Samedi 5 novembre 2022
Provenant du podcast
Concordance des temps
Aujourd'hui regret des temps passés, la nostalgie fut à l’origine et longtemps ce que l’on appelait le « mal du pays », un mal tragique responsable de nombreux décès. Thomas Dodman revient sur la longue histoire de cette émotion mortelle devenue bénigne.
- Thomas Dodman historien, maître de conférences à Columbia University (New York)
Simone Signoret, l’actrice immortelle de Casque d’Or et d’autres chefs-d’œuvre du cinéma, nous en avait prévenu, en choisissant un beau titre pour ses Mémoires, en 1976 : La nostalgie n’est plus ce qu’elle était. Quand on la lisait à l’époque, on comprenait, évidemment, qu’elle parlait d’abord pour elle-même. Et pourtant on se sent tout à fait autorisé à invoquer la formule qu’elle avait forgée afin d’en élargir le propos. La nostalgie n’est plus ce qu’elle était…
L’expression s’applique à merveille, dans un autre sens, à un ouvrage tout neuf, qui s’intitule tout simplement Nostalgie, mais dont le sous-titre est brutal : « histoire d’une émotion mortelle ». Une « émotion mortelle » ? Cela peut nous surprendre d’abord, nous autres contemporains qui tendons à voir là un sentiment presque doux, enveloppé en tout cas du voile d’un chagrin dominé et parfois même caressé avec quelque complaisance.