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Pourquoi les nouvelles restrictions sanitaires récemment entrées en vigueur dans la région de Marseille ont du mal à passer ? Michel Terestchenko, professeur à l’Institut d’études politiques d’Aix-en-Provence, s’appuie sur Machiavel, à qui il vient de consacrer un essai, répond.
Les annonces de nouvelles restrictions liées à l’épidémie dans la métropole d’Aix-Marseille ont été mal accueillies, tant par la population que par les décideurs locaux. Comment expliquez-vous que ces mesures se heurtent aujourd’hui à une forte opposition, alors qu’elles avaient bénéficié d’un large consensus en mars ?
Michel Terestchenko : Le cas de Marseille enseigne que l’évocation de la nécessité d’une mesure ne suffit pas à susciter l’adhésion. Les mesures restrictives – fermetures des bars, restaurants, et salles de sports… – qui étaient acceptées en mars ne le sont plus aujourd’hui, car les temps ont changé. Les Marseillais ne comprennent pas pourquoi cette décision s’applique à leur ville et non à Paris. En outre, la manière dont elle a été prise – de manière centralisée, sans concertation, et annoncée au détour d’une conférence de presse – semble d’une brutalité que rien ne justifie. Ce qui était acceptable dans certaines circonstances ne l’est plus dans d’autres. C’est la grande leçon de Machiavel sur la nécessaire flexibilité de l’action politique. L’art de gouverner, ce qu’il appelle la « virtu », repose sur un savant mélange entre la façon d’agir et les circonstances. Comme celles-ci sont changeantes, l’action politique doit elle-même varier et s’adapter. Or, pour Machiavel, la grande erreur des hommes politiques repose dans leur rigidité. C’est ce qui les conduit à répéter une même décision dès lors qu’elle aurait porté ses fruits une première fois, de telle sorte que, là où ils avaient d’abord trouvé le succès, ils rencontrent le malheur et l’échec. On ne peut obtenir deux fois le consentement des citoyens lorsque la situation n’est plus la même. Ce qui était accepté à un moment suscitera colère et réprobation à un autre. L’actualité à Marseille se présente comme l’illustration de cette grande leçon machiavélienne.
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