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mercredi 14 décembre 2011


Le suicide, fléau Français


L’Inserm a enregistré 10 464 décès par suicide en France en 2009. Une mortalité par suicide très élevée par rapport à ses voisins européens. Avec un paradoxe : les femmes, moins touchées que les hommes, sont plus nombreuses à penser au suicide. Et toujours une sureprésentation du phénomène dans le quart nord-ouest de l’Hexagone.

Près d’un décès sur cinquante est un suicide. «La France se situe parmi les pays occidentaux à forte mortalité par suicide, après notamment la Finlande, la Lituanie, la Lettonie, la Hongrie et la Slovénie», rapporte François Berk, l’un des auteurs de l’étude du Centre d’épidémiologie sur les causes médicales du décès (CépiDC) de l’Inserm. La publication mardi d’une série d’études publiées par le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH) révèle que le suicide est «une catastrophe quotidienne» qui touche en France davantage les hommes que les femmes. Ils représentent les trois-quarts des décès par autolyse (7 739 décès masculins contre 2 725 décès féminins), alors qu’ils sont moins nombreux à tenter de se suicider.

L’étude explique ce paradoxe par les méthodes employées par les hommes qui sont plus meurtrières (pendaison, arme à feu...) que celles mises en ?uvre par les femmes (surdosage de médicaments). «On sait aussi que face au mal-être, les hommes ont davantage tendance à se réfugier dans les conduites à risque, tandis que les femmes verbalisent plus auprès des professionnels de santé», explique François Beck.

TS : 1 Français sur 20

Parce qu’elles ne font pas l’objet d’enregistrements systématiques, les tentatives de suicide sont plus difficiles à étudier. L’enquête révèle cependant que 5,5% des 15-85 ans déclarent avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie, soit un Français sur vingt. Les femmes étant plus nombreuses que les hommes. 7,6% ont déjà essayé de se suicider contre 3,2% chez les hommes, selon l’enquête du Baromètre santé, conduite par l’Inpes auprès de 27 000 personnes. Elles sont aussi plus nombreuses que les hommes à avoir pensé au suicide (4,4% contre 3,4%).

Hommes ou femmes, les 45-55 ans représentent par ailleurs la tranche d’âge la plus touchée. Autre enseignement de cette étude : les régions du Nord et de l’Ouest enregistrent des taux de suicide supérieur au reste de la France. Les violences qu’elles soient sexuelles ou non font parties des facteurs de risque les plus importants. Viennent ensuite la solitude, le chômage, un faible niveau de revenu et la consommation de tabac ou d’alcool.

Une autre étude de l’Institut de veille sanitaire (InVS) estime à environ 90 000 le nombre annuel des hospitalisations pour tentatives de suicide entre 2004 et 2007. Les femmes représentant 65% des séjours. L’enquête indique également un taux d’hospitalisation particulièrement élevé chez les adolescentes.
Caroline Laires-Tavare



Un Français sur vingt a déjà tenté de se suicider

Par C.BL

«Avez-vous pensé à vous suicider au cours des douze derniers mois?» A cette question, 3,9% de Français ont répondu oui en 2010. 0,5% ont tenté de se suicider cette année là et 5,5% des Français de 15 à 85 ans ont déjà fait une tentative de suicide dans leur vie. Une série d'études publiées ce mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire de l’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (Inpes) permet de préciser l'ampleur du suicide en France (pdf ici).


En 2009, 10 464 décès par suicide ont été enregistrés par le Centre d’épidémiologie sur les causes médicales de décès (CépiDc) de l’Inserm. Soit près d'un décès sur cinquante. Un chiffre en diminution régulière ces dernières années, mais qui reste élevé par rapport aux voisins européens de la France. «La France se situe parmi les pays occidentaux à forte mortalité par suicide, après notamment la Finlande, la Lituanie, la Lettonie, La Hongrie et la Slovénie», précise François Beck, l'un des auteurs de l'étude. (Des données pays par pays sont en ligne sur le site de l'Organisation mondiale de la Santé).

Plus difficile à mesurer, les tentatives de suicide, qui ne font pas l’objet d’enregistrements systématiques. Et plus encore les pensées suicidaires. L'Inpes a fait réaliser un sondage par téléphone (fixe et mobile) auprès de 27 000 personnes. Résultat, en 2010, 3,9% des personnes âgées de 15 à 85 ans interrogées déclaraient avoir eu des pensées suicidaires et 0,5% avoir fait une tentative de suicide (TS) durant l'année.

Les 45-55 ans représentent la tranche d'âge la plus touchée. Les régions du Nord et de l'Ouest ont des taux de suicide supérieur aux autres. Surtout, hommes et femmes ne sont pas égaux. Les hommes représentent les trois-quarts des décès par suicide (7 739 décès masculins contre 2 725 décès féminins).
En revanche, les tentatives et les pensées suicidaires sont davantage le fait des femmes : 7,6% contre 3,2%. Sur les douze derniers mois, 0,7% ont tenté de se suicider, contre 0,3% des hommes.
Cette différence «peut s'expliquer par les méthodes mises en œuvre, plus meurtrières chez les hommes (pendaison, armes à feu, défenestration) que chez les femmes (médicaments, même si ceux-ci peuvent être très meurtriers)», souligne François Beck. «On sait aussi que face au mal-être, les hommes ont davantage tendance à se réfugier dans les conduites à risque, tandis que les femmes verbalisent plus auprès des professionnels de santé.»
Les femmes sont aussi plus nombreuses que les hommes à déclarer avoir pensé au suicide (4,4% contre 3,4%).
Différents facteurs de risque reviennent dans la survenue des pensées suicidaires comme des tentatives de suicide. En premier lieu le fait d’avoir subi des violences (sexuelles ou non). Puis l'isolement, le fait de vivre seul. Viennent ensuite le chômage, un faible niveau de revenu et la consommation de tabac, et, chez les femmes, une consommation d’alcool à risque chronique.



Alerte au suicide : les Français atteignent des records


Par ERIC FAVEREAU
Elles sont froides, elles sont sèches, elles donnent la chair de poule. Les statistiques autour du suicide laissent toujours un sentiment bizarre : des données anonymes, pour des situations qui le sont tellement peu, pointent un phénomène massif.
Selon un numéro spécial du Bulletin épidémiologique hebdomadaire(BEH) qui paraît aujourd’hui, ce sont plus de 10 400 personnes qui décèdent par suicide chaque année en France, ce qui en fait l’un des pays européens avec le plus fort taux de mortalité par suicide. «Presque 1 décès sur 50 est un suicide», explique Jean-Louis Terra, professeur de psychiatrie, dans un éditorial. Qu’en déduire ? Que veulent dire ces chiffres énormes ?
De fait, à la lecture du BEH, on note que le travail le plus novateur est celui autour des tentatives de suicide (TS). On le sait, elles représentent «le facteur prédictif le plus important pour le suicide accompli». Mais bien souvent on les ignore, elles restent cachées, ne se traduisent pas automatiquement par une hospitalisation ni par un signalement. Dans la littérature médicale, les TS seraient entre 10 et 40 fois plus fréquentes que les suicides. En France, on trouve peu de travaux. Récemment, nous avions fait état de la volonté de certains de monter un observatoire national (Libération du 22 mai).
L’Institut national de prévention et d’éducation pour la santé (INPES) apporte, pour une fois, des éléments détaillés à partir des données du baromètre santé de 2010.
Plus de 27 000 personnes ont été interrogées. Quelques chiffres émergent : près de 4% de la population a eu des pensées de suicide durant l’année écoulée, avec un maximum dans la tranche d’âge 45-54 ans ; 7,6% des femmes et 3,2% des hommes déclarent avoir déjà fait une tentative de suicide au cours de leur vie. Et 5,5% des 15-85 ans, hommes et femmes confondus. C’est beaucoup. D’où cette autre donnée impressionnante : entre 2004 et 2007, le nombre total de patients hospitalisés en France pour une tentative de suicide a été de 279 843, et 65% de ces tentatives sont le fait de femmes.
Comment tente-t-on de se donner la mort ? Selon le BEH, les médicaments restent plébiscités : c’est le mode opératoire le plus fréquent (85,3%), dans les trois quarts des cas par psychotropes. «L’auto-intoxication par d’autres produits (alcool, produits chimiques, pesticides, émanation de gaz) est la deuxième cause (7,1%). La phlébotomie [incision des veines, ndlr] et la pendaison représentent respectivement 4,9% et 1,4% des séjours hospitaliers.» Quant aux suicides spectaculaires - saut dans le vide, arme à feu, noyade et collision intentionnelle -, ils restent rares.
Voilà. Des chiffres qui s’entassent dans une revue. On attend toujours une politique de prévention. Le BEH confirme, en tout cas, la variable régionale :«Les régions du Nord et de l’Ouest ont des taux supérieurs au taux national chez les hommes et chez les femmes.»

TULLE
Vers une psychiatrique sécuritaire
13 DÉCEMBRE 2011 


Samedi, à la médiathèque intercommunale Eric Rohmer, PEC 19 invitait le médecin psychiatre Olivier Labouret, pour une conférence sur la réforme psychiatrique.
La psychiatrie était jusqu'alors garante de la santé mentale, en traitant des maladies avérées relevant de ce domaine. Mais, la loi sur la réforme des soins psychiatriques du 5 juillet 2011, exige désormais que la psychiatrie traite tout trouble du comportement, autrement dit toute déviance par rapport à la norme sociale.
Selon Olivier Labouret, " dans la lignée des lois sur la sécurité intérieure ou de la justice des mineurs, cette loi sécuritaire porte une atteinte considérable aux libertés et droits sociaux ".
Le psychiatre, membre du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire a expliqué : " Cette loi est fondamentalement inacceptable. Elle organise la surveillance sociale des vulnérables et précaires, stigmatisés ainsi en classe dangereuse ". Et à Oliver Labouret de souligner " en généralisant les soins sans consentement en ambulatoire, cette loi annonce un véritable apartheid, un enfermement chez soi et en soi croissant, compatible avec la poursuite d'objectifs économiques nécessitant un parfait conformisme de masse à l'ordre public dominant ".
Julien Trapinaudtulle@centrefrance.com

Toujours plus de mal-être au travail

LEMONDE.FR avec AFP | 12.12.11

Les problèmes de santé mentale au travail sont en augmentation et touchent 20 % des salariés au sein des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), annonce un rapport de l'organisation rendu public lundi 12 décembre.

Selon cette enquête, baptisée "Mal-être au travail ? Mythes et réalités sur la santé mentale et l'emploi" (lire les conclusions du rapport), un travailleur sur cinq souffre de troubles mentaux, comme la dépression ou l'anxiété, et beaucoup peinent à s'en sortir dans les 34 pays de la zone. L'OCDE affirme que la proportion de travailleurs exposés au stress ou à des tensions sur leur lieu de travail a augmenté dans l'ensemble des pays de la zone au cours de la dernière décennie.
En outre, relève l'organisation, "la précarisation croissante des emplois et l'augmentation actuelle des pressions au travail pourraient entraîner une aggravation des problèmes de santé mentale dans les années à venir".
BAISSE DE PRODUCTIVITÉ
Les auteurs du rapport notent que selon une estimation prudente de l'Organisation internationale du travail (OIT), les coûts pour la société d'une mauvaise santé mentale des salariés (problèmes de santé, absentéisme, baisse de productivité, etc.) représentent 3 à 4 % du PIB au sein de l'Union européenne. Sur quatre travailleurs présentant un trouble mental, trois font ainsi état d'une baisse de productivité au travail, la proportion n'étant que de un sur quatre pour les travailleurs en bonne santé. Les absences sont également beaucoup plus fréquentes chez les personnes atteintes d'une maladie mentale, note l'organisation.
L'OCDE relève en outre que la plupart des personnes souffrant d'un trouble mental travaillent, leur taux d'emploi oscillant entre 55 % et 70 %, en fonction de la gravité de leur trouble. Or, près de 50 % des personnes atteintes de troubles graves et plus de 70 % de celles qui présentent un trouble modéré ne bénéficient d'aucun traitement.
Aussi les auteurs de l'étude préconisent-ils d'intervenir à un stade plus précoce, la moitié des troubles apparaissant à l'adolescence, ou encore de mieux prendreen charge les troubles modérés, la plupart des pays axant leur politique de santé"presque exclusivement sur le traitement des personnes atteintes de troubles graves, comme la schizophrénie, qui ne représentent qu'un quart des patients".


Gare à la dislocation sociale !

12.12.11
par Martin Hirsch, haut fonctionnaire

Comment faire plus de social en dépensant moins ? C'est l'équation-clé de l'élection présidentielle de 2012. Plus de social ? Les besoins sont immenses. Si, en 1995, on pouvait parler de "fracture sociale", le risque aujourd'hui est celui de la "dislocation sociale". Un quart des assurés sociaux qui renoncent à des soins pour des raisons financières. 20 % de chaque génération qui sort du système scolaire sans diplôme. Une personne sur sept qui vit sous le seuil de pauvreté. Un chômage qui persiste autour de 10 % de la population active. A système inchangé, ce sont des dizaines de milliards qu'il faudrait injecter dans les années qui viennent pour ne pas régresser. Les services publics sociaux chargés de l'emploi, de la famille et de l'éducation sont eux-mêmes à bout de souffle et leurs agents surchargés par les demandes.

Or, ni les milliards ni les dizaines de milliers de postes ne seront disponibles pour répondre à cette demande. Etat, collectivités territoriales, organismes de la Sécurité sociale n'ont plus de marge de manoeuvre. La méthode Coué ne produira pas de recettes miracles : la confiance rétablie qui restaure la croissance qui remplit les caisses publiques, ce n'est pas une perspective sérieuse pour les prochaines années.
Sommes-nous condamnés à voir notre système social se dégrader ? Oui, si on croit les promesses ou si on laisse s'installer un discours défaitiste et culpabilisant sur le social. Non, si l'on obtient des candidats qu'ils inscrivent à leur programme des réformes permettant un progrès social à coût nul. Ces réformes existent. Dans un pays où les dépenses sociales sont déjà élevées, avec un rendement faible, il est concevable de prévoir au moins le maintien de la protection sociale, sans le subordonner à des dépenses supplémentaires illusoires. Voilà dix pistes de réforme. Aucune d'entre elles n'est facile. Toutes ont des inconvénients. Mais toutes sont réalisables et aucune ne creuse les déficits publics.
1. Le bouclier sanitaire. Aujourd'hui, on rogne la couverture maladie tout en voyant la proportion de renoncement aux soins augmenter. Le bouclier sanitaire consiste à plafonner ce qui reste à la charge du malade, en fonction de son revenu. Il remplace la couverture maladie universelle et il met fin à la prise en charge à 100 % des affections de longue durée. Il met fin à ces situations où certains assurés paient en une année plus d'un mois de salaire, entre franchises, forfaits hospitaliers et autres tickets modérateurs.
C'est une réforme lourde, mais dont la faisabilité a été démontrée. Elle ne coûte rien. L'essentiel de l'augmentation des dépenses d'assurance-maladie est lié aux affections de longue durée. Ceux qui sont atteints de telles affections se verraient demander une contribution lorsque leurs revenus sont élevés. En contrepartie, le plafonnement de leur participation s'appliquerait aussi aux autres soins que ceux directement liés à la maladie classée "affection de longue durée".
2. Une restriction de la pharmacopée prise en charge par l'assurance-maladie. Nous sommes champions du monde de la consommation de médicaments. Le nombre de médicaments remboursés et leur prix est bien supérieur à ce qu'il est dans d'autres pays. On peut réduire le nombre de médicaments pris en charge par l'assurance-maladie, sans détériorer la prise en charge sanitaire. C'est l'industrie pharmaceutique qui souffrira, si elle ne se réoriente pas, et, dans une moindre mesure, les pharmaciens. Pour ces derniers, on peut atténuer en les rémunérant pour des services médicaux rendus, ce qui permet de répondre aux problèmes de déserts médicaux. Les pharmaciens pourraient, par exemple, fairele travail d'orthoptiste qui est en France un monopole d'ophtalmologiste, pour lequel il y a désormais parfois six mois d'attente !
3. La réduction des coûts des services pour les personnes aux revenus les plus modestes. Paradoxalement, les personnes qui ont les revenus les plus faibles paient plus cher que les autres les différents services. La minute de téléphone par carte prépayée est plus chère que la minute par forfait. Les loyers des petites surfaces sont plus chers au mètre carré. Assurance, énergie, alimentation, crédit, sont au nombre de ces postes de dépenses pour lesquels les pauvres paient un surcoût.
Au total, une étude du Boston Consulting Group chiffre cet effet, que l'on peut qualifier de "double peine", à 6 % de leurs revenus, soit 2 milliards d'euros par an ! Comme si les personnes les plus modestes payaient une TVA supplémentaire, en grande partie financée par des prestations sociales improductives. Les tarifs sociaux ne corrigent que très peu cet effet et les pouvoirs publics n'ont jamais vraiment traité ce problème. Des initiatives commencent à être prises par quelques entreprises. Il serait temps de passer à une grande échelle. Protéger les plus faibles, ce n'est pas seulement augmenter leurs ressources, c'est aussi réduire leurs coûts.
4. Une assurance obligatoire pour le logement. Les différents mécanismes de garantie du risque locatif sont restés des échecs. Il faut instituer une assurance obligatoire de tous les propriétaires contre les loyers impayés. Mais cette assurance ne couvrirait le propriétaire que s'il pratiquait un loyer raisonnable, par rapport à des loyers de référence.
Pour un loyer ne respectant pas des normes, le propriétaire paierait la même cotisation, mais serait moins bien couvert. Un taux de 3 % rapporterait 3 milliards d'euros dont la moitié pourrait être consacrée à indemniser les propriétaires contre les non-paiements de loyers et l'autre moitié à financer des travaux de lutte contre l'habitat insalubre et de mise aux normes. Des mécanismes dissuasifs peuvent être trouvés pour éviter les abus de la part de locataires qui se trouveraient débiteurs du fonds de garantie.
5. La dotation d'autonomie financée par les droits de succession. Le verdict de l'Insee est sans appel : les inégalités de patrimoine ont augmenté entre 2004 et 2010. L'écart entre les 10 % les plus riches et les 20 % les plus modestes s'est accru de 30 % en sept ans, 10 % de la population détient la moitié des richesses. Une moitié des ménages se partage les miettes : 7 %.
Ce faisant, l'Insee montre le caractère héréditaire de la richesse. On ne rebat pas les cartes à chaque génération. Certains naissent dotés d'un solide patrimoine, d'autres ne reçoivent que "la pauvreté en héritage". Cela renforce les difficultés des jeunes qui n'ont pas la chance de pouvoir bénéficier de la transmission d'un patrimoine familial et qui ne peuvent pas compter sur un marché de l'emploi qui les attend bras ouverts. La gauche fait progressivement marche arrière sur l'allocation d'autonomie et annonce qu'elle attendra des jours meilleurs.
Il y a pourtant une manière simple, juste et rapide de traiter deux problèmes en même temps : la question des inégalités et celle de la jeunesse : en utilisant les droits de succession pour financer une dotation d'autonomie, pour briser la chaîne de transmission héréditaire de la pauvreté.
La dotation d'autonomie, c'est ce que nous proposions dans le Livre vert sur la jeunesse, en alternative à une allocation : un capital versé au moment de la majorité. Dans le Livre vert, nous suggérions qu'il soit décroissant en fonction des ressources de la famille, pour lui donner un fort caractère redistributif, et nous avions laissé ouvertes deux options : celle d'une dotation libre d'emploi pour le jeune ou celle d'une dotation fléchée, ne pouvant être utilisée que pour un projet de formation ou d'emploi. Nous savions que la dotation d'autonomie, pour être efficace, doit coûter 4 à 5 milliards d'euros. Le plus logique serait de la financer par un rétablissement des droits de succession. En prélevant au moment de la transmission et en dotant au moment de la majorité, on rebat les cartes.
Faire de la jeunesse et de la réduction des inégalités une seule et même priorité passe par financer une dotation d'autonomie par un impôt sur les successions.
6. La réduction des plus hauts revenus. L'explosion des plus hauts revenus au cours des vingt dernières années est l'un des motifs d'accroissement des écarts de patrimoine. La répartition très inégale des revenus, au moment de la distribution initiale, est aussi une source de coûts pour les politiques sociales, qui s'efforcent partiellement d'atténuer ces inégalités. On rappellera que, en vingt ans, les 10 % des salaires les plus élevés ont capté les trois quarts de la richesse produite, quand 80 % des salariés voyaient leur situation se dégrader et que les 10 % les plus modestes ont vu leur situation dépendre de l'évolution du smic et des prestations sociales. Une politique déterminée pour ramener les plus hauts revenus vers des niveaux moins déraisonnables est une manière de faire du social sans coût pour les dépenses publiques.
7. La fusion du revenu de solidarité active et de la prime pour l'emploi. La création du revenu de solidarité active aurait dû s'accompagner de la disparition de la prime pour l'emploi, si des voix ne s'étaient pas élevées, à droite comme à gauche, pour s'y opposer. Résultat, notre système compte deux systèmes mal articulés de soutien aux faibles revenus pour un coût total de plus de 13 milliards d'euros. Les aides au logement constituent un troisième mode de soutien aux revenus les plus faibles pour un coût additionnel équivalent. Un seul mécanisme suffirait, évitant les incohérences et la dispersion. La droite en est convaincue, la gauche n'a pas encore de doctrine sur ce point, qui concerne quelques millions de foyers.
8. La réforme par expérimentation. Le mode d'élaboration des politiques sociales est facteur de coûts. Combien de réformes ont été a posteriori épinglées par la Cour des comptes pour avoir des coûts démesurés et des effets incertains ? Il est toujours difficile de remettre en cause ce qui a été créé : résultat, les dispositifs s'empilent et l'efficacité s'amenuise. Les gouvernements devraient s'imposer, sous le contrôle du Parlement, d'initier des réformes par des expérimentations permettant de mesurer le rapport entre le coût et l'efficacité de mesures nouvelles et de pouvoir remettre en cause des mesures anciennes, parfois obsolètes.
Une grande entreprise ne survivrait pas longtemps sans un département de recherche et développement capable de tester ses innovations avant de lesintroduire sur le marché. C'est pourtant ce qui manque aux politiques sociales ou seul existe le contrôle a posteriori, qui intervient pour évaluer une réforme déjà plusieurs fois réformée...
9. Le financement des associations. Les associations jouent un rôle crucial en complément de l'action des institutions publiques. Leur financement est de plus en plus fragile et leur vulnérabilité a de graves conséquences sur le tissu social. Cette situation risque de s'aggraver, les subventions aux associations étant l'une des premières cibles des coupes budgétaires. Une part de leurs ressources provient de la générosité publique. Or cette générosité est décroissante avec les revenus. Si les plus modestes donnent 1 % de leurs revenus, les plus aisés ne leur consacrent que 0,6 % des leurs, en moyenne.
Les incitations fiscales à financer le secteur ne sont pas suffisantes pour les plus fortunés. Ainsi, lorsque les assujettis à l'impôt sur la fortune pouvaient atténuer le poids de cet impôt en choisissant un investissement dans une entreprise ou un don au secteur non lucratif, seule une infime minorité a opté pour l'investissement désintéressé.
Aligner le "taux de générosité" des plus riches sur celui des plus pauvres ferait rentrer plusieurs centaines de millions dans les caisses des associations. Puisque cela ne se fait pas spontanément, il serait légitime de demander à chaque foyer fiscal, au-dessus d'un certain seuil, de justifier d'un don de 1 % à 2 % de ses revenus à des associations d'intérêt général ou, à défaut, d'abonder à un fonds pour le développement des associations à caractère social. Cela donnerait une bouffée d'oxygène aux associations et, surtout, leur permettrait de jouer leur rôle à l'égard des publics qu'elles accompagnent.
10. Des contributions écosociales. La taxe écologique est morte avant d'avoir été créée. Pourtant, il existe des mini-taxes écologiques fort utiles. Ainsi, sous l'impulsion de l'association Emmaüs, a été créée une "écocontribution textile" : quelques centimes payés sur chaque vêtement acheté, finançant la récupération et le recyclage, grand pourvoyeur d'emplois d'insertion. Ces contributions ont un double effet : elles évitent des dépenses d'incinération en augmentant la part recyclée ou réutilisée, et consolident des entreprises d'insertion, qui ont besoin de moins de subventions pour faire leur travail social, ô combien utile. De tels mécanismes pourraient être créés dans plusieurs autres domaines.
Voilà dix idées de transformations sociales. Elles ne sont peut-être pas très spectaculaires ni très "glamour". Mais elles s'attaquent à dix problèmes essentiels et ne dépendent pas d'un retour à meilleure fortune de la France, d'une croissance enfin supérieure à 2 %, ni ne creusent les déficits publics. Les candidats qui s'engageraient à faire de telles transformations ne pourraient pas s'abriter derrière la conjoncture internationale ou les contraintes européennes pour ne pas les mettre en oeuvre. Ils auraient la certitude d'avoir un impact concret sur la situation des Français qui subissent le plus le choc de la crise. Ils pourraient cesser de faire rimer le mot réforme sociale avec régression ou avec déficit. Et ils pourraient éviter ce risque de dislocation sociale dont les conséquences peuvent être ravageuses.


Attirer aux États-Unis les infirmières canadiennes?

Agence QMI  
10/12/2011

OTTAWA – L’Association des infirmières du Canada (AIIC) s’inquiète de l’importation au pays de l’examen américain d’autorisation pour infirmières et infirmiers. Selon l’AIIC, l’objectif de ce nouvel examen est d’attirer le personnel infirmier canadien aux États-Unis.

L’examen canadien actuel, l'Examen d'autorisation d'infirmière auxiliaire au Canada (EAIAC), sera remplacé par celui de la National Council of State Boards of Nursing (NCSBN), offert dans 10 pays.

Selon l’AIIC qui regroupe 11 associations et ordres provinciaux et territoriaux au pays, l'adoption de cet examen pourrait se traduire par une mobilité accrue des infirmières autorisées d'un côté à l'autre de la frontière.

«Au lieu d'instaurer et de maintenir des normes qui appuient la prestation de soins de santé sûrs et de qualité pour satisfaire aux besoins de la population canadienne, les organismes de réglementation risquent d'avoir grandement facilité le recrutement de personnel de soins de santé canadien par les États-Unis», a déclaré Judith Shamian, présidente de l'AIIC.

L’association canadienne déplore notamment que les nouveaux membres de la profession infirmière pourraient subir, au plus tôt dès 2015, un examen sans aucun contenu canadien.
«Ça ne s’applique pas au Québec puisque la province a son propre examen», administré par l'Ordre des infirmières du Québec, a toutefois précisé Kate Headley, coordonnatrice des communications externes de l’AIIC.

Encore trop de lits dans les hôpitaux psychiatriques


L'offre de lits dans les hôpitaux psychiatriques a baissé de 37% en 25 ans en Belgique, selon le Mouvement pour une Psychiatrie Démocratique dans le Milieu de Vie (MPDMV).
Cependant, notre pays figure toujours en tête de liste du palmarès européen du plus grand nombre de lits en hôpitaux psychiatriques, avec plus de 150 lits par 100.000 habitants, rapportent lundi les journaux de "L'Avenir".
 
Dans ce classement réalisé par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) en juillet dernier, la Belgique n'est devancée que par Malte.
 
Cette baisse du nombre de lits en Belgique est lente par rapport à d'autres pays comme l'Italie ou l'Espagne, qui ont déjà pratiquement éliminé tous leurs hôpitaux psychiatriques pour ne financer désormais presque exclusivement plus que des services de proximité, affirme le MPDMV.
 
Selon ce dernier, les hôpitaux psychiatriques, coûteux et inhumains, ne sont plus en adéquation avec la société pour octroyer des soins de santé mentale. Un constat partagé par l'Institut wallon pour la Santé mentale (IWSM).
 
L'idée d'une ouverture vers un autre mode de prise en charge est au coeur de la réforme 107 adoptée cet automne, qui vise notamment à laisser les patients tant que possible dans leur milieu de vie. L'un des points importants de cette réforme est la création d'équipes mobiles d'intervention, qui disposeront de lits de crise. En Belgique, un quart de la population est confronté à une problématique de santé mentale. (belga)
12/12/11