Pendant que des patients n’ont toujours pas le droit de sortir, certains peuvent aller dehors 1 h 30 par semaine
PHOTO CLARA LOISEAU
La tension monte dans certains instituts en santé mentale qui n’autorisent toujours pas les patients à sortir, même pour fumer, ou à recevoir de la visite après plus de trois mois de confinement.
« C’est inhumain d’imposer une distance comme ça, quand on sait à quel point c’est important qu’il y ait un encrage avec le réel en dehors de l’hôpital pour qu’ils puissent sentir qu’ils vivent encore. Sinon ce sont juste des malades hospitalisés », déplore Claude Hamel, mère d’un patient à l’Institut universitaire en santé mentale de Montréal (IUSMM).
Depuis le 13 mars, Mme Hamel ne peut plus aller voir son fils, hospitalisé après une psychose toxique il y a huit mois. C’est seulement par téléphone qu’elle peut parler avec lui.
Avant la crise du coronavirus, le trentenaire avait le droit de sortir tous les jours, de se promener à Montréal. Il pouvait recevoir de la visite, aller chez sa mère ou chez son père pendant une semaine avec l’autorisation de son psychiatre.
Aujourd’hui, il n’a droit qu’à trois sorties par semaine, de 30 minutes chacune. Et quand il ne peut pas aller dehors, même sur les balcons, il reste enfermé dans les bâtiments sans climatiseur.
Pour sa mère, ces conditions sont pires que dans les prisons.
« Les prisonniers, eux, ont le droit de sortir une heure chaque jour », avance-t-elle.
Tension
Ce cocktail de problèmes fait monter la tension dans certaines unités, selon Maxime Ste-Marie, président par intérim du Syndicat des techniciens et professionnels du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) de l’Est-de-l’Île-de-Montréal, qui représente notamment les employés de l’IUSMM.
« Il y aurait environ 30 % de plus de désorganisation et d’agressions chez certains patients, soutient-il. Ça peut être des crachats au visage, des insultes ou des agressions physiques sur un patient ou un membre du personnel. »