Un million de toxicomanes sous traitement en Europe
Depuis les années 1990, l’Europe a considérablement étendu son offre de soins à destination des toxicomanes. Dans son rapport annuel publié ce mercredi, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) estime que plus d’un million de personnes suivent désormais un traitement. Mais de nombreux défis restent à relever, dont le vieillissement de la population des toxicomanes.
« CES DIX dernières années, des avancées importantes, bien qu’irrégulières, ont été réalisées dans la réponse aux problèmes des drogues », déclare le directeur de l’OEDT, Wolfgang Götz. Le rapport 2010 établit en effet que les efforts de l’Europe commencent à donner de tangibles résultats. En particulier grâce aux traitements de substitution et aux soins ambulatoires, qui ont fait l’objet d’une forte croissance. Ainsi, chaque année, au moins un million de toxicomanes sont suivis et 670 000 personnes ont recours à un traitement de substitution (majoritairement, à la méthadone). Elles étaient dix fois moins nombreuses en 1993. Les accompagnements psychologiques et les prises en charge en ambulatoire permettent en outre de toucher une large population. De nouvelles formes de traitements, via Internet par exemple, se développent en direction des usagers de cannabis ou de cocaïne, réticents à faire appel aux structures classiques.
Héroïne et nouvelles drogues.
Malgré ce constat encourageant, l’Agence européenne souligne la persistance de la consommation de drogues. L’héroïne représente le plus grand fléau en Europe, cause de la majorité des décès liés aux stupéfiants, et ne montre aucun signe de recul, touchant environ 1 350 000 Européens. L’injection, responsable d’infections hématogènes, reste stable, voire diminue, sauf en Europe de l’Est où elle est très courante. Peu d’améliorations également dans la consommation d’amphétamines et d’ecstasy ou encore de cannabis, très populaire, avec plus de 75,5 millions d’usagers.
Surtout, l’Union européenne doit affronter de nouveaux problèmes, comme le vieillissement de la population des toxicomanes. Une personne sur cinq en traitement a plus de 40 ans aujourd’hui, contre 10 % il y a dix ans. De même, les récentes drogues échappent encore à la surveillance des États. Vingt-quatre substances psychoactives ont été signalées pour la première fois à l’OEDT et à Europol en 2009, soit deux fois plus qu’en 2008. Parallèlement, le phénomène du Spice (herbe couplée à des cannabinoïdes), des cathinones de synthèses ou d’autres composés non contrôlés et vendus sur Internet en tant qu’euphorisants légaux, se développe sans répit.
Ainsi, la lutte de l’Europe contre les drogues est loin d’être gagnée. Beaucoup reste à faire, mais dans un contexte d’austérité économique, les États poursuivront-ils leurs efforts ? Le directeur de l’OEDT, Wolgang Götz, ne manque pas d’exprimer ses craintes : « Au moment où les réponses efficaces doivent être soutenues, des mesures d’austérité pourraient entraîner une réduction de l’offre des services de traitement. La pression actuelle sur les deniers publics pourrait entraîner des décisions politiques qui engendreraient, en Europe, des coûts sur le long terme de loin supérieurs aux économies à court terme. »
› COLINE GARRÉ
Quotimed.com, le 10/11/2010
Depuis les années 1990, l’Europe a considérablement étendu son offre de soins à destination des toxicomanes. Dans son rapport annuel publié ce mercredi, l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT) estime que plus d’un million de personnes suivent désormais un traitement. Mais de nombreux défis restent à relever, dont le vieillissement de la population des toxicomanes.
« CES DIX dernières années, des avancées importantes, bien qu’irrégulières, ont été réalisées dans la réponse aux problèmes des drogues », déclare le directeur de l’OEDT, Wolfgang Götz. Le rapport 2010 établit en effet que les efforts de l’Europe commencent à donner de tangibles résultats. En particulier grâce aux traitements de substitution et aux soins ambulatoires, qui ont fait l’objet d’une forte croissance. Ainsi, chaque année, au moins un million de toxicomanes sont suivis et 670 000 personnes ont recours à un traitement de substitution (majoritairement, à la méthadone). Elles étaient dix fois moins nombreuses en 1993. Les accompagnements psychologiques et les prises en charge en ambulatoire permettent en outre de toucher une large population. De nouvelles formes de traitements, via Internet par exemple, se développent en direction des usagers de cannabis ou de cocaïne, réticents à faire appel aux structures classiques.
Héroïne et nouvelles drogues.
Malgré ce constat encourageant, l’Agence européenne souligne la persistance de la consommation de drogues. L’héroïne représente le plus grand fléau en Europe, cause de la majorité des décès liés aux stupéfiants, et ne montre aucun signe de recul, touchant environ 1 350 000 Européens. L’injection, responsable d’infections hématogènes, reste stable, voire diminue, sauf en Europe de l’Est où elle est très courante. Peu d’améliorations également dans la consommation d’amphétamines et d’ecstasy ou encore de cannabis, très populaire, avec plus de 75,5 millions d’usagers.
Surtout, l’Union européenne doit affronter de nouveaux problèmes, comme le vieillissement de la population des toxicomanes. Une personne sur cinq en traitement a plus de 40 ans aujourd’hui, contre 10 % il y a dix ans. De même, les récentes drogues échappent encore à la surveillance des États. Vingt-quatre substances psychoactives ont été signalées pour la première fois à l’OEDT et à Europol en 2009, soit deux fois plus qu’en 2008. Parallèlement, le phénomène du Spice (herbe couplée à des cannabinoïdes), des cathinones de synthèses ou d’autres composés non contrôlés et vendus sur Internet en tant qu’euphorisants légaux, se développe sans répit.
Ainsi, la lutte de l’Europe contre les drogues est loin d’être gagnée. Beaucoup reste à faire, mais dans un contexte d’austérité économique, les États poursuivront-ils leurs efforts ? Le directeur de l’OEDT, Wolgang Götz, ne manque pas d’exprimer ses craintes : « Au moment où les réponses efficaces doivent être soutenues, des mesures d’austérité pourraient entraîner une réduction de l’offre des services de traitement. La pression actuelle sur les deniers publics pourrait entraîner des décisions politiques qui engendreraient, en Europe, des coûts sur le long terme de loin supérieurs aux économies à court terme. »
› COLINE GARRÉ
Quotimed.com, le 10/11/2010