Pour cette militante féministe, les récentes avancées de l'Académie française sur la féminisation des noms de métiers de grades ou de fonctions ont goût de trop peu. À rebours du rapport prudent des Immortels, cette universitaire stéphanoise milite pour médecine (à côté de médecin), doctoresse ou maîtresse de conférence.
Pour pallier le manque de personnel qualifié dans les hôpitaux, des grands-mères bénévoles ont été mobilisées pour aider les gens atteints de troubles dépressifs. Initié par l’un des rares psychiatres du pays, Dixon Chibanda, ce concept de Friendship Benches (bancs de l’amitié) s’exporte même aux Etats-Unis.
La première fois, Elizabeth Taruvinga s’est assise par hasard sur le banc installé dans la cour du dispensaire. Le pas lourd, elle venait de récupérer son traitement contre le sida. « J’ai découvert que j’étais contaminée en allant me faire dépister à la clinique. Mon mari est mort il y a dix ans en emportant le secret : il avait des petites amies qui le lui avaient transmis. » Une grand-mère l’attendait et elles ont commencé à parler. Elle aussi habitait le quartier, celui de Glen Norah, une banlieue au sud d’Harare, la capitale du Zimbabwe. Hormis le tissu jaune qui recouvrait sa jupe, rien ne distinguait Esilida Furmira des patients. Elizabeth lui a raconté sa vie douloureuse, les larmes quotidiennes, l’isolement, la stigmatisation, le manque d’argent. L’engrenage de la dépression.