par Amandine Cailhol publié le 30 mars 2021
Sociologue et consultant en politiques sociales et familiales, Pierre Moisset s’est penché sur les conditions de travail dans l’accueil collectif de la petite enfance. Son étude (1) lancée au printemps dernier met en lumière des professionnelles peu payées, en quête de sens et de reconnaissance. Ce mardi, ces salariées, souvent dans l’ombre, seront en grève pour s’opposer à la réforme des modes d’accueil prévue par la loi d’accélération et de simplification de l’action publique. Cette dernière prévoit notamment une évolution à la baisse du taux d’encadrement des enfants dans les structures.
Votre étude sur la qualité de vie et le bien-être au travail a recueilli près de 1 000 témoignages de professionnelles. Qu’est-ce qui caractérise ces travailleuses ?
Selon les types de métiers – auxiliaire de puériculture, éducatrice de jeunes enfants, directrice d’établissement, salariée non-diplômée ou titulaire de CAP ou BEP petite enfance –, les profils varient. Mais dans l’ensemble, les niveaux de rémunération sont assez faibles. Pour un ordre d’idée : les auxiliaires de puériculture commencent leur carrière autour du smic. L’évolution salariale d’une assistante petite enfance est d’environ 200 euros sur toute une vie professionnelle. Leur possibilité d’évolution de carrière est très limitée, alors qu’elles ont un diplôme et pas mal de responsabilités au quotidien. Ce qui crée un sentiment de mal-être au travail. Comme dans [le reste des] professions du care, massivement féminisées, ces métiers sont globalement peu valorisés financièrement et socialement.