Publié le 04/10/23
INTERVIEW Pendant huit mois, l’écrivaine Ixchel Delaporte s’est immergée à Cadillac, cette petite ville girondine qui a la particularité d’accueillir depuis quatre cents ans un hôpital psychiatrique qui a vu passer 2,3 millions de patients en 2023
- L’écrivaine Ixchel Delaporte publie ce jeudi Ecouter les murs parler aux éditions Iconoclaste, qui raconte son immersion à Cadillac, « la ville des fous », puisqu’elle accueille en son centre un hôpital psychiatrique, depuis quatre cents ans.
- Elle y décrit ses rencontres et échanges avec les patients, le plus souvent inaudibles derrière les murs de l’hôpital, et dont elle a voulu mettre la parole au cœur de son ouvrage.
- Elle raconte aussi l’écosystème de la ville de Cadillac puisque certains patients peuvent y sortir en journée, ou y vivre lorsqu’ils sont stabilisés. Dans les rues de la bastide girondine, on côtoie la maladie mentale un peu plus qu’ailleurs.
Ixchel Delaporte aime s’intéresser à l’envers du décor. Après son ouvrage Les Raisins de la misère, sorti en 2018, dans lequel elle dénonçait les conditions de travail de la main-d’œuvre viticole dans l’ombre des grands châteaux, la journaliste et documentariste publie ce jeudi Ecoute les murs parler (Ed. Iconoclaste) et lève un coin du voile sur l’hôpital psychiatrique.
Pendant huit mois, Ixchel Delaporte a vécu à Cadillac, en Gironde. Ses habitants cohabitent avec les centaines de patients de l’hôpital psychiatrique. La journaliste revient, pour 20 Minutes, sur cette immersion « dans ce petit microcosme, où l’on fait du troc et où l’on se rapporte des kébabs ou des cocas de l’extérieur pour que les choses soient plus douces » et son livre, « tentative de faire tomber les murs de l’hôpital psychiatrique pour que les gens aient moins peur ».
Pourquoi vous êtes vous intéressée à la psychiatrie ?
On se confronte souvent à la maladie mentale par le biais du fait divers. A ce moment-là, on se retrouve avec des personnes qui passent à l’acte, qui sont violentes, et on est percutés d’un coup, mais sans comprendre. Romain Dupuy [le jeune schizophrène qui a tué deux soignantes à Pau en 2004] en est un exemple extrême. Et souvent après des passages à l’acte très brutaux, quand on rembobine le fil, on se rend compte qu’il y avait un terrain de maladies psychiatriques qui n’a pas suffisamment été pris en compte.