—
Gravure du XIXe siècle (Allemagne) représentant des conteurs relatant le cas Hauser. Photo De Agostini. Getty Images
Découvert en plein Nuremberg en 1828 après avoir été séquestré toute son enfance, ce jeune garçon a fasciné savants, penseurs et éducateurs de l’époque. De nombreuses zones d’ombre persistent encore aujourd’hui sur ses origines.
Surgi au beau milieu d’un après-midi tranquille, le 26 mai 1828, sur la place du Suif à Nuremberg, Kaspar Hauser, dit le procès-verbal, paraissait «un enfant de 2 ou 3 ans dans un corps d’adulte». Il avait été abandonné là, blême, hagard et titubant. Ses yeux ne supportaient pas la lumière du jour. Sa silhouette chancelante lui donnait l’air d’être constamment au bord de l’abîme. Le garçon, à dire vrai, savait à peine marcher. Il était incapable de dire d’où il venait, ni où il allait. Il n’avait pas 50 mots en bouche et répétait sans se lasser une seule et même phrase dont il ignorait manifestement le sens : «Veux devenir cavalier comme mon père l’a été.» Incapable de répondre aux moindres questions d’usage, il avait néanmoins appris à coucher son nom sur le papier. D’une plume tremblante, il fixa ce jour-là, devant des policiers ahuris, ce nom qui fascine encore aujourd’hui : «Kaspar Hauser.»
Son irruption sur la scène collective a très vite été considérée non comme un événement local, intéressant les seuls Bavarois, mais comme un événement inouï et d’échelle européenne. S’il ne fut pas aussitôt rangé dans l’intrigante lignée des enfants dits «sauvages» qui tramait de longue date l’imaginaire collectif - Victor de l’Aveyron, le plus célèbre d’entre eux, mourut cette année-là -, c’est parce qu’il n’était pas de ces enfants errants sortis des bois après de longues années d’isolement. Il avait cependant pour lui de faire écho aux interrogations du temps relatives au partage de l’inné et de l’acquis, aux origines des langues, des sociétés et des cultures…