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Le terrain du fascisme
« Je ne blâme en rien les nazis pour ce qu’ils ont fait aux Juifs. Cela semble terrible, je sais, mais si les Juifs se comportaient comme ils se comportent ici, je ne les blâme pas. » On ne sait presque rien de celle qui formule cette opinion stupéfiante. Nous sommes aux États-Unis, après la Seconde Guerre mondiale. Le Jewish American Committee a commandé une étude sur l’antisémitisme, menée notamment par le chef de file de l’École de Francfort, Theodor Adorno, qui avait fui le nazisme. Les enjeux théoriques de cette enquête, publiée pour la première fois en français, se sont élargis en chemin : « Notre étude tire son origine d’enquêtes spécifiques sur l’antisémitisme. Néanmoins, au fur et à mesure de l’avancée de notre travail, l’accent s’est peu à peu déplacé. Nous en sommes arrivés à considérer comme notre tâche principale non pas l’analyse de l’antisémitisme […], mais plutôt l’examen des relations entre le préjugé antiminorités et des modèles idéologiques et caractériologiques plus vastes. »