Nés en 2002, ils devaient fêter leur majorité en 2020. Mais la pandémie a fauché ce moment charnière inoubliable, et les a privés de ce rite de passage comme de l’insouciance propre à leur âge.
La fête de leurs 18 ans se joue à la roulette russe. Né en avril ? Confinement, on oublie les réjouissances… Né en juillet ? Déconfinement, fiesta ! Fin octobre ? Couvre-feu, au lit avec les poules. Novembre ? Reconfinement, pas de bol… Pour qui est né en 2002, la célébration, tant attendue, de la majorité dans l’excitation et les effluves d’alcool tient du coup de chance.
Côté veine, Mathieu, qui étudie de près mais à distance la communication à l’IUT de Troyes. Le 22 juin, il a pu réunir chez lui une trentaine de copains, même si la « peur qu’un cluster se développe dans la maison » lui traversait régulièrement l’esprit. Versant malchance, Matthéo, à Grande-Synthe (Nord), né en octobre. Déscolarisé depuis deux ans, tout nouvellement en service civique, le jeune homme aux longs cheveux châtains avait, depuis belle lurette, planifié une fête mémorable dans une salle de quartier. « On aurait dansé toute la nuit, j’aurais joué avec mon groupe de metal. » Le Covid-19 a douché son enthousiasme. « Deux copains sont venus prendre un verre chez moi. Forcément, c’était un peu pourri. Je n’aurai pas de souvenirs. »