21 August 2020
CATHRYN VIRGINIA
La clozapine pourrait sauver la vie de schizophrènes suicidaires qui ne répondent pas aux autres traitements. Alors pourquoi si peu de médecins la prescrivent ?
Quand Nicolas* était enfant, il entendait un bourdonnement dans ses oreilles. Au fil du temps, ce bourdonnement s'est transformé en des voix. Elles étaient si bruyantes que c'était comme si un ampli était pressé contre le côté droit de sa tête et diffusait des phrases violentes et vulgaires. Il a eu sa première crise psychotique à 18 ans et a été diagnostiqué schizophrène. « Vous avez déjà vu le film L'Exorciste ? dit-il. C’était un peu ça, ma vie, avant.
Avant. Avant qu’on lui prescrive un médicament qui lui a permis de retrouver des idées claires. Un médicament qui a réduit le volume de ses hallucinations à un simple murmure et qui lui a permis de suivre un cursus universitaire en psychologie et travail social.
Ce médicament, c’était la clozapine, un antipsychotique atypique synthétisé en 1959. La clozapine est à ce jour le médicament le plus efficace pour les patient·es atteint·es de schizophrénie résistante au traitement. Selon plusieurs recommandations, si une personne n'a pas répondu à deux antipsychotiques ou ne peut tolérer leurs effets secondaires, il faut lui prescrire de la clozapine. Ces critères s'appliquent à plus de 30 % des personnes atteintes de schizophrénie aux États-Unis et, pourtant, la clozapine n'est prescrite qu'à environ 4 % d’entre elles.