Face à la pénurie médicale, la direction de l’Etablissement public de santé mentale Charcot a annoncé le gel des 15 lits du Pavillon d’accueil intersectoriel. Le personnel s’est mobilisé ce mardi 3 mars 2020, à l’occasion du comité technique d’établissement, pour redire son inquiétude.
Cette unité reçoit des patients pour lesquels il s’agit du premier contact avec la psychiatrie.
Dans une lettre ouverte, le personnel du PAIS – plus d’une vingtaine de personnes – a exprimé son inquiétude, et son opposition à cette mesure provisoire de « gel ». Mardi 3 mars 2020, à l’occasion de la tenue du comité technique d’établissement et à l’invitation de l’intersyndicale CGT-Sud santé, ce même personnel était invité à se mobiliser.
Une vingtaine de personnes s’est ainsi rendue dans le bâtiment administratif, où devait se tenir le CTE.
En 1947, la Radio-diffusion française commande à Antonin Artaud, tout juste revenu d'un séjour de neuf années à l'asile de Rodez, une oeuvre radiophonique inédite. Ce sera "Pour en finir avec le jugement de dieu".
Le poète veut "une œuvre neuve, où l’on sente tout le système nerveux comme éclairé au photophore. La radio est l’électrode, la voix le courant électrique, le public le corps social qu’il faut passer aux électrochocs".
C'est l'idée de l'Occident contre ce qu'il appelle l'Orient, c'est à dire une espèce de fatras syncrétique avec toutes sortes de choses. Pour lui, il faut que la littérature, le théâtre, l'art en général retrouvent ce fond d'énergie magique que les Indiens Tarahumaras et les druides irlandais connaissaient encore. Evelyne Grossman
Avec cette oeuvre, Antonin Artaud pressent et dénonce la marche triomphale entamée par l'expansion américaine, dont nous serons, bientôt, les jouets. Mais il met surtout en scène son Théâtre de la cruauté, dont il a élaboré la théorie avant son enfermement, suite à son voyage sur la terre des Tarahumaras.
Ce qui intéresse Artaud, c'est justement le corps tout entier, le corps avec toutes ses vibrations, le corps infini, c'est à dire avec la fécalité, avec l'ensemble de ce que fait et de ce que vit et de ce qu'agit le corps humain.Pour Artaud, le corps est explosif, c'est un corps atomique pour Artaud, en opposition avec le corps anatomique. Evelyne Grossman
Deuxième temps de notre série consacrée aux inégalités de genre. Après avoir évoqué hier les cercles du pouvoir politiques, et avant d’aborder demain le monde de l’entreprise, et jeudi, l’espace public des villes, intéressons-nous aujourd’hui à l’école.
Parce qu’elle est autant le reflet que la matrice de nos normes sociales, l’école est un lieu clé pour lutter contre les inégalités de genre, mais aussi pour observer la manière insidieuse dont elles se forment dès l’enfance.
En 2018, un rapport de l’Unicef attirait ainsi l’attention sur la géographie sexiste des cours de récréation, dont l’espace central est monopolisé par les petits garçons pour jouer au foot, tandis que les filles se regroupent sur les côtés.
Un enjeu qui peut sembler anecdotique, mais qui dit beaucoup de l’intériorisation et de la perpétuation de certains stéréotypes dans le cadre scolaire...
“Sex Education”, une énième série pour ados ? Pas seulement, car cette fiction, dont la deuxième saison est actuellement diffusée sur Netflix, met à nu les vicissitudes du désir, chez les jeunes… et les autres. Garanti sans carré blanc !
« La disposition aux perversions est la disposition universelle originelle de la pulsion sexuelle humaine »,note Freud dans ses Trois Essais sur la théorie sexuelle. Cette disposition fait le sel de la série britannique Sex Education, dont la seconde saison est diffusée sur Netflix. Elle réunit avec un succès renouvelé une galerie de personnages autour du lycéen Otis Milburn (Asa Butterfield, photo) et de sa mère sexologue, Jean (l’excellente Gillian Anderson). L’adolescent, encore vierge, a établi un cabinet sauvage de thérapie sexuelle dans son établissement avec une camarade brillante et marginale, Maeve Wiley (Emma Mackey). Autour d’eux se greffe une kyrielle de jeunes hommes et de femmes taraudés par « la chose »… et leurs performances. Sous ses dehors de série pour ados, Sex Education n’est jamais caricaturale ni pédagogique. Elle confirme les données de la sociologie – premier partenaire rencontré dans le cadre scolaire autour de 17 ans et premiers ébats au domicile familial – mais ne grandit pas l’amour romantique, mettant l’accent sur les passions mauvaises et les désirs confus.
Au-delà d’un certain âge, la vie ne vaut plus la peine d’être vécue, estime un cancérologue et bioéthicien de renom. Car, sauf exception, nous sommes diminués physiquement et intellectuellement, nous n’apportons plus rien à la société et sommes un fardeau pour nos proches.
Quand on commence à avoir de l’arthrose et des difficultés à marcher, on se replie chez soi et on passe son temps à lire, à écouter des livres audio ou à faire des mots croisés.
Soixante-quinze. Je ne souhaite pas vivre au-delà de 75 ans. Ce souhait rend mes filles dingues. Il rend mes frères dingues. Mes amis me prennent pour un dingue. Ils croient que je ne pense pas vraiment ce que je dis, que je n’ai pas bien réfléchi à la question, parce qu’il y a tant à voir ou à faire dans le monde. Pour m’en convaincre, ils m’énumèrent tous les gens que je connais qui ont plus de 75 ans et se portent bien. Ils sont convaincus que, quand j’approcherai des 75 ans, je repousserai cette limite d’âge à 80, puis à 85, peut-être même à 90.
Je maintiens ma position. La mort est une perte, c’est sûr. Elle nous prive d’expériences et de grands moments, de temps passé avec notre conjoint et nos enfants. Elle nous prive de tout ce à quoi nous attachons de la valeur 1.
La novlangue se développe très bien dans toutes les administrations, mais il semble qu’elle trouve un terrain particulièrement fertile dans les bureaux des agences régionales de santé, qui sont chargées de faire redescendre sur le terrain les éléments de langage produits par les génies du ministère de la Santé.
Un exemple édifiant : depuis le début de cette année, le ministère demande aux hôpitaux psychiatriques d’intensifier le recueil des « données identifiantes » des patients : il s’agit pour les tutelles de pouvoir « chaîner le parcours du patient », voire de « chaîner les patients ».
Comment en sommes-nous arrivés là, à un tel vocabulaire ?
L’histoire officielle a retenu que c’est Philippe Pinel (1745–1826) qui a libéré les aliénés. En fait, c’est un des surveillants de l’asile de Bicêtre, un dénommé Jean-Baptiste Pussin, qui le premier a enlevé les chaînes qui entravaient les fous. Ayant constaté que les « aliénés » ne s’en portaient que mieux, Pinel initia un changement de regard sur la folie, en soutenant qu’on pouvait la comprendre et proposer un « traitement moral ».
Ensuite, au début du XXe siècle, Freud a montré qu’un savoir sur le délire et sur les symptômes est d’abord présent chez le patient. Et c’est au moment de la Seconde Guerre mondiale que François Tosquelles, un psychiatre catalan et républicain réfugié en France, a remis en question la séparation entre les soignants et les soignés.
C’est une guerre qui est menée contre la parole
À l’hôpital de Saint-Alban (Lozère), il a libéré les patients des représentations et des chaînes signifiantes stigmatisantes, et ouvert un demi-siècle de psychiatrie humaniste, avec des pratiques qui se sont laissé chambouler par les questionnements cliniques et politiques des années 1970. Il y eut l’antipsychiatrie, et le désaliénisme ; et puis il y eut une politique de secteur, qui permit d’organiser un accueil de proximité, dans des centres de consultation insérés dans la ville, pour éviter d’isoler les patients dans des asiles loin de chez eux, et pour permettre l’accueil de paroles singulières.
Ce dispositif fonctionnait très bien, mais il est systématiquement démantelé par les ministres de la Santé successifs depuis vingt ans. Sous couvert d’économies budgétaires, c’est une guerre qui est menée contre la parole. Le secteur et les intersecteurs de pédopsychiatrie : écrabouillés. La psychanalyse : jetée au bûcher de la Haute Autorité de santé. En plus du retour en force de la contention physique et des chambres d’isolement, ce sont maintenant des chaînes informatiques qui entravent le sujet et sa parole.
« Chaîner » est un terme importé directement du marketing. Il y a encore quelques mois, à l’hôpital, il était question de tracer le patient – comme de la viande de bœuf. On nous a ensuite demandé d’établir la « chaîne de soins ». Et puis je me souviens avoir lu – avec peine – un article exemplaire du glissement vers la marchandisation du soin, intitulé « Chaînage de données hospitalières de patients produites en routine avec leurs données issues du registre national d’identification des personnes physiques : retour d’expérience ».
Comme souvent dans la construction de la novlangue, il y a donc eu un écrasement sémantique : pour aller plus vite, les gestionnaires ont raccourci la phrase « il faut chaîner les données du patient », et dans les mails et les conversations, c’est devenu « il faut chaîner les patients ».
Dans un livre mesuré et pédagogique, le professeur Bruno Falissard donne des répères pour épauler les enfants dans leurs souffrances mentales.
Bruno Falissard est une personnalité à part. Il a beau diriger l’une des plus importantes unités de recherche sur la psychiatrie, être professeur de santé publique, avoir fait l’Ecole polytechnique puis être devenu psychiatre, il a beau être membre de l’Académie nationale de médecine et être ancien président de l’Association internationale de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, il a acquis une sorte de modestie peu commune dans un univers bien souvent enclin aux prises de position péremptoires. Et cela est encore plus vrai dans le monde de la pédopsychiatrie où les querelles d’école ont bien souvent fossilisé les positions des uns et des autres.
Son livre – Soigner la souffrance psychique des enfants – en est un parfait exemple. Voilà un livre tranquille, sans esbroufe, pédagogique à souhait. Commençons par un rappel : «En France, au milieu du XVIIIe siècle, un enfant sur trois mourait avant son premier anniversaire, et un sur deux ne dépassait pas l’âge de 5 ans, essentiellement du fait de maladies infectieuses.» Aujourd’hui, le panorama a complètement changé : ces morts prématurées durant l’enfance ou l’adolescence ont presque totalement disparu. Pour autant, il y a des points noirs ; les enfants ne vont pas toujours si bien que cela.
Paris le 2 mars 2020 – Un rapport publié jeudi dernier dénonce le manque de moyens et de places dont bénéficient les unités hospitalières spécialement aménagées (UHSA) pour la prise en charge des détenus souffrant de troubles psychiatriques.
Le rapport, rédigé conjointement par l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et l’Inspection générale de la justice (IGJ) en décembre 2018, n’a été publié que ce jeudi sur le site de l’IGAS, un délai qui dénote a priori l’embarras des pouvoirs publics face à l’état critique de la situation. Il faut dire que le tableau dressé n’est pas élogieux : manque de places et de moyens, désorganisation… : les UHSA, que l’on pourrait rapidement présenter comme des hôpitaux-prisons, créées en 2002, n’ont pas réussi, loin s’en faut, à régler le problème de la prise en charge psychiatrique des détenus, dont le nombre ne cesse d’augmenter ces dernières années.
Ce que dénonce avant tout le rapport, c’est le manque flagrant de places en UHSA eu égard au nombre de détenus. Ainsi, les neuf UHSA que compte la France totalisent en tout 440 lits. Pourtant, une évaluation de 2005 estimait déjà à 8 000 le nombre de détenus dont l’état mental nécessitait une hospitalisation psychiatrique. Depuis, le nombre de prisonniers a fortement augmenté, passant de 60 000 à 70 000.