En 1967, dans son séminaire La logique du fantasme, Lacan estime encore que la sublimation est « restée dans la théorie analytique dans un certain suspens » et qu’autour d’elle « se sont accumulés le plus de nuages et le plus de faux-semblants». Quels sont ces nuages et ces faux-semblants ? Signalent-ils la difficulté de distinguer la sublimation de l’idéalisation ? Ou s’agit-il du fait de rapprocher la sublimation du sublime et de ne pas s’interroger sur la signification de la « désexualisation » qui lui est rattachée ? Par ailleurs, magnifier la valeur culturelle des œuvres qui accompagnent la sublimation et contribuent à la faire reconnaître ne fait-il pas écran à sa véritable fonction ?
En s’appuyant sur l’aphorisme de Lacan : « L’insconscient, c’est le social », Marisa Fiumanò explore les difficultés et le dérives de la jouissance dans nos sociétés démocratiques et libérales, égalitaires et individualistes, sexuellement désinhibées mais apathiques, et interroge la place de la psychanalyse. A travers son enquête sur le mal-être d’une époque, elle montre que le gouvernail social est pointé vers une direction – jouir à tout prix – insoutenable pour l’économie psychique.
« Faire de la thérapie n’est pas résoudre des problèmes ou corriger des erreurs mais se plonger dans le mystère des familles et de leur rencontre. Ceci implique de passer d’une thérapie où le thérapeute observe à une thérapie où le thérapeute s’observe pour reflèter à la famille compétente cette perception qui permet de laisser émerger “l’autosolution”.»
Ainsi dans ce livre qui reflète sa carrière déjà longue de praticien et de théoricien systémique, Guy Ausloos exhorte le lecteur à se laisser pénétrer par le mystère de la famille compétente plutôt qu’à rechercher des recettes pour traiter la famille dysfonctionnelle. Les difficultés et les mutations des statuts parentaux, la perte des valeurs traditionnelles, la violence sociale, l’incertitude quant à l’avenir devant le chômage et la maladie, l’évolution des modèles professionnels, etc., déstabilisent les familles qui ont aujourd’hui besoin d’être confortées dans leur parentalité pour accompagner leurs enfants vers l’âge adulte.
ExpositionLe Musée de Carouge présente le travail d’une artiste hors normes.
Image: Aurélien Bergot
Elle a commencé à créer à 61 ans, mais a bien rattrapé le temps perdu en dessinant et sculptant frénétiquement, chaque jour. A sa mort en 2014, à l’âge de 88 ans, Linda Naeff a laissé une œuvre de 4000 tableaux et 3000 sculptures. Après la rétrospective que lui a consacrée la Galerie de la Ferme de la Chapelle il y a deux ans, le Musée de Carouge lui rend à son tour hommage.
«En 2011, je lui ai proposé de monter une exposition, mais elle a refusé, raconte Philippe Lüscher, directeur du musée de Carouge. Elle n’était pas intéressée par ce type de démarche.» Un détachement qui rapproche Linda Naeff de l’art brut, même si elle possédait une certaine culture visuelle. De même que son besoin compulsif de créer. «C’était absolument vital pour elle», rapporte le directeur.
Car il s’agissait d’exorciser les nombreux drames qui avaient émaillé son existence entre la Suisse et la France. Un père autoritaire, une mère dépressive qui simule des suicides et oblige ses filles à la supplier d’y renoncer. Un viol par son professeur de musique dans son adolescence. Quatre fausses couches, à un stade avancé. La mort de son petit-fils. Des traumatismes dont elle n’a jamais vraiment pu parler.
Des objets de récupération
Pour tenter d’expulser toute cette souffrance accumulée, elle commence par prendre la plume. Ces écrits ont pratiquement tous été perdus. Elle suit ensuite des cours d’expression libre à l’Ecole des arts décoratifs de Genève, puis de sculpture et de modelage au collège de Saussure. Mais l’univers artistique qui en est issu ne ressemble à aucun autre.
L’exposition « Mental désordre » immerge le visiteur dans Le cri de Munch. / Nicolas Krief / Cité des Sciences
Dépression, anorexie, troubles bipolaires, schizophrénie, addictions… Selon l’OMS, une personne sur quatre souffrirait de troubles mentaux à un moment de sa vie. Même si ces termes recouvrent un large spectre de pathologies, de gravité et de durée très variables, ils constitueront en 2020 la première cause d’invalidité. Pourtant ils demeurent l’objet de préjugés tenaces.
Un stéréotype pour chaque maladie
Avouer que l’on est en dépression reste difficile. Et plus encore que l’on souffre de troubles bipolaires, ou d’une schizophrénie. Les représentations varient selon la nature des troubles, observe Luc Mallet, psychiatre et chercheur en neurosciences à l’Institut du cerveau et de la moelle épinière (ICM).
« À chaque catégorie de maladie correspond un jugement moral. Les schizophrènes sont associés à une représentation de violence, alors qu’ils passent très exceptionnellement à l’acte, et sont au contraire plus souvent victimes d’agressions que les autres. Les troubles bipolaires bénéficient d’une image plus positive, alliant imprésivibilité et créativité – même s’il s’agit d’un autre stéréotype. » Et on dit encore souvent à un déprimé qu’il a tout pour être heureux et n’a qu’à « se secouer ».
« Les patients comme les familles vivent avec une grande difficulté ces stigmatisations ; elles génèrent un repli et un isolement qui peuvent être dramatiques », souligne le psychiatre. Elles entraînent un retard dans l’accès au soin et dans l’observance des traitements. Beaucoup n’osent pas aller consulter un psychiatre ou demander de l’aide.
Les comportements à risque sont une des principales causes de morbidité chez les adolescents et les jeunes. Leur lien avec une utilisation pathologique d'Internet reste relativement inexploré, en particulier dans la population Européenne. Pour la première fois, une équipe multinationale a choisi d’évaluer ce lien chez les adolescents Européens.
Il s’agit d’une étude transversale, menée dans le cadre du projet FP7 de l’Union européenne ayant pour but de sauvegarder et autonomiser les jeunes en Europe (SEYLE). Les données de 11 931 adolescents ont été recueillies auprès d’écoles randomisées parmi onze pays européens. L’utilisation pathologique d'Internet a été mesurée à l'aide du questionnaire diagnostique de Young, questionnaire de référence de l’addiction à Internet. Les comportements à risque ont été évalués à l'aide des questions de la Global School-Based Student Health Survey, une enquête mondiale évaluant la santé des élèves scolarisés.
Depuis 1982 l’enquête HBSC (Health Behaviour in School-aged Children), sous l’égide du bureau Europe de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), collecte tous les 4 ans des données sur la santé, le vécu scolaire et les comportements favorables ou préjudiciables à la santé des élèves âgés de 11, 13 et 15 ans selon une méthodologie standardisée. Réalisée par questionnaire auto-administré sur le principe du volontariat, dans le respect de l'anonymat et de la confidentialité, menée en classe sous la responsabilité d’un enquêteur formé, elle concerne 41 pays ou régions, essentiellement européens.
L'objectif de l'étude publiée dans The Journal of Public Health consiste à décrire l'ensemble des interactions entre le bien être physique et psychologique et les différentes ressources subjectives (qualité de la relation avec les parents et les pairs, perception de l'école) dans une population de 16 018 adolescents italiens âgés de 15 ans.
Cette oeuvre d'art brut a été entièrement construite par le facteur Ferdinand Cheval entre 1879 et 1912. Elle regroupe de nombreux styles (roman, oriental, musulman...). le Palais idéal a été classée Monument Historique par André Malraux.
Passer d'un mur peint à l'autre permet d'arpenter Lyon et ses environs de façon ludique. Au cœur de la ville, on recense environ 150 murs peints, de la fresque des Lyonnais, dans le Ier arrondissement, au bel ensemble dédié au peintre mexicain Diego Rivera, dans le VIIe arrondissement. L'immense mur des Canuts (1200 m² peints), sur la colline de la Croix-Rousse, n'est qu'à quelques minutes d'un petit jardin public aussi méconnu qu'extraordinaire.
Ils étaient plus de 70 réunis à la Cité sanitaire de Saint-Nazaire pour bloquer le Comité technique d'établissement. Le personnel de psychiatrie refuse la restructuration.