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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

lundi 19 janvier 2015

Sommes-nous tous égaux devant l’humour ?

DALIBOR FRIOUX


En lisant le compte rendu de divers incidents, qui ont émaillé la minute de silence en hommage à Charlie Hebdo ou les débats à ce sujet dans plusieurs dizaines de lycées et collèges, on peut se demander ce qui pousse des gamins de 10 ans à dire des choses comme «ils l’ont bien cherché», «il ne faut pas insulter la religion», ou encore, «la marche, ah oui, la fête pour la mort des frères Kouachi…». De fait, bien peu d’habitants des «quartiers» sont descendus dimanche dans la rue parisienne. Quelles sont les réponses apportées ? Pour le terrorisme : la sécurité renforcée. Pour les «Je ne suis pas Charlie» : sermons sur la liberté d’expression servis par autant d’éditorialistes, d’écrivains et de politiques que nécessaire.
Quelque chose met mal à l’aise dans le pur débat de principes, dans l’injonction de tristesse devant les morts, de tolérance devant les caricatures, dans l’exigence d’unanimisme. Il y aurait nous, Occidentaux cultivés, raffinés, tolérants, et les sauvages, obtus, violents, jeunes ou vieux, français ou arabes. Encore une fois, nous donnons des leçons, supposant toutes choses égales par ailleurs. «Vous n’êtes pas mûrs, vous n’avez pas d’humour, vous n’êtes pas des nôtres au fond». Une caricature montre même un intégriste armé s’écrier : «L’humour ? Ça ne me fait pas rigoler !»

« Le Prophète, lui, avait de l’humour »

LE MONDE |  | Par 

Un jeune garçon lit le Coran dans une mosquée de Gaza en 2014, pendant le mois de Ramadan.

Peut-on encore mourir pour une image ? Au XXIe siècle, la guerre des iconoclasmes fait encore rage. Comment expliquer que les musulmans s’interdisent aujourd’hui les images du Prophète et de Dieu, alors même qu’aucun texte interne à la doctrine ne le prescrit ? Durant des siècles, les créateurs musulmans ont réussi, grâce à la calligraphie, à détourner cette clause en se refusant consciemment ou inconsciemment à figurer des êtres humains.

Un déplacement significatif s’est produit entre deux visions, deux doctrines : la saine compréhension du Coran et d’hadith [dits du Prophète non retenu dans le Coran], d’un côté ; l’instance du fiqh (jurisprudence islamique) de l’autre, qui a posé un magistère particulier et une règle de droit. Ce déplacement est le nœud du blocage actuel.

Aujourd’hui nous devons défendre notre amour des images, notre définition des notions de liberté individuelle, et la séparation des prérogatives religieuses et publiques. Ce combat, qui se poursuit depuis la chute du califat en 1923, tient en quelques lignes : le créateur musulman ne veut plus s’agenouiller devant l’imam qui n’est pas, contrairement à ce qu’il prétend, dépositaire d’une légitimité religieuse supra humaine, car la religion ne conduit plus les nations comme par le passé et ne confie son destin qu’à des cœurs purs, sans ancrage dans le réel.

Quelle politique de lutte contre la radicalisation ?

LE MONDE |  | Par 


La dernière vague d’attentats en est une illustration tragique. La lutte antiterroriste à la française, appuyée sur la législation la plus intrusive d’Europe et l’efficacité des services de renseignement, n’a fait que retarder l’inévitable. Faute d’avoir traité politiquement la montée du fondamentalisme islamiste, les gouvernements successifs ont opposé une réponse exclusivement sécuritaire à sa manifestation terroriste.

Le retard de la France sur ses voisins en matière de lutte contre la radicalisation s’explique à la fois par les succès de son approche policière et par son rapport à la laïcité. Il a fallu attendre le mois d’avril pour que le gouvernement mette en place un dispositif de prévention coordonné par le ministère de l’intérieur.
Dans un rapport intitulé « Quelle politique de contre-radicalisation en France ? » (PDF), remis fin décembre à la Fondation d’aide aux victimes du terrorisme, Pierre Conesa, ancien haut fonctionnaire au ministère de la défense, explore plusieurs pistes de réflexion.

Attentats : le directeur de la cellule d’urgence médico-psychologique raconte et s’interroge

19/01/2015

« La cellule d’urgence médico-psychologique(CUMP) du SAMU de Paris vient de vivre une situation de crise sans précédent à deux titres, explique au " Quotidien " le Pr Didier Cremniter, son directeur, qui est également le référent national du réseau d’urgence médico-psychologique.D’une part, nous sommes intervenus auprès de victimes sur des attentats multi-sites et relativement concomitants, à Paris, porte de Châtillon, à Dammartin-en-Goële et porte de Vincennes, alors que rien ne nous disait – ni ne nous dit encore – que d’autres événements n’allaient pas survenir ; d’autre part, nous avons pris en charge un immense bouleversement populaire après les tirs, pour la première fois en France, contre des journalistes et un journal, une action qui a attenté à une icône du grand public, quelque chose comme l’âme du pays, au cœur de nos valeurs. »

Santé mentale : 7 ,7 millions de nouveaux cas dus à la démence, enregistrés chaque année, selon L’OMS

CONGO jan 13th, 2015


Kinshasa, 13/01(ACP).- Chaque année, on dénombre 7 ,7 millions de nouveaux cas dus à la démence, indique un thème de l’organisation mondiale de la santé(OMS), consacré à cette maladie, parvenu mardi à l’ACP.
Selon la source, la démence est causée par un ensemble des maladies et traumatismes qui affectent principalement le cerveau, comme la maladie d’Alzheimer et l’accident vasculaire cérébral. Les personnes les plus exposées sont celles les plus âgées constate l’OMS.


Santé mentale rime avec maladie pour la population

QUEBEC 13 janvier 2015 Par Mariane Bergeron-Courteau


Plusieurs pensent que pour être en bonne santé mentale, il suffit de ne pas être touché par une maladie mentale, alors qu'en réalité, la santé mentale englobe un nombre beaucoup plus important d'aspects. C'est ce qui ressort d'une recherche effectuée dans quatre régions du Québec, dont Chaudière-Appalaches.
Quels sont les savoirs populaires en matière de bonne santé mentale? L'Association canadienne pour la santé mentale (ACSM), en collaboration avec le CSSS de la Vieille-Capitale et l'Agence de la santé et des services sociaux de Chaudière-Appalaches, s'est penchée sur cette question dans le cadre d'une recherche participative qui s'est réalisée entre 2009 et 2011 et dont les résultats ont été dévoilés en octobre dernier.

L'exercice visait à mesurer les connaissances de la population sur la santé mentale, dans le but d'adapter les activités et les priorités des filiales de l'ACSM participantes, dont celle de Chaudière-Appalaches.

Une des tendances qui est ressortie de cette recherche, et qui a grandement surpris la directrice de l'ASCM-CA, Guylaine Gourgues, est que selon une majorité des répondants, la bonne santé mentale n'est pas perçue comme quelque chose de changeant, mais plutôt comme un état. 

Décès suspects au CH Henry Ey (psychiatrie)

 

Selon l'agence Hospimedia, le Cercle de réflexion et de propositions d'actions en psychiatrie (CRPA) a récemment saisi le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLPL), pour dénoncer des décès qu'il juge suspects constatés au CH francilien Henri Ey. Le CRPA dénonce entre autres des surdosages médicamenteux.
Le 15 décembre dernier, André Bitton, président du CRPA, une association d'usagers en psychiatrie,  a pris rendez-vous avec le contrôleur général des lieux de privation de liberté (CGLP), en l'occurrence Adeline Hazan.
En 2009, André Bitton avait déjà saisi cette instance sur le manque de respect des droits des usagers dans plusieurs établissements, dont le groupe public de santé Perray-Vaucluse hôpital Henri Ey (Paris).
En 2009, le CRPA a été informé d'une mort suspecte constatée en 2008. Depuis, deux nouveaux décès, jugés suspects par le CRPA, ont grossi le dossier de l'établissement.

Une première procédure classée sans suite

Le premier décès suspect concerne un patient dénommé Philippe Vesco admis en hospitalisation libre psychiatrique en février 2008, relate Hospimedia.

dimanche 18 janvier 2015

Hausse de consommation d’anxiolytiques après les attentats : Vrai ou faux ?

18.01.2015

L’inquiétude palpable de la population après les récents attentats a-t-elle eu une incidence sur leur consommation pharmaceutique ? Oui, selon Celtipharm, qui, il ya quelques jours, a calculé pour Le Figaro une hausse de 18,2% des ventes d'anxiolytiques et de somnifères sur 4 jours du vendredi 9 au mardi 16 janvier par rapport à la moyenne des six semaines précédentes. "Il s'agit essentiellement de médicaments de la famille des benzodiazépines, précisait à l’AFP, David Syr, directeur des études de cette société spécialiste de la collecte et de l'analyse des données de santé en temps réel.

Si « Le Généraliste » était paru en… 1911 La pléthore médicale : de quand date-t-elle ?

"Dans un récent numéro de la « Chronique médicale », le Dr Yvon nous a montré qu’en 1860, la France regorgeait déjà de médecins. Et nous voici amenés à nous demander à quelle époque peut bien remonter cette pléthore du corps médical.

Peut-être est-il difficile de fixer une date ; mais voici une pièce inédite, tirée des Archives de la Faculté de médecine de Paris qui tend à limiter la question, en prouvant qu’au XVIIIe siècle on déplorait, tout au contraire, la pénurie des médecins.

Dans un recueil de pièces relatives à la Faculté, aux sociétés savantes, aux charges de chirurgien et apothicaire (manuscrit du XVIIIe siècle), se trouve une note anonyme, où l’auteur, après avoir longtemps exposé en termes admiratifs le degré élevé de perfectionnement auquel est parvenu l’art médical, s’exprime en ces termes : « Tel est l’état de la médecine d’aujourd’huy ; croirait-on qu’un art dont les connoissances sont si aisées à acquérir aujourd’huy à la faveur des découvertes qu’on a fait depuis près d’un siècle sur la structure et l’usage des différentes parties du corps humain, fut aussi négligé qu’il l’est dans ce grand Estat et qu’il y eut si peu de médecins qu’il y en a pour un peuple aussi considérable, pour dix-huit millions de personnes qui habitent ce royaume et que le nombre des médecins en fut réduit à quatre ou cinq mille ; que tous les bourgs, bourgades ou villages en soient absolument dépourvus et qu’ils ne s’en trouvent que quelques-uns dans les villes principales. C’est pourtant un fait constant et un désavantage pour l’Estat qui demande grande attention de la part du gouvernement et où il ne sera pas difficile d’y remédier, quand on pénétrera les raisons qui empêchent les jeunes gens de famille de s’appliquer aux connoissances de la médecine et à prendre la profession de médecine. »

Il est vraiment regrettable que le manuscrit, incomplet, ne nous fasse pas connaître ces raisons et ne nous permette pas de les comparer à celles qui ont, aujourd’hui, provoqué l’encombrement de la carrière médicale.

Ainsi donc, tout arrive et, sachez-le bien, chers confrères, il fut un heureux temps où l’on réclamait d’urgence une augmentation du corps médical."

(La Chronique médicale, janvier 1911)

samedi 17 janvier 2015

Face aux ados, le poids des mots

Marie PIQUEMAL
Latifa Ibn Ziaten (à droite), la mère d'une des victimes de Mohamed Merah.
Latifa Ibn Ziaten (à droite), la mère d'une des victimes de Mohamed Merah. (Photo Matthieu Alexandre. AFP)
REPORTAGE

Depuis le meurtre de son fils par Mohamed Merah, Latifa Ibn Ziaten se rend dans les écoles pour échanger sur la religion et la citoyenneté.

«Bonjour, meilleurs vœux. Je suis la maman du premier soldat tué par Mohamed Merah. Il a volé la vie de mon fils. Je ne peux pas vous expliquer la douleur à l’intérieur de moi. Les fêtes, les anniversaires, je ne sais plus ce que c’est.» Latifa Ibn Ziaten, voilée depuis la mort de son fils, se tient droite, debout face à des élèves de troisième au collège Joliot-Curie d’Argenteuil (Val-d’Oise), réputé difficile. La semaine dernière, la principale l’avait appelée à la rescousse :«Vous savez, dans nos classes comme ailleurs, on entend des "c’est bien fait" et des théories du complot depuis les attentats.»
En mars 2012, quelques jours après la mort de son fils, Latifa Ibn Ziaten se rend à Toulouse, dans la cité des Izards, où Mohamed Merah a grandi. «Des jeunes étaient assis, je leur ai demandé s’ils le connaissaient. Ils m’ont répondu : "Vous regardez pas la télé, madame ? Merah, c’est un martyr de l’islam."» Elle crée l’association Imad Ibn Ziaten pour la jeunesse et la paix. Et sillonne depuis écoles et prisons pour mineurs pour témoigner auprès des jeunes, échanger avec les parents. Leur dire «qu’on peut vivre ensemble malgré nos différences»,combien «il est important de respecter l’école et les professeurs. A la fin, vous aurez quelque chose dans la tête et dans les mains : un diplôme. Vous êtes l’avenir de la France, c’est très important».

«Charlie Hebdo» : les psys face à l'angoisse des Français

FANNY LESBROS

Pendant vingt minutes, il n’y a eu aucun appel. Un événement rare observé mercredi au Samu de Paris, lors de l’annonce des morts à Charlie Hebdo.«Il faut vraiment que le choc soit extrêmement violent pour qu’aucun malade appelle, affirme Pierre Carli, responsable du centre parisien. En temps normal, les téléphones ne font que sonner. On a cru à un bug informatique. J’imagine que tout le monde était devant sa télévision pour prendre connaissance des événements… C’est difficile à expliquer.» Rebelote deux jours plus tard, pour l’assaut des policiers contre le supermarché casher. Des longs silences déjà observés en 1995 pendant les attentats à Saint-Michel, et le 11 septembre 2001. 

Leurs méchants à eux, par Lydie Salvayre

LE MONDE DES LIVRES | 


Lydie Salvayre.


Pardon, mais je ne parviens pas à partager les grands sentiments du moment, ni l’illusion heureuse que les choses, désormais, ne seront plus jamais comme avant.

C’est mon expérience de pédopsychiatre dans un dispensaire de banlieue qui m’amène à écrire, non sans réticence, ce qui va suivre : dans les années 2008-2009, certains des enfants que je suivais se mirent à dire, naïvement et comme une chose allant de soi, qu’ils détestaient juifs et mécréants : leurs méchants à eux, les méchants de leur histoire.

« Nous, jeunes de Grigny, refusons les préjugés »

Le Monde.fr 


Les meurtriers responsables de l'attaque perpétrée contre Charlie Hebdo et de l'attentat contre une policière à Montrouge mercredi 7 janvier, puis de la prise d'otages dans l'Hyper Cacher de la porte de Vincennes vendredi 9 janvier, venaient tous trois de quartiers populaires.

Depuis quelques jours, les projecteurs se braquent en particulier sur Grigny, dans l'Essonne, où a grandi Amedy Coulibaly. Avec le risque, parfois, de n'éclairer que les comportements les plus radicaux, de ne relayer que les discours les plus extrêmes, de ne dessiner qu'un visage déformé de cette ville et à travers elle, de toute la banlieue.

La trentaine de jeunes de Saint-Denis (93), Créteil (94), l'Ile-Saint-Denis (93), Grigny et Viry-Châtillon (91), âgés de 18 à 30 ans, réunis depuis 2013 du projet associatif Reporter citoyen (une formation de trois ans aux techniques de base du journalisme multimédia), offre une large mosaïque de visages de banlieue parisienne.

Consternés notamment par un article paru jeudi 15 janvier dans Le Figaro sur le quartier de la Grande Borne, à Grigny – intitulé « A Grigny, la ville de Coulibaly, la théorie du complot va bon train » – les jeunes Grignois de la formation ont voulu réagir à travers une tribune vidéo.



Dans les collèges et lycées, le soutien à « Charlie Hebdo » loin de faire l'unanimité

Le Monde.fr |  | Par 

Minute de silence dans une classe de 6e du collège-lycée Maurice Ravel, à Paris, le 8 janvier.


Les images étaient belles, dimanche 11 janvier. Celles d'un peuple uni derrière des valeurs communes, un moment de grâce républicaine qui ressemblait à de l'unité nationale. Mais dans les collèges et les lycées de la République, l'heure n'est pas forcément au recueillement ou à la main tendue. Plusieurs professeurs ont répondu à un appel à témoignages du Monde.fr. Les noms des professeurs ont été modifiés.

Dos aux tableaux noirs de leurs salles de classe, ces enseignants expliquent leurs difficultés à faire passer un message humaniste à nombre de leurs élèves. Ils soulignent toutefois l'occasion qui leur est offerte de rappeler quelques principes, comme la liberté d'expression ou la laïcité.



« Lettre à ma fille, au lendemain du 11 janvier 2015 »

LE MONDE DES LIVRES | 

image: http://s2.lemde.fr/image/2015/01/14/534x0/4556224_3_873b_jmg-le-clezio_f85c8f88bc57b93b9e6638314f825066.jpg
JMG Le Clézio.


Tu as choisi de participer à la grande manifestation contre les attentats terroristes. Je suis heureux pour toi que tu aies pu être présente dans les rangs de tous ceux qui marchaient contre le crime et contre la violence aveugle des fanatiques. J’aurais aimé être avec toi, mais j’étais loin, et pour tout dire je me sens un peu vieux pour participer à un mouvement où il y a tant de monde. Tu es revenue enthousiasmée par la sincérité et la détermination des manifestants, beaucoup de jeunes et des moins ­jeunes, certains familiers de Charlie Hebdo, d’autres qui ne le connaissaient que par ouï-dire, tous indignés par la lâcheté des attentats. Tu as été touchée par la présence très digne, en tête de cortège, des familles des victimes.

Mohamed Mechmache : « La banlieue n’est pas un réservoir de coupables, elle est une partie de la solution »

ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ALEXANDRE FACHE
LUNDI, 12 JANVIER, 2015
Co-président de la coordination nationale « Pas sans nous » et porte-parole du collectif AC LE Feu, Mohamed Mechmache a organisé lundi soir, à Bobigny et Toulouse, des « rassemblements républicains et solidaires contre la violence, les extrémismes et leur instrumentalisation ».
Pourquoi ces rassemblements lundi soir ?
Mohamed Mechmache. Après le beau rassemblement de dimanche, on a pensé qu’il était important de faire quelque chose en banlieue, là on habite. Pour dire stop à toute cette violence et aux extrêmes, quels qu’ils soient. Stop à la stigmatisation aussi. Car nous sommes indirectement, en banlieue, les premières victimes de ce qui s’est passé. Ensuite, il va falloir construire l’après et parler du fond. C’est-à-dire d’analyser les échecs de ces trente dernières années. On parle d’intégration, de quartiers « oubliés de la République », de plus en plus d’enseignants se disent désabusés face à ce qui s’exprime à l’école. Nos responsables doivent s’interroger et reconnaître qu’ils ont « merdé ». La banlieue n’est pas un réservoir de coupables, elle est peut-être au contraire une partie de la solution. A condition qu’elle soit invitée autour de la table. Ce n’est pas faute d’avoir prévenu depuis très longtemps qu’on allait vers des dérives, qu’on était en train de glisser. Mais on n’a pas été entendu.


vendredi 16 janvier 2015

Places et classes en prison

LE MONDE DES LIVRES |  | Par 


Dans « L’Ombre du monde », Didier Fassin met au jour les logiques sociales à l’œuvre dans le système carcéral et rappelle, arguments à l’appui, son échec (photo: Fleury-Mérogis).

Cela nous revient au visage : certains détenus ressortent de prison plus dangereux pour la société qu’ils n’y sont entrés. Chaque fois la même terrible redécouverte. Les terroristes qui ont frappé les 7, 8 et 9 janvier, les frères Kouachi et Amedy Coulibaly, se sont radicalisés derrière les barreaux. Le caractère criminogène de la prison est une chose bien connue, qui n’étonne plus et par conséquent indigne à peine. Cette sensation de malaise devant un aveuglement volontaire, le nouvel ouvrage du sociologue ­Didier Fassin, L’Ombre du monde, ne la dissipe pas, au contraire.

Prenant soin de ne pas considérer la prison comme un lieu isolé, encore moins une boîte noire (en cela, il se distingue de bien des études sur le sujet), l’auteur s’évertue à mettre au jour les logiques sociales qui alimentent la chaîne allant de l’arrestation d’un individu à sa libération. Il rappelle aussi, dans cette « enquête ethnographique », que la prison est d’abord un collectif d’être humains (qu’ils y soient consignés ou y travaillent), un monde d’objets (d’importance primordiale, et dont la valeur fluctue en fonction de leur rareté : drogues, téléphones portables, etc.), générant un ensemble de tiraillements, de réflexes et de comportements qui ne pourront jamais être totalement contrôlés. Au mieux découragés par encore plus de peine, encore plus de surveillance. Autrement dit par encore plus de violence si, comme le dit l’auteur, la violence institutionnelle est « ce qui est en excès de la simple privation de liberté que le droit prévoit ».

Les dépassements moyens à l’hôpital public jusqu’à quatre fois plus élevés qu’en clinique

16/01/2015


Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS, usagers) et la revue « 60 millions de consommateurs » ont publié ce jeudi un tableau comparatif des dépassements d’honoraires effectués par les médecins à l’hôpital public (activité libérale) et en clinique sur dix interventions parmi les plus fréquentes.
Croisement des données de l’assurance-maladie et de l’agence technique de l’information sur l’hospitalisation (ATIH), le tableau confronte les dépassements pratiqués sur la cataracte, la prothèse de hanche et de genou, l’ablation de l’adénome de la prostate (et de la prostate), de la thyroïde, de la vésicule biliaire, d’une tumeur au sein, la libération du nerf carpien et la pose d’un by-pass gastrique. 4 889 praticiens hospitaliers sur 40 000 ont exercé une activité libérale dans le cadre de leur secteur privé en 2013, rappellent les usagers.

CHARLIE : "CES PETITS DESSINS N'ONT RIEN À VOIR AVEC LE PROPHÈTE"

16/01/2015

L'incroyable succès du premier numéro des survivants de Charlie Hebdo après l'attentat de la semaine dernière et les réactions très négatives en provenance de nombreux pays musulmans -mais pas seulement- ont fait rebondir le virulent débat sur le blasphème. Est-ce que le blasphème doit être un délit ? Est-ce que le blasphème doit être un droit ? Pourquoi les limites du blasphème sont-elles différentes en Europe, dans le monde musulman et dans le monde anglo-saxon ? Toutes ces questions, nous les poserons à nos trois invités : Fethi Benslama, psychanalyste, professeur à Paris VII et chercheur, Abdelkrim Branine, rédacteur en chef de Beur FM et François Euvé, rédacteur en chef de la revue Jésuite "Etudes". 

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L’Espagne adopte un plan de lutte contre l’excision

16/01/2015

Les personnes originaires de pays où se pratique la mutilation génitale féminine (MGF) devront s’engager par écrit à ne pas la faire subir à leurs filles avant de quitter l’Espagne pour s’y rendre en voyage. C’est l’une des principales mesures du plan de lutte que viennent d’approuver les autorités espagnoles. « Je m’engage à prendre soin de la santé de la/des mineure(s) dont je suis responsable et à éviter leur mutilation génitale, ainsi qu’à me présenter à une visite de contrôle au retour de voyage », est-il écrit sur le document que les pédiatres feront signer aux parents. Si ces derniers refusent de le signer, les médecins alerteront la justice qui pourra à son tour décider de la mise en place « de mesures de prévention pour éviter » la MGF, selon le ministère de la Santé.

40 ans de loi Veil Les nouveaux acteurs de l’IVG en ville

16.01.2015

À la veille de la date anniversaire de la promulgation de la loi autorisant l’IVG, les célébrations se multiplient, alors que depuis plusieurs années déjà certains dans le monde de la santé tirent la sonnette d’alarme : l’accès à l’IVG serait en danger. Au travers de portraits de généralistes qui pratiquent l’IVG médicamenteuse, retour sur un exercice atypique qui tend à prendre de plus en plus le relais des services d’orthogénie à l’hôpital. Mais les effectifs ne suivent pas vraiment.

Qu’ils soient militants de la première heure ou généralistes pratiquant l’IVG médicamenteuse sans convictions politiques particulières, ces hommes et ces femmes avancent tous une motivation commune : le bien-être de leurs patientes. « C’est vrai que le profil « type » du médecin un peu soixante-huitard qui milite pour l’IVG a un peu changé », explique tout en esquissant un sourire le Dr Danièle Gaudry, gynécologue à Saint-Maur et co-responsable du Planning familial. « Je suis entourée de spécialistes ou de généralistes qui ne brandissent pas tous la bannière « Droit des femmes ». Pour celle qui est « de la vieille génération », pratiquer l’IVG médicamenteuse est tout naturellement « un service » qu’elle rend à sa patientèle.

40 ans de la loi Veil : une "journée militante" et de nouvelles mesures attendues samedi

15.01.2015

Samedi prochain 17 janvier marquera les 40 ans de la promulgation de la loi Veil. A l’occasion de cet anniversaire, Marisol Touraine se rendra vendredi matin, aux côtés de la secrétaire d’Etat aux Droits des femmes Pascale Boistard, dans un Centre de planification familiale au Centre-Hospitalier de Saint-Denis. Elles doivent y présenter le Programme national d’actions pour améliorer l’accès à l’IVG. Le chef de l’Etat qui devait lui aussi s’exprimer sur le sujet à Paris, salle Olympe de Gouges, dans le XIè arrondissement de Paris (XIe) a finalement annulé son discours.

Parallèlement à cette visite officielle, les associations féministes se mobiliseront samedi autour du sujet. Le collectif « Féministes en Mouvements » qui rassemble une quarantaine d'associations féministes, organise à la mairie du IVe arrondissement une "journée militante" pour "le droit à l'avortement en France et en Europe", intitulée "bougez pour l'IVG". La ministre et la secrétaire d’Etat devraient participer à ce colloque.