En Seine-Maritime, le 9 avril. Photo Florence Brochoire. Signatures
Perte de repères, voix étouffée, sourire invisible… Les professeurs craignent que le port du masque ait un impact sur l’apprentissage, notamment en maternelle et en élémentaire.
«Eprouvant.» Le mot revient en boucle dans la bouche de plusieurs professeurs des écoles en Gironde depuis que le masque est devenu obligatoire pour les encadrants. Pour se faire comprendre, Laura, enseignante en CP à Cenon, une commune limitrophe de Bordeaux, explique avoir dû redoubler d’efforts et de stratégies. «On n’a pas le choix avec les tout-petits, fait-elle valoir. Si on veut se faire entendre avec ce bout de tissu qui barre le visage, on doit parler plus fort. Mieux articuler. Faire davantage de mimiques avec les yeux ou les bras.» Elle comprend «la nécessité du masque» pour lutter contre l’épidémie, mais la jeune femme l’assure : «A cet âge, il faut combler "le manque visuel". C’est capital pour capter leur attention et les aider à assimiler.»
En temps normal, en phase d’apprentissage de la lecture ou d’une langue étrangère par exemple, la professeure montre comment se font les sons avec le mouvement des lèvres. «Regarder concrètement quelle forme prend la bouche ou comment se met la langue sur le palais, ça leur permet de mémoriser et de reproduire par mimétisme», souligne l’enseignante. Laura regrette aussi que ses jeunes élèves de CP ne puissent pas voir son expression : «Quand je souris pour rassurer, quand je veux faire de l’humour pour dédramatiser ou quand je fais une moue pour montrer ma désapprobation, l’enfant ne le voit plus. Ça brouille les repères. C’est encore plus dur quand il s’agit de nouveaux élèves qui ne me connaissent pas.»