J'aime le rap : je vais redoubler et devenir délinquant
LE MONDE SCIENCE ET TECHNO |
La musique adoucit les moeurs, dit-on. Mais est-ce vraiment le cas de toutes les musiques ? C'est ce qu'ont sans doute voulu déterminer des chercheurs de l'université d'Utrecht (Pays-Bas), dont les conclusions viennent d'être publiées dans la prestigieuse revue de médecine américaine Pediatrics. A partir d'une étude longitudinale sur un panel de 309 adolescents, ils "démontrent" que ceux qui, au début de l'adolescence, appréciaient les genres musicaux "bruyants" ou "rebelles" (rap, rock, punk, metal, électro...) auront une plus forte tendance à développer des comportements déviants au cours de l'adolescence, tandis que ce n'est pas le cas de ceux qui préféraient des genres musicaux conventionnels (R & B, variétés commerciales) ou "intellectuels" (classique, jazz).
On peut sourire ou s'agacer de cette étude, qui semble entériner un préjugé classique contre les musiques de jeunes, dont les rythmes, les paroles et plus récemment les clips vidéo sont régulièrement accusés d'engendrer toutes sortes de problèmes comportementaux, depuis les conflits avec les parents et les difficultés scolaires jusqu'aux comportements violents ou à risque... Mais il faut bien reconnaître qu'elle s'inscrit en réalité dans une longue tradition d'entreprises scientifiques d'incrimination des musiques adolescentes particulièrement vivace, en particulier dans la psychologie expérimentale anglo-saxonne, et qui justifient d'ailleurs dans de nombreux pays l'apposition de vignettes d'avertissement sur certains disques.