Comme tous les médecins exerçant à l’Hôpital privé de la Seine-Saint-Denis, Fatiha Aissaoui, gynécologue obstétricienne, n’est pas salariée, mais libérale. Contrairement au fonctionnement des hôpitaux publics, en cas de procès, c’est elle qui sera poursuivie et non pas l’établissement. Elle paye 24 000 euros d’assurance par an. Elle est installée en secteur deux, c'est-à-dire avec des dépassements d’honoraire. « Le fait que je sois maghrébine est un atout pour beaucoup de patiente », explique-t-elle.
Crédits : JULIE BALAGUÉ POUR "LE MONDE"
Le visage crispé, mal rasé, un homme est allongé tout habillé sur le lit. Le docteur Ayse Can lui explique en turc qu'il est atteint d'une tuberculose osseuse qui attaque les vertèbres, le mal de Pott. Safat C. était venu ce matin de novembre sur ses deux jambes aux urgences de l'Hôpital privé de la Seine-Saint-Denis (HPSSD) pour un mal de dos. Kurde, travaillant dans un restaurant du quartier, il va devoir être hospitalisé dans le service de médecine, deux étages plus haut, et démarrer immédiatement un traitement antibiotique lourd. Ayse Can est la seule turcophone de l'équipe de médecins urgentistes dirigée par Amar Amrane, qui, lui, parle également l'arabe et le berbère.
Cet hôpital, implanté à cheval sur les communes du Blanc-Mesnil et de Drancy, s'est adapté à ces patients qui parlent mal ou pas le français. A l'accueil sont recensés les membres du personnel pouvant servir d'interprètes en kabyle, roumain, vietnamien, lingala, etc. En tout, vingt-trois langues sont répertoriées.
Mais le caractère peu banal de ce service d'urgences est ailleurs : nous sommes dans une entreprise. L'Hôpital privé de la Seine-Saint-Denis (HPSSD) appartient depuis 2006 au premier groupe français d'établissements de soins privés, la Générale de santé, cotée en Bourse.