Généralement, il y a deux portes qui se font face afin de pouvoir prendre le patient récalcitrant ou violent en sandwich. Le lit est fixé au sol ; parfois il y a un lavabo, parfois non ; parfois il y a des toilettes, parfois non, seulement « un seau hygiénique sans couvercle d’où émane une forte odeur d’urine et d’excréments » ; de toute façon, quand le patient est attaché, il fait souvent sous lui. De temps à autre, on trouve de petits arrangements, comme avec cette jeune patiente présente depuis un an, « sous contention des quatre membres mais dont le lien posé sur l’un des deux bras est ajusté pour qu’elle puisse reposer le bassin au sol sans aide ». Il n’y a généralement pas de bouton d’appel : le patient est obligé de hurler pour se faire entendre, ou, s’il est détaché, de « taper sur la porte jusqu’à se blesser ».Ses repas, il les prend fréquemment assis par terre, avec son lit en guise de table et en présence de deux soignants, debout face à lui. Il est parfois nu, car on craint, comme on dit, un « risque suicidaire » ; sinon, il est en pyjama jour et nuit. Celui de l’hôpital, car il n’a pas accès à ses effets personnels. Il arrive qu’on oublie depuis combien de temps il est là : « Les soignants, qui sont souvent en poste ici depuis longtemps, disent l’avoir toujours vu. » Les visites lui sont interdites. Dans certains établissements, on teste la vidéosurveillance, les micros et les caméras thermiques dans les chambres d’isolement. Dès lors, rien n’échappe à la vue de l’autre, derrière son écran.
Dans ses Maximes capitales, et ses Sentences vaticanes, Epicure propose en quelques lignes une réflexion sur l’amitié. Y-a-t-il suffisamment de matière pour parler d’une philosophie de l’amitié chez Epicure ? Comment articulait-il dans sa pensée l’amour, l’amitié, et le sexe ?
L'invitée du jour :
Giulia Sissa, chercheuse au CNRS et professeure à UCLA, historienne et philosophe
Dans le jardin épicurien ...
L'amitié et l'amour ne font pas nécessairement bon ménage dans le jardin épicurien... Epicure fonde sa propre école, qui est un jardin, un lieu de vie. Être épicurien, c'est une façon de vivre, un être ensemble, dans l'amitié, dans le jardin. Il y a des hommes, des femmes, et ça c'est quelque chose de tout à fait remarquable. Dans la théorie épicurienne, l'amitié danse autour du monde, c'est la façon d'être-avec, dans la justice, la réciprocité et dans cette conviction radicale que le plaisir, c'est le bien, et la douleur, c'est tout ce qu'il faut éviter. La théorie de l'amitié chez Epicure est une théorie généreuse.Giulia Sissa