20-11-2015
L'illusion de la toute-puissance et d'accéder à un destin supérieur constitue des ressorts psychologiques qui peuvent conduire un jeune à tuer des inconnus et mourir dans un attentat-suicide, explique Samuel Lepastier, psychiatre, psychanalyste et directeur de recherche à l'Université Paris-Diderot, après les attaques de Paris.
Pourquoi des jeunes se lancent-ils dans cette aventure sanglante ?
"Pour certains jeunes, c'est une solution, une mauvaise solution, à leur mal-être. Ils pensent que leur sacrifice va donner un sens à leur vie. Mais il n'existe pas une clé pour tout expliquer. Il n'y a pas d'explications univoques, sociale, familiale... Il y a des convertis (au jihadisme) qui n'ont pas connu l'humiliation, la discrimination. Celui qui devient jihadiste trouve un bénéfice à entrer dans un système, dans un groupe : l'illusion d'être puissant. Le délinquant accède à un destin supérieur. Il trouve là une sorte de prothèse, de costume pour cacher sa peur. Il y a notamment le bénéfice du discours langue de bois. On peut se dispenser de penser tout en ayant l'impression d'avoir raison en permanence. Ce prêt-à-penser apporte un soulagement, une restauration narcissique, une réassurance. Mais ce soulagement n'est pas parfait. il ne supprime pas le mal être. Et plus il est refoulé, plus la tentation est grande d'en faire plus : sexe, violences en tout genre."