Prison de Gradignan (Gironde), le 3 octobre. La maison d'arrêt compte 794 détenus. Parmi eux, 220 dorment sur des matelas à même le sol. AFP/Thibaud Moritz
Violences, suicides, manque d’accès aux soins, sécurité incendie défaillante et locaux vétustes... Face aux conditions de vie des prisonniers au sein de la maison d’arrêt de Gradignan (Gironde), la plus surpeuplée de France, le barreau de Bordeaux a saisi le tribunal administratif pour obliger l’Etat à agir.
Avec 794 personnes détenues au 6 octobre, dont 220 qui dormiront sur des matelas ce soir, la maison d’arrêt de Gradignan, en Gironde, est la plus surchargée du pays. Elle entraîne des conditions d’accueil « indignes », selon les porte-paroles de l’Observatoire international des Prisons, l’Ordre des avocats de Bordeaux, l’Association pour la défense des détenus A3D et du Syndicat des avocats de France, réunis, ce jeudi, devant le tribunal administratif de Bordeaux.
Ensemble, ils ont choisi de saisir le Juge des référés pour « ordonner à l’Administration Pénitentiaire de mettre en œuvre des mesures urgentes pour accueillir dignement les personnes incarcérées. »
Un surveillant au centre pénitentiaire de Lorient Ploemeur.
Un surveillant au centre pénitentiaire de Lorient Ploemeur. |
OUEST FRANCE, THIERRY CREUX.
Ils sont environ 30 000. Leur nombre augmente mais leurs missions et les détenus aussi. Et le nombre de postes non pourvus reste important.
Dans le budget 2023 du ministère de la Justice, 809 emplois supplémentaires seront créés dans l’administration pénitentiaire l’an prochain. Il y a peu, devant des députés, Éric Dupond-Moretti, le ministre, rappelait que 4 500 emplois avaient été créés entre 2017 et 2022. Mais pour les surveillants (un peu plus de 30 000), le compte n’est pas bon. Plusieurs mouvements de grève ont eu lieu ces dernières semaines dans des prisons. L’effectif théorique est de trente-trois. Or, nous ne sommes que vingt et un, déploraient des surveillants de la maison d’arrêt de Vannes, début septembre. Les vacances de postes, dans certaines régions, sont considérables. Dans le Grand Est, 400 postes ne sont ainsi pas pourvus, déplore Wilfried Fonck, secrétaire national de l’UFAP-Unsa. Et celui-ci de poursuivre : Quand on sait que des départs massifs à la retraite se profilent, il y a de quoi être inquiet.
Si ses fonctions de thérapeute sont assez présentes à l’esprit de tous (soutenues par la loi de 2004 concernant le statut de psychothérapeute dont le psychologue peut faire usage), les méthodes thérapeutiques et les références théoriques demeurent aujourd’hui plurielles et souvent polémiques. Comment les psychologues pensent-ils les relations entre la théorie à laquelle ils se réfèrent et leur pratique ?
Une convention citoyenne sera lancée le 9 décembre. Les conclusions seront rendues en mars 2023. La question posée est la suivante : "Le cadre d'accompagnement de fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d'éventuels changements devraient-ils être introduits ?"
Monique Canto-Sperber Philosophe, directrice de recherche au CNRS, ancienne directrice de l’ENS et ancienne présidente de l'université Paris sciences et lettres (PSL), auteure de plusieurs ouvrages de philosophie antique et philosophie morale contemporaine
Frédéric WormsProfesseur de philosophie contemporaine à l’ENS, directeur adjoint du département des Lettres et membre du Comité consultatif national d’éthique, producteur à France Culture
Catherine Vincent ex journaliste au monde et désormais indépendante. Elle se consacre notamment aux sujets du vieillissement et au grand âge. Elle fait partie des membres fondateurs du CNaV (Conseil national autoproclamé de la vieillesse).
Au sein du Bon sauveur, l’unité Françoise Dolto propose des lits d’hospitalisation psychiatrique pour les adolescents. Photo DDM, archive.
La décision était tombée, brutalement, il y a une dizaine de jours : l’hôpital psychiatrique le Bon Sauveur d’Alby avait décidé de fermer temporairement ses 5 lits d’hospitalisation psychiatrique réservés aux adolescents (voir notre édition du vendredi 21 octobre dernier). Par manque de médecin, la direction avait en effet pris la décision de ne pas réouvrir, après la fermeture du service pendant les vacances scolaires, l’unité Françoise Dolto qui prend en charge des adolescents de 12 à 18 ans nécessitant des soins intensifs en hospitalisation complète. Une prise de décision "qui s’était faite dans la précipitation", selon les syndicats qui dénonçaient une "catastrophe de santé publique".
La 15e édition de la journée mondiale pour le droit de mourir dans la dignité a lieu ce mercredi 2 novembre. Une journée de sensibilisation alors qu'Emmanuel Macron a lancé sa Convention citoyenne sur la fin de vie fin octobre.
La France présente l’un des taux de suicide les plus élevés d’Europe. D’après le dernier bulletin mensuel de santé mentale, publié en mars 2022, les tentatives de suicide chez les jeunes et les adolescents n'ont fait qu'augmenter. Entre janvier et mars 2022, les passages aux urgences pour tentative de suicide des 15-24 ans ont bondi de 27% par rapport à l’année dernière. En trois mois, cela représente 6 400 passages aux urgences. Le suicide n’épargne aucune région, aucune tranche d’âge.
2022 a été une année décisive dans le renforcement du contrôle des hospitalisations sous contrainte en psychiatrie, qui étaient déjà soumises au contrôle du juge des libertés et de la détention depuis 2011. La loi du 22 janvier dernier instaure désormais un contrôle des mesures d’isolement et de contention.
Le nombre de demandes d’évaluations pour que des criminels soient déclarés délinquants dangereux a tellement augmenté dans les derniers mois que les psychiatres de l’Institut Philippe-Pinel ne suffisent plus à la tâche.
« Il nous est actuellement impossible de répondre au volume exponentiellement croissant des demandes », a indiqué l’institut de psychiatrie légale dans une lettre déposée à la cour mardi au palais de justice de Montréal.
Cette spécialité de la médecine charrie son lot de clichés et de croyances diverses. Une vingtaine d’auteurs coordonnés par une psychiatre publient un ouvrage qui remet les pendules à l’heure.
« De nos jours, on médicalise tout. »« Les malades mentaux sont des criminels en puissance. »« Il a deux personnalités, c’est un vrai schizo ! » « Le suicide, mieux vaut ne pas en parler, ça peut donner des idées. » Voici quelques-unes des soixante-dix idées reçues passées à la moulinette dans le récent En finir avec les idées fausses sur la psychiatrie et la santé mentale. Alors qu’une personne sur cinq est concernée au cours de sa vie par un trouble psychique, et que les sujets de santé mentale sont de plus en plus sur le devant de la scène, en lien notamment avec la pandémie de Covid-19, il devenait urgent de s’attaquer aux clichés et aux croyances diverses, aussi nombreux que tenaces dans ce domaine.
Particulièrement connu pour ses romans (Les rivières pourpres, L’empire des loups), Jean-Christophe Grangé revient cette année à l’écriture d’une série après Le Vol des Cigognes (2013), Le Passager (2015) et quelques épisodes des Rivières Pourpres pour France 2. Je dois avouer que je m’attendais à beaucoup mieux de sa part que ce qu’il propose avec I3P. Ce que Grangé échoue à développer c’est la psychologie des personnages. Les intrigues policières éculées n’offrent guère de surprises et une fois consommé, le plat laisse un vide. Marc Lavoine de son côté dans le rôle de Mathias Bernardt n’est pas l’acteur de rêve mais s’avère être un peu plus surprenant que je n’aurais pu l’imaginer. Mais I3P pèche dans sa façon de raconter l’histoire des personnages. On a tous les poncifs éculés sur la psychiatrie sans réellement avoir de valeur ajoutée. L’intrigue du premier épisode (qui prend fin dans le second) aurait pu être intéressante mais rien n’est fait pour nous intéresser réellement au delà d’un rythme lancinant et de dialogues creux et fades.
La racialisation se construit en mélangeant des dynamiques politiques, économiques, sociales… Que pouvons-nous dire du mot “race” ? Faut-il et comment en parler ? Que faisons-nous lorsque nous parlons de la race ? Et comment en parler sans être raciste ?
Avec
Magali Bessone professeure de philosophie politique à l'Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Nadia Yala Kisukidimaîtresse de conférences en philosophie à l’Université Paris 8
Selon une enquête, 60% des 16-25 ans sont gagnés par l’éco-anxiété. Comment évoquer l’effet de serre ou la sixième extinction de masse du vivant ainsi que les émotions qu’ils entraînent avec les enfants ? Réponses avec Pablo Servigne, Naomi Klein, Vipulan Puvaneswaran et d’autres.
«Dis, comment on fait les bébés ?» Avec la multiplication des canicules, sécheresses et autres conséquences des crises climatiques, cette question – sans doute la plus redoutée des parents – pourrait bientôt être détrônée par une autre : «Pourquoi avoir fait des bébés, alors qu’on va tous mourir ?» Et là, inutile de chercher une histoire de cigogne : vous serez vite dans les choux. D’abord, parce que les jeunes en savent de plus en plus sur la question, surpassant parfois les adultes : les ados de la «génération Greta Thunberg» lisent les rapports du Giec et se partagent les infos sur le changement climatique. Certaines études montrent que des enfants s’intéressent au sujet, en des termes évidemment plus simples, dès l’âge de 3 à 5 ans. Mais surtout, la question est extrêmement sensible, les jeunes étant de plus en plus habités de craintes existentielles liées à la dégradation des conditions de vie sur Terre. Cette éco-anxiété se mesure : une enquête publiée par The Lancet fin 2021 et menée auprès de 10 000 jeunes de 16 à 25 ans dans dix pays du monde (France, Etats-Unis, Brésil, Nigeria, Philippines…) établit que 60 % d’entre eux (et 58 % en France) sont «très» ou «extrêmement inquiets» du changement climatique. Pour les parents, il s’agit d’être à la hauteur : expliquer sans dramatiser, donner des conseils sans passer pour un boomer pollueur. Plus facile à dire qu’à faire, admettent quelques essayistes et spécialistes de la question, qui tentent malgré tout de donner des conseils.
Jusqu'au mois d'août 2023, la Cité des sciences et de l'industrie présente une exposition très complète sur les cancers. Pour comprendre comment ils se développent, où en est la recherche, que vivent les malades avant et après, comment s'organisent les équipes soignantes.
C'est un pari audacieux : exposer un "monstre", créer un parcours muséal autour d'une des maladies les plus anxiogènes de notre siècle. Elle touche presque quatre millions d'entre nous : c'est l'estimation du nombre d'hommes, femmes et enfants qui vivent avec un cancer aujourd'hui en France. Chaque année, 380 000 personnes apprennent qu'elles en sont frappées, ce qui représente plus d'un millier de nouveaux cas par jour.
Au-delà des mots et des situations, elle produit de réels impacts psychologiques et physiologiques.
Encaisser les remarques outrageantes et être dans la perpétuelle attente d'une nouvelle attitude désobligeante: tel est le quotidien des membres de communautés marginalisées. Qu'elle soit raciste, homophobe, antisémiteou autre, la discrimination nuit durablement à la santé mentale et physique des personnes y faisant face. Le HuffPost livre les conséquences de ces actes.
«Une société devrait être un endroit serein où l'on se sent en sécurité pour être soi-même», déclare Carly Coons, assistante sociale et directrice de l'éducation à la Blue Dove Foundation (organisation basée en Géorgieluttant contre la maladie mentale et la toxicomanie dans la communauté juive). Or, pour beaucoup, ce n'est pas le cas.
La discrimination active notre réponse au stress, qui se traduit par un flot de processus physiologiques tels que des maux de tête ou une accélération du rythme cardiaque. Lorsque le corps est stressé, dormir est une épreuve et le manque de sommeil peut altérer notamment la productivité au travail. Qui plus est, le système immunitaire peut également en souffrir, le corps étant plus sensible aux agents infectieux.
En outre, du fait de revivre sans cesse les mêmes situations résulte des niveaux d'anxiété et de dépression plus élevés que la moyenne, alimentés par un sentiment d'anticipation, comme l'explique Carly Coons: «Vous allez anticiper que vous ne serez pas accepté dans certaines circonstances et cela engendrera davantage de sentiments négatifs.»
De ces désagréments découle incontestablement un sentiment d'insécurité. Lorsque vous êtes victime de discrimination permanente, votre tranquillité vous est retirée et s'épanouir devient difficile, voire impossible. «Il faut constamment observer l'environnement dans lequel on se trouve et voir si l'on s'y sent en sécurité. Cela empêche de se lier socialement et de s'engager dans le monde qui nous entoure», affirme l'assistante sociale.
Au-delà d'éprouver un sentiment d'insécurité, les victimes peuvent développer une réponse traumatique se manifestant par une hypervigilance, des flashbacks, des cauchemars et une tendance à devenir suspicieux. Et ce traumatisme ne vient pas nécessairement d'une immense manifestation de discrimination, mais peut tout à fait être causé par une réflexion raciste de la part d'un membre de la famille.
C'est pour "sensibiliser avant tout" que Lyah Renard a accepté de se confier dans l'émission "Telles Qu'elles". La jeune femme, aujourd'hui âgée de 34 ans, a tout oublié des 25 premières années de sa vie. En 2013, elle a été brutalement victime d'une amnésie d'identité.
parChristian Lehmann, médecin et écrivain. publié le 1er novembre 2022
Dans la chronique qu’il tient pour «Libé» depuis le début de l’épidémie, Christian Lehmann revient cette semaine sur la non-prise en compte coupable des effets d’un Covid long sur les malades qui en souffrent.
Le Covid long est un serpent de mer qui ne cesse de ressurgir alors que tout est fait pour l’invisibiliser. Notamment par ceux pour qui l’économie prime sur la santé, pour qui le «quoiqu’il en coûte» a vécu et estiment qu’on en a assez fait avec une pandémie aujourd’hui éclipsée par la guerre en Ukraine, la crise énergétique et le réchauffement climatique. Ils pensent ou feignent de penser que le Covid long n’existe pas: les personnes qui se plaignent de troubles persistants après un Covid peuvent être classés parmi les hystériques.
Invitée de l’émission C à vous pour évoquer ce terrible drame après qu’une mère a tué son enfant autiste, Églantine Éméyé s’est elle-même confiée sur sa vie de maman d’un enfant polyhandicapé. Et elle n’a pas fait dans la langue de bois.
La France est-elle en train de devenir un désert médical ? Les chiffres parlent d’eux-mêmes. A l’échelle nationale, on compte seulement 318 médecins pour 100 000 habitants (contre 328 il y a dix ans). Et pour ce qui est de leur répartition, ce n’est pas mieux : dans un territoire attractif comme le sud-est de la France, le nombre de médecins par habitant est 1,6 fois plus élevé que dans la région Centre.