La télémédecine, littéralement « médecine à distance », date des haruspices babyloniens qui examinaient le foie d’un mouton pour établir le pronostic d’un patient situé à distance. Quand les cliniciens se sont éloignés du lit (kliné) d’un malade pour faire de la « paraclinique » (analyses, radios, etc.), ils ont fait de la télémédecine. Omnipraticiens et régulateurs de centre 15 font de la télémédecine en décryptant les angoisses et en prodiguant leurs conseils de patience au téléphone. La télémédecine plus moderne n’a rien de très novateur. Lire le résultat d’un scanner interprété en Inde ne change rien au principe du scanner. Un robot chirurgical piloté à distance ne fait rien de plus qu’une thérapeutique répondant à un diagnostic initial. Une consultation par Skype est réaliste, une auscultation du cœur à distance est possible. Il n’est guère que la palpation du ventre qui semble irréductible, mais est-il aujourd’hui un patient ou un praticien qui en accepte le verdict comme définitif ?
Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.
lundi 26 février 2018
Tous formatés par les machines
Rapport d’étonnement. Nos manières d’être et de réfléchir sont influencées par les robots avec lesquels nous interagissons sans cesse. Gare, car la réalité est bien plus complexe que les algorithmes qui prétendent la représenter.
Beaucoup s’inquiètent que les robots et l’intelligence artificielle détrônent les humains dans tous les métiers. Mais peu se demandent : l’omniprésence des machines n’influence-t-elle pas les humains eux-mêmes ? Nos façons de penser et d’agir ? Nos manières de travailler ? Plutôt que de craindre les robots, ne devrions-nous pas redouter d’être nous-mêmes robotisés ?
samedi 24 février 2018
Les frontières éthiques du revenu universel
Cet article est rédigé par Gildas Monnerie, économiste et philosophe de formation. Il n’engage pas le MFRB dans son ensemble mais ouvre une réflexion plus générale autour du revenu de base.
« La justice sociale se fonde sur l’espoir, sur l’exaltation d’un pays, non sur les pantoufles », confiait le général de Gaulle à Malraux[1]. Mais lorsque ce dernier lui rétorque : « Mon général, est-ce que vous savez ne rien faire ? – Demandez au chat. Nous faisons des réussites et des promenades ensemble. Personne ne s’impose aisément une discipline d’oisiveté, mais c’est indispensable. La vie n’est pas le travail : travailler sans cesse rend fou. Souvenez-vous-en. Vouloir le faire est mauvais signe. Ceux de vos collaborateurs qui ne pouvaient se séparer du travail n’étaient aucunement les meilleurs. »
Cet appel du Général à une « discipline d’oisiveté » sonne comme une rémanence de l’esprit de noblesse, pour qui, faut-il le rappeler, le travail est un acte de dérogeance (ou « d’intendance », dirait le Général). Le terme est d’ailleurs bien choisi : l’« oisiveté », censée délivrer l’homme du temps économique, n’est pas égale à la paresse, qui le provoque, ni au loisir, qui le prolonge. Mais peut-on aisément s’« imposer » la délivrance du temps économique sans un certain sentiment de sécurité ? « Est-il un sort plus heureux que celui de ne pas trembler pour son existence […] »[2].
Or, quoiqu’immense, l’obstacle financier que représenterait une garantie universelle de revenu, sans condition, de la naissance jusqu’à la mort, ne paraît plus aujourd’hui insurmontable. Au pire, cet obstacle mérite d’être étudié au regard des bénéfices. Dans son dernier « moniteur des finances publiques » (oct. 2017), le F.M.I. estime ainsi qu’un revenu fixé à 25 % du revenu médian par habitant coûterait en moyenne 6,5 pour cent du P.I.B. pour les pays avancés. A contrario, les retombées positives sur l’égalité et la pauvreté seraient substantielles, avec une baisse cumulée de 5,3 points du coefficient de Gini et de 10,4 points de pourcentage de la pauvreté. L’institution centrale du système monétaire et monétaire international admet donc le caractère « optionnel » de l’utopie de Thomas More, a fortiori pour les pays en situation d’abondance ou au système de protection sociale défaillant.
Des femmes qui ne veulent pas d’enfants témoignent
Exaspérées par une société qui les stigmatise, des femmes revendiquent leur choix de ne pas avoir d’enfants, jamais. Elles témoignent.
Non, elles ne sont pas malheureuses ; non, elles ne changeront pas d’avis ; non, elles n’ont pas peur de se retrouver seules quand elles seront vieilles. Mais oui, elles aimeraient que la société change de regard sur elles, les femmes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfants. « Je ne suis pas un monstre », lance Cyrielle, 30 ans, une jeune femme sans enfants qui entend bien le rester, en réponse à un appel à témoignages lancé sur Lemonde.fr. Le dernier bilan démographique de l’Insee l’a montré : si la natalité reste élevée en France par rapport aux autres pays européens, les Françaises, en particulier celles âgées de 25 à 34 ans, font de moins en moins d’enfants. L’indicateur de fécondité s’établit à 1,88 enfant par femme (contre 2 en 2012).
L’homéopathie expliquée
23 février 2018
La chaine Youtube Kurzgesagt – In a Nutshell fait le point sur l’homéopathie et ses principes de fonctionnement. Je sais que le sujet est très controversé, mais regardez cette vidéo, elle est vraiment bien faite.
La paresse est l’avenir de l’homme
UNE HISTOIRE PARTICULIÈRE, UN RÉCIT DOCUMENTAIRE EN DEUX PARTIES par Delphine Chaume
29 MIN
29 MIN
Les Hikikomori, se retirer pour ne rien faire
17/02/2018
A la rencontre d’un de ces jeunes pour comprendre comment, aujourd’hui, la paresse est l’outil le plus adapté pour exprimer son refus du monde et de ses injonctions.
• Crédits : Christophe Abramowitz - Radio France
La paresse est peut-être le péché capital le mieux toléré, le moins « grave » en quelque sorte… Sans doute parce qu’elle a toujours eu un aspect polymorphe, elle est à la fois vice et vertu : elle permet à certains la réappropriation de son temps, de sa vie et sinon de s’extraire mais de prendre de la distance face aux diktats sociaux. Aujourd’hui, dans un monde où l’injonction au travail et à l’ascension sociale est particulièrement prégnante, elle permet d’opérer le refus d’une vie déjà toute tracée. C’est le cas d’adolescents qui, d’abord au Japon, et dans beaucoup de pays européens désormais, s’extraient de la course sociale et décident de ne rien faire, au sens propre. Alors, la paresse serait-elle l’avenir ? C’est ce que pensent certains chefs d’entreprise, s’appuyant sur des recherches scientifiques récentes…
Cherchons F/H paresseux pour un poste de directeur
18/02/2018
29 MIN
La paresse est peut-être le péché capital le mieux toléré, le moins « grave » en quelque sorte… Sans doute parce qu’elle a toujours eu un aspect polymorphe, elle est à la fois vice et vertu : elle permet à certains la réappropriation de son temps, de sa vie et sinon de s’extraire mais de prendre de la distance face aux diktats sociaux. Aujourd’hui, dans un monde où l’injonction au travail et à l’ascension sociale est particulièrement prégnante, elle permet d’opérer le refus d’une vie déjà toute tracée. C’est le cas d’adolescents qui, d’abord au Japon, et dans beaucoup de pays européens désormais, s’extraient de la course sociale et décident de ne rien faire, au sens propre. Alors, la paresse serait-elle l’avenir ? C’est ce que pensent certains chefs d’entreprise, s’appuyant sur des recherches scientifiques récentes…
Autisme virtuel : écran de fumée
Paris, le samedi 24 février 2018 – Le constat est ancestral : tout discours médical ou scientifique peut être concurrencé par des théories au mieux fantaisistes, mais inoffensives, au pire dangereuses et autoritaires. La nouvelle donne vient de la tribune offerte par les médias et notamment internet à ces fausses informations et à l’utilisation par ceux qui en sont à l’origine d’outils dont la force de persuasion dépasse très fortement les conversations privées d’antan. Si tout sujet peut être concerné, certains domaines peuvent être plus particulièrement propices à l’infiltration du doute, en raison des zones d’ombre de la science, de la méconnaissance du grand public et tout en même temps du sentiment de proximité avec la question de la confrontation entre de multiples acteurs et de la coexistence d’intérêts sanitaires, sociaux et politiques. L’autisme est ainsi un terreau idéal. Or si l’on confronte l’autisme à l’omniprésence des écrans dans nos vies (ce qui permet de faire entrer dans le débat le spectre de l’industrie), on dispose des éléments parfaits pour un cocktail explosif.
Rien de virtuel dans l’autisme, hélas !
Exemple non isolé, depuis plusieurs mois, le Docteur Anne-Lise Ducanda est la coqueluche des réseaux sociaux et des médias traditionnels en raison de ses déclarations souvent ambiguës sur le lien entre troubles évocateurs de l’autisme et surexposition aux écrans. Le praticien affirme que l’on constate de plus en plus souvent, chez de très jeunes enfants, des troubles pouvant être assimilés à l’autisme et qui semblent directement liés à une surconsommation des tablettes et smartphones.
Appelle-moi par mon (autre) nom
Par Paul B. Preciado, Philosophe —
Changer de genre est un processus éminemment social et politique. Une expérience comparable à la migration, à une sortie de prison ou à reprendre le travail après un cancer.
Pierre Desproges (1939-1988) - "Je ne suis pas n’importe qui"
17/02/2018
59 MIN
59 MIN
Il ne suffit pas d'être heureux. Encore faut-il que les autres soient malheureux. Trente ans après sa mort, portrait intime par ses proches d’un homme tendre et angoissé, à l’humour sans ambiguïté ni concession : "me courber me fait mal au dos. Je préfère rester debout".
• Crédits : Roland Godefroy / Wikimedia
Inclassable trublion, spécialiste des blagues potaches, éternel gamin dans la vie de tous les jours, roi de la provocation, père attentionné, amateur de bon vin, travailleur acharné, écorché, grand pessimiste, bon vivant… Pierre Desproges surprend par ses multiples facettes, parfois contradictoires.
J’ai le plus profond respect pour le mépris que j’ai des hommes.
Fonds de tiroir, Éditions du Seuil.
Mort en pleine gloire voilà trente ans, Pierre Desproges nous parle toujours. Bien sûr, certains textes, très liés à l'actualité, ont vieilli. Mais beaucoup d'autres, qui traitent de thèmes universels et chers à l'humoriste, résonnent encore aujourd’hui.
Tout dans la vie est une affaire de choix, ça commence par la tétine ou le téton, ça se termine par le chêne ou le sapin.
Textes de scène, Éditions du Seuil.
Le Gouvernement réaffirme la volonté de mobiliser les acteurs de psychiatrie sur la radicalisation
Édouard Philippe a présenté en présence d'Agnès Buzyn un nouveau plan de prévention de la radicalisation. Il prévoit de renforcer les liens entre ARS et préfectures, favoriser la présence de professionnels de santé mentale auprès des référents ARS. Il envisage un meilleur partage de données entre agences sur les hospitalisés sans consentement.
Maraîcher, trieur de livres, cuisine... la communauté Emmaüs prête à embaucher Cahuzac pour qu'il découvre « l'économie solidaire »
Crédit Photo : AFP
Alors que la cour d'appel de Paris doit rendre sa décision le 15 mai sur l'affaire Cahuzac, une proposition très « sérieuse » de la communauté Emmaüs Lescar-Pau (Pyrénées-Atlantiques) fait le buzz.
Sous la rubrique « Monsieur Cahuzac », sur la page d'accueil de son site, Germain Sarhy, président de la communauté, se dit prêt à accueillir l'ex-ministre du Budget au sein du village Emmaüs pour qu'il purge une peine de substitution. « Cela lui permettra de découvrir une autre économie, sociale et solidaire au profit du collectif, au lieu d'une économie de pouvoir et de spéculation », explique Germain Sarhy au « Quotidien ».
vendredi 23 février 2018
La «loi anti-fessée» fait son retour à l'Assemblée
Par Anaïs Moran —
Image d'illustration. Photo AFP
Image d'illustration. Photo AFP
Une proposition de loi cosignée par 29 députés a été déposée ce jeudi afin d'interdire les «violences éducatives ordinaires».
Elle est de retour ! Après son annulation par le Conseil constitutionnel l’an passé, la «loi anti-fessée» ressurgit en force dans les couloirs de l’Assemblée nationale : ce jeudi, 29 députés de tous bords (sauf FN) ont annoncé le dépôt d’une nouvelle proposition de loi visant à interdire les «violences éducatives ordinaires». Composé d’un article unique, ce texte vise en premier lieu à inscrire symboliquement (sans sanction pénale) dans le code civil le «droit des enfants à une éducation sans violence physique, punitions corporelles ou châtiments corporels, souffrances morales, ou toute autre forme d’humiliation». Une modification de l’article 371-1 que réclament depuis plusieurs années les partisans d’une éducation bienveillante et l’Observatoire de la violence éducative ordinaire (Oveo) et qui devrait être débattue dans l’hémicycle parlementaire début mai.
Après la «liberté d’importuner», celle de corriger ?
—
Après la «liberté d’importuner», celle de corriger ?
Photo Claudine Doury. VU
Après la «liberté d’importuner», celle de corriger ?
Photo Claudine Doury. VU
Ceux qui méprisent l’éducation positive suivent la même logique que ceux qui minimisent les violences faites aux femmes.
Dans la foulée de la campagne contre les violences éducatives ordinaires, lancée par la Fondation pour l’enfance tout juste un an après l’annulation de la loi contre les châtiments corporels et les humiliations par les membres du Conseil constitutionnel, Libérationfait sa une du 7 février sur l’éducation non violente. A l’évidence, le sujet est mûr. Toutefois, une importante incompréhension semble persister quant aux enjeux du soutien à la parentalité. Il suffirait de se faire confiance, peut-on lire dans l’éditorial. Ou peut-être se fier au «bon sens» ou à son «instinct» ? Malheureusement, les mécanismes de la violence éducative sont la plupart du temps si profondément enracinés que le bon sens des parents ou leur instinct pourraient bien être les pires ennemis des enfants et se faire confiance se révéler insuffisant. Par ailleurs, des parents revendiquent leur droit le plus légitime de recourir aux fessées comme moyen éducatif et s’offusquent qu’une loi puisse ainsi entraver leur «liberté de corriger». Un tel rejet d’une loi, pourtant nécessaire, est sans doute un indice du fait que la loi ne suffit pas, que le soutien à la parentalité est la clé et que, de ce fait, l’expression croissante du besoin d’un tel soutien doit être prise au sérieux !
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