«Le corps féminin» n’existe pas plus que «la femme». Ce sont des corps pluriels qui changent avec l’âge, sujets et objets à la fois et trop souvent normés, avant même d’être subjectivés.
Etrange singulier que «le corps féminin». Car il est loin d’être unique. Même lorsque je pense à mon propre corps, c’est un corps en perpétuelle transformation, un corps d’enfant, un corps d’adolescente, un corps découvrant le plaisir, connaissant la fatigue, un corps qui s’entraîne, tombe malade, vieillit, un corps dont les contours se précisent, un corps qui s’amenuise, se ride, mon corps féminin à moi est plusieurs corps à la fois, et même ce qu’il a de féminin est indéfini ou surdéterminé, c’est en tout cas un corps qui connaît le plaisir et le désir, chez quelqu’un comme moi, chez un être queer, qui désire comme je désire, le corps féminin est à la fois sujet et objet, ce sont des corps féminins, avec leurs lèvres, leurs seins, leur peau, leur sexe, leurs gestes, que je veux.