Au sein de la vaste institution qu'est le Bon Sauveur à Albi, une poignée de professionnels de santé affectés au service des urgences psychiatriques, désormais baptisé Centre d'accueil permanent spécialisé (CAPS), accueillent et soignent les patients atteints de troubles psychologiques. Et ce 24 heures sur 24, tous les jours de l'année. Le docteur Marc Passamar a créé cette Unité d'orientation d'accueil et de crise (UOAC) en 1989, laquelle est compétente pour tout le Nord du département. En 2014, le service a accueilli 4 620 personnes adultes, un peu plus de femmes que d'hommes (la pédopsychiatrie est plus l'affaire du centre hospitalier). 1 564 ont été hospitalisées dont 310 sous la contrainte à la demande des familles, d'un maire ou du préfet, car considérées comme «dangereuses pour elles et pour autrui», précise le Dr Hafid Belhadj-Tahar, médecin hospitalier.
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jeudi 4 février 2016
Elle s’appelait Ruqia et racontait son quotidien sous la botte des djihadistes
« Là, j’ai reçu des menaces de mort. Daech [acronyme arabe de l’organisation Etat islamique]va sans doute m’arrêter (…) et me décapiter. Mais je garderai ma dignité. Mieux vaut mourir que de vivre avec ces types dans l’humiliation. »
Elle s’appelait Ruqia Hassan Mohammed. La photo placée sur sa page Facebook montre une jeune femme élégamment maquillée. Elle porte un foulard noir sur un serre-tête doré, bracelets et bagues aux deux mains, tunique longue cintrée à la taille. Le visage plein, pommettes hautes, sourire timide. Elle était syrienne et habitait Rakka, la capitale de l’Etat islamique (EI). Sur Facebook, elle racontait sa vie de rakkaouie sous la botte des djihadistes. Ils n’ont pas apprécié. Début janvier, ils ont annoncé qu’elle avait été « exécutée ». Ruqia avait 30 ans.
Misleidys Castillo Pedroso, Daldo Marte Fuerza cubana
Allaitement : cessons de culpabiliser les femmes
L’allaitement au sein ou au biberon doit rester un choix personnel. Chaque femme mérite un respect égal dans ses choix. Nous demandons de conserver notre droit à décider sans devoir affronter une culpabilisation permanente.
- Je n’ai pas allaité mes enfants au sein.
Et je trouve inquiétant que ce choix soit socialement de plus en plus difficile à assumer. C’est le signe à la fois d’une remise en cause profonde des droits des femmes et d’une assignation à un idéal maternel oppressant.
Nous qui avons choisi le biberon serions de mauvaises mères, privilégiant notre confort au détriment de celui de nos enfants, refusant d’assumer nos fonctions biologiques. En réalité, nous considérons simplement que notre corps nous appartient. Les progrès permettent à celles qui le souhaitent de ne pas allaiter au sein. Il s’agit d’un choix extrêmement personnel qui regarde chacune. Il faut cesser d’opposer les droits de la femme, et en premier lieu celui de disposer de son corps, aux devoirs de la mère, qui se devrait corps et âme à ses enfants.
Abram de Swaan : « Il y a chez les bourreaux comme une absence de mentalisation »
LE MONDE DES LIVRES | | Propos recueillis par Julie Clarini
Diviser pour tuer. Les régimes génocidaires et leurs hommes de main (Compartimenten van Vernietiging), d’Abram de Swaan, traduit du néerlandais par Bertrand Abraham, Seuil, « Liber »
Chacun d’entre nous, dans une situation particulière, pourrait devenir un bourreau. C’est à cette doxa que s’attaque Abram de Swaan, professeur néerlandais de sociologie à l’université d’Amsterdam et à Columbia (New York), dans Diviser pour tuer, un essai savant et très documenté. Il y opère un retournement de perspective : pour analyser les processus de fabrication des criminels de masse, il faut s’intéresser à ceux qui ne sont pas devenus des meurtriers. Car ils existent, aussi.
Autrefois, les meurtriers de masse étaient vus comme des psychopathes. Avec son livre inspiré du procès d’Eichmann, en 1961, « Eichmann à Jérusalem », Hannah Arendt est à l’origine d’une autre thèse, la « banalité du mal », dont est sortie une vulgate : tout le monde pourrait, dans certaines circonstances, se transformer en bourreau. Qu’en pensez-vous ?
Tout d’abord, précisons que personne de sérieux n’a jamais dit que les criminels de masse étaient des psychopathes ou des monstres. Au contraire, j’ai lu les journaux intimes ou les mémoires des psychiatres déportés qui ont survécu aux camps de concentration : on les considérait plutôt comme des hommes ordinaires à qui on avait lavé le cerveau. Seule la presse populaire véhiculait peut-être cette image du monstre.
Autrement dit, les « situationnistes », ce courant de la psychologie sociale qui insiste sur l’influence de la situation dans les comportements humains, ont construit un ennemi qui n’existait pas. De plus, je ne crois pas que cette vision par Arendt des meurtriers comme des rouages de la grande bureaucratie de la destruction ait été originale pour l’époque. L’idée qu’il fallait se méfier des autorités, des ordres, était dans l’air du temps. De surcroît, Eichmann était le pire exemple que Hannah Arendt aurait pu prendre : c’était en réalité un chasseur de juifs frénétique. Je sais qu’elle est très admirée en France pour ses travaux philosophiques, mais là, elle s’est trompée.
Selon vous, il est faux de dire que tout le monde peut devenir bourreau dans certaines circonstances ?
Il y a en effet une sorte de consensus dans les sciences sociales, contre lequel je me bats : des gens ordinaires dans des situations extraordinaires seraient capables de choses extraordinaires. Certes, l’impact de la situation est toujours beaucoup plus fort que ce qu’on voudrait admettre. Nous avons tous des souvenirs honteux de ce que nous avons pu faire dans des fêtes. Nous avons l’exemple des pères de famille au stade de foot qui crient des saletés, déchaînés, qui vont acheter leur bière en faisant la queue et en payant, puis reviennent dans les gradins, à nouveau sauvages. Donc, sans aucun doute, la situation compte. Mais pour une raison ou une autre, la grande majorité des chercheurs refusent de poser la question suivante : est-ce que, dans une situation donnée, il y a des gens qui font plus et d’autres moins ? Existe-t-il des bourreaux réticents, d’autres indifférents, d’autres encore effrénés ? Y a-t-il des gens qui sont moins susceptibles de se laisser manipuler pour finir dans ces situations extrêmes ?
J’utilise volontiers l’image du tamis vibrant. Il y a des cailloux, certains juste un peu plus gros que d’autres. A la fin, ils sont séparés. Dans un événement comme une guerre, il y a toute une série de petits événements, de bifurcations, par lesquels on se laisse guider d’un côté ou de l’autre. Des petites différences psychiques qui finissent par faire basculer les gens d’un côté ou de l’autre. Or, par une sorte de myopie, on considère uniquement, dans un pogrom par exemple, ceux qui ont commis des actes barbares. Mais il y a aussi tous ceux qui n’y sont pas allés. Il faudrait pouvoir faire des zooms arrière et regarder tout le village.
Y a-t-il moyen de déterminer ces différences psychiques ?
La documentation est essentiellement judiciaire, mais, dans ce cas, il y a toujours un biais car ces bourreaux sont des champions pour déguiser leur rôle actif et pour se faire passer pour des petits exécutants, pas très intelligents. Quand même, on peut faire une conjecture en s’appuyant sur tout ce qui est connu. La mienne est que les bourreaux diffèrent sous trois angles.
Primo, s’ils ont bien une conscience morale comme le prouve le fait qu’ils soient loyaux à leurs « camarades de crime », à leurs commandants ou à leur famille, c’est une conscience réduite à un cercle très restreint. Au-delà de ce cercle, ils ne connaissent pas d’obligation morale. Secundo, ils n’ont pas l’idée que ce qui leur arrive résulte en partie de leur choix ou de leurs actions : ça leur arrive… Ils ne se voient pas comme les auteurs de leur vie. Tertio, on constate chez eux une absence de toute empathie. Je me souviens d’un SS qui, voulant expliquer à quel point c’était terrible, disait que les cris lui étaient insupportables et qu’il avait du sang sur son uniforme : il ne faisait que parler de lui.
Voilà trois traits qu’il faut à mon avis commencer à regarder. Il y a chez eux comme une absence de « mentalisation », ce mécanisme qui permet à un individu d’interpréter ses gestes et ceux d’autrui comme étant liés à des états mentaux. La première phase de la vie, la petite enfance, est, à cet égard, fondamentale, fondatrice même. On peut envisager que cette absence soit là depuis toujours ou qu’elle résulte d’une perte liée au contexte de brutalisation générale.
Dans un entretien avec Gitta Sereny, Franz Stangl, ex-commandant du camp de Treblinka, dit qu’il « compartimentait » sa pensée pour survivre. Cette idée de la « compartimentation », appliquée à toute la société, est importante…
C’est un concept clef pour mon analyse. Le sociologue Norbert Elias parle d’un effondrement de la civilisation pendant le nazisme. Je préfère parler d’enclaves de « décivilisation » : dans cette société allemande extrêmement policée, il y avait des trous, des compartiments, où tout était permis et où la barbarie était même encouragée comme un instrument d’Etat. Tout citoyen savait qu’il se passait là quelque chose de terrible mais ne savait pas exactement quoi. Au Rwanda, il y avait aussi des façons de séparer le temps et l’espace du meurtre, du temps et de l’espace normaux. Cette « compartimentation », il faut y être attentif. Hélas, les attaques terroristes en France nourrissent aujourd’hui les arguments de ceux qui ont tendance à compartimenter la société toujours davantage.
Avec l’afflux de migrants, Belle-Idée déborde
Tribune de Genève Laurence Bézaguet et Catherine Focas 03-02-16
Asile et psychiatrieLa clinique psychiatrique genevoise est surchargée, notamment parce qu’elle accueille toujours plus de requérants d’asile atteints de graves troubles psychiques. Des médecins témoignent.
Depuis bientôt deux ans, la clinique psychiatrique de Belle-Idée déborde, constate le professeur Jean-Michel Aubry, chef du Département de santé mentale et psychiatrie des Hôpitaux universitaires de Genève (HUG): «Une surcharge chronique, de 45 à 50 personnes surnuméraires, ce qui se traduit par des lits dans les couloirs…» L’une des raisons de cette surcharge est l’arrivée massive de requérants d’asile.
A Genève, on est passé de 80 par mois à plus de 300. Compte tenu de leur vécu, beaucoup d’entre eux rencontrent des difficultés. «Et les abris PC sont des incubateurs à problèmes psychiques, ajoute le médecin. Mais je crois qu’il n’y a pas d’autre solution pour le moment.»
Responsable du Cappi Servette, l’un des quatre centres ambulatoires de psychiatrie et psychothérapie intégrée, destiné notamment aux requérants d’asile, le psychiatre Javier Bartolomei confirme l’afflux ainsi que la surcharge. Ainsi, sur les 600 patients en moyenne qu’accueille ce centre, 176 étaient des requérants d’asile en février 2015, un chiffre qui est passé à 224 à la fin de l’année.
Le Cappi Servette envoie dès lors de plus en plus de patients migrants à Belle-Idée. Ces hospitalisations de requérants d’asile représentaient 10% des hospitalisations totales décidées par ce centre en 2013; elles sont passées à 24% en 2015. Et la quinzaine de lits du pavillon des Sillons 1, l’unité hospitalière à Belle-Idée affiliée au Cappi Servette, ne suffit plus à accueillir ces nouveaux patients. Lesquels se retrouvent de plus en plus souvent dirigés directement vers Belle-Idée sans même passer par le Cappi Servette.
La Fehap craint que les GHT et les grandes régions ne rendent le secteur associatif moins audible
Afin de faire le tri dans la dernière fournée de lois — loi de Santé, loi Vieillissement, loi sur la fin de vie, loi de finances ou encore loi de financement de la sécurité sociale, etc. —, la Fehap a opté pour la diffusion d'un programme et de supports documentaires à ses adhérents. Annoncée à l'occasion de sa grande journée nationale de formation, tenue le 1er février, cette initiative a d'ores et déjà permis à la fédération de souligner certaines avancées.
Le CH Nord-Mayenne aimerait bien obtenir une "pause" d'un an dans son plan de modernisation
Une "pause" d'une année dans la mise en place du plan triennal de modernisation du CH Nord-Mayenne de Mayenne. Tel est le souhait affiché par la direction de l'hôpital, comme l'a rapporté le député centriste du secteur, Yannick Favennec (UDI), ce 2 février lors des questions orales sans débat à l'Assemblée nationale. L'idée serait de mettre à profit ce laps de temps pour rédiger le projet d'établissement. Et cela loin des "annonces permanentes" de suppressions progressives de lits et de "perpétuelles" économies, poussées de l'avant par l'ARS Pays de la Loire. Et le parlementaire de lister les dernières fermetures : -10 lits de chirurgie, -10 lits sur 110 en psychiatrie, -8 lits sur 38 en SSR et -10 lits en médecine. Or ces mesures "peuvent s'avérer anxiogènes voire même contreproductives" pour le personnel hospitalier, met en garde l'élu mayennais, pour un hôpital qui connaît une activité "soutenue" et emploie quelque 1 100 agents dont soixante-dix médecins. Selon le député, cela en fait "un outil indispensable" face aux problèmes de démographie médicale que connaissent le nord de la Mayenne et le sud de l'Orne. D'où l'impérieuse nécessité de "mettre un peu moins de pression sur la direction [...] et évidemment par conséquent sur le personnel".
Le fonctionnement des unités pour malades difficiles est réglementé par un nouveau décret
A
Un décret publié au Journal officiel, très attendu, régit le fonctionnement des unités pour malades difficiles dans les établissements de santé spécialisés en psychiatrie. Il précise notamment les conditions d'admission et de sortie des patients dans ces unités et traite également des programmes de soins dans le cadre de soins sans consentement.
Demain, infirmiers, kinésithérapeutes et opticiens seront-ils formés à la fac ?
Le Monde.fr | | Par Laura Buratti
Comment réformer les études de santé pour mieux s’adapter aux besoins et limiter les échecs ? Après les doyens des facultés de médecine et l’ordre des médecins, la Conférence des présidents d’université (CPU) a formulé ses propositions, espérant rallier à sa cause le gouvernement, lors de la grande conférence de santé prévue le 11 février.
La CPU ne souhaite pas, comme l’ordre des médecins, sélectionner les bacheliers avant leur entrée en première année commune aux études de santé (Paces). Mais elle propose d’intégrer toutes les formations paramédicales au sein de l’université. Pour l’instant, seules les quatre voies traditionnelles (médecine, pharmacie, dentaire et maïeutique), ainsi qu’orthophonie et orthoptie, se déroulent entièrement à l’université. Les autres ont lieu, au moins en partie, dans des écoles ou des instituts, publics ou privés : infirmier, aide-soignant, diététicien, auxiliaire de puériculture, masseur-kinésithérapeute, pédicure-podologue, osthéopathe, opticien, et autres professions listées sur la page santé du site du Pôle emploi.
« Notre proposition va dans le sens de l’“universitarisation” des formations paramédicales déjà en marche, estime Yvon Berland, président de la commission des questions de santé à la CPU. L’université assure déjà une partie des formations, à travers des conventions passées entre les instituts ou écoles, les facs et les régions. »
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