LES 400 CULS
Agnès Giard 19 JUIN 2019
Il est courant d’associer la barbe à la virilité. Pas si simple, répond le chercheur Youri Volokhine citant l’exemple des Egyptiens qui, dans l’antiquité, se nouent des postiches de barbe au menton. Des fausses barbes, mais pourquoi faire ? Et quel rapport avec la masturbation ?
A l’époque des pharaons, les poils au menton c’est sale. Le poil tout court d’ailleurs (1). Dans un ouvrage collectif intitulé Barbes et barbus(récemment publié aux éditions Peter Lang), l’égyptologue Youri Volokhine -Université de Genève- confirme le lien étroit qui unit «le velu, le barbu, le crasseux, le sale» et… le bédouin ou le barbare. Sur les bords du Nil, à quelques exceptions près (2), la politesse veut qu’on ait le visage glabre. Des trousses de rasage accompagnent d’ailleurs certains morts dans leur tombeau. «Howard Carter, qui fit une telle trouvaille d’un nécessaire de toilette à Thèbes ouest, confirma que le tranchant du rasoir était encore bien aiguisé».
Trois types de barbe : la «divine», la «royale» et… la «barbichette»
Mais alors, comment comprendre «cette particularité intrigante» que constituent les fausses barbes de l’Egypte antique ? Dès le troisième millénaire avant Jésus-Christ, des fresques montrent les dieux avec des appendices rigides au menton, attachés par une lanière. Les rois et les élites en portent aussi à l’occasion d’événements importants. Il y trois sortes de barbes postiches.
Celle des dieux ou des rois morts (nommée barbe «divine») est comme une cane au bout recourbé.
Celle des rois vivants (barbe «royale») est un trapézoïde d’au moins 20 centimètres.