L’agression au poignard, lundi, à Schaerbeek, pose la question de la formation des intervenants.
Le fait divers qui s’est produit lundi soir au centre Titeca à Schaerbeek a remis au-devant de l’actualité la problématique de la violence dans les soins psychiatriques. Armé d’un poignard, un patient de 19 ans y a grièvement blessé sept personnes, six membres du personnel et un autre patient. Mardi, leurs jours n’étaient plus en danger. Le front commun syndical du secteur non marchand a vu dans cet incident "malheureusement prévisible" - et qui n’est pas un cas isolé - l’illustration d’un manque de personnel et d’un besoin de formation adéquate.
Mais le personnel des institutions psychiatriques est-il réellement démuni face à la violence ? Il semble que la situation varie fortement d’un service à l’autre, et que tous les intervenants, qu’ils travaillent en hôpital, en centre d’accueil ou à domicile, ne disposent pas des mêmes outils.
"Chez nous, le personnel a reçu, il y a dix ans, une formation à la gestion de la violence, témoigne Michel Pluymers, assistant social à la clinique neuropsychiatrique Notre-Dame des Anges, à Liège. Depuis, plus rien, sauf pour l’un ou l’autre kinés ou certains infirmiers plus costauds. C’était un one-shot, malgré les demandes répétées du personnel."
Entre 2007 et 2014, la psychologue du travail Lise Gaignard rédige des chroniques à partir d’entretiens menés dans son cabinet. Elle souligne les phrases les plus affligeantes, les retape, et change les prénoms. Aujourd’hui réunis dans un ouvrage, Chroniques du travail aliéné, ces textes sont poignants : la psychanalyste a du mal à relire son livre. Elle n’est pas la seule : « On m’a reproché de dire du mal des travailleurs », raconte-t-elle.
Si son texte suscite des réactions vives, c’est qu’il critique la dépolitisation de la souffrance au travail : à ses yeux, le changement le plus frappant dans le monde du travail en France n’est pas « la transformation – pourtant importante – des modes de management, ni les catastrophiques techniques d’évaluation pipées, ni la mondialisation. Pour moi, la différence majeure, c’est qu’en France, quand on est victime d’une injustice épouvantable au travail… on demande à aller chez le psy ! ».
D’après la psychologue du travail, c’est en 1998 que tout commence, avec la sortie deSouffrance en France, de Christophe Dejours, et Le Harcèlement moral, de Marie-France Hirigoyen. Deux ouvrages qui connaissent un succès retentissant : « Soudainement, tout le monde est harcelé, tout le monde a un pervers narcissique dans son entourage ! Le ministère du travail va même introduire le harcèlement moral dans la loi de 2002. » Lise Gaignard n’a pas de mots tendres pour cette loi qui « arrange les entreprises : pendant qu’on consulte sur les risques psychosociaux, on ne s’interroge pas sur les modalités de production ».
« Le problème n’est pas médical, il est lié au travail »
Les risques psychosociaux auraient-ils été instrumentalisés ? En tout cas, de nombreux médecins se plaignent d’avoir à régler des problèmes qui relèvent du management plus que de la santé. « Quand on a commencé à parler de harcèlement, c’était miraculeux : finalement, on comprenait ce qui se passait, on pouvait s’en prendre au pervers narcissique », se souvient Fabienne Bardot.
Mais cette médecin du travail porte aujourd’hui un regard plus amer sur la question, et refuse de mettre ses patients en inaptitude médicale. « C’est ce que tout le monde leur dit de faire, et c’est grave ! Le problème n’est pas médical, il est lié au travail. Je préfère la rupture conventionnelle : au moins, c’est le salarié qui la demande, qui décide de mettre un terme à une situation qui ne lui convient pas. »
Une façon de lutter contre l’hypocrisie d’une société qui gomme les conflits sociaux pour ne pas avoir à les aborder : « On ne dit plus un salarié, on dit un collaborateur, comme si dans l’entreprise tout le monde était égal. On ne dit plus licenciement, mais plan de sauvegarde de l’emploi. Même après les attentats du 13 novembre, on ne parle que de la souffrance des gens ! On met en place des cellules d’urgence, mais personne ne se demande comment on a pu produire des monstres pareils. »
Etre mère, ce qui semble si simple et si naturel a besoin de l’approche psychanalytique pour faire face à ces nouvelles formes de maternité plurielle où s’additionne les mères biologiques (celles du noyau d’ADN, celles des mitochondries), les mères porteuses, les mères d’intention, sans oublier les mères symboliques…
Nous sommes en recherche de repères devant la puissance et l’aspect multiple du désir d’enfant. Sous la direction deChristiane Alberti, est paru récemment Etre mère aux éditions Navarin/Le Champs freudien. Dans ce livre des femmes psychanalystes témoignent des multiples facettes de la maternité à la suite du Congrès annuel du groupement la Cause freudienne qui s’est tenu en novembre 2014 à Paris.
Avenir Hospitalier et la CPH s'interrogent sur la « banalisation de la maltraitance institutionnelle » dans les hôpitaux publics, à la suite du suicide du Pr Jean-Louis Megnien sur son lieu de travail, à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (HEGP), à Paris.
Réunis au sein d'Action praticien hôpital, les deux centrales syndicales reprennent les arguments du Mouvement de défense de l'hôpital public (MDHP), très critiques à l'encontre de la direction de l'HEGP et de sa responsabilité dans le décès du cardiologue.
La nouvelle passe presque inaperçue suite au rejet partiel du tiers payant généralisé par le Conseil constitutionnel, mais l'article autorisant les salles de consommations à moindre risque a été approuvé par cette même institution. Le Conseil constitutionnel note qu'en« limitant le bénéfice de l'immunité aux personnes se trouvant à l'intérieur de ces salles, il a entendu inciter les usagers à s'y rendre afin de favoriser la politique poursuivie de réduction des risques et des dommages ».
25.01.2016
Saisis pour un contrôle de constitutionnalité, par soixante députés et plus de soixante sénateurs, à l'initiative du groupe Les Républicains (LR), les « sages » ont estimé que « le professionnel intervenant dans ces espaces ne peut être poursuivi pour complicité d'usage illicite de stupéfiants et pour facilitation de l'usage illicite de stupéfiants ».
Depuis près de vingt ans, le professeur Hugues Duffau opère certaines tumeurs cérébrales en éveillant les patients au cours de l’intervention, pour optimiser le geste chirurgical grâce à leur participation active. De son expérience unique, qui porte désormais sur plus de 600 personnes, ce neurochirurgien a tiré un ouvrage qui l’est tout autant, L’Erreur de Broca. Ce livre, dit-il, il l’a écrit pour ses patients et patients potentiels atteints d’un gliome de bas grade, une tumeur cérébrale d’évolution lente.
Mais sa lecture est à recommander bien au-delà. Modèle du genre pour ses qualités didactiques (en fil rouge, le cas très complet et concret d’une jeune femme), L’Erreur de Brocaest aussi le récit du combat acharné de ce médecin pour bousculer un dogme, et une réflexion passionnante sur le cerveau humain.
Par Olivier Roy, politologue spécialiste de l’islam
La France en guerre ! Peut-être. Mais contre qui ou contre quoi ? Daech n’envoie pas des Syriens commettre des attentats en France pour dissuader le gouvernement français de le bombarder. Daech puise dans un réservoir de jeunes Français radicalisés qui, quoi qu’il arrive au Moyen-Orient, sont déjà entrés en dissidence et cherchent une cause, un label, un grand récit pour y apposer la signature sanglante de leur révolte personnelle. L’écrasement de Daech ne changera rien à cette révolte.
Le ralliement de ces jeunes à Daech est opportuniste : hier, ils étaient avec Al-Qaida, avant-hier (1995), ils se faisaient sous-traitants du GIA algérien ou pratiquaient, de la Bosnie à l’Afghanistan en passant par la Tchétchénie, leur petit nomadisme du djihad individuel (comme le « gang de Roubaix »). Et demain, ils se battront sous une autre bannière, à moins que la mort en action, l’âge ou la désillusion ne vident leurs rangs comme ce fut le cas de l’ultragauche des années 1970.
La mort d’un volontaire sain, le 17 janvier, lors d’un essai clinique, à Rennes, qui s’est également soldé par l’hospitalisation de cinq autres personnes, dont quatre souffrant de troubles neurologiques – depuis, leur état de santé s’est amélioré –, risque-t-elle de freiner la recherche clinique ?
Tous participaient à un essai clinique de phase 1 (visant à évaluer la tolérance, le métabolisme dans l’organisme, et à vérifier l’absence de toxicité) mené par le laboratoire Biotrial, un prestataire de services, pour le compte de Bial, un laboratoire familial portugais. Cet essai, qui avait débuté en juillet 2015, un mois après avoir reçu le feu vert de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM), portait sur une molécule antalgique connue sous le nom de BIA 10-2474, un inhibiteur des FAAH (pour fatty acid amide hydrolase ; hydrolase des amides d’acides gras).
C’est un slogan publicitaire bien connu des Rennais. « Vous êtes en bonne santé ? Vous avez entre 18 et 80 ans ? Participez à une étude clinique rémunérée. » A la radio, sur les panneaux publicitaires et dans la presse, le laboratoire Biotrial recrute des volontaires pour participer à des essais cliniques. Des tests rémunérés 100 à 4 500 euros non imposables, auxquels prenaient part les victimes de l’accident rarissime intervenu lors du test d’un nouvel antalgique.Un patient est mort durant un essai clinique de ce traitement développé par le laboratoire portugais Bial. Quatre autres pourraient avoir des séquelles neurologiques irréversibles. Un fait exceptionnel pour Biotrial, PME à succès créée à Rennes en 1989, et un drame qui a entamé, pour des raisons encore inconnues, l’image d’une structure à la réputation sérieuse.
Un projet de convention relative à l'organisation du DPC (Développement Professionnel Continu) fait vivement réagir les syndicats infirmiers. En cause notamment : la sous-représentation des infirmiers dans la composition des instances du DPC.
C'est un projet d'avenant à la convention du Groupement Public du DPC qui contrarie les représentants de la profession. Suite à une concertation en date du 15 janvier, la DGOS (Direction Générale de l'Offre de Soins) a en effet soumis un texte aux syndicats qui sous-représenterait la profession selon ces derniers.
Avec 4 sièges accordés - dans la constitution de la Commission Scientifique indépendante* des professions paramédicales du DPC - aux infirmiers et infirmiers spécialisés sur 38 sièges en totalité, l'ensemble des représentants de la profession s'indigne.
Lors de son 62e congrès, la Fédération nationale des infirmiers (FNI) a abordé la question du déploiement du dossier médical partagé (DMP, désormais aux manettes de la CNAM), en insistant sur la nécessaire collaboration étroite avec les médecins.
L'Assurance-maladie l'assure : le nouveau DMP ne sera pas une usine à gaz. Invitée du congrès infirmier, Mathilde Lignot-Leloup, directrice déléguée à la gestion et l’organisation de l’offre de soins à la CNAM, insiste sur l'accès rapide à « l’indispensable synthèse médicale, à l’historique des remboursements ». Elle évoque aussi l’intégration en un clic de cet outil aux logiciels métiers permettant aux différents professionnels de santé d’échanger via des messageries sécurisées. D’ici à fin juin, le déploiement et prévu dans 8 départements.
Pour passer à l’action, les infirmiers libéraux proposent d’ouvrir les dossiers à l’occasion des prélèvements sanguins. Plus de 4 000 dossiers auraient déjà été ouverts par 120 infirmières libérales volontaires en Bourgogne - Franche-Comté.
VIDÉO Un jeune homme de 19 ans a attaqué au couteau sept personnes dans le centre psychiatrique "Titeca" à Schaerbeek. Parmi elles, six membres du personnel et un patient. A l'heure actuelle, deux personnes sont toujours dans un état critique. Les autres pourront quitter l'hôpital dans les prochaines heures.
L'auteur, un certain Ricardo, patient de l'établissement psychiatrique, bénéficiait d'une permission de sortie. A son retour vers 20h lundi soir, il s'en est pris, pour une raison inconnue, à six infirmiers.
LE MONDE| | Par Vincent Dewitte (Mont-de-Marsan, correspondant)
Elle se porte au bout d’un lacet noué autour du cou, se garde au creux de la main ou vient se loger au fond d’une poche de pantalon. « Cette clé, ça change tout, témoigne Félix dans un couloir, toutes portes ouvertes, du centre pénitentiaire Pémégnan, à Mont-de-Marsan. Avec cette clé, j’ouvre et je ferme la porte de ma cellule moi-même, je peux me déplacer librement. En fait, c’est une sorte de semi-liberté en milieu fermé… »
Incarcéré depuis plus de cinq ans, cet ancien de la maison d’arrêt de Fleury-Mérogis (Essonne) arbore, ce vendredi 22 janvier, sourire et jolie paire de baskets bleues. « C’est un cadeau du centre pénitentiaire Pémégnan », explique-t-il fièrement. Un cadeau pour bonne conduite prévu dans le cadre des « modules de respect », une nouvelle forme de détention inspirée du modèle espagnol « Respecto », testée depuis un an dans l’un des deux centres de détention de cette prison des Landes, et vouée à se développer dans toute la France.
Derrière l’enthousiasme de Félix, il y a un pari réussi. Après un an de fonctionnement, cette réponse unique en France à un plan de lutte national contre les violences en prison offre « des résultats qui dépassent les espérances ». « C’est simple, en douze mois, il n’y a pas eu une seule violence physique sur les surveillants », se félicite Sophie Bleuet, directrice de l’interrégion pénitentiaire Aquitaine, Limousin et Poitou-Charentes.
Avec Bernard Chouvier, psychologue, psychanalyste, professeur émérite de Psychologie Clinique à l’Université de Lyon.
Deuxième voyage de notre semaine dédiée à Pessoa.
Le pari de cet ouvrage est de suivre Pessoa à travers cette oeuvre majeure qu’est le Livre de l’intranquillité, au fil de ses humeurs et de ses extravagances, sans chercher à interpréter sa parole ni à réduire sa pensée à une dimension psychopathologique.
Découverte. A l’occasion de l’ouverture de la Petite Galerie du Louvre, tour de piste des initiatives déployées par les musées qui rivalisent d’ingéniosité pour conquérir les petits, en famille ou avec l’école.
Dans la première exposition de la Petite Galerie du Louvre, ouverte depuis le mois d’octobre, on peut toucher des matières, déplier des cocottes en papier et s’allonger par terre à plat ventre entre des bustes de Vénus et le Pandemonium de John Martin.
"Pour quelle raison"? est le titre de la dernière vidéo d'animation de l'association Lebanese Medical Association for Sexual Health sur l'homosexualité.
L'association LebMash (Lebanese Medical Association for Sexual Health) a diffusé il y a une semaine une courte vidéo d'animation intitulée "Shu el Sabab?" (Pour quelle raison?) visant à sensibiliser les Libanais sur l'homosexualité. Cette vidéo de moins de quatre minutes a été relayée sur les réseaux sociaux et vue plus de 2.000 fois.