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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 3 avril 2021

Des violences à l’hôpital notamment en psychiatrie, aux urgences et en gériatrie

Publié le 2 avril 2021

451 établissements de santé ont signalé 23 780 événements violents en 2019. Les personnels, les patients et le fonctionnement des services pâtissent de cette violence. L’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS) recense les atteintes aux personnes et aux biens en dehors des pratiques médicales.

Hôpital de la Pitié salpetrière à Paris : entrées aux services des Urgences.
Les violences verbales et physiques progressent, notamment en psychiatrie, aux urgences et en gériatrie. © sebastien rabany - stock-adobe.com

Le rapport 2020 de l’ONVS répertorie et analyse les incivilités, les violences et les actes de malveillance commis en 2019 dans les établissements médicaux afin de les aider à mettre en place une politique adaptée de prévention et de lutte contre ces phénomènes.


Les violences signalées en 2019

L’ONVS recueille les faits violents grâce à une plateforme intégrant une fiche de signalement
(nouvelle fenêtre)
. Ils sont hiérarchisés selon une échelle de gravité calquée sur celle du code pénal. Les patients, les accompagnants et les personnels des établissements peuvent effectuer un signalement. Celui-ci n’est pas obligatoire et n’a aucune valeur juridique, il repose sur le ressenti d’un individu.

7,8% des établissements ont déclaré des violences en 2019. Les signalements émanent :

  • d’établissements publics pour 72% ;
  • d’établissements de santé privés d’intérêt collectif pour 12% ;
  • d’établissements de santé privés à but lucratif pour 16%.

L’Île-de-France est la région la plus touchée (5 845 déclarations, soit 21,19% du total).

L’ONVS a distingué :

  • 81% d’atteintes aux personnes, dont 21% sont liées à un trouble psychique ou neuropsychique (TPN) altérant en partie ou en totalité le discernement de l’auteur. Ces violences verbales et physiques progressent, notamment en psychiatrie, aux urgences et en gériatrie. La consommation excessive d’alcool ou la prise de stupéfiants majore le risque de passage à l’acte ;
  • 19% d’atteintes aux biens (dont 3% liées à un TPN). Les dégradations légères et les vols sans effraction prédominent. Les vols avec effraction représentent 3% du total, et les actes les plus graves (dégradation de matériel de valeur, incendie volontaire, vol à main armée ou en réunion) 4%.

Pascal Plantard, anthropologue : « A la faveur de la crise, parents et enseignants ont connu un rapprochement inédit »

Propos recueillis par   Publié le 2 avril 2021

La bascule dans l’enseignement à distance, pour freiner l’épidémie, a modifié les pratiques et les relations entre enseignants, parents et élèves, estime l’anthropologue. Des changements à avoir en tête, à la veille d’un reconfinement scolaire.

Une lycéenne passe un test en ligne à son domicile de Chisseaux près de Tours (Indre-et-Loire), le 27 mars 2020, au onzième jour du premier confinement.

Anthropologue, professeur des usages numériques à l’université Rennes-II, Pascal Plantard dirige M@rsouin, le plus important réseau de recherches francophone sur les usages des technologies.

Emmanuel Macron a annoncé la fermeture des écoles, collèges et lycées, cette fois-ci pour une durée déterminée. Mais comme lors du premier confinement, enseignants, parents et élèves se retrouvent face à un défi : étudier à distance. Cette « nation apprenante », que le gouvernement appelait à construire en mars 2020, existe-t-elle aujourd’hui ?

Il me semble qu’elle avance. La notion de « nation apprenante » est en train de s’installer dans la société. D’une part, on a pris conscience que notre forme scolaire joue comme un dispositif de reproduction des inégalités ; d’autre part, on est sorti de l’invocation du « miracle numérique » et de la « start-up nation » pour se rendre compte des différences d’usage. Ces deux prises de conscience sont un progrès.

Plus de libertés pour les vaccinés ? Pour le moment, le Conseil d’Etat dit non !

Paris, le samedi 3 avril 2021 - Cela aurait pu être une promotion fantastique en faveur de la vaccination : et si l’injection devenait un passeport pour la liberté et le retour des jours heureux ?

La requête déposée par un retraité de 83 ans était pourtant une perche tendue à la plus haute juridiction administrative. Le requérant, qui réside dans l’un des départements (à l’époque !) concerné par les mesures de « freinage renforcés » dénonçait dans un recours une atteinte à la liberté d’aller et venir.

Plus précisément, il demandait « la suspension de l’exécution du décret du 19 mars 2021 (…) en tant qu’il s’applique aux personnes vaccinées, celles-ci n’entrant pas dans la liste des exceptions permettant de déroger à l’obligation de rester chez soi ».

Quelques semaines après avoir conduit le gouvernement à assouplir les conditions de vie au sein des maisons de retraite, le Conseil d’État rejette la demande formulée.

Précaution excessive pour les vaccinés ?

Pour la plus haute juridiction administrative, les mesures mises en place par le gouvernement sont dictées par « la nécessité de freiner la diffusion du virus » par les personnes, en limitant les interactions sociales le plus possible et de protéger la population « notamment les personnes les plus vulnérables à raison de leur âge aussi longtemps que des mesures de prévention ou de soin ne sont pas disponibles ».

Les débats ont été l’occasion aux parties d’exposer leurs arguments scientifiques sur cette question fondamentale. Ainsi, dans le cadre d’une note en délibéré, le requérant a produit une étude semblant indiquer que la possibilité pour les personnes vaccinées de transmettre le virus serait faible. Toutefois, malgré cette étude (et d’autres allant dans le même sens), la juridiction estime que cet élément « ne suffit pas à ce stade à démontrer, au regard de l’accélération de l’épidémie, que seul le respect des gestes barrières par les personnes concernées suffirait à limiter suffisamment la participation à la circulation du virus de celles qui en serait porteuses ».


Droits des femmes IVG : cinquante ans après le Manifeste des 343, un droit encore fragile

par Cassandre Leray et Elsa Maudet  publié le 2 avril 2021

En 1971, 343 Françaises osaient révéler dans un texte révolutionnaire qu’elles avaient avorté. Aujourd’hui, le droit à l’IVG est bien installé mais reste précaire, compliqué notamment par le délai de 12 semaines et la double clause de conscience des médecins.

Un coup d’œil dans le rétro permet de réaliser le chemin parcouru. Il y a cinquante ans paraissait dans le Nouvel Observateur un texte sous forme de big bang : le célèbre Manifeste des 343, ces 343 Françaises qui osaient clamer qu’elles avaient eu recours à l’avortement. Des célébrités – Simone de Beauvoir, Catherine Deneuve, Marguerite Duras – et des anonymes réunies dans un même combat, celui pour la légalisation de cet acte alors passible de prison. Un acte qui, parce qu’il était interdit, était pratiqué sous le manteau, à coups de cintres et d’aiguilles à tricoter, rythmé par les septicémies, les hospitalisations et, dans le pire des cas, les décès.

Cette réalité, fort heureusement, appartient au passé. On dénombre chaque année plus de 200 000 avortements en France et une femme sur trois y a recours dans sa vie. Reste que le droit à l’interruption volontaire de grossesse (IVG), «n’est pas tranquille, il faut constamment le défendre», alerte Anne-Cécile Mailfert, présidente de la Fondation des femmes.

vendredi 2 avril 2021

Atténué, à vecteur viral ou à ARN messager : quels sont les différents types de vaccins ?

02/04/2021

Par Pierre Ropert

La course aux vaccins pour éradiquer le Covid-19 a montré qu'il existait non pas un seul type de vaccin, mais bel et bien plusieurs façons de créer une réponse immunitaire pour affronter le SARS-Cov-2. Mais comment fonctionnent, plus précisément, ces vaccins ? France Culture fait le point. 

Pour faire face au coronavirus, plus de 20 vaccins sont en cours de développement.
Pour faire face au coronavirus, plus de 20 vaccins sont en cours de développement. Crédits :  Yulia Reznikov - Getty

Pfizer/BioNTech, Moderna, AstraZeneca, Johnson & Johnson ou encore Spoutnik V et Sinovac... Face au Covid-19, la liste des vaccins est longue : plus de 20 vaccins ont été créés ou sont en cours de développement. Mais ces vaccins semblent aussi plus complexes que les vaccins “traditionnels”. Voilà maintenant venus les vaccins à ARN, les vaccins à ADN, les vaccins recombinants ou encore les vaccins à vecteurs viraux… Que signifient, au juste, ces différentes dénominations ? 

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Autisme, psychiatrie: Macron veut que la France "rattrape son retard"

Source AFP  Publié le 

Autisme, psychiatrie: Macron veut que la France "rattrape son retard"

Nous devons absolument rattraper notre retard" dans le domaine de la psychiatrie et de l'autisme, a lancé vendredi Emmanuel Macron en visitant un centre de dépistage des jeunes autistes près de Grenoble, l'une des innovations du plan autisme lancé en 2018.

"Sur la santé mentale, c'est un immense chantier sur lequel la France avait historiquement pris du retard. L'épidémie (du Covid-19) a ralenti sa mise en oeuvre mais elle l'a aussi rendu encore plus nécessaire et nous conduit à prendre des choix plus radicaux", a insisté le chef de l'Etat.

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Une mort choisie

Ce film frôle le quotidien de Damien et Nicolas Delmer dans l’intimité de leurs combats contre une maladie génétique.








Au fil des thérapies lourdes, des longues journées passées à se battre pour mieux survivre, nous nous interrogeons sur la capacité de notre société à ouvrir la voie à la possibilité légale, si souhaitée par le malade, de mettre fin au supplice permanent sans espoir de guérison. Au-delà des mots, les témoignages vécus, les opinions médicales, sociétales et politiques nous interpellent: la dépénalisation de la “mort douce” ne reposerait-elle pas, en définitive, sur une légitimation pleine et entière de nos libertés fondamentales ?


Covid-19 Fermeture des crèches : «On va les épuiser pour qu’ils dorment le soir !»

par Elsa Maudet et photos Denis Allard  publié le 1er avril 2021 

En prévision d’une nouvelle fermeture des structures d’accueil de la petite enfance, les parents réfléchissent à l’organisation idéale. Petit tour d’horizon à Argenteuil, dans le Val-d’Oise, entre chômage partiel et cure de vitamines.

Grâce aurait aimé un poil plus d’anticipation. «Je comprends qu’il faille faire un effort, mais on aurait voulu être averti avant. On est un peu pris de court pour s’organiser», juge cette assistante export, maman d’un petit garçon de 2 ans et demi, accueilli en crèche à Argenteuil (Val-d’Oise). Comme tout le monde, cette trentenaire a appris mercredi soir de la bouche d’Emmanuel Macron que les crèches allaient fermer pour trois semaines, en même temps que les établissements scolaires. Pour gérer ce changement de programme, elle compte avancer ses vacances et faire «un peu de chômage partiel».

Besançon. Les admissions d’enfants et d’ados aux urgences psychiatriques se seraient multipliées

Publié le 

Les responsables du service des urgences psychiatriques du CHRU de Besançon (Doubs) alertent sur la détresse psychologique des jeunes en cette période de crise sanitaire. Les admissions d’adolescents y ont été multipliées par 4 ces derniers mois.

Face à la détresse psychologique des jeunes en cette période de crise sanitaire, les professionnels de santé s’inquiètent des difficultés de prise en charge. Au CHRU de Besançon (Doubs), les services psychiatriques seraient saturés alors que les admissions d’enfants et adolescents ont été multipliées par 3 à 4, rapporte mercredi 31 mars France 3 Bourgogne-Franche-Comté.


Rennes. 20 lits devraient fermer en psychiatrie entre mai et novembre

Publié le 01/04/2021

Vingt lits devraient fermer pour six mois à l’hôpital psychiatrique de Rennes. Ces 20 fermetures provisoires sont liées au départ de deux médecins psychiatres. Elles s’ajoutent aux 30 lits déjà supprimés en un an, alerte la CGT.

L'hôpital psychiatrique, Guillaume Regnier à Rennes.

L'hôpital psychiatrique, Guillaume Regnier à Rennes. • © GoogleMaps

L’hôpital Guillaume Régnier (CHGR), hôpital psychiatrique de Rennes va donc fermer 20 lits de mai à novembre 2021. En cause, le départ de deux médecins psychiatres, selon Rodolphe Verger, infirmier sur le site et secrétaire général de la CGT.
Ces fermetures devraient n’être que temporaires grâce à l’arrivée de nouveaux médecins psychiatres en fin d’année. Mais elles viennent allonger la longue liste des suppressions de lits puisque 30 places ont déjà disparu en un an au sein de cet établissement.

"On pousse les murs en permanence"

Un paradoxe en temps de Covid, pour le secrétaire général de la CGT, quand on sait que cette pandémie a un effet dévastateur sur le mental de la population. "C’est toujours tendu, on ajoute des lits dans des chambres pour accueillir de nouveaux arrivants. On pousse déjà les murs en permanence", explique Rodolphe Verger.

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Clinique





La catastrophe du coronavirus

LE 27/03/2021

À retrouver dans l'émission

RÉPLIQUES

par Alain Finkielkraut

Alors que le Premier ministre a annoncé le 18 mars dernier de nouvelles mesures restrictives pour freiner la progression de l'épidémie de Covid-19, Répliques propose une analyse des conséquences de la pandémie et des choix politiques qui ont été fait. Qu'en est-il de l'expérience de la maladie ? 

Pandémie mondiale
Pandémie mondiale Crédits :  Fiordaliso - Getty

Voici plus d'un an déjà que le monde vit au rythme que lui impose le coronavirus. L'état d'urgence sanitaire se prolonge, les confinements se succèdent, malgré l'ouverture de vaccinodromes, une troisième vague se profile. En France, mais aussi dans des pays aussi peu chamailleurs que l'Allemagne ou la Hollande, les gens n'en peuvent plus. Cette lassitude est multiforme, on se plaint pêle-mêle de l'inefficacité des gouvernants et des mesures autoritaires qu'ils prennent pour enrayer les contaminations. On incrimine simultanément cette foutue maladie et les restrictions des libertés.Pour essayer d'y voir plus clair, j'ai invité aujourd'hui Jean-Pierre Le Goff, qui publie La société malade, et Jean-Pierre Dupuy, qui fait paraître ses pensées par temps de pandémie sous le titre La catastrophe ou la vie. Et c'est sur le mot de "catastrophe" que portera ma première question ; qu'est-ce qui est catastrophique ? Est-ce la pandémie elle-même ? Est-ce la politique brouillonne menée contre cet ennemi retors et invisible ? Est-ce l'ordre sanitaire instauré en réponse à un virus certes très contagieux, mais dont la létalité est inférieure à 0,5 % ?

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jeudi 1 avril 2021

Épisode 4 : Quand le rire s’empare de la radio, les ondes se gondolent

LE 01/04/2021

À retrouver dans l'émission

LE COURS DE L'HISTOIRE

par Xavier Mauduit

Quotidiennement, des émissions radiophoniques réunissent les fidèles amateurs de rigolade, mais parfois le rire s’impose de lui-même. Comment le comique contestataire et transgressif s’est-il fait entendre sur les antennes ? Existe-t-il un humour spécifiquement radiophonique ?

Une génération de comiques talentueux comme Fernandel s'empare de la liberté offerte par la radio pour diffuser des sketchs inédits et créer des programmes amusants.
Une génération de comiques talentueux comme Fernandel s'empare de la liberté offerte par la radio pour diffuser des sketchs inédits et créer des programmes amusants. Crédits : Keystone-France/Gamma - Getty

Le 1er janvier 1955, Louis Merlin lance la radio Europe N°1. Il met en place un "Petit manuel du parfait M.J.", comprendre meneur de jeu : "Le meneur de jeu est un soleil. Le speaker est une lune. Le speaker est un monsieur en col raide à coins cassés qui s’adresse à des auditeurs en corps de chemise. C’est pour cela que ces derniers ne se sentent pas à l’aise avec lui. Le meneur de jeu s’assied à la table de l’auditeur, sur le bras du fauteuil de l’auditrice (ce qu’il ne veut pas dire qu’il soit débraillé ou discret). Il est "l’ami de la maison". Le speaker s’adresse d’une voix puissante à ses "chers-z-auditeurs". Le meneur de jeu parle à l’oreille de ses confidents. Le speaker s’écouter parler, le meneur de jeu se fait écouter". Le Tribunal des flagrants délires, Signé Furax, ou encore Les Grosses têtes, l’humour est consubstantiel de l’histoire radiophonique : quand le rire s’empare de la radio, les ondes se gondolent ! (Xavier Mauduit)

La radio s’impose comme un média de masse dès l’entre-deux-guerres. Les présentateurs et autres animateurs y délivrent des informations concernant la météo, la bourse ou l’actualité, alors que le reste de l’antenne est dédiée aux causeries et aux pièces radiophoniques. La présence de l’humour est résiduelle et elle se résume bien souvent aux performances fantaisistes des chansonniers ou à quelques feuilletons comiques signés Pierre Dac. Au cours des décennies suivantes, les progrès technologiques de la radiodiffusion permettent aux animateurs de se défaire d’une diction très lente et d’une articulation exagérée. Le ton est plus léger, la voix plus chaude, et la connivence avec l’auditeur devient une composante essentielle du son radiophonique. En Mai 68, avec la libération des mœurs et l’essor d’une culture jeune, l’humour entre de plain-pied sur les ondes. Les humoristes comme Coluche, Thierry le Luron ou Pierre Desproges deviennent des vedettes populaires. L’humour se fait plus insolent, plus spontané, sans pour autant renoncer à une certaine écriture dans les sketchs. 

Le début des années 1980 marque aussi l’apparition des radios libres. Des stations comme Carbone 14 privilégient l’esprit de bande et les animateurs osent un humour libertaire, transgressif, qui ne s’interdit aucune thématique. Le rire devient un élément central de la culture radiophonique, les interventions des humoristes-vedettes et de leurs bandes marquent un rendez-vous quotidien immanquable pour des millions d’auditeurs. Comment le rire s’est-il peu à peu imposé comme une composante majeure du son radiophonique ? L’humour des ondes est-il plus transgressif que les autres formes de rire médiatique ? 

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Interview «Si on veut limiter encore la circulation du virus et la survenue de variants, il faudra considérer la vaccination des enfants»

par Olivier Monod  publié le 31 mars 2021

Marie-Paule Kieny, virologue, présidente du Comité Vaccin Covid-19, explique les faiblesses des stratégies vaccinales en Europe et ailleurs dans le monde.

Immunisation des enfants, rythme de production… L’ancienne sous-directrice générale de l’OMS Marie-Paule Kieny passe en revue les obstacles à surmonter et fustige «le repli sur soi [qui a] caractérisé la réponse à la crise dans beaucoup de pays».

Comment jugez-vous le rythme de la vaccination en Europe ?

Malheureusement, le rythme de vaccination à ce jour est encore trop lent, en raison d’une contrainte très importante au niveau des approvisionnements. Un certain nombre de producteurs, en particulier AstraZeneca, livrent beaucoup moins que ce qu’ils avaient promis. Il va donc falloir être patient encore pendant quelques semaines, avec des perspectives d’accélération significative puisque nous attendons beaucoup plus de doses à partir du mois d’avril. Nous sommes en train de vivre quelque chose d’inédit. Une vaccination mondiale seulement quinze mois après l’apparition d’une maladie, cela n’a jamais été fait.

Il y a six mois, quand les vaccins étaient en cours de développement, on se disait que si on avait un vaccin efficace à 50 %, ce serait déjà bien. Finalement, il en existe plusieurs et très efficaces. C’est une situation idéale et pourtant, cela n’avance pas. Comment l’expliquer ?

C’est tout simplement qu’il n’y a pas que les Français et les Européens qui cherchent à avoir des vaccins ! Les Américains sont les premiers servis. Ils ont payé beaucoup et pas seulement depuis le début de la pandémie. Par exemple, Novavax et Moderna ont profité du soutien financier de la Barda [un bureau du département de la Santé et des Services sociaux des Etats-Unis, ndlr] depuis plusieurs années afin de mettre au point les plateformes vaccinales qu’ils utilisent maintenant pour la Covid-19. Il y a une antériorité de l’investissement américain. Et puis il ne serait pas éthique que l’Europe s’arroge la totalité des vaccins disponibles.