Christophe Gattuso 15 oct. 2021
Si la téléconsultation a gagné des adeptes pendant la crise du coronavirus, les bornes et cabines de téléconsultation qui poussent ces derniers mois comme des champignons dans les centres commerciaux, les entreprises mais aussi les pharmacies, inquiètent les médecins. Ces derniers les perçoivent davantage comme une source de dérégulation du système de santé qu’une solution à la désertification médicale.
L’argument de la désertification médicale
Il est désormais plus facile de trouver une cabine de téléconsultation qu’une cabine téléphonique en France. Depuis l’ouverture en janvier 2014 de la première « Consult’Station » dans une résidence senior de Cluny (71), en Bourgogne, les bornes et cabines de téléconsultation ont considérablement gagné du terrain. Le principal acteur du marché, Medadom, revendique à lui seul plus de 1.300 bornes et cabines installées par ses soins sur l’ensemble du territoire. Certains de ces « cabinets » d’un nouveau genre ont été mis disposition par des collectivités publiques pour faire face à la désertification médicale. En 2020, l’Ain (01) a ainsi été le premier département de France à proposer 4 cabines de téléconsultation de la société H4D dans les communes de Montréal-la-Cluse, Brion, Béard-Géovreissiat, Nurieux-Volognat et Port. Les bornes et cabines de téléconsultation ont également fait leur entrée dans les entreprises sous l’impulsion de plusieurs fabricants (H4D, Tessan et BodyO).
Un commerce comme un autre ?
En avril dernier, de premières cabines de la société Tessan installées dans des centres commerciaux à Paris (75) et Troyes (10) avaient déjà fait parler d’elles. L’Ordre des médecins avait poussé un coup de sang, à l’époque, arguant que la médecine ne devait « pas être pratiquée comme un commerce ». Las. Six enseignes de Monoprix disposent aujourd’hui d’une cabine de téléconsultation (une seconde à Paris, mais aussi à Colombes, Croisé-Laroche et Annecy). Monoprix a beau assurer à 20 Minutes que « ce service de télémédecine n’a pas vocation à se substituer à une consultation présentielle ou à promouvoir un modèle unique dans l’exercice de l’art médical », les médecins montrent les dents.
Le président d’honneur de la Fédération des médecins de France (FMF), le Dr Jean-Paul Hamon, n’a pas caché son agacement sur Twitter, lorsqu’en poussant son caddie, il est tombé sur la cabine d’un magasin de Malakoff (92).