Les SDF ou le tragique de répétition
LE MONDE |
Cet homme est, décidément, un formidable révélateur : à lui tout seul, Louis Gallois pointe du doigt quelques-unes des impuissances et des pusillanimités françaises les plus criantes – et les plus déprimantes.
Ainsi, plus personne ne peut ignorer que l'ancien patron de la SNCF et d'EADS remettra au gouvernement, le 5 novembre, son rapport sur l'érosion de la compétitivité des entreprises nationales. Le remède de cheval qu'il s'apprête à recommander pour soigner ce mal français défraye en effet la chronique depuis une dizaine de jours, plusieurs ministres et jusqu'au chef de l'Etat s'étant chargés de désamorcer, par avance, le choc de ses propositions.
Mais M. Gallois a une autre corde à son arc : président de la Fédération nationale des associations d'accueil et de réinsertion sociales, il sera l'un des acteurs-clefs de la conférence nationale de lutte contre l'exclusion organisée par le gouvernement les 10 et 11 décembre.
A ce titre, il vient de lancer un autre pavé dans la mare. A la veille de l'hiver et alors qu'un sans-abri est mort, de froid autant que de misère, dans une rue de Paris ce week-end, il dresse un diagnostic sévère, dans un entretien à La Croix : "Les besoins vont bien au-delà" des 15 000 places d'hébergement d'urgence et de logement adapté que le gouvernement prévoit de créer en cinq ans. "Il y a en outre un problème budgétaire" : les crédits annoncés pour 2013 étant équivalents aux crédits consommés en 2011, ces nouvelles places d'hébergement "ne sont donc pas financées".