La schizophrénie touche 1 % de la population, « soit environ 4 000 personnes en Guadeloupe », estime le Dr Nicolas Vincent, médecin psychiatre. Cette pathologie, « très stigmatisée et qui frappe tous les milieux, peut prendre différentes formes. Il n’y a pas deux malades pareils. » Les manifestations de la maladie sont variables d’un patient à un autre : idées délirantes, hallucinations ; retrait social, perte d’intérêt ; ou désorganisation de la pensée, perturbation du raisonnement. « Ce sont les trois familles de symptômes. »
La prise en charge d’un malade est lourde et a des répercussions sur l’ensemble la famille. « Souvent en grande souffrance, avec une baisse de la qualité de vie, des conséquences socioprofessionnelles, financières, somatiques et psychiatriques (anxiété, dépression...) », note le Dr Nicolas Vincent. Pour apporter des solutions et soulager les proches aidants, il existe un programme : Profamille. L’Etablissement publique de santé mentale (EPSM) soutient sa mise en place en Guadeloupe depuis 2017.
« C’est un programme de psychoéducation familiale. Il ne concerne pas le patient lui-même, mais s'adresse aux proches aidants (parents, conjoints, frères, sœurs, cousins...). » Dans 8 cas sur 10, constate le médecin psychiatre, « c’est la maman qui y participe ». Depuis la mise en place du programme, trois sessions de formation ont déjà été proposées. « D’abord en Basse-Terre et depuis l’an dernier également en Grande-Terre, avec une seconde équipe d’animation. »
Des techniques pour mieux communiquer
Cette formation, explique le Dr Vincent, permet aux aidants d’apprendre à faire face à la schizophrénie. Ce n’est pas juste un cours sur cette maladie. On donne des outils, on apprend des techniques pour mieux communiquer. On y traite aussi la la gestion du stress et la dépression des aidants qui sauront mieux réagir à la maison, par exemple si la personne malade refuse de prendre ses médicaments et en cas de crise, d’hallucinations, etc. » Cette formation est bénéfique pour les aidants, mais aussi pour les patients, note le praticien.
« Les études montrent la création d'un cercle vertueux au domicile, explique le Dr Vincent. L’aidant va aller mieux, y compris physiquement. Moins déprimé et moins stressé, il va réussir à mieux communiquer avec son proche malade, qui lui se sentira plus apaisé et pourra donc plus se confier. Du coup, on constate une nette amélioration de la qualité de vie. Et il est démontré que le taux de rechute est plus que divisé par deux dans l'année qui suit. »
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