Publié le 02/05/2013
Archives of General Psychiatry (dont c’était la dernière parution sous ce nom, le journal s’appelant désormais JAMA Psychiatry) a publié une étude consacrée à l’évolution des prescriptions de neuroleptiques en consultation de ville entre 1993 et 2009 aux États-Unis. Portant sur près de 485 000 consultations, les données proviennent des statistiques duNational Center for Health Statistics et des compagnies d’assurance-maladie (comme Medicare et Medicaid). Cette recherche concerne à la fois les enfants (0 à 13 ans), les adolescents (14 à 20 ans) et les adultes (≥ 21 ans).
Parmi les consultations en cabinet médical, les auteurs observent que les prescriptions de neuroleptiques ont augmenté dans des proportions significatives à tout âge, surtout depuis 2005, comme le montrent les résultats suivants :
Enfants (0 à 13 ans)
De 1993 à 1998 : Odds Ratio [OR] : 0,24 ; Intervalle de confiance à 95 % [IC] : 0,09–0,40
De 1999 à 2004 : OR : 1,41 ; IC : [1,01–1,80]
De 2005 à 2009 : OR : 1,83 ; IC : [1,27–2,39]
Adolescents (14 à 20 ans)
De 1993 à 1998 : OR : 0,78 ; IC : [0,46–1,10]
De 1999 à 2004 : OR : 2,71 ; IC : [1,94–3,48]
De 2005 à 2009 : OR : 3,76 ; IC : [2,78–4,73]
Adultes (≥ 21 ans)
De 1993 à 1998 : OR : 3,25 ; IC : [2,73–3,76]
De 1999 à 2004 : OR : 4,51 ; IC : [3,82–5,19]
De 2005 à 2009 : OR : 6,18 ; IC : [5,06–7,30]
Ces constatations statistiques confirment que la tendance à l’augmentation des prescriptions observée d’abord chez les adultes (dès la fin du XXème siècle, avec une multiplication de plus de 3) atteint ensuite les adolescents quelques années plus tard. Puis en définitive même les enfants, dans des proportions certes moins importantes, avec des prescriptions de neuroleptiques quasiment doublées depuis 2005, alors qu’elles ont presque quadruplé chez les adolescents et sextuplé chez les adultes durant la même période.
Concernant notamment des jeunes avec des troubles de l’humeur ou étiquetés « perturbateurs » en raison de leurs troubles du comportement, cette accélération des prescriptions provient surtout de médecins « non spécialisés en psychiatrie » (nonpsychiatrist physicians). Fort logiquement, comme cette tendance à la hausse fait des neuroleptiques « l’une des classes les plus communes et les plus coûteuses » parmi les médicaments prescrits aux États-Unis, les auteurs « attirent l’attention » de leurs confrères sur les risques de « sécurité métabolique » posés par l’extension du recours aux neuroleptiques, « particulièrement quand ils sont utilisés pour traiter certains troubles où les preuves de leur efficacité demeurent limitées. »
Dr Alain Cohen
Olfson M et coll.: National trends in the office-based treatment of children, adolescents, and adults with antipsychotics. Arch Gen Psychiatry, 2012; 69: 1247–1256.
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