Continuer à opposer le suicide assisté aux soins palliatifs n’est plus tenable, estime la juriste Johanne Saison, qui dénonce les inégalités dans la prise en charge des patients
LE MONDE | | Par Johanne Saison (Juriste, professeur à l'université de Lille)
Tribune. La légalisation du suicide assisté, voire la dépénalisation de l’euthanasie, pourrait constituer avec la gestation pour autrui et l’élargissement du recours à la procréation médicalement assistée la prochaine grande avancée sociétale dans la lignée de l’IVG, de l’abolition de la peine de mort et du mariage pour tous.
Pas moins de trois propositions de loi émanant de la majorité comme de l’opposition et consacrant une telle évolution ont d’ailleurs été déposées dans les quatre derniers mois de l’année 2017 (Assemblée nationale (AN), proposition de loi n° 185, 27 sept. ; AN, n° 288, 17 oct. ; AN, n° 517, 20 déc.).
La fin de vie est aujourd’hui médiatisée (Anne Bert, Le Tout Dernier Eté, Fayard, 2017) et judiciarisée. Après avoir connu les procédures collégiales d’arrêt des traitements de Vincent et de Marwa, le Conseil d’Etat s’est une nouvelle fois prononcé, en urgence, le 5 janvier, sur le cas d’Inès, pour confirmer la décision médicale d’arrêt des traitements en se fondant sur le rapport d’expertise concluant au caractère irréversible des lésions neurologiques de l’enfant et à son état végétatif persistant.