Dans un rapport rendu public lundi, la chambre régionale des comptes (CRC) d'Ile-de-France, a relevé que "les ratios normés" de personnel infirmier à l'AP-HP (Assistance publique -hôpitaux de Paris) n'étaient pas respectés dans certains services, alors que quelques autres disposent d'effectifs infirmiers "largement supérieurs aux normes réglementaires".
Afin de garantir la sécurité des soins autant que l'égalité de traitement des patients, certains services critiques sont soumis par le code de la santé publique à des ratios normés d'infirmiers au lit, de manière à ne pas dépendre de l'appréciation de chaque hôpital du niveau de présence considéré comme normal et suffisant. Ces ratios sont calculés en fonction des lits installés, que ces derniers soient occupés ou non, rappelle la CRC.
Dans un volet de son rapport rendu public lundi, la chambre régionale des comptes (CRC) d'Ile-de-France, analyse le "malaise" infirmier au sein des hôpitaux de l'AP-HP.
"Y a-t-il selon vous un malaise infirmier ?". La question est directe. Elle a été posée, par la CRC, dans le cadre de l'élaboration de son "enquête sur le personnel infirmier", relative à l'exercice depuis 2011, à un ensemble d'interlocuteurs de l'AP-HP.
Pour plusieurs d'entre eux, le malaise concerne moins les infirmiers que d'autres catégories de soignants, en particulier les aides-soignants, pour lesquels se poseraient "les problèmes de recrutement, de moindre compétence, d'absentéisme et parfois de motivation", problèmes "qui rejailliraient sur les infirmiers en fatigant les équipes", indique le rapport.
D'autres évoquent un malaise hospitalier en général et incriminent le système de financement productiviste instauré par la T2A et le gel des salaires.
Après la manifestation du 22 janvier à l’appel de "Pinel en lutte" et de la Psychiatrie Parisienne Unifiée, rejoints par la suite par bien d'autres délégations, une nouvelle journée de mobilisation s'est déroulée ce 21 mars, à Paris, au square Pierre et Marie Curie devant la statut de Philippe Pinel, médecin "précurseur de la psychiatrie". Les soignants sont venus scander leur colère face, notamment, au manque de moyens alloués à la santé mentale. Ils ont ensuite battu la pavé jusqu'à l'avenue de la République arborant fièrement pancartes, banderoles et... bouquets de fleurs.
Fleurs dans les cheveux, entonnoir en guise de couvre-chefs, et surtout slogans incisifs, les soignants du secteur de la psychiatrie s'étaient donnés rendez-vous ce 21 mars pour une nouvelle journée de mobilisation nationale après le mouvement de grève du 22 janvier. On est super content de vous voir, de voir que les collectifs fonctionnent. Cela fait 213 jours qu'on est en lutte, 213 jours que l'on crie nos besoins de moyens humains, d'infirmiers. Les patients vont crever la bouche ouverte. On veut des projets de soins avec un sens humain. Les pédiatres partent parce qu'ils sont épuisés, on a deux collègues qui se sont suicidés, s'enflamme une soignante de l'hôpital psychiatrique de Niort. La colère, les burn out, le ras-le-bol frappent de nombreux établissements de soins de santé mentale à plus ou moins grande échelle. On se souvient de la grève de la faim au Rouvray, des perchés du Havre, des campements à Pinel, Caen, Auch et bien d'autres qui se sont déjà mobilisés pour obtenir notamment des postes supplémentaires. Certains membres du personnel de ces établissements étaient d'ailleurs présents car il est prévu que le mouvement s'inscrive dans la durée. Le temps est devenu un outil pour s'empêcher de penser. Nous ne sommes pas en retard, nous sommes en avance, affirment des soignants à travers un porte-voix.
REPORTAGECe jeudi des soignants appellent à manifester pour une psychiatrie plus humaine, «20 Minutes» a navigué avec soignants et patients de l'Adamant, un bateau centre de jour psychiatrique original.
Ce jeudi, des collectifs de soignants en psychiatrie appellent à une mobilisation nationale pour des soins plus humains, avec notamment une marche prévue ce midi vers la Place de la République.
A Paris, depuis 2010, une péniche accueille des patients atteints de troubles psychiatriques sans blouse blanche et avec bienveillance.
Sur l’Adamant, les soignants s’inspirent de la psychothérapie institutionnelle, qui voit le patient comme un sujet associé aux décisions des soignants.
Vue sur la Cité du design… et deux canards. A bord de l’Adamant, on boit des cafés, on regarde des films, on peint et on soigne. Depuis 2010, cette péniche, quai de la Rapée, dans le 12e, propose un suivi original aux patients atteints de troubles psychiatriques.
« Comme on est voisins du Café Barge, les patients ont pris l’habitude de dire aux passants, là-bas c’est le bar, ici c’est les barges ! », s’amuse Jean-Paul Hazan, psychiatre de ce centre de jour qui dépend des hôpitaux de Saint-Maurice (Val-de-Marne). Sur ce grand bateau vitré et boisé (imaginé par les soignants, les patients et des architectes) 130 patients psychotiques sont pris en charge, tous envoyés par les hôpitaux des quatre premiers arrondissements parisiens.
Cinéma, peinture et musique
Un hôpital sur Seine accompagnant, à quai, les remous de patients qui, en complément des psychothérapies individuelles dans des centres médico-psychologiques, participent à des ateliers collectifs de peinture, théâtre, musique… « Malheureusement, on nous a volé les instruments, et ce n’est pas le canard ! », se désole Jean-Paul Hazan devant la batterie seule rescapée. « Ce lieu beau, spacieux, dont ils prennent soin, les patients y tiennent beaucoup et ils sont très affectés par ce cambriolage », avoue Elodie, infirmière.
Ce documentaire s’attarde sur la dérive quasi carcérale de la psychiatrie due à la mainmise des neurosciences sur la discipline.
A la veille du Printemps de la Psychiatrie, qui verra, le 21 mars, se lever dans toute la France une profession confrontée au « déclin dramatique de la façon d’accueillir et de soigner », le psychanalyste Gérard Miller propose un documentaire en phase avec des protestations récentes et souvent remarquables.
Ce Manifeste a été été diffusé à la veille de la Manifestation du 22 janvier « Journée nationale de la psychiatrie ». Il est proposé à la signature de chacune et chacun. Il est un appel à réinventer une psychiatrie émancipatrice du sujet.
Pour un renouveau des soins psychiques
La psychiatrie et la pédopsychiatrie n’en peuvent plus. Depuis déjà plusieurs décennies, ceux qui les font vivre ne cessent de dénoncer leur désagrégation et de lutter contre le déclin dramatique des façons d’accueillir et de soigner les personnes qui vivent au cours de leur existence une précarité psychique douloureuse. En vain le plus souvent. Ce qui est en crise, c’est notre hospitalité, l’attention primordiale accordée à chacun et à un soin psychique cousu-main, à rebours du traitement prêt-à-porter standardisé qui se veut toujours plus actuel. Les mouvements des hôpitaux du Rouvray, Le Havre, Amiens, Niort, Moisselles, Paris… ont su bousculer l’indifférence médiatique et rendre visible au plus grand nombre le chaos qui guette la psychiatrie. Pour percer le mur du silence, il n’aura fallu rien de moins qu’une grève de la faim …
Devant cette régression organisée, nous nous engageons tous ensemble à soigner les institutions psychiatriques et à lutter contre ce qui perturbe leur fonctionnement. Patients, soignants, parents, personnes concernées de près ou de loin par la psychiatrie et la pédopsychiatrie, tous citoyens, nous sommes révoltés par cette régression de la psychiatrie qui doit cesser. Il s’agit pour nous de refonder et construire une discipline qui associe soin et respect des libertés individuelles et collectives.
Psychiatrie : des soignants se mobiliseront ce jeudi pour redonner du sens au secteur
By Elsa Bellanger
Crédit Photo : S. Toubon
Les annonces de rallonge budgétaire par la ministre de la Santé et d’« initiative d’ampleur », par le président de la République, n’auront pas suffit à apaiser le secteur de la psychiatrie. « Après des années de mesures d’économie, l’annonce d’un renforcement des moyens est bien en deçà des besoins d’une psychiatre en souffrance de longue date », lance le Dr Marc Bétrémieux, psychiatre et président du Syndicat des psychiatres des hôpitaux (SPH).
Depuis le début du XXe siècle, les adversaires de l’égalité hommes-femmes reprochent aux féministes de nier la différence des sexes. L’historienne Christine Bard estime, dans un entretien au « Monde », que cette vision naturaliste est, aujourd’hui encore, très présente dans les discours de l’extrême droite et des populismes ultra-conservateurs.
Propos recueillis par Solène CordierPublié le 20 mars 2019
Christine Bard, spécialiste de l’histoire des femmes et du genre, est professeure d’histoire contemporaine à l’université d’Angers. Avec ses collègues Mélissa Blais, sociologue à l’université de Genève, et Francis Dupuis-Déri, politiste à l’université du Québec à Montréal, elle a dirigé l’ouvrage collectif Antiféminismes et masculinismes d’hier à aujourd’hui (PUF, 510 pages, 24 euros), qui analyse les différentes formes d’expression de l’antiféminisme, du XIXe siècle à nos jours. Christine Bard a codirigé avec Frédérique Le Nan l’ouvrage Dire le genre. Avec les mots, avec le corps (CNRS éditions, 304 pages, 24 euros).
De Pierre-Joseph Proudhon (1809-1865) à La Manif pour tous en passant par l’Action française ou les mouvements familialistes-natalistes de l’entre-deux-guerres, les différents chapitres montrent la pluralité de ces contre-mouvements, qui ont la particularité de s’inscrire dans un large spectre politique. Ce livre, qui interroge en creux les ressorts de la domination masculine, a aussi pour ambition d’inciter le monde universitaire à s’intéresser davantage à ce phénomène en pleine expansion.
Les masculinismes et les antiféminismes sont-ils, selon vous, des idéologies ?
L’antiféminisme désigne un mouvement de pensée et d’action assez difficile à circonscrire car il s’exprime, de manière non autonome, au sein de différents courants philosophiques, politiques ou culturels. C’est tout de même une idéologie dans le sens où il propose une interprétation du monde social à travers une certaine lecture des relations entre les sexes.
Chez un patient sur huit qui convulse, il ne s’agit pas d’une véritable épilepsie. Ces crises sont souvent liées à un traumatisme ancien. Bien prises en charge, elles disparaissent huit fois sur dix.
Par Florence RosierPublié le 20 mars 2019
Ils sont environ 150 000, en France, à souffrir de crises de convulsions d’un type particulier. Des crises d’épilepsie ? Cela y ressemble fort, mais ce n’en sont pas vraiment. Car l’examen de référence, ici, c’est l’électroencéphalographie (EEG) : on enregistre l’activité électrique du cerveau au cours d’une crise, filmée en vidéo. « Lors d’une vraie crise d’épilepsie, on voit des polypointes sur le tracé de l’EEG. Mais pas chez ces patients », indique la docteure Coraline Hingray, psychiatre au CHU de Nancy.
Le nom de cette affection intrigante ? Ce sont des « crises non épileptiques psychogènes », ou CNEP.
Marco Decorpeliada (1947-2006), catalogué malade mental, a produit une série d'œuvres singulières en rapport avec les diagnostics qui lui ont été appliqués. Il réplique à cet étiquetage en établissant une correspondance terme à terme entre les codes attribués aux troubles mentaux dans le DSM IV - bible de la psychiatrie « moderne » - et ceux - les mêmes !
Notre association n'appelle pas aux manifestations du 21 mars 2019 pour le "Printemps de la psychiatrie" . Le corporatisme et la bêtise des protagonistes de ces mobilisations pour qui les psychiatrisés ne sont que des loques infantilisables à merci, sous le coup de leurs diagnostics, et qui se doivent de ramper aux pieds de ces soignants au soutien de leurs intérêts bien compris, ras le bol.
Rue Saint-Martin à Paris, le 13 février 2018.Photo Cyril Zannettacci pour Libération
Question posée par Alb le 15/03/2019
Bonjour, vous nous avez interrogé sur le nombre de personnes mortes dans la rue en 2018. De nombreux articles de presse ces derniers jours ont fait état, dans leur titre, de 566 morts de SDF.
Ce nombre, pourtant, est trompeur. Le total est bien plus important que cela, comme le concède d’ailleurs le collectif les Morts de la rue, pourtant à l’origine de ce décompte.
«Il n’y a pas de volonté d’exhaustivité dans ce recensement, explique à CheckNews une responsable du collectif. La communication que nous faisons en début d’année est un faire-part pour rendre hommage à des personnes sans domicile dont la mort a été signalée au collectif sur l’année écoulée.»Des personnes pour qui le collectif a, dans l’écrasante majorité des cas, un nom. L’hommage à ces morts de la rue de 2018 sera rendu le 2 avril, de 11h30 à 14h30, dans le jardin Villemin, à Paris (Xe arrondissement).