Parution le 05/01/2023
Il y a des mots qui occupent nos mémoires avec insistance comme des taches de calcaire qui ne partent pas au bicarbonate. Il peut s’agir d’expressions, de paroles de chanson ou de slogans publicitaires. Pour Amine, ce sont les vers d’un poème : Todo pasa y todo queda (soit «Tout passe et tout reste»). Il les récite le jour de son mariage et à la moindre hésitation, son témoin, Adil, lui emboîte le pas. Les deux trentenaires ont grandi ensemble à Cavaillon, dans le Vaucluse. L’un est infirmier dans un centre hospitalier niçois, l’autre achète et revend de la cryptomonnaie à Dubaï. Ils se trouvaient dans la même classe lorsque leur professeur d’espagnol au collège leur a demandé d’apprendre par cœur ce poème d’Antonio Machado. C’était il y a dix-sept ans.