est ce qu'indique notamment un rapport du CHU Sainte-Justine envoyé à la Coalition des psychologues du réseau public québécois, à la suite d'une demande d'accès à l'information déposée à la fin juillet.

En deux ans, le nombre de jeunes en attente d'une consultation avec un psychologue dans l'institution hospitalière a bondi de 106 pour la période 2019-2020 à 450 pour 2022-2023. Soit une hausse de 325 %.

Sur la même période, le délai moyen entre l'inscription à un programme prévoyant l'aide d'un psychologue et la première intervention a quasiment doublé, passant de 161 jours à 314 jours, soit près d'un an. 

Le CHU Sainte-Justine assure néanmoins que toutes les demandes urgentes sont traitées dans l’immédiat. Quant aux autres demandes, nous avons une priorisation des requêtes selon les critères d’admissibilité et de priorités, précise l'institution dans ses réponses à la demande d'accès à l'information.

Karine Gauthier, présidente, Coalition des psychologues du réseau public québécois

Karine Gauthier, présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois. (Photo d'archives)

PHOTO : VINCENT RESSÉGUIER

La Dre Karine Gauthier, présidente de la Coalition des psychologues du réseau public québécois, s'inquiète de cette situation. Elle observe que le phénomène est perceptible dans toute la province, un constat partagé par la Dre Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec.

Cette liste d’attente pour le CHU illustre un problème plus large dans la province. C’est généralisé.

Une citation de 
Dre Christine Grou, présidente de l’Ordre des psychologues du Québec

Selon des données partagées par la Dre Gauthier, il y a par exemple une augmentation de 64 % des délais d’attente dans le Bas-Saint-Laurent pour la même période.

Les jeunes doivent ainsi patienter de six mois à un an avant de pouvoir être reçus en consultation.

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Prémices du grand remplacement : l’IA est-elle l’avenir de l’homme ?

Publié le 02/09/2023

Dans cette tribune, le psychiatre Alain Cohen, dont les lecteurs du JIM connaissent bien les contributions, en multipliant les références toujours pertinentes à la littérature (de science-fiction bien sûr), à l’histoire et à la philosophie nous invite à aller bien plus loin que les habituelles digressions sur l’intelligence artificielle en médecine (et en psychiatrie notamment). Car on n’y évoquera pas les limites de l’intelligence artificielle ou les peurs qu’elle provoque, mais on découvrira comment cette innovation éclaire d’un jour singulièrement nouveau la question centrale de Dieu (entre autres) … A ne remplacer par une autre lecture sous aucun prétexte.

Par le Dr Alain Cohen

      « Quelque chose est passé dans le réel, et nous sommes à nous demander –peut-être pas très longtemps, mais des esprits non négligeables le font– si nous avons une machine qui pense. » (Jacques Lacan, conférence du 22 juin 1955, Psychanalyse et cybernétique ou de la nature du langage)

       « Sous l’impulsion de l’IA, un grand nombre de gens ont soulevé d’intéressantes questions concernant le langage, la lecture et la compréhension […]. En tentant de reproduire nos processus de pensée en machine, nous en apprenons sans cesse davantage sur ce que signifie ‘‘être humain’’. Au lieu de nous déshumaniser, ces recherches nous ont contraints à prendre conscience des qualités et des facultés humaines. » Roger Schank, The cognitive computer : on language, learning, and artificial intelligence, 1985, cité in D. Crevier, À la recherche de l'intelligence artificielle, trad. N. Bucsek, Flammarion, 1999.

     « Quand vous lirez ceci, le chatbot d’intelligence artificielle GPT-4 aura pris le contrôle éditorial du British Journal of Psychiatry et produira régulièrement de meilleures colonnes mensuelles que celle-ci »[1] : par cette introduction provocatrice, le psychiatre britannique Derek K Tracy nous invite à réfléchir sur les bouleversements que ne vont pas manquer d’apporter les applications ubiquitaires des systèmes d’intelligence artificielle (IA) dans toutes les professions, et en particulier dans notre propre discipline. En paraphrasant l’opinion de Louis Aragon sur « l’avenir de l’homme », on doit donc s’interroger sur le rôle croissant des technologies d’IA dans nos activités humaines. Gains de productivité, synonyme de chômage dans des métiers (col blancs, cadres, professions libérales) jusque-là plutôt épargnés par le déferlement des machines et des ordinateurs ? Disruption ? Ou même grand remplacement de l’homme au travail par l’IA ?...