Par Vanessa Schneider et Solenn de Royer Publié le 31 décembre 2020
ENQUÊTE Jean-Michel Macron, Georges Hollande et Pal Sarkozy. Trois hommes liés par le destin d’un enfant élu président. Mais leurs fils s’épanchent peu sur ceux dont ils portent le patronyme. Comme si s’était aussi offert à eux, dans la conquête du pouvoir, un moyen de s’affranchir de la figure du père.
La salle des fêtes de l’Elysée est pleine à craquer. Les trois cents invités attendent Emmanuel Macron, qui s’entretient à l’étage avec François Hollande, pour la passation des pouvoirs, ce 14 mai 2017. L’orchestre de la garde républicaine joue L’Apothéose de Berlioz. Les dignitaires de la République conversent sous les plafonds à caissons du salon. Brigitte Macron, en robe bleue, est entourée de ses deux filles, Tiphaine et Laurence. On ne voit qu’elles, les Auzière, cheveux blonds, silhouettes fines et élégantes, leur joie évidente, et l’excitation de leurs enfants. Il y a aussi leurs conjoints, et leur frère, Sébastien.
Guidé par les huissiers vers le carré de la famille, un ami du jeune président cherche en vain du regard le « côté Macron ». Il finit par apercevoir un homme de taille moyenne, les cheveux dégarnis et coiffés en arrière, avec un nœud papillon. Les bras croisés, celui-ci observe avec un air ronchon et amusé la valse des courtisans qui guettent le nouveau chef de l’Etat. L’invité, qui lui trouve une vague ressemblance avec « Emmanuel », vient se présenter à lui :
– Ça n’arrive pas à tout le monde d’être le père d’un président qu’on installe…
– Non, sans doute, répond Jean-Michel Macron, glacial. Puis, regardant sa montre : « Vous savez si ça dure longtemps ? »