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De plus en plus d’entreprises de la « death tech » proposent à leurs clients de transformer leurs cendres post-mortem en diamant. Une manière de « vivre éternellement » qui renoue avec certains fantasmes anciens de l’alchimie orientale décrits par Carl Jung.
« Je dis chantez le diamant qui naît des cendres de la mort »
Léopold Sédar Senghor, « L’Absente »
Devenir un diamant après sa mort ? L’idée séduit de plus en plus, en Allemagne et au Japon notamment, comme le souligne un article récemment paru sur le site Korii. La technique, mise au point en 2001 par la société américaine LifeGem, est relativement simple. Les diamants sont essentiellement composés de carbone ; or, le carbone est un élément omniprésent dans le corps humain ; il est alors possible de récupérer les cendres riches en carbone d’un défunt pour les transfigurer en un petit cristal, en utilisant les techniques bien rodées utilisées dans la production de diamants synthétiques.
La technologie rejoint en fait ici de très anciens fantasmes archétypiques liés au désir d’immortalité. Qu’est-ce après tout que le diamant, sinon une substance qui, caractérisée par son extrême « dureté et son incorruptibilité », « symbolise la persistance éternelle », la victoire ultime sur la mort, comme le dit Carl Jung dans sa série de lectures prononcées entre 1938 et 1940 et regroupées sous le titre Psychology of Yoga and Meditation (Princeton University Press, 2021) ? Transformé en diamant, quelque chose de moi pourra continuer indéfiniment sans subir les affres du temps.