On a tous un jour ou l'autre “poussé la seringue”. » C'est le président d'un syndicat de médecins qui le dit, réclamant pour une fois l'anonymat. La mort est un sujet dont les généralistes discutent peu entre eux. Trop lourd, trop personnel. Un moment bien particulier de la relation entre les médecins traitants et certains de leurs patients qu'ils acceptent de suivre jusqu'aux derniers instants quand la facilité serait de les adresser à l'hôpital. Alors que François Hollande a promis un projet de loisur l'accompagnement de la fin de vie, le rôle des médecins à l'avenir est au coeur des débats. Quelques-uns ont accepté de nous parler de leur pratique, sous leur nom ou anonymement.
« Docteur, est-ce que vous m'aiderez ? » La question est posée parfois, alors que la fin de vie n'est pas toute proche. « Je réponds qu'ils ne sont pas tombés sur le bon médecin pour ça, explique le docteur O., généraliste dans l'Ouest depuis trente ans. Je n'ai pas la prétention d'être celui qui décide. »
IL AIDE « À PARTIR »
Quand les derniers instants arrivent, il en va autrement. Il aide « à partir » quand le patient a mal, que « trop, c'est trop ». « Ils ne demandent rien de vive voix. Mais quand on leur touche le front de la main, en nous regardant bien droit, ils disent avec les yeux : “Je suis prêt”. »