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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

dimanche 9 octobre 2011

France Culture nous régale. Merci Nathalie pour cette passe.



Emission Sur les docks
du lundi au jeudi de 17h à 17h55

Des lieux, des vies (2/4) : "Schizophrénie : Comment j’ai enfermé mon frère – Récit d’une hospitalisation sous contrainte"

11.10.2011 - 17:00

Un documentaire de Catherine Guilyardi et Jean-Philippe Navarre


Il est 21h en cette veille de noël 2009. Estelle et sa sœur attendent, gelées, l’arrivée des pompiers devant l’immeuble qu’habite leur petit frère, Thomas, âgé de 33 ans. Il est diagnostiqué schizophrène depuis dix ans et ne prend plus son traitement depuis des mois. Il a déconstruit une vie stable, gagnée sur la pathologie, avec un travail, un logement indépendant et une vie sociale timide mais réelle. Les deux sœurs décident de faire interner leur frère sous la contrainte comme le permet la loi de 1990 qui régit la privation de liberté en psychiatrie. 


A écouter ici ou en cliquant sur la flèche blanche dans le carré rouge




Les Pieds sur terre

Syndiquer le contenupar Sonia KronlundLe site de l'émission
Emission Les pieds sur terre
du lundi au vendredi de 13h30 à 14h

Ecoutez l'émission28 minutes

"Forum For Femmes" à Montfermeil 



05.10.2011 - 13:30

Deux fois par mois, les patients et les soignants du Centre d'accueil de jour de Montfermeil se réunissent pour débattre. L'occasion pour les patients de prendre la parole sur les conditions de soins, la prise de médicaments, les rapports avec leurs psychiatres, et la récente loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement.
Reportage : Pauline Maucort
Réalisation : Julie Beressi
A écouter ici 

Emission Les pieds sur terre
du lundi au vendredi de 13h30 à 14h
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Colocation thérapeutique 


06.10.2011 - 13:30
Léo et Lili vivent en colocation dans un quartier pavillonnaire de Chelles. Après un séjour en hôpital psychiatrique, ils réapprennent la vie en collectivité et la solidarité. Pas toujours évident de supporter les manies de l'autre, mais heureusement, il y a aussi des fous rires.
Reportage : Pauline Maucort
Réalisation : Julie Beressi

A écouter ici 

Les Pieds sur terre

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Emission Les pieds sur terre
du lundi au vendredi de 13h30 à 14h
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Retour sur…. Les désobéissants en psychiatrie4

07.10.2011 - 13:30
Les règles édictées pour le bien commun méritent parfois d’être contournées. Deux jeunes psychiatres révèlent quelques-unes de leurs techniques de survie en milieu psychiatrique. Retour sur leurs expériences deux mois après la mise en application de la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement.
Reportage : Pauline Maucort
Réalisation : Viviane Noël
A écouter ici

Contre-expertise

Syndiquer le contenupar Julie GaconLe site de l'émission
Emission Contre-expertise
du lundi au vendredi de 18h15 à 19h
Ecoutez l'émission45 minutes

Réforme de la psychiatrie : vers une banalisation de la contrainte ? 4

01.08.2011 - 18:15
Tout commence le 18 décembre 2004… à 6h30 : les corps sans vie de deux infirmières de l’hôpital psychiatrique de Pau, sont retrouvés égorgés dans le pavillon où elles étaient de garde… Un jeune schizophrène est très vite inculpé…

Quatre ans plus tard, à Grenoble, un malade en permission de sortie assassine un jeune étudiant en centre-ville…

Deux drames, deux faits divers qui auront des répercussions considérables dans les milieux psychiatriques
Car sans attendre les conclusions de l’enquête judiciaire à Grenoble, Nicolas Sarkozy annonce au quart de tour une réforme de l’hospitalisation psychiatrique…
Ni plus ni moins qu’un changement de paradigme, car si le chef de l’Etat se targue d’être le premier du genre à visiter un hôpital psychiatrique, il est surtout le premier à parler d’ « obligation de soins ».
Invité(s) :
Claude Quétel
Michaël Guyader, psychiatre
Livia Velpry, sociologue et démographe, maître de conférences en sociologie à l'Université Paris 8 et rattachée au Cermes3-Equipe Cesames



A écouter ici


Les Pieds sur terre

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Emission Les pieds sur terre
du lundi au vendredi de 13h30 à 14h

Ecoutez l'émission28 minutes

Nuit de garde 3

04.10.2011 - 13:30
Infirmière en psychiatrie à l'hôpital de Villejuif, Sylvia tente d’apaiser les angoisses nocturnes de ses dix-huit patients à grand renfort de tisanes, laits chauds et cigarettes plutôt que de neuroleptiques.
Reportage : Pauline Maucort
Réalisation : Alexandra Malka
A écouter ici




La Fabrique de l'Histoire

Syndiquer le contenupar Emmanuel LaurentinLe site de l'émission
Emission La Fabrique de l'Histoire
du lundi au vendredi de 9h06 à 10h
Ecoutez l'émission54 minutes

Histoire de l'hygiène 3/4 0

05.10.2011 - 09:05
Aujourd'hui débat historiographique sur les débuts de la psychiatrie au 19ème siècle émaillé d'archives écrites de la clinique du Docteur Blanche
avec Laure Murat et Aude Fauvel.
Invité(s) :
Laure Murat, chercheuse spécialisée dans l'histoire culturelle, professeure au département d'études françaises et francophones de l'Université de Californie-Los Angeles.
Aude Fauvel, docteure en histoire de l’EHESS, spécialiste de l’histoire de la psychiatrie française, travaille actuellement à l’Institut Max Planck d’Histoire des Sciences de Berlin.



A Nantes, les agents de l'hôpital n'en peuvent plus

Reportage 08.10.11

NANTES, CORRESPONDANT - Le document fait 147 pages, et c'est un brûlot. Il traite de la santé des 10 000 salariés du centre hospitalier universitaire (CHU) de Nantes en 2010. Difficile de contester son impartialité : le rapport a été rédigé par les praticiens du service de médecine du travail de l'établissement. Ce mémorandum, "c'est le Livre noir de l'hôpital", affirme Bruno Cassard. Le délégué syndical (SUD) ne se fait pas d'illusions : "Un rapport de ce calibre, on n'en aura pas deux à suivre. La direction a bondi quand elle a vu le document sortir."
Les conclusions sont très dures. "Les signes de souffrance observés chez le personnel ne cessent d'augmenter, tous grades confondus, et notamment au niveau de l'encadrement, ce qui est un phénomène plus récent", égrènent les médecins. Les visites dites "d'urgence" sont en hausse, tout comme les visites ordinaires (3 894 en 2010, contre 3 056 en 2009).
AGRESSIVITÉ, ANXIÉTÉ
Les agents se plaignent de "la charge et du rythme de travail", ainsi que de "la dégradation des conditions de travail". Un comble : le personnel médical et paramédical se retrouve perclus de "symptômes neuropsychologiques et émotionnels". Irritabilité, agressivité, anxiété, crises de larmes, syndrome d'épuisement sont relevés. Des troubles du sommeil et de la sphère digestive, mais aussi de multiples affections périarticulaires, sont déplorés. Des cas de tachycardie et d'asthénie sont signalés.
La direction de l'hôpital, qui regimbe à remplacer les salariés absents, est mise en accusation. "Quand les arrêts se succèdent ou surviennent à l'improviste, les équipes font face par des retours sur repos, des modifications de planning de dernière minute, des heures supplémentaires avec une incapacité croissante des cadres à fournir des plannings et des roulements suffisamment à l'avance", relate le rapport, dont Le Monde a obtenu une copie. La situation génère "de plus en plus un épuisement professionnel que, désormais, beaucoup osent exprimer, généralement quand ils sont au bout du rouleau, voire en "burn-out"". Le rapport souligne une hausse des avis d'aptitude avec restrictions ou aménagements de poste, préconisations difficiles à observer du fait d'"un nombre restreint de possibilités" et de "contraintes élevées de rentabilité".
Rencontré en présence de la direction, le docteur Dominique Tripodi, responsable de l'unité santé, travail, cosignataire de l'expertise avec huit confrères, nuance la portée alarmiste du constat mais concède qu'il reflète "une période de mutation difficile". Le CHU de Nantes, qui souffrait en 2007 d'un déficit abyssal de près de 33 millions d'euros, a été soumis à une thérapie de choc, combinant réduction d'effectifs, rétrocession de quatre jours de congé et augmentation du nombre d'actes médicaux prodigués.
L'opération est une réussite en termes comptables : le retour à l'équilibre, initialement prévu fin 2012, devrait être atteint cette année. "Ce qui a été demandé aux agents est énorme, dit M. Tripodi. Le plan de restructuration, la révision des effectifs, les nouveaux projets, tels que le regroupement de l'hôpital sur l'île de Nantes ou le développement de la médecine ambulatoire, ont généré stress et fatigue."
L'hôpital "a su relever le défi", indique Sandrine Delage, directrice adjointe, qui veut croire à "une embellie". Une centaine de personnes ont été recrutées entre mars 2010 et mars 2011. Mais les syndicats récusent "cette vision optimiste"."On rattrape tout juste les effectifs de 2007, fustige Olivier Terrien (CGT). Or, l'activité de l'établissement a augmenté de 8 %.""On a peut-être repris des parts de marché aux cliniques, mais au prix de quelles souffrances", poursuit Emmanuel Renaud, élu CFDT. La situation nantaise n'est "hélas pas une exception", répète-t-on. "C'est un cas d'école."
Yan Gauchard
Le Courrier picard

samedi 08 octobre 2011

CLERMONTOIS L'hôpital psychiatrique souffre

De gauche à droite : Alain Mougas, secrétaire général CGT au CHI, Sonia Houze, secrétaire adjointe, et Fanny Schotter, secrétaire générale CGT à l'hôpital général.
De gauche à droite : Alain Mougas, secrétaire général CGT au CHI, Sonia Houze, secrétaire adjointe, et Fanny Schotter, secrétaire générale CGT à l'hôpital général.
Manque de moyens financiers, réduction des effectifs, fermeture de lits, personnel à bout de force... Tels sont les maux du CHI.
Le centre hospitalier interdépartemental (CHI) souffre. Il souffre d'abord du manque de moyens financiers. «Depuis des années, nous dénonçons en comité technique d'établissement le manque de dotation par rapport aux besoins de l'établissement. Le conseil d'administration avait informé l'Agence régionale de santé (ARS) du manque de moyens or l'ARS a toujours sous doté l'établissement malgré ça. Les pavillons ont un taux de vétusté de 75 % et on nous dit que les travaux ne sont pas faits. Le problème c'est que la dotation suffit juste à assurer le quotidien, rien de plus. Donc aujourd'hui, c'est facile de dire que les travaux ne sont pas faits ! » assène Alain Mougas, secrétaire général de la CGT au CHI.

Soixante lits fermés en un an

L'investissement s'élèverait autour des 80 millions d'euros. «On nous dit que pour réaliser les travaux, il faut dégager des moyens donc on nous demande de toucher à la masse salariale car 80% des fonds sont pour le personnel », poursuit le syndicaliste.
Il estime que ce seront environ 400 postes qui disparaîtront (non remplacement de départ à la retraite, non renouvellement de contrat temporaire).
Il s'insurge également de la fermeture de lits, une soixantaine en un an (le CHI en compte actuellement environ 1 040). «On est en train de réduire la capacité et dans le même temps, il y a des patients qui, faute de structures, vont en Belgique ».
Il ajoute : «Une des techniques pour fermer des lits c'est de transférer les patients de psychiatrie dans des structures médico-sociales, comme les maisons d'accueil spécialisées. Ce qu'on ne dit pas aux familles, c'est qu'ils devront prendre en charge les frais médicaux ».

«Véritable ras-le-bol des agents »

La souffrance au CHI n'est pas seulement financière, elle est aussi humaine.«On ne respecte pas la vie privée et il y a un déni des droits. Il y a un véritable ras-le-bol des agents », insiste Alain Mougas. Des propos que vient étayer le bilan social de 2010.
Les conclusions des médecins du travail sur les souffrances psychiques vécues par le personnel sont sans appel : «Stress, états anxieux liés à un manque de reconnaissance, un management inadapté, un manque de soutien, une pression excessive (...) ».
Un bilan chiffré montre également que le nombre de journées d'absence pour maladies, tout comme les accidents du travail, augmente. Alain Mougas et Fanny Schotter, secrétaire générale CGT à l'hôpital général, concluent que«Tous les jours, dans les hôpitaux, les gens travaillent en effectif minimum. On les noie sous des projets, dans un tas de charge de travail. Le personnel souffre tellement qu'à un certain niveau de douleur, il n'a plus la force de se rebeller. Les hôpitaux souffrent tellement qu'ils ne crient plus » .
FLORENCE VERGNE

La Fête du livre à la Chesnaie salue aussi les 40 ans de l'Épic

08/10/2011


« Solstices, les enfants de la parole » sera projeté.
« Solstices, les enfants de la parole » sera projeté. - (Photo dr, La Mare aux canards)
C'est autour du thème de l'insolite que se tient dimanche la Fête du livre et le 40 e anniversaire de la naissance de l'Épic, École de psychiatrie institutionnelle de la Chesnaie, à Chailles. Conférences, expositions, animations, brocante de livres, buvette, restauration... 

Dimanche, 11 h 30 : à la Haute-Pièce se tient une conférence sur la psychanalyse en Iran par Nader Aghakhani.

13 h : pendant le déjeuner, l'Épic offre un concert de flamenco traditionnel par la Compagnie Torre.

15 h : à la Haute-Pièce : conférence « Zazoulipoésie ou la fabrique de Queneau ». Roman, poésie, expérimentation, par Christine Méry.
L'après-midi, exposants : libraires, bibliothèque de la Chesnaie, expositions d'ateliers (photos, livres objets...).
Mais encore, dédicace et exposition de Jean-Gilles Badaire, expositions de sculptures de Jihel et Stéphane Salaün, installation de Bruno Bianchi...

Enfin, pour terminer cette journée en musique, en association avec le club de La Chesnaie, à 17 h au Boissier, concert de musique Iranienne, avec Nader Aghakhani (târ), Taghi Akhbari (chant), Bruno Caillat (zarb, daf, tambourin). 
Entrées au concert : 5 € adhérents Club et Épic, 8 € plein tarif. Le Train Vert (restaurant associatif) sera ouvert pour le déjeuner (réservation conseillée au 02.54.79.73.13). 

Les Éditions de la Casserole seront également présentes avec leurs livres, cartes postales du Musée de la Casserole, poster de casseroles musiciennes et marques pages poétiques ! 
Le séminaire de l'Épic du lundi soir, 21 h/23 h, reprendra le lundi 17 octobre, avec la projection du film « Solstices, les enfants de la parole ». Autismes, autogestion, psychanalyse, utopie réaliste. Par Bernard Richard, réalisateur du film. La projection sera suivie d'un débat.

Dimanche 9 octobre, de 11 h 30 à 20 h, entrée libre.

Le choix de la solidarité, seul remède à notre politique de santé

Par FRÉDÉRIC PIERRU Sociologue chercheur au CNRS-Irisso et à Paris-Dauphine
Depuis au moins deux ans, gouvernement et «experts» nous fredonnentad nauseam une petite rengaine, selon laquelle l’endettement public et la purge qu’il impliquerait ne seraient que la juste punition du fait que «pendant des années, nous avons vécu au-dessus de nos moyens». Dans le domaine de la santé cela donne : «Nous, Français, dépensons sans compter, creusant de façon irresponsable le trou de la Sécurité sociale et la dette aux dépens des générations futures.» Ajoutez à cela l’exploitation politicienne du ressentiment contre les «assistés», tels les bénéficiaires de la CMU complémentaire ou de l’Aide médicale d’Etat, et vous avez là les justifications les plus communes - pour ne pas dire vulgaires - de la politique en cours de vente à la découpe du service public de la santé.
La solidarité face à la santé, à la maladie et la mort serait ainsi devenue un luxe et devrait être retirée aux «profiteurs» de tout poil, qu’ils soient pauvres et/ou immigrés. Plus généralement, depuis le début des années 2000, les gouvernements successifs se sont employés à «vaporiser» le service public de la santé. En matière d’assurance maladie, les soins courants (hors affections de longue durée et hospitalisation) connaissent une baisse continue du taux effectif de leur prise en charge par la Sécu, lequel n’est déjà plus que de 55% - le taux de 75,5% dont le gouvernement se targue n’étant qu’une moyenne trompeuse.
Tout cela au nom de la «responsabilisation financière» des assurés sociaux, alors même que, d’une part, il n’y a aucune spécificité française d’augmentation des dépenses de santé et que, d’autre part, ce ne sont pas les patients qui prescrivent ! Les assurances maladies complémentaires et, surtout, les individus, ont dû compenser cette rétractation de la solidarité, au prix d’inégalités croissantes d’accès aux soins. Rappelons qu’il n’y a pas d’échappatoire à ce fait : tout transfert de dépenses de l’assurance maladie vers les organismes complémentaires se traduit par une hausse des inégalités d’accès aux soins, «régulation» ou pas.
Dans le domaine de l’hôpital, la décision, purement politique, d’aller à marche forcée vers le financement intégral à l’activité des services de médecine, chirurgie, obstétrique et celle, non moins idéologique, de faire converger les tarifs des secteurs public et privé ont déséquilibré les budgets hospitaliers. Déficits qui ont justifié les suppressions massives d’emplois. Cette orientation libérale a été consacrée par la loi HPST qui a supprimé la conception unitaire du service public hospitalier, vendu à la découpe aux établissements de santé publics et privés. De leur côté, les principaux syndicats de médecins libérauxexigent que soit restaurée la seule liberté qu’ils avaient concédée, non sans mal, à la Sécu, à savoir la liberté de fixer leurs honoraires. Or, sans discipline tarifaire négociée avec la Sécu, il n’est point d’assurance maladie viable ni d’accès égal aux soins. Couplée à une politique clientéliste des partis de droite traumatisés par le «plan Juppé», qui avait tenté (en vain) d’instaurer une enveloppe budgétaire fermée pour ce secteur, cette intransigeance a permis aux médecins, spécialistes surtout, d’engranger de substantielles augmentations de revenus alors que le pouvoir d’achat des salariés - la grande masse des financeurs du système de santé - stagnait voire reculait. Dans le même temps, l’aménagement des libertés de la médecine libérale, pourtant indispensable à la lutte contre les déserts médicaux (liberté d’installation), au contrôle d’un secteur à honoraires libres (libre entente entre patient et praticien), à la maîtrise des dépenses et à une meilleure intégration des pratiques de prévention (paiement à l’acte), a été sacrifié sur l’autel des calculs politiciens.
Enfin, en matière de prévention, l’on a préféré stigmatiser les «cultures» et habitudes individuelles plutôt que de mener des actions volontaristes sur les milieux de vie, de travail, de logement, ce qui supposait, il est vrai, de s’attaquer à des intérêts économiques puissants. Et que dire des très fragiles transparences et impartialité de l’Etat face aux lobbies, comme l’a tristement montré la récente affaire du Mediator ?
Contre ce délitement, progressif mais bien réel, du service public de la santé, mes collègues et moi-même avons décidé de rappeler, dans un manifeste signé par 123 personnalités, un constat incontournable : en matière de santé, le choix de la solidarité se justifie non seulement du point de vue social mais aussi des points de vue économique et sanitaire. Nous proposons de restaurer les quatre piliers du service public de la santé. Tout d’abord, il s’agira de revenir à l’ambition de 1945, celle d’un remboursement à hauteur de 80% des soins courants, tout en conservant la prise en charge à 100% des plus malades et des plus démunis et en supprimant les franchises médicales. Tout déficit constaté mais non compensé déclencherait une augmentation des ressources de l’assurance maladie ; par l’augmentation d’un taux de CSG rendu progressif et à l’assiette élargie. Avec une telle règle d’or, toute ristourne aux assurances complémentaires, pire aux malades ou, pire encore, au service de la dette du coût des soins que la collectivité a évalués comme médicalement utiles serait de facto bannie. Ensuite, il faudra rétablir le service public hospitalier dans son unité, ses missions, ses moyens et en exclure les cliniques commerciales. De même, il faudra convaincre les médecins de ville d’accepter (enfin !) d’aménager les libertés conquises en 1927 pour devenir les composantes clés d’un nouveau service public de médecine de proximité.
Enfin, il conviendra d’engager une politique volontariste de prévention dont le budget augmenterait progressivement à hauteur de 7% des dépenses de santé, et décidée à agir aussi bien sur les déterminants individuels que collectifs afin de réduire les inadmissibles inégalités de santé dans lesquelles la France bat des records en Europe. A l’heure des «best practices» dont se gargarisent les élites technocratiques et politiques, il est temps de repositionner le débat public sur la seule base rationnelle qui soit : la solidarité - entre malades et bien portants mais aussi entre riches et pauvres - est une politique d’avenir ; et il ne peut y avoir d’avenir sans une politique de solidarité.
Dernier ouvrage paru : «Manifeste pour une santé égalitaire et solidaire», Odile Jacob.

Toujours inégaux face à la mort


SOCIÉTÉ Hier à 12h50 (Mis à jour à 13:47)

Toujours inégaux face à la mort

L'espérance de vie progresse mais les inégalités entre cadres et ouvriers se maintiennent. L'Insee publie une enquête, le détail.
Par LIBÉRATION.FR

Au final, ça se termine toujours par des chrysanthèmes. (REUTERS)

On vit plus longtemps. Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, l'espérance de vie a progressé sans interruption: 82 ans pour les femmes, 78 pour les hommes. Ça c'est pour le cadre général. Quand on regarde dans le détail, les inégalités face à la mort ont la vie dure. L'Insee publie une étude sur le sujet (à consulter ici in extenso). Voici ce qu'il en ressort, en quatre points.

L'espérance de vie progresse pour tout le monde

En un quart de siècle, les hommes de 35 ans ont gagné cinq années d'espérance de vie et les femmes quatre ans et demi. A 35 ans, une femme peut espérer vivre en moyenne encore 49 ans (jusqu'à 84 ans, donc) et un homme 43 ans (jusqu'à 78 ans). La baisse de la mortalité a profité à peu près de la même façon à toutes les catégories sociales : les femmes ont ainsi gagné entre 3,9 et 4,8 ans selon leur catégorie sociale et les hommes de 4,3 à 5,5 ans

De fortes inégalités sociales face à la mort

6,3 années, c'est l'écart d'espérance de vie entre les hommes cadres et ouvriers. Les hommes cadres de 35 ans peuvent espérer vivre encore 47 ans (soit jusqu'à 82 ans) et les hommes ouvriers 41 ans (soit 76 ans). L'écart existe de la même manière pour les femmes.
L'espérance de vie d'une femme cadre de 35 ans est de 52 ans (87 ans) tandis que celle d'une ouvrière n'est que de 49 ans (soit 84 ans).«L'espérance de vie des ouvrières d'aujourd'hui correspond à celle des femmes cadres au milieu des années 80», pointe l'Insee.
Cliquez ici pour voir le tableau en grand.
Signe inquiétant, les inégalités se maintiennent. On aurait pu espérer qu'elles s'estompent avec le temps, mais non. Les écarts d'espérance de vie entre catégories sociales sont stables depuis vingt-cinq ans. «Aujourd'hui, la probabilité de mourir entre 35 et 80 ans serait ainsi 1,21 fois plus élevée pour les hommes ouvriers que pour l'ensemble des hommes, à structure par âge identique», indique l'Insee. «Depuis le début des années 1980, cet indice est proche de 1,2 pour les hommes ouvriers et de 0,6 pour les hommes cadres.»

Les ouvrières vivent plus longtemps que les hommes cadres

Les femmes vivent plus longtemps que les hommes, quelle que soit leur catégorie sociale. «Même les ouvrières, les femmes les moins favorisées en termes d'espérance de vie vivent en moyenne 1,5 année de plus que les hommes cadres», note l'Insee.
Pourtant, rappelle l'Institut de la statistique, elles cumulent plusieurs facteurs défavorables pour la santé comme la pénibilité de certaines conditions de travail ou des revenus inférieurs à ceux des hommes cadres. En contrepartie, elles ont certains comportements de santé plus favorables que les hommes cadres, rappelle l'Insee: elles consomment moins d'alcool et fument moins après 60 ans.

Ces inégalités que l'espérance de vie ne montre pas

L'espérance de vie est une moyenne. Avec ses biais, comme toute moyenne. Ainsi, cela ne met pas en évidence le risque de mourir précocement. Là encore, ouvriers et cadres ne sont pas égaux. «Un homme de 35 ans, soumis toute sa vie aux conditions de mortalité de 2000-2008, a 13 % de risque de mourir avant 60 ans s'il est ouvrier (contre 6 % s'il est cadre).» Un ouvrier sur deux n'atteindrait pas 80 ans, contre un cadre sur trois.
Vivre oui, mais dans quelles conditions ? Sans surprise que les cadres, hommes et femmes, ont une «espérance de vie sans incapacité» plus longue que les ouvriers.
En revanche, les différences de mortalité entre les cadres et les ouvriers s'atténuent avec l'avancée en âge. «A 45 ans, le risque de mourir dans l'année est 2,5 fois plus fort pour un homme ouvrier que pour un cadre, à 90 ans, ce risque n'est plus que 1,4 fois plus important.»