De la psychanalyse à Pierre Jean Jouve : Henry Bauchau se souvient de Pierre et Blanche dans l’ensoleillement de leur aura
Blanche est le gentil fantôme d’Henry Bauchau. Elle l’a sauvé d’une dépression sournoise. Elle habite ses songes. Elle conduit sa plume. Elle est la double initiatrice. Celle qui mène à la psychanalyse. Et libère l’écriture. Dès le premier roman, publié en 1966, elle apparaît sous les traits de la Sibylle. Mais ce sera après la mort de Pierre Jean Jouve que le désir d’écrire sur Pierre et Blanche s’imposera. Nous sommes alors en 1984. Henry Bauchau porte en lui ce besoin lancinant de rendre justice. Car il a l’impression de l’avoir occulté. Et il sait tout ce qu’il lui doit…
Pour dérouler le fil de la pensée de Bauchau, Anouck Cape est allée à l’essentiel. Les documents originaux. Surtout le premier article d’Henry Bauchau consacré à Pierre Jean Jouve ici dans sa version originelle. Non écourtée. Matrice de tous les autres textes. C’est donc la première fois qu’il est publié dans son intégralité. Cela permet de découvrir l’engendrement des autres récits. Bauchau agissant par coupures, reprises, réécriture. Des méthodes caractéristiques de la création bauchalienne.
Anouck Cape mène ici à bien un projet déjà ancien de Bauchau qui, dès le milieu des années 1980 souhaitait évoquer sa rencontre avec la Sibylle. Et y adjoindre les moments rares où il a côtoyé le couple Jouve. Notamment en Suisse.
Le livre débute par un entretien avec Bauchau datant de juin 2011. Suivi dePierre Jean Jouve en Engadine (dont le Cahier de l’Herne n’avait publié qu’une partie). Puis divers notes, souvenirs, interventions… Et s’achève par une correspondance.
Annabelle Hautecontre
Henry Bauchau, Pierre et Blanche – Souvenirs sur Pierre Jean Jouve et Blanche Reverchon, textes rassemblés et présentés par Anouck Cape, Actes Sud, octobre 2012, 200 p. – 21,80 €