Hospitalisation des détenus : les UHSI doivent gagner en attractivité
Un rapport des inspections générales des affaires sociales (IGAS) et des services judiciaires (IGSJ) émet plusieurs recommandations pour améliorer l’efficience des nouvelles unités hospitalières sécurisées interrégionales (UHSI) qui prennent en charge les soins aigus dispensés aux personnes détenues.
Si l’activité des UHSI est en progression constante depuis leur ouverture (+141 % entre 2007 et 2010), « ces unités restent un dispositif dans lequel les détenus ont des réticences à être hospitalisés », constate la mission IGAS-IGSJ qui pointe dans un rapport des conditions de détention « jugées par les personnes incarcérées plus mauvaises qu’en établissement pour peine d’où viennent majoritairement les détenus hospitalisés ». Transferts annoncés au dernier moment, absence de contact avec les autres détenus, d’activité, de cour de promenade, impossibilité de fumer, diminution des parloirs liée à l’éloignement géographique de la structure sont autant de freins à l’attractivité de ces unités, indique le rapport. Ainsi, malgré l’augmentation du nombre de séjours, le taux d’occupation global en UHSI ne dépasse pas les 56 %. À ce jour, la majorité des hospitalisations de personnes détenues (55 %) est réalisée au sein des chambres sécurisées des établissements de rattachement aux centres de détention, devant les UHSI (32 %). Afin d’améliorer l’attractivité des UHSI, la mission préconise d’en assouplir l’organisation interne tout en renforçant les liens avec les Unités de consultations et de soins ambulatoires (UCSA) installées au sein des établissements pénitentiaires.
Soins de suite à développer.
La mission recommande également de « diversifier les activités des UHSI en développant une activité reconnue de soins de suite et de réadaptation essentiellement polyvalente ». À ce jour, le schéma national d’hospitalisation des personnes détenues organise la prise en charge des soins de suite et de réadaptation (SSR) uniquement sur deux pôles, en Île-de-France et à Marseille. De fait, « l’attractivité de ces deux pôles en dehors de leur inter région est inexistante en SSR et très faible en rééducation fonctionnelle », note le rapport.
D’ici à la fin de l’année 2012 les 8 UHSI fixées par l’arrêté ministériel du 24 août 2000 (Bordeaux, Lille, Lyon, Marseille, Nancy, Rennes, Toulouse et Fresnes) doivent être toutes opérationnelles. L’ensemble de ces unités permettra de disposer de 170 lits de soins aigus et de 52 lits de soins de suite et de réadaptation. D’après le rapport IGAS-IGSJ, le taux de réalisation des hospitalisations sollicitées s’élevait en 2009 à 95,4 %, soit 8 727 hospitalisations réalisées pour 9 149 demandées.« Cette situation que l’on peut qualifier de correcte est toutefois fragile car elle dépend de l’organisation des escortes qui incombe depuis 2006 à l’administration pénitentiaire pour les transferts et extractions médicales et aux forces de l’ordre pour les gardes statiques dans les chambres sécurisées et les plateaux techniques relevant des UHSI », souligne la mission.
› DAVID BILHAUT