La presse mondiale s’est emballée autour de l’histoire de cette jeune femme de 17 ans affirmant, à tort, qu’elle avait été « euthanasiée ». Une tragédie qui met en lumière le manque d’établissements spécialisés dans le traitement d’affections psychiatriques sévères aux Pays-Bas.
LETTRE DU BENELUX
Cette morbide fausse nouvelle restera décidément comme l’un des pires exemples d’un emballement médiatique totalement injustifié. Au début du mois de juin, partie de Central Europe News (CEN), une agence britannique spécialisée dans l’information sensationnelle et « bizarre », l’annonce de la mort de Noa Pothoven va se répandre dans le monde.
En général, les histoires de cobras dévoreurs d’enfants, de gamins à 48 dents ou de matadors embrochés ne passionnent que quelques tabloïds mais cette histoire-ci sera relayée par le Daily Mail d’abord, des journaux australiens, français, canadiens, indiens, américains ensuite. Sans, bien sûr, oublier la chaîne Fox News, trop heureuse sans doute d’illustrer à quelles prétendues extrémités peuvent mener des législations « extrêmes » dans un pays capable de faire n’importe quoi au nom de la tolérance.
Tous ces médias vont affirmer, sans aucune vérification, que la jeune Néerlandaise a été euthanasiée chez elle, avec l’aide d’une clinique de fin de vie. L’Italie aussi se passionne et va envoyer des journalistes à Arnhem pour tenter de traquer la famille Pothoven. C’est peut-être ce qui explique que le pape François lui-même ait jugé utile de commenter l’affaire sur Twitter. @Pontifex, lui aussi, aura donc été abusé par cette dramatique « fake news » (infox).
« Je ne vis plus vraiment, je survis »
Car, non, la jeune Néerlandaise n’a pas été « euthanasiée », ce qui aurait d’ailleurs supposé, aux termes de dispositions très formelles prévues par la loi, la présence de deux médecins. Elle voulait sans doute qu’on l’aide à s’en aller, réellement désireuse de mettre un terme à une existence qui n’aura été qu’une longue et épouvantable cascade d’épreuves. Terrassée, psychiquement ravagée, la jeune femme s’était effectivement adressée, à La Haye, au réseau qui gère l’euthanasie légale. Elle s’était vu répondre qu’elle était trop jeune et qu’elle devait poursuivre les traitements pour les traumatismes qu’elle avait subis.