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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

mardi 4 octobre 2011






La Halle Saint Pierre03/10/2011

ACCUEILEXPOSITIONSGALERIEATELIERSEVENEMENTSLIBRAIRIELA HALLE

TITINE K LEU
JEFF SOTTO
CLOVIS TROUILLE
CHRIS MARS
BETTENCOURT

ALEX GROSS


15 septembre 2011 - 4 mars 2012

Le musée de la Halle Saint Pierre et la revue HEY! s’associent pour présenter l’expositionHEY! modern art & pop culture. Rencontre inévitable au sein de la scène culturelle alternative entre les courants de la pop culture et les formes populaires de l’art moderne et contemporain que sont l’art brut et l’art singulier. Notre société est une « culture-monde » à laquelle l’art pictural n’échappe pas. Aujourd’hui, l’esprit de la rue et du populaire est partout et gagne les institutions. Dans l’esprit de la revue HEY!, l’exposition se veut le relais et la caisse de résonance de cet art urbain, pop et outsider.

Qu’ils détournent les fondements d’une civilisation technicienne dont ils représentent les ouvertures permises à la création artistique et à la libre invention, ou qu’ils entretiennent les liens les plus ténus possibles avec toute espèce d’environnement culturel ou de médiatisation, la soixantaine d’artistes présentés dans l’exposition ont en commun de contester les frontières hiérarchiques qui séparent le grand Art de la culture populaire. Leurs généalogies culturelles et leurs cousinages donnent à cette exposition l’allure d’un cabinet de curiosités du XXIème siècle. Représentants emblématiques de la Pop culture ou héritiers de la forme la plus  singulière de l’art, l’art brut, ils sont le pollen libre de la création culturelle.



HENRY DARGER
LIN SHIH YUNG
ERRÓ


64 ARTISTES INTERNATIONAUX & 3 COLLECTIONS PRIVÉES


Murielle BELIN (France)
Pierre BETTENCOURT (France)
Stéphane BLANQUET (France)
Karotte & Chris BONOBO (France)
Robert COMBAS (France)
Dave COOPER (Canada)
Alfred Eugène COURSON (France)
Robert CRUMB (USA)
Henry DARGER (USA)
David B. (France)
Ludovic DEBEURME (France)
Philippe DEREUX (France)
Daniel Martin DIAZ (USA)
Hervé DIROSA / robots du Noun (France)
Alëxone DIZAC (France)
Véronique DOREY (France)
Elzo DURT (Belgique)
ERRÓ (France)
Aj FOSIK (USA)
Vincent GLOWINSKI (France)
Carmen GOMEZ (Suisse)
Mischa GOOD (Suisse)
Michèl GOUÉRY (France)
Alex GROSS (USA)
Guy LE TATOOER (France)
Horst HAACK (Allemagne)
Jessica HARRISON (Écosse)
Chris HIPKISS (UK)
Scott HOVE (USA)
JONONE (USA)
Titine K-LEU (Suisse)
Kris KUKSI (USA)
LIN SHIH-YUNG (Taïwan)
Mia MÄKILÄ (Suède)
Karl MARC (USA)
Chris MARS (USA)
Eudes MENICHETTI (France)
MEZZO (France)
Pierre MOLINIER (France)
Jean-Luc NAVETTE (France)
NEOZOON (Fr / All)
Alexandre NICOLAS (France)
NUVISH (France)
Thomas OTT (Suisse)
PAKITO BOLINO / LE DERNIER CRI (France)
RUPPERT & MULOT (France)
SAILOR JERRY (USA)
SAUERKIDS (Hollande)
Ronan-Jim SEVELLEC (France)
Gilbert SHELTON (USA)
Silvia B. (Hollande)
Jeff SOTO (USA)
Vee SPEERS (Australie)
Ehren TOOL (USA)
Jean TOURLONIAS (France)
Clovis TROUILLE
(CHICKEN + Anne VAN DER LINDEN) (France)
TURF ONE (France)
Amandine URRUTY (France)
Aurélie WILLIAM LEVAUX (Belgique)
Martin WITTFOOTH (Canada)
Dan WITZ (USA)
YU JINYOUNG (Corée)

CABINET DE CURIOSITÉ / Pierre Bazalgues
MUSÉE DES ARTS FORAINS
LA POP GALERIE
(Collections privées, France)


ANNE VAN DER LINDEN
TURF ONE
HERVÉ DI ROSA



ANNE & JULIEN

   
HTTP://WWW.HEYHEYHEY.FR/FR


Curateurs de l'exposition, créateurs et rédacteurs en chef de la revue HEY!

Depuis la fin des années 80, Anne & Julien travaillent en binôme. HEY! est une revue objet créée par ces deux activistes des milieux culturels. Journalistes (France Inter, Muze, Nova Mag, France 2, Paris Première pour ne citer qu’eux), auteurs, curateurs, auteurs/réalisateurs ou encore DJ sont autant de leurs casquettes à leur actif. Depuis la fin des années 80, ils œuvrent dans les milieux musicaux et ceux de l’image, analysent les subcultures qui les passionnent. « Nous venons clairement du monde alternatif. Les marges sont des zones bouillonnantes, là où tout se fait, tout se rêve. Création, destruction, surprise, illusion idéale… Il nous est toujours paru évident que la vie est plus intéressante dans ces recoins-là, les rencontres plus décoiffantes, les tabous plus facilement retournés, voire renversés » aiment-ils à raconter. À l’aube des années 90, ils créent une structure nomade «L’Hydre de l’Art » avec laquelle ils montent des spectacles de rue, puis fondent une galerie du même nom – sa programmation étant l’ancêtre de la ligne éditoriale de HEY! : un savant mélange de bande dessinée, de graffiti / street / pochoir, d’Art Singulier. Puis, le duo se consacre au journalisme, notamment avec Jean-François Bizot (créateur d’Actuel et de Nova), écrivent des livres autour de la musique (dont le premier opus français sur la Techno). Mais ils restent attachés aux œuvres : ils sont à l’origine de l’exposition Moebius / Miyazaki organisée par la Galerie Arludik au Musée de la Monnaie (Paris). Depuis deux ans, ils reviennent au spectacle, ont fondé leur troupe musicale, le 78 RPM Selector (un mix sur trois gramophones avec beatbox et performer), se transformant en « Cie HEY! » lorsqu’il s’agit - comme au Festival International de la bande dessinée d’Angoulême 2011 – de transposer les pages de la revue pour la scène. En 2010 sortait leur livre « Les Mondes Promis « (chez Rackham Editions – illustrations Julien / Textes Anne) : la quête initiatique d’un personnage en perdition sous forme de fables. Le volume II est en cours.


EVENEMENTS AUTOUR DE L’EXPOSITION


15 septembre 2011 de 10h à 12h : déjeuner presse

         Présentation de l’exposition Hey! modern art & pop culture par les commissaires d’exposition : Anne & Julien, Hey! magazine ; Martine Lusardy, Halle Saint Pierre ; en présence d’artistes. (sur invitation)


30 septembre 2011 à partir de 20h


Photo : Zoé Forget
L’exposition HEY! modern art & pop culture
en spectacle : un cabaret de l’étrange !

Programme
20h : performance peinture & dessin « VANITÉ »
20h30 : La Cie HEY ! (sur scène : le 78 RPM Selector, Lalla Morte, Ezra) - VJ : IPSS.
21h30 : set expérimental de Christian Zanési /GRM
(Groupe de Recherches Musicales, 50 ans d'histoire)

Soirée organisée en partenariat avec Musiques & Cultures Digitales

Lieu : Auditorium Saint Germain des Près
4 rue Félibien 75006 Paris / 01 46 34 68 58

« Depuis 1 an, HEY! monte aussi sur scène… Comme la plupart des artistes que nous publions dans nos pages, nous vivons l’image sans distinction de supports. Papier, écran, pellicule; en musique aussi. Quand nous ne sommes pas occupés à construire un numéro de la revue, nous sommes sur les planches avec le 78 RPM Selector, un cabaret étrange articulé autour de 3 gramophones du début du XXème siècle. Voilà pourquoi, à l’occasion de cette exposition, nous avons envie de vous inviter à un voyage, une partition sans début ni fin, mêlant le spectacle aux aventures graphiques & picturales des artistes investis à la Halle Saint Pierre. »
Anne & Julien / Créateurs de HEY!


8 septembre 2011
            Parution de Hey! n°7 et du catalogue de l’exposition (bilingue anglais, quadri couleur ; 267 pages)


10 décembre 2011
            Parution de Hey! n°8


Avec au programme pour chaque parution :
SIGNATURE / CONCERT/ RENCONTRE / GOODIES/KDO


Evénements Halle Saint Pierre :

Rencontres littéraires, conférences, concerts, projection de films, animations jeune public…

Programme et dates à venir sur le site.

Si vous désirez recevoir la newsletter : Contact




Remerciements :

    
Lavrut - Boesner –Ankama éditions – Label 619 - MPAA - Métrobus



INFO LEGALESCONTACTNOUS SOUTENONS

WSDiffusionHalle Saint Pierre - 2 rue Ronsard - 75018 PARIS - France - Tel. +33 (0)1 42 58 72 89
Horaires : tous les jours, de 10h à 18h

Parution – Corps et sens

Parution – Corps et sens

Jacques Fontanille, Corps et sens, Paris, PUF, 2011, 216 p.
Le corps n’est pas, pour la sémiotique, un domaine d’analyse parmi d’autres il est au coeur d’une hypothèse théorique qui renouvelle notre conception des processus de signification. L’incarnation des processus signifiants leur procure un substrat qui s’impose à toutes les élaborations cognitives et émotives : les rôles narratifs sont portés par des corps la production des discours émane d’une activité corporelle les émotions et les passions, de même que les manifestations sensibles et perceptives impliquent des corps. Des corps qui interagissent conservent dans leur chair ou sur leur enveloppe corporelle les empreintes de ces interactions, et ce sont ces empreintes porteuses de significations à découvrir qui doivent être identifiées, extraites, déchiffrées et interprétées.
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Ecole de la Cause freudienne


Les 41èmes journées de l'ECF Journées Lacan se tiendront au Palais des Congrès à Paris les 8 et 9 octobre 2011
Voici le thème et l'argument des 41èmes journées de l'Ecole de la Cause freudienne, qui auront lieu les 8 et 9 octobre 2011 au Palais des Congrès à Paris : Journées Lacan.
Elles seront précédées par la Semaine Lacan, hommage au trentième annversaire de la mort de Jacques Lacan : lire le programme et LQ (Lacan Quotidien) qui paraît depuis le 18 août 2011.
 Argument     La psychanalyse vraie, et la fausse • par Jacques Lacan
 La psychanalyse fausse ne l’est pas seulement du fait de s’écarter du champ qui motive son procédé. Cet écart, quelles qu’en soient les intentions effectives, exige un oubli ou une méconnaissance. Et l’un et l’autre la condamnent à des effets pernicieux.
 La psychanalyse vraie a son fondement dans le rapport de l’homme à la parole. Cette détermination dont l’énoncé est évident, est l’axe par rapport auquel doivent être jugés et jaugés ses effets : ceux-ci étant entendus dans leur extension la plus générale, à savoir non seulement comme changements diversement bénéfiques, mais comme révélation d’un ordre effectif dans des faits jusqu’alors restés inexplicables, à vrai dire apparition de faits nouveaux.
Ce rapport de l’homme à la parole est évident dans le medium de la psychanalyse : ce qui rend d’autant plus extraordinaire qu’on le néglige dans son fondement.

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PSYCHIATRIE. “RENCONTRES SPORTIVES AUTOUR D’UN BALLON DE FOOTBALL” À LA CHARTREUSE DE DIJON.

Dédramatiser avec le foot

Chaque année, depuis sept ans, cet événement se déroule  le dernier jeudi de septembre. Photo Julien Dromas
Chaque année, depuis sept ans, cet événement se déroule le dernier jeudi de septembre. Photo Julien Dromas

Promouvoir une prise en charge différente en psychiatrie en associant personnels et patients. Tel est le but des “Rencontres sportives autour d’un ballon de football”. Explications.

«Le but de cet événement est de dédramatiser la psychiatrie », explique Gilles Aigueperse, responsable de l’équipe de sport adapté. La septième édition des “Rencontres sportives autour d’un ballon de football” s’est déroulée hier de 9 à 16 heures sur le terrain du centre hospitalier de La Chartreuse à Dijon (à côté du long séjour “Les Vergers”).

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mercredi 28 septembre 2011

PRATIQUES DE LA FOLIE

Vendredi 14 octobre, 21h

Hôpital Sainte Anne, Amphi de la CMME, 100 rue de la Santé

Débat à propos du livre « Manifeste pour la psychanalyse », La Fabrique éd.,

en présence des auteurs, Sophie Aouillé, Pierre Bruno, Franck Chaumon, Guy Leres, Michel Plon, Erik Porge.

discussion introduite par Roger Ferreri et Vincent Perdigon.

Attention, le plan vigipirate !!! étant toujours en vigueur, on rentre dans Sainte Anne en voiture par la rue Broussais ou à pied par la rue Cabanis.
_________________

Argument

L’ouvrage « Manifeste pour la psychanalyse » vise une nécessité de notre époque. Il déplie un ensemble de questions que la mouvance psychanalytique ne peut plus dénier, en tout cas tel est le point de vue que nous proposons. Cela ne veut pas dire que nous adhérons à l’ensemble des arguments qui s'y trouvent. Nous adhérons au mouvement salutaire qu'il initie.
Quel est ce mouvement ? Nous le spécifierons ainsi :
  • La science en s'imposant au nom de l'universel a produit un nouveau rapport d'assujettissement au monde. 
  • Ce rapport par l'intermédiaire de déplacements successifs dans le champ politique, en est venu à participer à la mise en place d’un système d’asservissement par le contrôle des productions, du travail en particulier, pour progressivement s’étendre au contrôle du corps et de l’intime, déplacements qui n’entretiennent avec la science qu'un lointain souvenir de filiation abusive.
  • La psychanalyse, historiquement, naît de ce heurt entre connaissance du cerveau et résistance de l’intime. 
  • En inversant le lieu de lecture du symptôme, Freud construit un dispositif permettant de transmettre, à l'avantage possible pour chacun qui s'y inscrit, les effets mêmes de cette inversion. Cette inversion n'est en aucun cas une conception du monde comme cela est utilement rappelé à la page 39 de l'ouvrage ; elle n’ouvre qu'à l'aventure du déplacement du lieu de sa lecture, offrant à celui qui parle une échappée en avant de ses assujettissements, une échappée temporaire du sujet par l'effet d'écho de ses paroles. Cet écho est-il partie prenante de la question démocratique ?
  • La psychanalyse ne s’enseigne pas, elle se transmet malgré ce qui s’enseigne. Que cela donne lieu à débat est incontournable. Ce qui se discute concerne le « retour » dans le lien social, le lien social prenant toute sa portée d’être un fait de langage : ce qui fait lien nous condamne à partager ce qui ne peut pas se dire. Retour d’assujettissement, ici, école, hors école, universitaire… Et pourtant ce qui se discute n’est pas sans effets sur les modalités de transmission avec le risque que l’enseignement devienne diplômant de ce qui se discute. La passe fut cette muleta agitée devant la course de la didactique pour détourner la hiérarchie des diplômés… Avec le risque pour certains de construire des écoles de la muleta en oubliant les mains qui la tiennent.
  • S’adjectiver psychothérapeute, prétention de certains d’avoir voulu se parer du titre de leur acte, réussite anticipée, sans avoir ni l’humour, ni le semblant, ni la force de vente de ceux qui se proposent comme guérisseurs, a ouvert une brèche propre à aspirer le flot contrôlitaire. Il y avait des psychothérapies proposées par des personnes avec diplôme et sans diplôme : cela n’est plus, force d’un contrôle qui fait d’un concept une réalité sociale contrôlée. Concept de l’acte psychothérapeutique universel, contrôle de l’intime puisque nous sommes passés de la proposition d’un acte à la garantie de l’effectivité de l’acte par l’Etat. 
  • Le leurre propre à ferrer la psychanalyse est lancé, des écoles ont mordu sans retenue à son hameçon, elles formeront les psychothérapeutes, elles viennent de se départir de ce qui fonde la psychanalyse : l’inversion du lieu de lecture du symptôme, en devenant formateur de son retour dans le giron d’une théorie du traitement du symptôme, rien de moins qu’une psychologie.
  • Elles ont oublié qu’avec Feud et Lacan la théorisation de l’acte analytique est une théorisation de la question du sujet pour autant que le sujet ici désigne ce qui échappe à la théorie comme science ; il n’y a pas sous ce mode de science du sujet, mais bien un sujet de la science.
Acceptons que cette question soit effectivement un moment, celui d’en recommencer enfin avec la psychanalyse sans se départir du devenir démocratique.

Roger Ferreri

La discussion sera introduite par Vincent Perdigon, qui ouvrira le débat en exposant en quoi opposer de manière aussi tranchée psychanalyse et psychothérapie (particulièrement au chapitre « guérir de la psychothérapie » ) peut faire courir le risque de présenter la psychanalyse comme une pratique élitiste, réservée à quelques initiés . Considérant que la psychothérapie reste une question pour le psychanalyste dans la solitude de sa pratique il se demandera également si les nombreuses pratiques de soin inspirées par la psychanalyse auprès des pathologies les plus graves doivent être dénommées « psychothérapies » au sens où les auteurs du manifeste entendent ce terme, c’est à dire dans un sens antinomique à la psychanalyse. Soulever ces questions conduira à réinterroger ce concept de psychothérapie pour en montrer les nombreuses et contradictoires acceptions, y compris celles qui renvoient aux pratiques par lesquelles la psychanalyse, aujourd’hui, continue sans doute de se réinventer et de rester vivante.

Roger Ferreri poursuivra sur l’inversion de la lecture du symptôme qui est aussi une inversion de la question de la psychothérapie. Qu’il y ait des cliniques des psychanalystes diverses et variées, à deux faces, « ou l’analysant assume son être générationnel…et celle de son être de symptôme » (p. 67) en est un exemple. Elle ne fait que témoigner qu’il n’y a pas de clinique analytique mais une clinique des psychanalystes.
La parole, par définition, surgit après des énoncés. Qu’il s’agisse de psychologie ou de sociologie, cela a le mérite de ne pas convenir comme un gant et de pousser à la parole. Pas besoin de la classe de la suggestion pour s’en convaincre même sous hypnose où le plus hypnotisé des deux n’est pas nécessairement celui qu’on croit…Bref tout cela mérite discussion.


SOCIÉTÉ 

Des hôpitaux qui s’étouffent en silence

Une enquête nationale révèle un profond mal-être des médecins qui se répercute sur les soins et l’écoute des patients.


Par ERIC FAVEREAU
Une infirmière pousse un brancard dans un hôpital. (© AFP Fred Dufour)
Quand un jeune enfant doit supporter de longues souffrances, il se passe un phénomène particulier, selon les pédiatres : au bout d’un certain temps l’enfant ne crie plus, ne s’agite plus. Mais il va se replier de plus en plus, se terrer, même. On dirait que l’hôpital est dans cet état-là. Il souffre et se tait. Tétanisé. Cet été, par exemple, rien, pas une déclaration, pas la moindre poussée de fièvre.
A Tours, se tiennent depuis hier les Convergences annuelles santé-hôpital, organisées entre autres par la coordination médicale hospitalière. A cette occasion, une enquête inédite réalisée par le ministère de la Santé va être rendue publique : près de 2 000 médecins hospitaliers, venant de 300 établissements, ont été interrogés sur leur pratique médicale. Bilan maussade : ce n’est pas tant sur les salaires, comme on pourrait le croire, que les crispations se révèlent, mais sur les conditions d’exercice.
Malaise «psychique». Un très grand nombre d’entre eux pointe un risque majeur de tensions sociales, et 72% évoquent un malaise «psychique».«Les hôpitaux sont aujourd’hui un univers tendu, cocktail de désabusements et d’agacements», tente de comprendre le Dr François Aubart, un des organisateurs de cette rencontre santé-hôpital. Dans cette enquête d’autres points noirs émergent : une très grande majorité de médecins (73%) se plaint du poids des charges administratives, de la faible attractivité de leur emploi (61%), des mauvaises conditions de travail.
Un climat qui n’est pas sans conséquence sur la qualité des soins. Voilà deux histoires récentes parmi d’autres, qui décrivent en creux ce mal-être ambiant.
La première se déroule aux urgences de l’hôpital Henri-Mondor, à Créteil (Val-de-Marne). Sandrine, 20 ans, se tord de douleur au ventre. De chez elle, elle appelle un médecin qui refuse de se déplacer. Elle contacte SOS Médecins, qui ne peut venir que deux heures plus tard. Finalement, elle prend un taxi pour les urgences d’Henri-Mondor. Son père, qui est médecin, est arrivé. Il attend avec elle. Sur sa fille, on fait juste une prise de sang. On ne trouve rien de particulier. «Mais vous ne lui faites pas une radio ?»interroge le père. «Non, il n’y a pas de brancardier, c’est compliqué», lui répond le praticien hospitalier, qui lui dit d’aller faire une échographie en ville.«Dans la nuit, elle se roule de douleur. Alors, qu’est ce que je fais ? J’abuse de ma situation de médecin, raconte son père. Je mets en action mes réseaux. Je trouve un ami qui lui fait une "écho" en urgence à 9 heures, puis un scanner à 13 heures. A 15 heures, ma fille est au bloc opératoire pour une péritonite, avec syndrome préperformatif, c’est-à-dire que le pronostic vital était engagé.»Le père de Sandrine ajoute : «Aujourd’hui, il faut des réseaux pour bien se faire soigner.»
Ou encore dans l’Oise, cette histoire presque anodine. Un homme, âgé de 82 ans, chute de sa hauteur chez lui. Fracture du fémur. Pompiers, hôpital. Arrivé un vendredi, il n’est opéré que le mardi. Quelques jours après, il est au fauteuil dans sa chambre. Son épouse écoute la plainte de son mari qui a mal au ventre : il veut simplement aller à la selle, et, malgré plusieurs appels, le personnel soignant ne se déplace pas. La vieille dame ne se sent pas la force de soutenir son mari pour aller aux toilettes : elle est petite, menue et fatiguée. Elle va dans le couloir demander du renfort à une personne en blouse blanche. Réponse de celle-ci : «Eh bien, qu’il fasse dans sa couche !»
Effritement. On pourrait en raconter des dizaines d’autres, certaines témoignant d’une mise en danger réelle de la vie du patient, d’autres pointant le défaut d’accueil, voire l’hospitalité en miettes. On pourrait en raconter des centaines d’autres où des équipes soignent remarquablement, se donnant avec passion à leurs tâches. Le tout se mélange, mais aujourd’hui, on a le sentiment d’un effritement généralisé.
Les malades ne supportent plus l’absence d’accueil (lire ci-contre) dont ils sont si souvent victimes. Le personnel - soignant (infirmières, aides-soignantes) comme médical (les médecins) - se plaint sans cesse, accusant la rigueur pour expliquer ses propres défaillances. Certes, la rigueur est réelle, comme jamais. Et, depuis deux ans, le personnel diminue dans le monde hospitalier. Mais cela n’explique pas tout.
Alors, c’est «silence hôpital». La CFDT-santé a publié, il y a quelques mois, une enquête imposante, après avoir interrogé près de 45 000 personnes, réparties dans 492 établissements publics. Que dit-elle sur les conditions de travail ? 93 % des agents trouvent leur travail stressant, 67 % demandent une réorganisation, 83 % ne se sentent pas reconnus. Et dans ce contexte de désenchantement, ce n’est pas un hasard si plus de 7 500 membres du personnel hospitalier (hors médecins) sont partis en retraite anticipée, le 30 juin, soit trois fois plus que d’habitude.
Ces départs massifs créent des difficultés en pagaille. «Ce qui est terrible, c’est que l’on perd le sens du collectif», note le professeur Olivier Saint-Jean, chef de service de gériatrie à l’hôpital Pompidou. «Ce qui me frappe le plus, poursuit le Dr François Aubart, c’est que les commissions médicales d’établissements [lieux où les médecins se retrouvent, ndlr] ne se réunissent même plus. Elles n’ont plus de candidat. A l’hôpital, la qualité est devenue imprévisible.», Quant aux pouvoirs publics, ils font la sourde oreille. Leur prudence confine parfois à l’indifférence. Depuis son retour au ministère de la Santé, Xavier Bertrand multiplie les gestes apaisants vers les médecins libéraux, mais n’a pas tenu le moindre discours d’importance sur l’hôpital. A Paris, l’ex-numéro 2 de la SNCF, qui a été nommée il y a un an et demi à la tête de l’AP-HP (Assistance publique-Hôpitaux de Paris), Mireille Faugère, l’avoue :«L’année 2011 est terrible, entre les efforts budgétaires, et les différentes élections en interne comme au niveau national, autant faire profil bas.» Tristes perspectives…


SOCIÉTÉ 

«L’institution n’apprend pas de ses erreurs»

INTERVIEWThomas Sannié est membre du conseil de surveillance de l’AP-HP. Il y représente les usagers de la santé.

Thomas Sannié, responsable de l’association française des hémophiles d’Ile-de-France, préside aussi la conférence régionale de santé. Il est membre du conseil de surveillance de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), au titre des usagers de la santé.

On a le sentiment que la tension est à son maximum dans les hôpitaux. Est-ce aussi votre impression ?
Les tensions sont fortes, multiples, variées. Pour nous, le plus grave est que les relations entre soignants et soignés sont entrées dans une phase de tension institutionnelle. Et inédite.

C’est-à-dire ?
Le public en a assez. Il a mûri, il est sondé à longueur de journée, observé, scruté. Il regarde de façon de plus en plus critique la manière dont il est pris en charge à l’hôpital ou simplement accueilli.

Depuis vingt ans, on a vu pourtant se succéder des dizaines de plans pour améliorer l’accueil, les urgences…
Mais que voit-on ? Aux urgences, le patient arrive, on ne lui parle pas, on ne le regarde pas, on ne l’informe pas. Il attend des heures, dans des locaux la plupart du temps médiocres. J’étais encore récemment aux urgences de l’hôpital Cochin [à Paris, ndlr]. Le hall est sale, miséreux, j’ai attendu sans explication, sans information. Les urgences, c’est quand même la moitié des entrées de l’AP-HP. En face, le corps médical et le personnel soignant se crispent. Ils ont un mal fou à accepter les critiques.

Pourquoi ?
L’hôpital ne sait plus accueillir les urgences ni les patients âgés, ni les handicapés, ni les précaires. Ce sont pourtant eux qui viennent. Ce constat est général, dans toute la France. Je ne vous parle pas des dépassements d’honoraires, qui, même s’ils sont marginaux, engendrent de la crispation et de l’incompréhension. On a le sentiment que tout est plus compliqué, plus lourd aujourd’hui.

Comment l’expliquez-vous ?
Il y a indéniablement, au départ, un déficit de formation sur la manière d’accueillir et de recevoir les patients. Pour dire les choses simplement, la pratique du soin gentil et bienveillant n’est pas enseignée. Le recueil du consentement non plus. C’est impressionnant combien ces valeurs élémentaires du soin sont ignorées.

Et l’attitude des médecins ?
C’est un corps très diversifié, sans unité. Une des difficultés, pour eux, c’est qu’ils ont subi des successions de réformes, chacune leur pompant de l’énergie, mais aucune n’était focalisée sur les patients. On les sent distants, comme si leur engagement était ailleurs. Il n’y a ni structure ni lieux où les usagers et l’administration peuvent se retrouver et discuter. Et les médecins comme l’administration commettent une erreur essentielle : ils n’utilisent pas les usagers comme un facteur de changement. On reste toujours dans l’hypothèse que le malade est le problème, et non la solution.

Que faire, à part se plaindre ?
Lorsqu’il y a des incidents, cela n’entraîne aucune modification dans les pratiques. Il n’y a pas cette habitude de se corriger. Il n’y a pas de management. Les commissions qui existent sur la qualité des soins ? Les médecins n’y viennent pas.
Mais avec la loi Hôpital patient santé territoire et celle sur les droits des malades, les usagers sont maintenant intégrés dans les lieux de pouvoirs…
La représentation des usagers reste marginale, les demandes du public ne sont pas entendues.

Votre constat est sévère…
Oui, et en même temps, tous les jours, les gens sont soignés, voire sauvés. Un très grand nombre de médecins font très bien leur métier, mais je le redis, le prix à payer est très fort. La révolution que doit faire l’hôpital, autour de l’accueil des patients et sur la bienveillance dans les soins, n’est pas entreprise. On se retranche derrière l’argument d’un manque de personnel, de la difficulté du service.

Et ce n’est pas vrai ?
Ne mélangeons pas tout. Quand je parle de maltraitance vis-à-vis d’un patient, on va me répondre : manque de personnel. Comme si c’était une excuse. Les histoires que vous racontez à propos des urgences sont simplement inhumaines et insupportables. L’hôpital n’assume pas ses difficultés, et n’apprend pas de ses erreurs.

Que faire, alors ?
Si, à chaque fois qu’il y a un dysfonctionnement, on y travaillait ; si on sentait que l’hôpital était ouvert à la critique, alors, beaucoup de choses pourraient changer. Mais je reste inquiet. Pour nous usagers, le rapport de force est aujourd’hui clairement en notre défaveur.