S’il est adopté, le texte ferait du royaume scandinave le premier pays au monde à interdire l’ablation rituelle du prépuce des garçons de moins de 18 ans. Une initiative loin de faire l’unanimité.
LE MONDE | | Par Anne-Françoise Hivert (Malmö (Suède), correspondante régionale)
Rarement un sujet aura autant divisé les députés danois. Et pourtant, ils n’auront d’autre choix que d’en débattre au Parlement, car une initiative populaire proposant l’interdiction de la circoncision non médicale des mineurs a recueilli, vendredi 1er juin, plus de 50 000 signatures, le minimum requis par une procédure introduite au début de l’année.
La pétition a été présentée le 1er février par Intact Denmark, « un peu dans la précipitation », reconnaît Lena Nyhus, la présidente de l’ONG créée en 2013. « Nous craignions que quelqu’un de moins bien préparé nous devance », explique-t-elle. La proposition n’aurait alors eu aucune chance d’aboutir.
« La société a une obligation particulière de protéger les droits fondamentaux de l’enfant, jusqu’à ce qu’il ait atteint l’âge et la maturité d’assumer lui-même cette responsabilité », soutient le texte. Invoquant la Convention des Nations unies sur les droits de l’enfant, il propose jusqu’à six ans d’emprisonnement, soit la même peine que pour l’excision des filles, interdite au Danemark en 2003. Depuis, l’ablation rituelle du prépuce des garçons mineurs ne cesse de faire débat.
En 2014, plusieurs associations de protection de l’enfance s’étaient prononcées pour son interdiction, se référant à une résolution du Conseil de l’Europe, adoptée en 2013, qui demandait aux Etats membres d’en réguler la pratique. En décembre 2016, l’Association des médecins danois avait à son tour pris position, estimant que la circoncision non médicale des mineurs était « éthiquement inacceptable ».