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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 27 novembre 2010

La métamorphose du pétard
24 novembre 2010
par Benjamin Campion

Cette note dévoile quelques aspects de l’intrigue de Nurse Jackie, de Rubicon, de Weeds et de Breaking Bad.

Assis sur le banc d’un parc, Walter Bishop s’allume tranquillement un petit “splif”, il tire une taffe et le tend à Nina Sharp. En souvenir de leurs jeunes années, où ces deux-là ont fumé (du moins on le suppose) de l’herbe qui fait rire. Etranges images de Fringe. Il n’y a pas d’âge pour consommer des substances illicites et la scène peut prêter à sourire. Elle peut également indigner, ce qui est compréhensible, mais je ne trancherai pas ce débat. Admettons que si la dépendance aux drogues (celles qui poussent dans les champs et celles qu’on trouve dans l’armoire à pharmacie) peut être considérée comme un fléau, elle est avant tout une bénédiction pour les scénaristes.

Les substances prohibées se sont largement généralisées dans les séries télévisées, suivant en cela une tendance visible dans la société. L’accès au cannabis, par exemple, est devenu une banalité au cours des 20 dernières années, il n’y a donc rien d’étonnant à ce que la toxicomanie et la drogue s’imposent comme axes de fictions aussi différentes que The Wire, Weeds, House, Nurse Jackie, Breaking Bad… mais aussi, concernant l’alcool, Boardwalk Empire (sur la Prohibition) et Mad Men.

Que les séries parlent de ces comportements “addictifs” n’est pas gênant en soi. C’est plutôt la manière dont elles en parlent qui peut interroger. Force est de constater que Matthew Weiner a parfaitement assimilé l’élégance de la fumée s’échappant d’une cigarette et le bruit des glaçons s’entrechoquant au fond d’un verre de Martini. Cela lui permet de rendre un vibrant hommage à la Nouvelle Vague, au cinéma hollywoodien d’après-guerre et au néoréalisme italien. Paradoxalement, le réalisme dans ce cas n’est pas de mise. Beaucoup repose sur l’esthétique. Difficile d’imaginer Don Draper bedonnant et le souffle court, mourir d’une crise cardiaque d’ici une dizaine d’années. En attendant, le bougre conserve un corps d’athlète, son pouvoir de séduction auprès des femmes (même si Peggy Olson le rappelle à l’ordre) et réussit l’exploit de gravir tous les étages de la tour Sterling-Cooper sans défaillir, pendant que ce bon vieux grisonnant de Roger crache ses poumons.

Poudre aux yeux


Dans Nurse Jackie, il ne faut pas moins de deux saisons à Kevin Peyton pour comprendre que son épouse n’est pas seulement une infirmière avisée et une maman affectueuse, mais aussi une accro à quelques substances prescrites uniquement sur ordonnance et au Vicodin (un mal qu’elle partage avec l’un de ces médecins qu’elle trouve si arrogants: Gregory House). Si bien qu’on en vient plus à se préoccuper de ses adultères et des troubles sociaux de sa fille aînée que des risques pour sa propre santé. L’effet est même garanti lorsque Jackie déclare d’entrée de jeu, avec une pointe de provocation qui suffit à piquer la curiosité: “Seize granules. Ni plus ni moins. Un petit coup de fouet et ça repart“. Comme si elle avalait un Mars ou une canette de Red Bull. Rien de bien méchant, en somme ! “Quand on se fout de la morale, le moral est meilleur“, déclarait à ce titre le poète et chansonnier Albert Willemetz.

Tanya MacGaffin se remet, pour sa part, drôlement bien de ses passages répétés aux toilettes dans Rubicon (”Détendez-vous, je ne vais pas me mettre à sniffer des rails de coke sur la table“, rassure-t-elle ses collègues à son retour au bureau). De même Charlie Pace, surpris à se poudrer le nez dans les toilettes du vol Oceanic 815, ne doit pas ses pires convulsions à une violente rechute entraînée par la découverte inopinée de statuettes de la Vierge Marie contenant des sachets d’héroïne dans Lost. Quant à Tommy Gavin (Rescue Me), Jeremy Darling (Dirty Sexy Money), Hank Moody (Californication), les compères de Bored To Death ou la bande de potes d’Entourage, l’absorption inconsidérée de tout ce qui leur passe sous le nez ne semble pas tant constituer un objet de souffrance qu’une aide salutaire dans leur course frénétique vers l’avant.

Côté dealers, qu’ils s’appellent Nancy Botwin (Weeds) ou Walter White (Breaking Bad), ils ont d’autres chats à fouetter que de s’inquiéter des effets dévastateurs de leurs substances sur la clientèle. L’effet de la weed, devenue le logo emblématique de la série de Jenji Kohan, est d’ailleurs minimisé par la consommation comique qu’en font Doug Wilson, Andy Botwin ou son cousin ado Silas. Walter White peut lui se targuer de produire la méthamphétamine la plus pure du pays, un gage de qualité qu’on imagine destiné à rassurer les clients sur la violence des effets secondaires… Il est d’ailleurs assez symptomatique de constater que Jane, la petite amie de Jesse Pinkman, s’étouffe dans son vomi après une injection d’héroïne et non après avoir consommé de la meth fabriquée par Walter dont on ne voit que rarement les effets négatifs.

Bref, se droguer c’est dangereux. Les séries n’occultent pas ce constat (Lou Ashby meurt d’une surdose dans la saison 2 de Californication), mais les ravages liés à la toxicomanie sont le plus souvent édulcorés, voire présentés comme ne pouvant s’exprimer qu’à moyen terme, dans un avenir indéterminé et d’une manière relativement floue. On est donc très loin de la réalité sordide des dealers que voulait montrer The Wire ou de celle des drogués errant au coin de la rue dans The Corner. Et à des années-lumière des junkies de Requiem for a Dream, de Las Vegas Parano ou de 99 francs finissant avec un bras en moins ou la cervelle en bouillie.


Rejoignant le constat fait depuis longtemps par David Simon, un excellent article paru dans Le Monde daté du 24 novembre montrait comment le trafic de stupéfiants est devenu “partie intégrante de l’économie d’une partie des quartiers défavorisés“.

L’eau ferrugineuse

Prenant exemple sur la levée de la Prohibition par le président Roosevelt en 1933, certains font valoir que la légalisation des drogues dites douces pourrait constituer une solution, en réduisant l’intérêt du trafic. Une motion en ce sens a été rejetée par 56% des électeurs californiens lors des élections de mi-mandat au début du mois, malgré un puissant lobbying (quoique tardif) et un usage déjà autorisé dans le cadre médical. Cela témoigne des interrogations qui entourent la toxicomanie et de la difficulté de trouver un terrain d’entente sur un sujet qui demeure particulièrement sensible.

Concernant les drogues dites dures, l’injection supervisée dans des “salles de shoot” reste à l’état de simple réflexion de ce côté de l’Atlantique, malgré l’aval de l’ex-ministre de la Santé Roselyne Bachelot et la présentation récente des conclusions d’un an d’étude réalisée par l’association des élus pour la santé publique et le territoire. L’objectif de cette initiative, en termes de santé publique, est de réduire les surdoses et les infections par le VIH ou l’hépatite, tout en offrant une véritable passerelle vers le soin médicalisé.

Comme le déclarait récemment le professeur David Nutt, ancien conseiller du gouvernement britannique sur les drogues, ce serait d’ailleurs l’alcool le mauvais élève, car “plus nocif que certaines drogues illégales comme l’héroïne ou le crack, si l’on tient compte de ses effets autant sur les individus que sur l’ensemble de la société“. Si le petit joint qu’on s’allume histoire de se détendre bénéficie toujours d’une représensation assez “cool”, c’est paradoxalement l’alcool qui traîne la plus sale réputation du paysage audiovisuel américain. Malgré tous les efforts esthétiques de Matthew Weiner pour l’habiller d’une robe plus distinguée, il demeure le plus souvent associé à la notion de déchéance.

Jack Shephard (Lost) devient une épave après s’être évadé de l’île des disparus en traînant le boulet de ses remords derrière lui. Abby Lockhart (E.R.) peine à prendre des distances définitives avec le goulot, tiraillée qu’elle est entre sa mère bipolaire, ses patients déprimants et ses amours contrariées. Bree Van De Kamp (Desperate Housewives) noie le chagrin de la perte de son époux et le tracas causé par les déboires de ses enfants indisciplinés dans une bouteille de blanc… par jour. Quant au clan Gavin de Rescue Me, la bouteille leur sert de tuteur et ses membres obéissent au vieux diction du “hair of the dog“.

Un verre, c’est trop. Trois verres, ce n’est pas assez


Les héros de séries télévisées ont souvent l’alcool mauvais, et rares sont les fictions à oser encore jouer la carte des vertus euphorisantes et désinhibantes d’un bon tord-boyaux, si ce n’est dans le pur registre comique comme l’illustre Raj (The Big Bang Theory) à qui il suffit de croquer dans un baba au rhum pour perdre toute gêne vis-à-vis de la gente féminine. Faut-il voir dans cette timidité générale une perte de l’innocence de l’alcool, accusé numéro un des accidents de la route, pointé du doigt par des campagnes publicitaires à vous donner froid dans le dos (”Tu t’es vu quand t’as bu ?“). L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, vous prévient-on en vous vantant hypocritement les mérites d’une bière. C’est en premier lieu un problème sociétal pris en charge par de multiples associations telles que les Alcooliques anonymes, dont les fameuses réunions en cercle ont été déclinées sous toutes les formes possibles et imaginables à la télévision.

Il n’en fallait pas plus pour susciter la parodie, à commencer par celle proposée par True Blood dont le lancement s’accompagna en 2008 de fausses publicités vantant les mérites d’une boisson à base de sang synthétique inventée par des scientifiques japonais: le Tru Blood. La boisson comme palliatif aux pulsions les plus irrépressibles de l’être humain (”Real blood is for suckers“), voilà un concept audacieux… et l’on peut dire que la vaste campagne de marketing virale organisée autour de la nouvelle série d’Alan Ball sur HBO aura largement atteint son but ! Ce sont les producteurs de houblon qui ont dû se frotter les mains.

Lancée début 2007 sur la chaîne britannique E4, Skins faisait, elle, le pari du réalisme en montrant les comportements de certains adolescents à l’égard de l’alcool et de la drogue. Pour justifier les abus commis, les créateurs Jamie Brittain et Brian Elsley présentaient des jeunes de Bristol qui cherchaient à oublier leur situation familiale difficile en se réfugiant dans le binge drinking (la cuite immédiate), pratique importée de Grande-Bretagne. La série fut, paraît-il, à l’origine d’un phénomène dans les soirées de jeunes. Admettons. Mais il semble que ceux-ci n’aient pas attendu la diffusion de celle-là pour expérimenter la beuverie. Malgré tout, le sujet est désormais considéré de santé publique par le Royaume-Uni et l’Irlande, et pris très au sérieux par la législation française confrontée à une recrudescence des open bars et des soirées étudiantes se terminant mal.

Tous recalés au contrôle anti-dopage

Pour justifier sa toxicomanie, chacun y va d’ailleurs de son excuse qui tente de ménager sa mauvaise conscience: John Cooper (Southland), Gregory House et Jackie Peyton ont des douleurs chroniques les orientant naturellement vers la prise d’analgésiques. John Carter (E.R.) devient accro aux antidouleurs après avoir été poignardé dans le dos par un patient schizophrène. Quant à Walter White (Breaking Bad) et Nancy Botwin (Weeds), pèsent sur leurs épaules des difficultés personnelles les poussant à se couper de leurs proches et à se débrouiller par eux-mêmes: un cancer du poumon en phase terminale, un fils handicapé et une femme enceinte pour l’un, un mari décédé et deux enfants adolescents à charge pour l’autre. Autant de problèmes qui viennent se greffer à une crise financière sans précédent, rendant d’autant plus forte l’attraction de valises remplies d’argent sans avoir à braquer une banque ou à s’accoquiner avec une riche héritière d’une grande marque de cosmétique.

Weeds n’hésite pas à pousser l’hypocrisie de son héroïne (d’accord, elle était facile…) jusqu’au paroxysme lorsque l’ingénue Nancy s’insurge de découvrir des armes à feu, de la cocaïne et des filles transiter par le tunnel caché dans la remise de la boutique de prêt-à-porter pour femmes enceintes dont elle assure la couverture. Du shit ? “Bien…” De la coke ? “Pas bien !“. Il y aurait donc une gradation dans l’acceptable, alors qu’au risque de passer pour un rabat-joie on pourrait faire valoir que tout produit modifiant la perception et la conscience de l’homme n’est pas libérateur mais aliénant. Là encore, le débat est ouvert et les arguments qu’offraient Charles Baudelaire dans les Paradis artificiels ou encore Henri Michaux dans Connaissances par les gouffres sont recevables.
Le Monde des Séries


La députée de Nogent revient au gouvernement

Marie-Anne Montchamp, porte-parole de République solidaire, le mouvement de M. de Villepin, a été nommée hier soir secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale.
LAURE PARNY ET DENIS COURTINE

C’est la deuxième fois qu’elle entre au gouvernement. Hier soir, Marie-Anne Montchamp a été nommée secrétaire d’État auprès de la ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale, Roselyne Bachelot. A 53 ans, la députée UMP de la 7e circonscription (Nogent, Joinville, Saint-Maur-Ouest, Champigny-Ouest), qui va laisser son siège au maire de Joinville (voir encadré), retrouve ainsi l’un de ses domaines de prédilection.

A l’Assemblée nationale, elle appartenait à la commission des Finances et avait été nommée rapporteuse sur le budget de la Sécurité sociale. Un temps pressentie pour occuper les fonctions de ministre de la Santé, Marie-Anne Montchamp redevient finalement secrétaire d’Etat et devait définir hier le périmètre de ses fonctions.
Elle avait déjà été secrétaire d’État aux Personnes handicapées, dans le gouvernement Raffarin, en 2004 et 2005. « Cette mission s’inscrit dans la continuité de mon engagement constant au service des plus fragiles et de ceux qui peinent à trouver leur place dans notre société, commentait hier soir la nouvelle secrétaire d’Etat dans un communiqué. C’est donc avec conviction et émotion que je mènerai, avec Roselyne Bachelot-Narquin, ce chantier majeur pour créer et promouvoir de nouvelles formes de solidarités. »

La porte-parole de République solidaire, le mouvement politique fondé, avec elle, par Dominique de Villepin, le 19 juin, signe ainsi son retour dans les petits papiers de l’UMP. Un coup dur pour l’ancien Premier ministre. Marie-Anne Montchamp aurait d’ailleurs pris ses distances avec lui lors de la polémique qu’il avait provoquée la semaine dernière sur Nicolas Sarkozy. « Elle marche sur des œufs depuis quelque temps, n’ose plus par exemple prendre position contre Jacques JP Martin », commente Michel Gilles (Nouveau Centre), à ses côtés sur la liste qu’elle avait menée lors des dernières municipales contre le maire UMP de Nogent.

Lui, en tout cas, la déteste toujours autant. « Ceux qui ont pris la décision de la nommer ont fait une grave erreur, estimait hier soir Jacques JP Martin. Je les avais pourtant prévenus. Ils pensent peut-être qu’ils font une prise de guerre à Dominique de Villepin. Mais on ne peut pas récompenser une attitude qui relève de la traîtrise. Je connais cette femme depuis longtemps. Elle n’est pas fiable. Encore moins dans un gouvernement. Ceux qui l’ont nommée se sont fait bluffer. Je leur souhaite bon courage pour gérer une telle recrue. » Marie-Anne Montchamp n’a pas souhaité répondre hier soir aux propos du maire de Nogent.



mercredi 24 novembre 2010

Témoignages
Il y avait eu des blagues pas toujours drôles avant, quelques gestes un peu déplacés, les autres étudiants ont fait semblant de ne rien voir, c’était mon prof…

La honte doit changer de camp !


CHAQUE ANNÉE EN FRANCE, PLUS DE 198 000 FEMMES SONT VICTIMES DE VIOL OU DE TENTATIVE DE VIOL.
75 000 SONT VIOLÉES.
JE SUIS L’UNE D’ELLES, JE PEUX ÊTRE L’UNE D’ELLES


Chaque acte sexuel forcé est un instrument de déshumanisation. Il est une négation de notre volonté, le mépris de notre consentement. Les hommes ne sont pas plus que les femmes régis par des « pulsions sexuelles irrépressibles ». Le viol n’a rien à voir avec un désir soi-disant incontrôlable.
Il est une humiliation, une appropriation, une domination des hommes sur le corps et le sexe des femmes et des filles. Plus de 75 000 femmes violées par an : il ne s’agit pas seulement d’une somme de crimes isolés, à classer dans les faits divers, mais une marque que notre société reste profondément inégalitaire dans les relations femmes-hommes.
Sous l’effet de la peur, de la pression de notre entourage, de la volonté d’oublier, une majorité d’entre nous n’a pas porté plainte. Nous dénonçons la tolérance de notre société vis-à-vis du viol. En France, on estime que seulement 2% des violeurs sont condamnés.
Nous dénonçons la stigmatisation des victimes de viol qui doivent trop souvent affronter dénégations, accusations et rejet. Nous refusons de nous laisser culpabiliser sur notre tenue, notre comportement, nos fréquentations. Aucune honte ne doit peser sur nous. Nous devons être entendues sur ce que nous avons subi. Le viol est un crime. Les agresseurs doivent être jugés et condamnés.
Une femme sur 10 a été violée ou le sera au cours de sa vie. Dans 8 cas sur 10, l’agresseur est connu de la victime. Le viol n’est pas une fatalité. Il est le signe d’une société profondément sexiste.
Cette réalité peut changer. Cette réalité doit changer !
Nous refusons que la peur du viol imprègne notre quotidien et nos comportements. Nous voulons être pleinement libres dans l’espace privé et dans l’espace public.

SIGNEZ LA PÉTITION !


Nous exigeons :

Des moyens financiers supplémentaires des pouvoirs publics pour la prise en charge des victimes ainsi que pour soutenir les associations qui luttent au quotidien contre les violences faites aux femmes.
Une prise en charge des soins à 100 % pour les victimes lorsqu’elles sont majeures et la gratuité des soins pour les mineures, aujourd’hui insuffisamment appliquée.
Une formation des professionnels des secteurs social, judiciaire, médical, éducatif à la prise en compte des violences sexuelles et sexistes : dépister, prendre en charge, réprimer, prévenir.
Des campagnes d’information et de prévention des violences sexuelles en direction du grand public notamment à l’école, dès le plus jeune âge.
Un jugement des crimes sexuels exclusivement en cour d’assises.
Une enquête systématique à la suite des plaintes pour crimes ou délits contre la personne.

Vous avez été victime ?
Pour être aidée, tout en gardant l'anonymat, vous pouvez appeler la permanence téléphonique : Viols Femmes Informations
0 800 05 95 95
du lundi au vendredi de 10 à 19 heures, appel gratuit pour toute la France, y compris les DOM/TOM.

Vous avez été victime de viol, ne restez pas seule, ne gardez pas le silence. Silence et secret ne profitent qu'aux agresseurs.
Cherchez de l'aide et faites valoir vos droits en contactant :
  • La police au 17
  • Viols-Femmes-Informations 0 800 05 95 95
  • Du lundi au vendredi de 10 à 19 h
  • Numéro d'appel gratuit France et Outre-Mer
Si une femme vous confie avoir été violée, vous pouvez lui dire :
  • Je crois ce que vous me dites vous êtes très courageuse de m'avoir parlé
  • L'agresseur n'avait pas le droit de vous contraindre.
  • Le viol est un crime et son auteur est seul responsable de cet acte, vous n’y êtes pour rien.
  • Vous avez raison de faire valoir vos droits, je vais vous aider à trouver de l'aide.

Marie Pezé : au chevet du travail

Son bureau est bourré de dynamite. "J'ai de quoi faire sauter toutes les entreprises françaises", prévient-elle. Boutade, évidemment, mais il y a bel et bien de la matière explosive derrière les portes de son armoire métallique. Des dizaines de dossiers sur des femmes et des hommes essorés par le boulot : secrétaires harcelées, ouvrières soumises à des cadences infernales, cadres rongés par des pulsions suicidaires... Déballés sur la place publique, ces récits feraient voler en éclats la réputation de nombreux groupes.

Mais Marie Pezé ne cherche pas à jouer aux poseurs de bombe. Elle écoute les victimes de l'horreur économique et les aide à se remettre debout. Au centre d'accueil et de soins hospitaliers (CASH) de Nanterre, elle dirige une consultation, "souffrance et travail", qu'elle a ouverte en 1997. C'était une première en France, à l'époque.

Chaque année, Marie Pezé reçoit environ 900 personnes. De ces rencontres, la psychanalyste et docteur en psychologie a tiré un livre terrible, Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés (Village mondial, 214 p., 17 euros). Son titre est le même que celui du documentaire de Marc-Antoine Roudil et Sophie Bruneau, sorti en salle en 2006. Le film présente plusieurs entretiens entre salariés et cliniciens enregistrés dans des consultations spécialisées - dont celle du CASH de Nanterre.


  
Dès les premières lignes, Marie Pezé met en garde le lecteur : "Vous n'en sortirez pas indemne." Elle a raison. Page après page, elle décrit une "orgie de violence sociale". Il y a Carole, secrétaire sous les ordres d'un chef obsessionnel, qui exige que les timbres soient collés à quatre millimètres du bord de l'enveloppe. Ou Eliane, délogée de son poste d'assistante après un congé-maternité, qui se "débat" pour retrouver sa place. Malgré tous ses efforts, la DRH refuse de lui accorder la moindre promotion. Sous le choc, Eliane fait un malaise à la sortie de son entreprise ; le SAMU ne parviendra pas à la réanimer...

Difficile à croire. Et difficile de s'en remettre. D'ailleurs, Marie Pezé ne s'en est pas remise. Face à toutes ces situations d'urgence, son corps a réagi : perte de l'usage du bras droit, effacement du goût et de l'odorat... Une longue dégringolade "dans le trou noir de la décompensation". Pour retrouver la sensibilité de ses doigts, elle a pétri de la terre. De cet exercice sont, peu à peu, sorties des représentations de corps torturés par la douleur. Ceux qui la connaissent bien parlent avec admiration des "visages" qu'elle a façonnés.

Aujourd'hui, Marie Pezé va beaucoup mieux. Mais elle a toujours au fond de sa poche un petit boîtier transparent rempli de comprimés oblongs. Une prise "toutes les trois heures", soupire-t-elle, avant de faire passer la pilule avec un verre d'eau.

Au départ, rien n'indiquait que cette femme au beau visage, éclairé par deux yeux bleu myosotis, s'intéresserait, un jour, aux éclopés du "productivisme". Sa carrière a démarré fin 1973 au CASH de Nanterre, dans le service d'un chirurgien de la main. Pendant des années, elle a accompagné des personnes victimes de lésions. Puis des patients d'un nouveau type ont débarqué à partir des années 1990 : des caissières, des employées de crèche qui se plaignaient de douleurs aux bras, à la nuque, etc. "Je ne comprenais pas ce qui se passait, il me manquait des concepts", raconte-t-elle. Elle se plonge dans les livres de Christophe Dejours, qui occupe alors la chaire de psychologie du travail au Conservatoire national des arts et métiers (CNAM). "Ce fut une illumination."

Marie Pezé réalise que l'organisation du travail peut être "pathogène". Au-delà de quelques hiérarques retors sévissant ici et là, le fond du problème, selon elle, se situe dans "l'idéologie managériale" qui se propage dans le monde de l'entreprise. Les salariés sont de plus en plus seuls et assujettis à des objectifs qu'ils ne peuvent pas atteindre, souligne-t-elle.

Progressivement, la consultation qu'elle assurait au CASH de Nanterre se réoriente vers les pathologies du travail. "J'ai pris la tangente", résume-t-elle. Un peu comme sa grand-mère, bergère dans un village troglodyte du Piémont italien, qui décida d'émigrer vers la France, à l'âge de 20 ans, avec quatre enfants sous le bras. La famille s'installe dans la région de Cannes. De condition modeste, le père et la mère de Marie Pezé furent longtemps employés comme domestiques dans une riche propriété.

Leur fille cadette est montée à Paris pour poursuivre ses études. En 1980, elle soutient sa thèse de doctorat, sur l'Approche psychosomatique des lésions en chirurgie de la main. Un savoir aussi pointu pourrait servir à épater la galerie, tenir à distance. Marie Pezé témoigne, au contraire, d'une qualité d'écoute qui frappe ses interlocuteurs - amis, relations de travail ou patients. "Elle est posée, calme, toujours disponible, patiente", énumère une ancienne salariée de l'industrie chimique, suivie à Nanterre pendant près de deux ans.

Dans sa pratique quotidienne, Marie Pezé a tricoté un réseau avec toutes sortes de partenaires : inspecteur du travail, médecin traitant, caisse primaire d'assurance-maladie... Ce "travail de lien" évite à des salariés en souffrance d'être ballottés d'un service à un autre. Pour enrichir sa réflexion sur la prise en charge des patients, elle s'implique dans un petit groupe informel qui réunit divers spécialistes : avocat, médecin du travail, etc. Aujourd'hui, une vingtaine de consultations existent en France, calquées, peu ou prou, sur le modèle de la structure fondée à Nanterre. Marie Pezé a ouvert une voie.

"Ce qu'elle fait est très original mais son discours sur l'organisation du travail est un peu taillé à la serpe. Elle se situe dans une dénonciation qui n'aide pas les acteurs à modifier leurs pratiques", juge Damien Cru, professeur associé d'ergonomie à l'Institut des sciences et techniques de l'ingénieur d'Angers (Istia).

La psychanalyste n'hésite pas à prendre position sur certaines politiques publiques. Rendu en mars, le rapport de Patrick Légeron, psychiatre, et de Philippe Nasse, vice-président du Conseil de la concurrence, préconise la construction d'un "indicateur global" sur le stress professionnel. Une idée reprise par le gouvernement. "Le chiffrage, la quantification vont lisser encore la compréhension de la situation", craint-elle.

Mais l'important n'est sans doute pas là pour les patients de Marie Pezé. Bon nombre d'entre eux préfèrent exprimer leur reconnaissance. "Elle m'a rendu à ma féminité, assure Fatima Elayoubi. Elle a réparé mon âme." Proche de la soixantaine, une femme, qui ne souhaite pas dévoiler son identité, confie : "Je lui dois la vie."
Bertrand Bissuel

Parcours

1951
Naissance à Cannes (Alpes-Maritimes).

1973
Commence à travailler à l'hôpital de Nanterre.

1980

Soutenance de sa thèse.

1997
Ouverture de la consultation "souffrance et travail".

2007

Nommée expert près la cour d'appel de Versailles.

2008

Sortie d' "Ils ne mouraient pas tous mais tous étaient frappés".


Article paru dans l'édition du 16.09.08
Mal-être et malaise dans la psychiatrieMidi-Pyrénées
Pierre Challier et Sébastien Barrère

le 24/11/2010
Manque de moyens, pénurie d'infirmiers, dérives du discours sécuritaire, exigences de rentabilité: la politique de santé rend malades les soignants du secteur psychiatrique.

Le malaise dans la psychiatrie ? Patent dès le premier coup de fil. « Comprenez-moi. C'est déjà dur tous les jours au boulot... si je vous parle, je vais en prendre plein la gueule et j'ai une famille, des enfants… » répond la voix d'infirmier qui décline le rendez-vous. Ambiance…

Un cas isolé ? Voire. Car secret de polichinelle, aujourd'hui, l'institution psychiatrique va mal en France. Et Midi-Pyrénées n'échappe pas à la règle. L'approche humaniste qui prévalait depuis l'après-guerre ? La «rentabilité» veut la ranger au rayon « souvenirs ».

« On attend de plus en plus de soignants de moins en moins formés. Une psychiatrie sécuritaire. », résume ainsi Roland Cazeneuve. Qui, à l'instar de ses collègues, n'a jamais signé pour « ça ». Lui ? Il est cadre de santé à l'hôpital de Lannemezan et infirmier psychiatrique depuis 1978. à 54 ans, il appartient à la génération qui a passé un diplôme spécifique pour exercer son métier. « Mais depuis 20 ans, la politique d'austérité veut qu'on ne forme plus d'infirmiers psychiatriques, ce qui a aussi été un moyen de s'attaquer à la psychiatrie publique » explique-t-il.

Alors concrètement… « Le soignant fait ce qu'il peut » poursuit-il comme certains jours l'infirmier «généraliste» se retrouve seul avec deux aides-soignants pour 25 malades. Et qu'à la formation insuffisante, au manque de psychiatres, au déficit de lits, s'ajoute désormais la tension constante de l'urgence.

« Le souci, c'est l'intensification des hospitalisations dans un contexte de raccourcissement des temps de séjour. On ne voit plus les malades qu'en situation de crise et la crise passée, ils ressortent jusqu'à la prochaine.

Or la psychiatrie, ça ne se résume pas à des cachets et à une camisole chimique : il faut du temps. Pour écouter le patient, entamer de vrais soins; pour que les équipes parlent de chaque cas notamment lorsqu'elles se transmettent le service.

Or ce temps-là, on ne l'a plus, d'où les risques d'erreur, la mise en danger potentielle des malades et les personnels épuisés, aussi. », détaille Roland Cazeneuve, notant comme tous « la dérive sécuritaire » vers laquelle on veut entraîner la psychiatrie, sans l'avouer, comme on recriminalise le malade mental.

Du coup « pleins de collègues écœurés partent vers le libéral » constate-t-il. Ou craquent dans des locaux dépassés, vétustes. « Redonner du temps, humaniser les lieux, reformer des spécialistes : l'urgence, elle est là», conclut-il.
Pierre Challier

La phrase
«Sur 10 personnes hospitalisées dans mon service psychiatrique à l'hôpital Marchant, neuf le sont d'office » Gérard Rossinelli, médecin psychiatre.

Le chiffre : 6 %Selon un rapport de l'Office parlementaire d'évaluation des politiques de santé, 6% de la population française aurait connu des troubles anxieux. 1,2 million de personnes bénéficient d'un suivi psychiatrique.


Marchant : 38e jour sous la tente
Des tentes, une caravane, un barbecue… L'entrée de l'hôpital Marchant, route d'Espagne à Toulouse, ressemble depuis cinq semaines à un campement de fortune. Pour protester contre la réforme des retraites, le personnel a décidé de « squatter » les lieux jour et nuit (1). « Cette action nous donne une certaine visibilité, explique Cyril Moulin, infirmier en psychiatrie. Beaucoup d'automobilistes klaxonnent en passant devant le camp en signe de solidarité ou nous donnent du bois pour alimenter le brasier. »

Des revendications sur les conditions de travail sont venues se greffer à la contestation contre la réforme des retraites. « Nous avons obtenu quelques avancées après de longues discussions avec la direction, reconnaît Claire, infirmière en psychiatrie. Mais, selon nos calculs, cinquante-quatre postes sont encore à pourvoir. »

Ces salariés « en colère » ont rendez-vous aujourd'hui avec Xavier Chastel, directeur de l'Agence régionale de la santé (ARS), et espère obtenir satisfaction. « Nous manquons cruellement de moyens financiers et humains, souligne Isabelle Morère, éducatrice spécialisée. C'est peut-être anecdotique, mais, dans mon service de pédopsychiatrie, les enfants ne peuvent plus manger de kiwis parce que les cuillères en plastique se cassent. »

Selon les syndicats, seuls 4 infirmiers veillent sur les patients du service long séjour, qui compte 47 lits. « Cette politique de rigueur a des répercussions dramatiques sur la qualité des soins dispensés », poursuit Isabelle Morère.

La grogne du personnel de Marchant pourrait se répandre aux autres hôpitaux toulousains. Des agents du service cardiologie de l'hôpital Rangueil et des aides-soignants de l'hôpital des Enfants de Purpan dénoncent également la « dégradation » de leurs conditions de travail.

Alors qu'il passera ce soir sa 38e nuit sous la tente, le personnel de l'hôpital Marchant assure qu'il fêtera « Noël au campement si rien ne bouge ».
Sébastien Barrère

(1) La direction de l'hôpital Marchant n'a pas souhaité s'exprimer.


L'expert : Gérard Rossinelli, psychiatre, expert auprès de la cour d'appel de Toulouse.

« Le syndrome Kleenex »


Le malaise de l'hôpital toulousain est-il symptomatique du malaise de la psychiatrie hospitalière en France ?


Oui. Le malaise est national. la psychiatrie hospitalière souffre en quelque sorte du syndrome Kleenex. On pleure mais on ne fait rien. Depuis la loi de juillet 2009, tout ce qui est médical est en quelque sorte inféodé à la maîtrise comptable des dépenses. Il y a incontestablement un manque de moyens. Quand quelqu'un arrive de lui-même aux urgences psychiatriques, l'hospitalisation se fait majoritairement dans les cliniques car l'hôpital est saturé.

Les personnels évoquent un manque de respect ou de reconnaissance ?


Un infirmier psychiatrique assume une charge difficile, travaille en 3x8, et, en effet, ne se sent pas vraiment considéré. La pression est forte, et puis ils ont le sentiment que la société est plus encline à occulter la folie, à la stigmatiser ou la pénaliser plutôt qu'à la soigner. Il est de plus en plus difficile de faire quitter l'hôpital à des malades.

Quelles seraient selon vous les solutions ?


Il faut réfléchir à une loi de santé mentale. Elle doit prendre en compte la spécificité de la psychiatrie dans ses différentes composantes. Les malades mentaux, plus fragiles et vulnérables, doivent être mieux considérés.


Ailleurs dans le Grand Sud


Dans le Tarn, le plus gros établissement psychiatriqu, la fondation Bon Sauveur à Albi (1 300 salariés), suit déjà un plan de retour à l'équilibre. L'établissement va avoir du mal à financer les 90 postes réglementaires nécessaires pour l'unité pour malades difficiles (UMD). Les Hautes-Pyrénées disposent d'une offre importante en matière de lits. Mais l'alternative à l'hospitalisation est plus faible (26 %) que sur le plan national (30 %).

La démographie médicale inquiète aussi avec des médecins âgés. En Ariège, le service psychiatrie est regroupé au CHAC (centre hospitalier Ariège-Couserans). Les conditions d'hospitalisation sont souvent dénoncées par les patients. L'Institut Camille Miret, à Leyme dans le nord du Lot, regroupe tout le secteur psychiatrique.

Sur Cahors, l'institut a ouvert des appartements thérapeutiques et un hôpital de jour pour adultes. La structure est l'un des plus gros employeurs du Lot avec 850 salariés. Au mois d'août, les délégués CGT de l'établissement avaient critiqué le manque de moyens. Dans l'Aveyron, le secteur pèse 850 salariés, 310 lits à l'hôpital Sainte- Marie de Rodez et 20 à Millau. Là encore, comme partout, sont pointés : le manque de moyens, le vieillissement des personnels médicaux et le problème du recrutement.

mardi 23 novembre 2010

"Le handicap psychique déstabilise le monde du travail" débat avec Claire Le Roy-Hatala, sociologue des organisations et spécialiste du handicap
Chat modéré par Audrey Garric
19.11.10
Quelles sont les obligations des entreprises françaises en matière d'emploi de personnes handicapées ?

Claire Le Roy-Hatala : La loi, pour être rapide, dit que les entreprises de plus de 20 salariés doivent employer 6 % de travailleurs handicapés, dans le privé et dans le public.

Mais, pour répondre à cette loi, le législateur a prévu différentes modalités : soit le versement d'une contribution à l'Association de gestion des fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées (Agefiph), soit l'emploi direct de 6 % de personnes handicapées, soit la signature d'un accord avec les partenaires sociaux, soit la signature d'une convention avec l'Agefiph pour le privé ou le Fonds pour l'insertion des personnes handicapées dans la fonction publique (Fiphfp) pour le public. Et l'autre obligation est la négociation annuelle avec les partenaires sociaux.

Enfin, depuis le 1er janvier 2010, les établissements non accessibles sont pénalisés financièrement.

Quelles conditions faut-il remplir pour pouvoir être considéré comme travailleur handicapé ?

Il faut avoir un certificat médical et passer devant la CDA (Commission des droits et de l'autonomie) au sein de la MDPH (maison départementale des personnes handicapées).

Les employeurs ne prennent en compte dans leur politique du handicap que les personnes qui ont cette reconnaissance de leur handicap par la MDPH. Or, un certain nombre de personnes ne souhaitent pas faire la reconnaissance de leur handicap, ou même communiquer cette reconnaissance dans leur entreprise, par peur d'être stigmatisées ou discriminées.

Pensez-vous que la loi du 11 février 2005 qui renforce l'obligation d'employer 6 % de personnes handicapées a rempli ses objectifs ?

Si on estime que l'objectif de la loi était qu'un plus grand nombre d'entreprises se mobilisent sur l'emploi de personnes handicapées, on peut dire que la loi a partiellement atteint ses objectifs, dans la mesure où il y a de moins en moins d'établissements qui ne font rien du tout sur la question de l'emploi, et qu'il y a de plus en plus d'établissements qui ont eu au moins une action en faveur de l'emploi des personnes handicapées.
On voit qu'il y a une petite augmentation et, d'après les derniers chiffres, 58 % des entreprises ont employé directement un travailleur handicapé.
En revanche, si on estime que la loi a rempli ses objectifs en matière d'inclusion, c'est-à-dire au sens d'un monde du travail totalement inclusif et capable de prendre en compte les besoins spécifiques des personnes handicapées, le bilan est plus mesuré.

Quels sont les freins qui persistent à l'emploi des personnes handicapées ?


Il y a un frein principal : la méconnaissance du handicap. On s'imagine que la personne handicapée est forcément lourdement handicapée et nécessite un aménagement de poste important.

Autre frein : cette reconnaissance de la qualité de travailleur handicapé (RQTH), qui est un frein pour les personnes et pour les entreprises, qui du coup se donnent pour objectif de prendre en compte uniquement les personnes qui ont le RQTH.

Quel est le principal enjeu selon vous, obtenir l'emploi de tous ou l'égalité au sein de l'entreprise ?


Il me semble qu'aujourd'hui l'enjeu pour les entreprises est peut-être de progresser dans la compréhension qu'elles ont de la loi, et peut-être envisager que cette obligation soit un levier et non un objectif en soi. C'est un moyen que le législateur donne aux entreprises pour atteindre l'égalité.

Les entreprises françaises sont-elles de piètres élèves en matière d'emplois de personnes handicapées ? Quelles sont les dispositions à l'étranger ?

La France est finalement dans une moyenne au niveau européen, sachant que la comparaison est difficile car il y a des pays qui n'ont pas de politique de quotas. On observe en gros qu'il y a des pays qui ont des logiques plus inclusives où l'objectif est la non-discrimination, et où finalement le handicap se fond dans le droit commun et, du coup, cela banalise le handicap dans l'emploi.

On observe dans ces cas-là que cela favorise l'emploi des personnes handicapées, avec peut-être une nuance : ces politiques-là sont-elles efficaces pour les personnes qui sont lourdement handicapées ?

Et il y a des pays qui ont des politiques de quotas plus ou moins respectées et, en fait, c'est souvent associé au montant de la pénalité en cas de non-respect de la loi. Je pense notamment à l'Allemagne ou à l'Italie, qui sont plus dans une logique de discrimination positive, dont on peut se poser la question de l'efficacité à long terme.

A-t-on connaissance des perspectives d'évolution des carrières des personnes handicapées ? Peuvent-elles évoluer ou restent-elles bloquées à des postes subalternes ?

C'est une réalité du monde du travail : les personnes handicapées aujourd'hui évoluent moins rapidement que les salariés non handicapés. Elles se heurtent à un plafond de verre, comme les femmes dans le monde du travail, et à un décalage de rémunération.

Vraisemblablement dans les années à venir, c'est l'enjeu pour les entreprises quelles qu'elles soient : assurer la durabilité et la pérennité de l'emploi des personnes handicapées, notamment en leur garantissant une évolution de carrière comparable aux autres salariés.

Ne pensez-vous pas qu'en matière d'insertion professionnelle on ne cherche pas à orienter certaines personnes handicapées dans des types d'emplois que l'on qualifie plus "accessibles" ou plus "à leurs portée" ? Est-ce que l'on peut parler alors de discriminations ?

Tout à fait. C'est une tentation humaine que de se dire : à un type de handicap va correspondre un type de postes.

Parce que c'est rassurant. Et avec cette logique, on a enfermé des personnes dans des parcours professionnels qu'elles n'ont pas choisis, et on a entretenu les stéréotypes tels que : une personne aveugle fera un très bon kiné, et une personne sourde fera un très bon comptable. Cela va complètement à l'encontre de la démarche inclusive, qui vise à inverser la logique et de se dire : il faut que raisonnablement on donne les moyens aux personnes handicapées d'aller vers le choix professionnel qui leur convient.

Est-ce que les travailleurs handicapés sont vraiment moins bien payés que les valides ? Et si oui, comment cette situation s'explique-t-elle ?

Statistiquement, les personnes handicapées ont des niveaux de rémunération légèrement inférieurs aux personnes valides, en tout cas dans certaines grandes entreprises. Ce que l'on peut faire comme hypothèse, c'est que, d'une part, l'entreprise n'arrive pas à faire évoluer les personnes handicapées de la même manière — je pense notamment à l'accès à la formation.

D'autre part, vraisemblablement, les personnes handicapées ont moins de revendications ou simplement d'attentes vis-à-vis de l'entreprise au niveau salarial et de l'évolution, dans la mesure où elles estiment parfois avoir déjà de la chance d'être embauchées.

Enfin, troisième élément : globalement, les personnes handicapées sont beaucoup moins diplômées et ont un niveau de formation beaucoup moins élevé que la population non handicapée.

Seuls 4 % des personnes handicapées sont diplômées des grandes écoles. L'action des entreprises ne doit-elle pas se situer en amont, notamment via des partenariats avec l'éducation nationale ?

C'est une tendance actuelle très forte, qui concerne aujourd'hui essentiellement de grandes entreprises mais qui tend à s'élargir à d'autres : justement, travailler à des partenariats entre les grandes écoles et les entreprises, entre les universités et les entreprises, pour favoriser l'accès aux études supérieures des personnes handicapées.

Avec cependant la question de savoir si ce n'est pas plutôt le rôle des pouvoirs publics de garantir cet accès à la formation que celui des entreprises.

Que pensez-vous du Pôle emploi et de ses dispositifs en matière d'insertion professionnelle des personnes handicapées ?

Pôle emploi est dans une conjoncture particulière avec la fusion entre l'Unedic et l'ANPE, qui avaient des politiques assez différentes sur le handicap. L'enjeu pour Pôle emploi est de proposer une politique du handicap harmonieuse, fédératrice, qui soit à la fois à destination des personnes handicapées demandeuses d'emploi, des salariés en interne handicapés, et des entreprises qui cherchent à recruter des personnes handicapées.

Aujourd'hui, il y a une espèce de contradiction entre Pôle emploi et les Cap emploi, qui sont des opérateurs de Pôle emploi mais qui sont sous la tutelle de l'Agefiph.

Des dispositifs pour favoriser l'emploi des personnes handicapées existent, mais il est souvent difficile pour les intéressés (ou leurs familles) de les identifier et de trouver le plus adapté. Comment améliorer l'accompagnement sur ce plan ?

Il me semble que cela passera par des dispositifs de droit commun. Au lieu de devoir aller à Cap emploi ou vers des dispositifs spécialisés pour les personnes handicapées, il faudrait mettre à disposition des services d'accompagnement dans les institutions communes telles que Pôle emploi, l'hôpital, l'école, les mairies, là où tout citoyen a l'habitude d'aller au cours de sa vie.

Y a-t-il des différences de traitement entre les catégories de handicaps ?

Les catégories de handicap n'existent pas. C'est une vue de l'esprit. La MDPH reconnaît que vous êtes handicapé ou pas, elle ne reconnaît pas que vous êtes handicapé psychique, moteur, etc. Car le handicap, ce n'est pas la maladie de la personne, c'est la façon dont elle retentit dans sa vie.

Du coup, il n'y a pas une catégorie de sourds, une catégorie d'aveugles. Par exemple, deux personnes sourdes ne vont pas du tout avoir le même handicap selon qu'elles ont appris la langue des signes ou qu'elles sont oralisées, ou selon qu'elles lisent sur les lèvres et selon le niveau de surdité.

Il est donc assez difficile de comparer des catégories. Aujourd'hui, certains types de handicap qui déstabilisent plus le monde du travail — je pense aux handicaps liés à des troubles psychiques.

Quelle est la situation pour les handicapés mentaux légers, qui peuvent travailler mais ont du mal à accéder à l'emploi ? Leur handicap est souvent moins facilement "reconnu" et surtout moins pris en compte par l'employeur…

C'est exact. Le système français s'est construit de façon que l'emploi des personnes handicapées mentales ne se fasse qu'en milieu protégé, dans des entreprises adaptées ou ESAT (établissements et services d'aide par le travail). Donc l'enjeu pour demain va être de se poser la question de l'emploi de ces personnes en milieu ordinaire.

Une grande partie des travailleurs handicapés n'ont pas un handicap lourd, mais a-t-on une idée, statistique du moins, du nombre de postes adaptés et avec quel type d'adaptation ? Quelle est la part de télétravail ?
Je n'ai pas de chiffres très précis. On sait qu'il n'y a que 15 % des situations qui nécessitent un aménagement de postes. On voit donc bien que le handicap ne concerne pas que des situations compliquées d'emploi et qu'il faut aussi s'interroger sur les handicaps invisibles, variables et évolutifs, qui ne nécessitent pas, en tout cas visiblement, un aménagement de poste.

Certaines maladies sont perçues plus négativement et risquent de subir une discrimination particulière. Comment annoncer par exemple qu'on est séropositif à son employeur ?

C'est une vraie question. L'enjeu est-il de dire à son employeur qu'on est séropositif ou bien de dire qu'on a un problème de santé qui fait qu'éventuellement on a besoin de s'absenter pour voir son médecin, ou d'un aménagement d'horaires de travail, ou d'une réorganisation de sa mission ?

Dans le second cas, cela devient plus facile, et on est bien sur le handicap, et non sur la maladie de la personne, qui ne regarde pas l'employeur. Après, il faut bien reconnaître qu'il y a certains types de maladies ou de pathologies qui font l'objet de davantage de tabous : par exemple le sida, et tout ce qui touche aux troubles psychiques.

La loi n'est pas suffisante. C'est le regard sur le handicap qu'il faut changer. Quelle est la place du handicap dans une société focalisée sur la performance ?

Pourquoi les personnes handicapées ne seraient-elles pas performantes ? L'enjeu est juste l'accessibilité universelle, c'est-à-dire qu'on soit capable de penser une société qui prenne en compte la diversité des participations et qui soit moins rigide dans les modèles qu'elle propose.


La logique d'adaptation progresse chez les employeurs
LE MONDE ECONOMIE | 15.11.10 |

Depuis 1987, la loi impose aux entreprises de plus de vingt salariés d'employer 6 % de travailleurs handicapés, mais ce taux n'a toujours pas atteint les 3 %, selon le département statistique du ministère de l'emploi (Dares).

Malgré tout, à la faveur d'accords collectifs, des grands groupes et des petites et moyennes entreprises (PME) commencent à prendre en compte l'intégration des handicapés dans leur politique de gestion prévisionnelle des emplois.

Sur la période 2009-2012, EDF a prévu que 4 % de ses recrutements concerneront des personnes handicapées, avec un minimum de 60 par an.

A la Sodexo, leader mondial de la restauration collective, ce sont 200 salariés, 70 apprentis et 150 stagiaires qui doivent intégrer l'entreprise d'ici à 2011, tandis que 93 personnes seront maintenues dans l'emploi. Des efforts équivalents doivent être réalisés chez Casino, Décathlon, Generali et les Caisses d'épargne.

"Avant de procéder à des recrutements, les entreprises communiquent d'abord en interne, prévient Sylvain Gachet, directeur des grands comptes à l'Association de gestion des fonds pour l'insertion professionnelle des personnes handicapées. Il faut sensibiliser les salariés, les managers et la direction générale au handicap pour lever les craintes et les tabous."

"Dans leur recrutement, ensuite, les entreprises doivent changer leur regard, s'intéresser davantage à l'expérience et au parcours qu'aux diplômes", poursuit Sylvain Gachet. Quelque 80 % des travailleurs handicapés n'ont pas le bac, et les entreprises peinent à trouver des candidats dotés du niveau de qualification souhaité. C'est pourquoi elles sont nombreuses à mettre en place des parcours de formation diplômante.

Schneider Electric a ainsi lancé le projet Salto, en 2009, pour développer l'insertion professionnelle dans l'industrie par la voie de l'alternance. La société de services informatiques Steria, elle, propose des contrats d'apprentissage pour former des développeurs handicapés au langage Java.

Le groupe de défense Thales travaille avec des centres de réinsertion professionnelle. "Après avoir formé les éducateurs de ces établissements à nos technologies, nous proposons à des handicapés des contrats en alternance de trois ans débouchant sur un diplôme d'ingénieur, dans les domaines de l'informatique, de l'électronique ou du logiciel, et une embauche dans nos équipes", explique Gérard Lefranc, directeur de la mission insertion de l'entreprise.

RÉORGANISER LES TACHES


Trouver le profil adéquat requiert aussi, de la part des entreprises, une recherche active en collaboration avec les organismes, associations et cabinets de recrutement spécialisés. Pour rencontrer des travailleurs handicapés, la Foncière des régions, une PME du secteur immobilier, participe ainsi aux Jobdating et Handicafés - rencontres professionnelles - mis en place par l'Association pour l'insertion sociale et professionnelle des personnes handicapées.

L'entreprise doit aussi accueillir, le 19 novembre, six chômeurs handicapés dans le cadre de l'opération "Un jour, un métier en action". "Ils découvrent nos services tandis que nous pouvons identifier les profils qui pourraient nous intéresser", explique Jean-Yves Thomas, directeur des ressources humaines du groupe.

Une fois le recrutement effectué, l'accueil du travailleur handicapé passe souvent par une adaptation du poste. "En réalité, seulement 15 % des embauches nécessitent un aménagement physique du poste. Le plus souvent, il s'agit de réorganiser les tâches", précise Sylvain Gachet. Chez ERDF, filiale d'EDF gestionnaire du réseau d'électricité, des logiciels permettent de grossir les textes ou de les transformer en braille. Des portes ont été élargies pour les fauteuils roulants.

Thales a remporté cette année le prix Ocirp (acteurs économiques et handicap), catégorie "acteurs privés cotés", pour ses actions en faveur des personnes autistes et souffrant de troubles cognitifs. "Nous avons fourni aux dyslexiques et dysgraphiques des systèmes de prise de notes à reconnaissance vocale ainsi que des logiciels de lecture des textes à l'écran. Des conventions de couleur permettent aussi aux dyspraxiques de se repérer sur les systèmes électroniques", explique Gérard Lefranc.

Au-delà du recrutement, l'une des actions essentielles des entreprises en faveur du handicap réside toutefois dans le maintien dans l'emploi. En effet, 85 % des personnes handicapées le deviennent au cours de leur vie, en moyenne à 45 ans.

Il s'agit donc de s'assurer qu'elles puissent conserver un poste, grâce à des bilans de compétences, des formations ou des reclassements. "Les horaires peuvent devenir plus flexibles pour permettre aux salariés d'aller à des rendez-vous médicaux ou de faire des pauses plus fréquentes. Un budget est aussi alloué à des aides personnelles, comme l'aménagement du logement ou du véhicule. Enfin, on envisage des changements de postes", détaille Gyslaine Prost, responsable de la mission handicap d'ERDF.

Ces aménagements, Ludovic Michel, 32 ans, en a bénéficié. En 2006, un accident vasculaire cérébral paralyse la moitié de son corps, l'empêche de marcher et de parler. Impossible, alors, de poursuivre son activité de conseiller clientèle chez GDF. Après deux ans de rééducation, il se voit embauché à ERDF, au Puy-en-Velay (Haute-Loire), sur un poste administratif, où il doit renseigner les entreprises de travaux publics et les communes sur la présence de réseaux électriques. "L'équipe a été formidable, raconte-t-il. Mes collègues m'ont tenu la souris de l'ordinateur le temps que je devienne plus autonome. J'ai aussi un téléphone avec kit mains libres et le photocopieur a été installé juste à côté de mon bureau."
Ces actions en faveur de l'environnement de travail des personnes handicapées permettent bien sûr aux entreprises de respecter la loi et d'améliorer leur image en termes de responsabilité sociale. "Mais ces initiatives contribuent aussi à améliorer les conditions des autres salariés et peuvent changer le climat au sein de la société", estime Sylvain Gachet.

Le cas Landru à la lumière de la psychanalyse

En 1919, le procès de Landru, ce «nouveau Barbe-Bleue» qui brûlait dans sa cuisinière les cadavres de ses maîtresses, connut un énorme retentissement. Cependant, au-delà de ses forfaits, dont la chronique se fit si largement l'écho, qui était le célèbre criminel ? Cet homme cultivé, très soucieux de sa famille, inventeur talentueux mais escroc sans envergure, qui étonna ses avocats et ses juges par son esprit et son sang-froid, reste bien difficile à cerner. Comment la personnalité de cet assassin énigmatique s'est-elle construite ? Qu'en est-il de ses affects, de sa vision du monde ? Landru était-il pervers, maniaco-dépressif ou schizophrène ?

S'appuyant sur les investigations et les expertises judiciaires de l'époque, Francesca Biagi-Chai reconstitue minutieusement les faits, enquête, à son tour, sur le cas complexe de Landru, et retrace sa biographie à la lumière de la psychanalyse. Elle décrit ainsi le lent développement d'une psychose, longtemps dissimulée sous une apparente normalité, dont les actes macabres coïncideront avec le temps de la guerre. Sa réflexion, ensuite élargie à d'autres affaires, met en relief l'affinité troublante des tueurs en série avec le monde moderne et pose en termes précis le problème délicat et très controversé du rapport de l'aliénation mentale et de la responsabilité pénale.

Francesca Biagi-Chai est psychanalyste, psychiatre des hôpitaux (CHS Paul Guiraud-Villejuif), enseignante à la Section Clinique (département de psychanalyse de l'université Paris-VIII), membre de l'École de la Cause freudienne et de l'Association Mondiale de Psychanalyse.

Jacques-Alain Miller est psychanalyste, membre de l'Ecole de la Cause freudienne, directeur du département de psychanalyse de l'université Paris-VIII, fondateur de l'Association Mondiale de Psychanalyse. Il rédige et édite Les Séminaires de Jacques Lacan (Le Seuil).
Syndicat des Psychiatres Français
Association Française de Psychiatrie

« La société du malaise : une nouvelle perspective pour la santé mentale ? »

À Paris, le 26 novembre 2010
, l’Association Française de Psychiatrie et le Centre d’épistémologie clinique de l’Hôpital Sainte-Anne proposent une réflexion sur ce thème, en interrogeant et discutant les positions originales avancées par Alain Ehrenberg dans son ouvrage "La société du malaise". Les perspectives développées peuvent-elles ouvrir de nouvelles voies pour les psychiatres dans leurs pratiques psychiatriques et psychothérapiques et dans leurs rapports avec la santé mentale ?

Par delà ce qu'il évoque concernant l'individualisme et la mutation de l'esprit des institutions, à travers le puritanisme et le self américain d'une part, et l'antilibéralisme français d'autre part, le livre d’ Alain Ehrenberg revisite en effet  le concept de santé mentale, notamment dans ses rapports à la psychiatrie. Partant de l’hypothèse que, dans les deux modèles qu’il compare, la santé mentale est, du point de vue sociologique, avant tout un traitement individualiste des passions, il ouvre sur de nouvelles perspectives concernant la place de la psychiatrie dans la prise en compte de cette dimension en tenant compte du changement du paradigme psychopathologique sur laquelle elle se fonde, qui, dans une perspective psychodynamique, mettrait l’état-limite et le conflit avec l’environnement à la place de la névrose et du conflit intrapsychique. Au moment où les rapports entre psychiatrie et santé mentale sont particulièrement interrogés en France et en Europe, s’agit-il de voies nouvelles pour la santé mentale ? Si oui, quelle place pour les psychothérapies dans ce cadre conceptuel ?
Le cerveau des femmes plus actif que celui des hommes
Par Charlotte Menegaux

Une chercheuse canadienne est arrivée à la conclusion que le cerveau masculin parvenait mieux à se reposer que celui des femmes. Elle livre ses explications au Figaro.fr.

Voilà une étude qui risque bien de réveiller quelques poncifs… La chercheuse canadienne Adrianna Mendrek, du Département de psychiatrie de l'Université de Montréal et du Centre de recherche Fernand-Seguin de l'hôpital Louis-H. Lafontaine, livre en substance ce constat : le cerveau des femmes est plus actif que celui des hommes.
Entre autres banalités on entend souvent que les hommes savent, mieux que les femmes, ne penser à rien. Cette «vertu» pourrait en réalité fait reposer sur un fait neurologique bien réel. Au repos, l'activité neuronale du cerveau appelé «réseau par défaut» est en effet plus grande chez les femmes que chez les hommes.
Est-ce à dire que le cerveau des femmes ne se repose jamais ? «En réalité, tous les cerveaux sont en perpétuelle activité, répond la chercheuse au Figaro.fr. C'est une question de niveaux, mais on peut dire en effet que le cerveau des hommes se repose plus et mieux que celui des femmes».

«Les femmes étaient dans l'auto-évaluation»

Adrianna Mendrek tient toutefois à préciser que «cette découverte a été faite un peu par hasard, dans un contexte bien précis, et qu'elle mérite davantage d'investigations». Spécialiste de la schizophrénie, la chercheuse réalisait une étude sur des sujets atteints de cette maladie pour comparer leur activité cérébrale en activité et au repos, en fonction des sexes. Comme pour toute étude clinique, il est conseillé de disposer d'un panel de sujets sains pour pouvoir comparer les résultats.
C'est ainsi que 42 hommes et femmes non schizophrènes et âgés de 25 à 45 ans, se sont retrouvés à accomplir une tâche de rotation mentale à partir d'une figure à trois dimensions pendant que leur activité cérébrale était mesurée par résonance magnétique. La même mesure d'activité neuronale était prise pendant que les sujets se reposaient entre deux exercices. Constat de la chercheuse et de son équipe : «Au repos, les femmes étaient dans l'auto-évaluation de ce qu'elles venaient de faire, et se projetaient dans ce qu'elles devraient réaliser ensuite, alors que les hommes parvenaient complètement à se détendre».

«Pression sociale»


«Nous ne sommes pas encore en mesure de dire quelle part a la pression sociale et quelle autre part ont les hormones biologiques dans cette différence, avance Adrianna Mendrek. Dans notre société actuelle, les femmes sont constamment préoccupées par plusieurs tâches et doivent gérer davantage de choses que les hommes, aussi ce résultat n'est-il guère surprenant.»
Des mesures de taux d'œstrogènes et de testostérone ont été faites durant cette étude. Reste à l'équipe d'essayer d'établir un lien avec les mesures d'activité observées, pour en définir le rôle exact. Et déterminer ainsi la part des hormones et celle de la «pression sociale»» dans la plus grande activité cérébrale des femmes au repos. Pour l'heure, les résultats de cette étude ne sont pas encore publiés.
L'ART D'ÉCOUTER
ERICH FROMM


Ce que Freud découvrit dans l'expérience de la cure, chaque psychanalyste le redécouvre, à sa façon, à partir de sa propre histoire et de sa pratique thérapeutique. La tradition psychanalytique consiste en cette redécouverte continuelle de l'inconscient, avec ses avancées et ses reculs. Philosophe de formation, Erich Fromm (1900-1980) rencontre la psychanalyse avec Theodor Reik. Ses travaux représentent un dialogue ininterrompu et très ambivalent avec l'oeuvre de Freud. Psychanalyste iconoclaste, à l'écoute des patients durant cinquante années de sa vie, Fromm propose, à travers les textes rassemblés ici de manière posthume, une conception de la relation thérapeutique très éloignée du protocole analytique classique : "interactive" puisque le thérapeute livre au patient, en retour, ses propres associations ; "compréhensive" puisque son but est de partager le vécu du patient.

Fromm émousse sans doute le tranchant de l'apport psychanalytique en en rendant compte avec les catégories de la morale, de la psychologie ou de la philosophie. Son oeuvre est une chaleureuse tentative pour concilier psychanalyse et amour du prochain. --Émilio Balturi

Présentation de l'éditeur


Ces textes - retranscription de l'enregistrement d'une conférence, d'un entretien et d'un séminaire - font partie des oeuvres posthumes d'Erich Fromm.

Quatrième de couverture

Notamment connu comme psychothérapeute, Erich Fromm pratiqua la psychanalyse pendant 50 ans. Quiconque fréquenta son cabinet ressentit cet amour inexorable qu'il avait de la vérité et perçut Fromm comme un compagnon de route critique et compréhensif, proche et à l'écoute. Les textes inédits de ce volume témoignent de son expérience d'analyste. Ils ne forment pas un traité de psychanalyse, sont encore moins révélateurs d'une "technique psychanalytique", mais renseignent sur le thérapeute Fromm, sur son rapport avec l'homme souffrant. Un rapport vivant, où le seul souci du thérapeute est de percevoir en profondeur les problèmes de l'être humain lui faisant face.
Les Livres de la Psychanalyse
Freudaines. Chroniques de la quinzaine
Roger Gentis

Parution : décembre 2010
Éditions Erès


Pendant plus vingt ans Roger Gentis a chroniqué pour La quinzaine littéraire les ouvrages psychanalytiques et psychiatriques fraîchement publiés.
Jamais autant que pendant ces années-là (1975-1996), les publications dans ces champs ne furent si nombreuses, si diversifiées et si fertiles. Ces ouvrages reprennent une sélection d'articles les plus significatifs. Publier ces textes aujourd'hui présente un triple intérêt : d'abord un intérêt littéraire car ces chroniques, indépendamment de leur finalité avouée, sont un pur travail d'écriture et révèlent un Roger Gentis, écrivain ; un intérêt historique et intellectuel car à travers les multiples ouvrages présentés se dégagent les lignes de force et les questions qui traversent et structurent encore et toujours la pensée contemporaine ; enfin, un intérêt bibliographique car cet ouvrage constitue un répertoire critique de textes psychiatriques fondamentaux.
Renaud déprime et il le dit
Par PHILIPPE BROCHEN
23 novembre 2010
Il ne va pas aussi mal qu'au début des années 2000, mais ce n'est quand même pas la grande forme. Alors que tous ses albums studio remasterisés ressortent en vinyles, dans un coffret baptisé l'Intégrale (Virgin), Renaud confie sa mélancolie et une certaine résignation face à la vie et aux événements politico-sociaux dans une interview sans fard au magazine en 1985 (2 millions). Avant sa lente descente aux enfers Serge.

L'occasion de saluer ici la sortie du deuxième numéro de cette élégante publication soignée tant sur le plan artistique que journalistique, qui s'intéresse à la chanson française au sens large. Le bimestriel convoque aussi bien dans ses colonnes des artistes de hip-hop (Oxmo Puccino, Abd Al Malik, Booba), d'electro (Laurent Garnier), ou encore de rock (Luke), pour des chroniques, des interviews (le genre rédactionnel préféré de la revue), port-folios soignés et autres rendez-vous décalés.

«Je baisse les bras»

Mais revenons à notre renard Renaud. Malgré l'énorme succès commercial (200.000 ventes) de Molly Malone, son dernier album dispensable de reprises de chansons traditionnelles irlandaises sorti en 2009, successeur du disque du retour Rouge Sang (2006), le chanteur l'avoue : il se sent artistiquement «tari» et «baisse les bras» devant la vie. Enfin, sa vie. Bouffé par son passé qui ne passe pas et ses excès : «J'ai 58 ans et j'ai pris des coups dans la gueule.»

La nostalgie, camarade, comme le chantait son compère Gainsbourg ? Sans aucun doute possible. «C'est épuisant de passer ses jours et ses nuits à repenser à son enfance et à son adolescence. Chaque année qui passe, la nostalgie se rapproche. Je pense de plus en plus aux années 80», avoue Renaud. A ses années les plus glorieuses: Morgane de toi, en 1983 (1,5 million d'exemplaires), et Mistral gagnant

«Je meurs à petit feu»

Soit l'alcool. Renaud, qui avait cessé de boire par amour pour sa nouvelle femme Romane Cerda, dit avoir «repiqué au truc tout doucement» ces derniers temps. Même s'il réfute toute grosse dépendance comme au début des années 2000 quand il buvait un litre de pastis par jour: «Personne ne peut se vanter de m'avoir vu en état d'ivresse depuis six ans», jure-t-il mordicus.

Il faut dire que ses voisins sont peu bavards : à la demande de sa femme, Renaud a quitté le XIVe arrondissement où il a vécu cinquante-cinq ans pour «une maison en banlieue» en face d'un cimetière, avec un marbrier comme voisin le plus proche. Chouette décor. Sa maison est «très belle, avec un jardin pour le bébé [son fils de 4 ans, ndlr]», mais il s'y ennuie : «Je m'étiole, je meurs à petit feu. Je suis loin de Paris, de mes potes, de mes petits bistrots.»

En panne d'inspiration

Sur le plan artistique, Renaud le confesse sans détours: «Je ne sors plus de disques car je suis en panne d'inspiration. Je n'ai pas écrit de chansons originales depuis quatre ans. C'est un peu frustrant. Et, sur scène, étant donné ma voix qui se détériore, je n'ai plus tellement envie de chanter.»

Il se sait pourtant aimé, le «chanteur énervant», son surnom hérité le siècle dernier. «Tous les jours, je reçois des témoignages des gens qui m'aiment et me disent que je leur manque. Je leur réponds : «Qu'est ce qui vous manque: ma voix pourrie qui se désagrège d'année en année ?»

Alors que l'époque actuelle devrait lui inspirer des textes, il n'y parvient pas - plus. «Chaque jour, des sujets d'actualité me mettent en colère et pourraient me donner des idées de chansons.» Mais rien ne sort. «Commenter ce monde, le critiquer, me paraît totalement futile aujourd'hui.» C'est dire son niveau de déprime. Et de juger, en regard des mouvements sociaux de ces derniers temps : «C'est encourageant de voir que tout le monde ne baisse pas les bras comme moi.»

«Serge», décembre2010/janvier 2011, 5 euros.

lundi 22 novembre 2010

Ma Santé va craquer

Et l'on se mit à lutter pour des petites cuillères
Grève à Marchant : exemplaire de la grogne montante à l'hôpital public
Fabien Maguin
22 novembre 2010

Samedi 6 novembre, les grévistes de l’hôpital Marchant ont quitté leur campement de la route d’Espagne pour s’installer place du Capitole. Proposant une prise de tension contre une petite cuillère, symbole d’une misère hospitalière, l’opération aura fait monter celle de la direction de l’Agence Régionale de la Santé au point de proposer une réunion avec les grévistes à Marchant mercredi 24 novembre prochain. Un rassemblement de soutien aura lieu à partir de huit heures devant l’établissement.



Plus d’un mois de grève, un mois de campement sous la tente devant l’hôpital, les salarié-e-s continuent de lutter pour des conditions de soins des patient-e-s dignes. La direction lâche des cacahouètes, petit à petit. Mais lâchera-t-elle des petites cuillères ? Le conflit, très observé partout en France, commence à faire tâche d’huile. Aujourd’hui, les salarié-e-s des Hôpitaux de Paris ont occupé le siège de leur Direction.


" Le service public psychiatrique manque de tout. Nous proposons aux Toulousain-e-s de leur prendre la tension contre une petite cuillère. Car nous manquons de petites cuillères à Marchant ! Nous manquons aussi de pyjamas et d’infirmier-e-s... Si vous en avez chez vous, n’hésitez pas à nous en amener ! ", au micro, Isabelle, gréviste de l’hôpital Marchant syndiquée à la CGT, rameute les passant-e-s de la place du Capitole. " Et ne vous trompez pas ! La misère de l’hôpital public est la même promise à l’école, la justice... dans tous les services publics. "

La grève a démarré le 18 octobre dernier à Marchant, cet hôpital psychiatrique du sud de Toulouse, séparé du site chimique par la route d’Espagne. Et depuis ce jour-là, la vie de l’établissement en grève s’est organisée autour du campement installé à l’entrée du site. Lieu de lutte et de convergence, où viennent régulièrement d’autres secteurs en lutte, d’autres pans du mouvement social enclenché depuis la fin de l’été.

" Le Directeur Adjoint est venu nous voir hier avec un petit sourire en coin. Il nous a dit : « FO a signé ! » Mais nous, on s’en fout, on continue. Les syndicats, c’est nous. " tonne Isabelle qui ajoute " Franchement, ils croient que ça va nous arrêter ? " Même son de cloche chez Claire, la représentante de Sud : " L’hôpital fonctionne avec des dotations. Quand trop de petites cuillères sont tordues, ou disparaissent, il n’y en a plus. Pour les infirmier-e-s, c’est presque pareil. "

La pénurie de personnel qui pèse tant sur les soignant-e-s, tient donc à une nuance dont les gestionnaires ont le secret : les postes manquants ne sont pas "vacants", ils sont "non pourvus". Donc on ne peut donc pas procéder à des recrutements. D’ailleurs quand on le peut, on ne trouve pas d’infirmier-e-s et on explique ainsi la transformation de postes d’infirmier-e-s en postes d’aide-soignant-e-s... Et pendant ce temps-là, les soins tiennent sur le système de ponction dans lequel des personnels viennent en renfort et font des heures supplémentaires.

Au cœur des revendications des salarié-e-s se trouve le fonctionnement du "long séjour". Une unité qui est en fait un EPHAD pour des personnes âgées très fragilisées, financé sur la base d’une convention tripartite impliquant l’Hôpital public, le Conseil Général et les parents des patient-e-s. Raphaëlle, éducatrice dans le service de pédopsychiatrie et militante CGT explique la situation à "Riser", le service du long séjour : "La pénurie d’infirmier-e-s y est criante. On fonctionne avec trois ou quatre agent-e-s sur neuf depuis un bon moment. Et le problème d’effectif n’en est qu’un parmi d’autres. Il y a tout à revoir dans cette unité ! "
Pire, le long séjour est un peu l’arbre qui cache la forêt. " Riser est l’épicentre des problèmes que la grève a mis en avant. Mais on vit une sorte de gangrène qui gagne tous les services " explique Claire. " Et tout tient à l’approche comptable et économique qu’on impose à l’Hôpital public. Il faut des évènements comme ceux de Pau en 2003 pour que des budgets soient débloqués. Mais ils ne sont jamais pérennes. Et la plupart du temps, il ne sont qu’à dimension sécuritaire. A Marchant on a remplacé les bips que chaque soignant-e porte et qui se déclenche dès qu’on est en position horizontale. Ça coûte 900 euros pièce. Il en faut 10 pour chacun des quinze services. L’achat plus l’installation du système correspond à trente postes infirmiers sur l’année... "

La grève entamée à Marchant a aussi ce mérite. Inverser les logiques et replacer les questions de soins, de conditions dans lesquelles ils peuvent être réalisés, au cœur des orientations de la politique psychiatrique. " Les choix ne peuvent plus être faits sur un mode sécuritaire. La population psychotique dangereuse est estimée à 1% dans le pays. Mais on l’utilise pour orienter les maigres budgets. Pendant ce temps-là, le territoire des unités psychiatriques est passé de 80.000 habitant-e-s à 250.000. Alors on se démerde toujours pour foutre quelqu’un dehors et libérer un des 350 lits de l’hôpital, occupés en permanence. "

Le conflit dure mais la grève commencent à payer, et un premier protocole a inscrit le paiement des heures supplémentaires de l’ensemble personnels, et non plus seulement pour les infirmier-e-s, ainsi que l’engagement de la Direction d’élaborer un autre mode de fonctionnement que celui de la ponction. Un audit externe est attendu pour début 2011, et pour la première fois, le CHSCT y sera associé.

Un début pour les grévistes, mais certainement pas la réponse attendue. Même FO ne s’en était pas satisfait lors de la communication du protocole d’accord. Les choses ont changé depuis semble-t-il, mais pas pour la majorité des grévistes. " Personne n’est satisfait du protocole d’accord proposé par la Direction. D’abord une partie des engagements en matière d’organisation du travail n’a pas été tenu depuis " détaille Claire. " Quant au paiement des heures supplémentaires, il a été réglé a minima. La Direction a proposé de payer 14 heures et seulement sur trois mois, correspondant à l’été, la période où il y en a le moins. "

La Direction de l’ARS est attendue de pieds fermes par les grévistes mercredi 24 novembre prochain. Étant donné l’intensité du conflit à Marchant et les soubresauts qui commencent à agiter le monde de l’Hôpital public, bien au-delà de la psychiatrie et bien au-delà de la réalité toulousaine, ce qui sera dit mercredi matin pèsera beaucoup dans les semaines à venir.

dimanche 21 novembre 2010

Les salariés depuis un mois sous la tente
hôpital marchant



Toulouse
Les salariés de l'hôpital psychiatrique Marchant se relaient jour et nuit depuis un mois sous une tente et dans une caravane pour faire avancer leurs revendications auprès de la direction du CHU et de l'ARS (agence régionale de santé). Le point avec Isabelle Morère, déléguée CGT.

Que s'est-il passé depuis un mois ?


On avait planté cette tente à l'origine contre la réforme de la retraite et, finalement, un événement a mis le feu aux poudres en interne, car on s'est retrouvé dans de telles difficultés du fait du manque d'effectifs au service longs séjours que les problèmes internes ont pris le dessus sur le débat national. Une plateforme de revendications a vu le jour. On y a soulevé des problèmes de fonctionnement généraux, nos inquiétudes par rapport aux embauches et sur la réforme des hospitalisations d'office qu'on voit arriver d'un très mauvais œil.

Où en êtes-vous actuellement ?

Au bout d'un mois, nous avons obtenu satisfaction sur des revendications très locales. Il y a encore des choses à gagner sur l'hôpital. Enfin nous avons obtenu un rendez-vous avec le directeur de l'ARS mercredi prochain.

Comment les patients et les visiteurs réagissent-ils ?

Nous avons eu beaucoup de marques de soutien. Pas mal de personnes s'arrêtent et mettent un mot sur un cahier. Nous avons eu la visite de collègues, de salariés des entreprises alentour. La tente est le point de ralliement.
En interne quel a été l'impact de ce campement ?
Nous nous sommes relayés nuit et jour. On commence à fatiguer et maintenant il fait froid. Mais l'expérience a été d'une grande richesse. Cette tente a fédéré et permis aux salariés de s'exprimer plus librement et plus spontanément. Il y a eu des moments de revendication très forts et des moments plus festifs. Nous avons été très soutenus. Il s'est passé de belles choses sous la tente.

Et maintenant ?

Nous allons décider si nous levons le camp ou si nous continuons. Le plus important est que nous ayons pu exprimer notre colère par rapport à ce qu'on fait au service public hospitalier et plus particulièrement à la psychiatrie, en consacrant par exemple le plus gros des budgets pour le sécuritaire. Nous voulons avoir les moyens de travailler avec les malades qui sont loin d'être indifférents à ce qui se passe.
LE CNASM EN DANGER

Suite aux diminutions successives des subventions allouées, le Centre National Audiovisuel en Santé Mentale se trouve obligé de déposer le bilan d’ici à la fin septembre 2010, si nous ne trouvons pas de soutiens public ou privé. Pour rappel, celui-ci a été créé, il y a 15 ans, sur l’initiative de Mme le Ministre Simone VEIL dans un souci de communication en santé mentale, devant le succès annuel du Festival International Ciné-Vidéo-Psy de Lorquin, connu et apprécié chaque année depuis 1977, par tous les professionnels concernés (des milieux médicaux, sociaux, de l’Education Nationale...)

Géré par l’Association Festival Psy, le CNASM assume toute l’année des missions de distribution, de production et de prestations validées par notre conseil scientifique. C’est plus de 400 films en distribution dont 80 primés, une moyenne de 6 films réalisés par an sur les préoccupations actuelles, des partenariats pour l’organisation de colloques et de congrès, l’association organise également chaque année le Festival International Ciné-Vidéo-Psy de Lorquin, lieu unique de rencontre sur l’actualité de la vidéo en santé mentale et publique.

Notre association vous propose de vous associer à notre démarche pour protester contre cet abandon par les pouvoirs publics et les autorités de tutelle de ce dispositif qui a fait ses preuves dans un souci d’information, de formation et de communication en santé mentale auprès d’un large public.

Pour concrétiser votre soutien, sauvegarder notre mission d’intérêt public et préserver trois emplois, vous pouvez signer notre pétition ici.

Notre demande de soutien accompagnée de vos signatures sera transmise au Ministère de la Santé.
École de la Cause freudienne

Sur « Mallarmé le livre »
de Joseph Attié, de Anne-Marie Le Mercier


La jouissance n’est pas libre, n’est pas libertine. Au contraire, elle est appareillée à la répétition, et le discours rationnel achoppe sur une limite quasi mystique dit Lacan, et qu’il définit comme « le lieu où le symbole se substitue à la mort pour s’emparer de la première boursouflure de la vie ». Jacques-Alain Miller. Un effort de poésie. Cours du 20.11.2002. (Inédit)


Mallarmé le livre - Étude psychanalytique
, Joseph ATTIÉ
Préface de François RegnaultEditions du Losange


Ce livre n’est pas une exégèse de plus sur Mallarmé. C’est un travail clinique, rare, patiemment ciselé par un analyste, lettré, poète de surcroît. La rigueur épistémique et le souci de la méthode laissent intacte l’élégance du texte de Joseph Attié. Le rythme de l’ouvrage est celui d’une ascension en montagne, son parcours est homologue à celui d’une cure et de ses temps logiques. La démarche patiente, obstinée, dont la tranquillité s’assure d’une solide armature structurale, ne néglige aucun obstacle et ménage au lecteur quelques paliers permettant de préciser les concepts utilisés, avant d’en démontrer la valeur opératoire auprès du Prince des poètes. Chaque question est envisagée sur ses diverses facettes. Joseph Attié ne se presse pas de comprendre, il se laisse saisir par les opacités et les contradictions qui traversent l’œuvre de Mallarmé. Au fil de sa minutieuse enquête sur la logique en jeu chez le poète, il s’aide du précieux apport des précédents exégètes, ne se privant pas cependant de les contredire avec finesse lorsque la logique l’impose.