Iris Brey analyse les représentations de la sexualité féminine dans les séries américaines.
LE MONDE | 30.09.2017 | Propos recueillis par Martine Delahaye
Auteure du livre Sex and the Series, publié en 2016 (Soap Editions), Iris Brey poursuit son travail sur la représentation des sexualités féminines dans les séries américaines avec un documentaire en cinq volets, que le bouquet OCS diffusera à compter du 5 octobre. A partir d’entretiens et d’extraits, elle y analyse cinq séries : Masters of Sex, Girls, Fleabag, Transparent et The L Word.
Dans les séries américaines, dites-vous dans votre livre, les femmes commencent à devenir des êtres sexués à partir des années 2000. Mais « Girls » (2012), « Masters of Sex » (2013) ou « Transparent » (2014), par exemple, n’apparaissent que plus de dix ans plus tard…
Pour moi, le début, c’est quand même Sex and the City, qui commence en 1998. C’est la première fois que l’on a une parole un peu libérée et libératrice. On parle de ça à chaque épisode. Cela dit, c’est vrai, la représentation de sexualités féminines qui innovent et nous questionnent n’apparaît guère avant 2010.
Auparavant, le plus gros de la production se révèle particulièrement stéréotypé et quasiment archaïque. Alors qu’avec Girls la créatrice et comédienne Lena Dunham révolutionne l’idée du désir : elle dévoile très souvent son corps en surpoids en tant que corps qui désire et qui est désiré. Et, dans les dernières saisons, elle montre son sexe dans des moments qui ne sont pas sexualisés, par exemple lorsqu’elle se met sur sa terrasse pour bronzer. C’est nouveau et intéressant parce qu’elle utilise son sexe pour transformer notre vision de ce qui est beau et désirable.