Publié le 13 janvier 2021
SÉRIE De Claire Marin à Michael Foessel ou Eva Illouz, « Le Monde » a publié fin 2020 une série d’entretiens avec des philosophes, des écrivains et des historiens qui pensent les élans et les blessures de la vie, à l’heure de la crise sanitaire et de l’extension des mesures sécuritaires. Nous les avons rassemblés ici.
La crise due au nouveau coronavirus a autant affecté notre santé que notre intimité. La présence de la maladie a aussi bien exacerbé nos failles et nos fragilités que révélé certaines ressources cachées, et forces insoupçonnées. Cette crise a mis en relief une génération de penseurs qui s’attachent à comprendre tant le passé que le présent grâce à l’étude des émotions. Inspirés par les historiens Alain Corbin et Arlette Farge, les anthropologues François Laplantine et David Le Breton, la sociologue Eva Illouz et le philosophe François Jullien, ils ont pris acte du passage de l’histoire des mentalités à celle des sensibilités. Et accentué le tournant émotionnel de la vie intellectuelle.
La philosophie a opéré sa mue et s’intéresse autant aux affects qu’aux concepts. Elle est revenue à des questions existentielles qui furent les siennes dès la Grèce antique, et qu’elle avait parfois délaissées. Renouant également avec Montaigne et Rousseau, qui pensaient à partir de leur propre vie et expérience, « la philosophie s’enracine davantage dans le vécu », avance la philosophe Claire Marin. L’intime et le sensible sont partout. D’où l’envie de rencontrer et de faire découvrir ces penseurs de l’intime au moment où l’histoire universelle affecte chacun au cœur de sa vie personnelle.
Le Monde a réuni ici l’enquête réalisée par Nicolas Truong sur le sujet, ainsi que les entretiens qu’il a menés avec neuf personnalités, parus entre le 21 décembre 2020 et le 1er janvier 2021.