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Articles, témoignages, infos sur la psychiatrie, la psychanalyse, la clinique, etc.

samedi 23 juin 2012


Santé mentale : une rupture de traitement évoquée dans la prise d’otage de Toulouse

lequotidiendumedecin.fr 21/06/2012

À peine trois mois après l’affaire Merah et moins de 500 mètres de l’appartement où il s’était retranché, Toulouse est de nouveau sous les feux de l’actualité. Cette fois, c’est un jeune de 26 ans qui a retenu en otage quatre employés d’une agence de la banque CIC. Après sept heures de prise d’otages, l’assaut donné par le Groupe d’intervention de la police nationale (GIGN) a permis de libérer tous les otages et de maîtriser le forcené. Blessé à la main gauche et à la cuisse droite, l’homme a été hospitalisé mais ces jours ne sont pas en danger. Selon le procureur, le forcené a prétendu agir au nom d’Al-Qaïda mais « c’étaient des revendications religieuses mal définies et mal exprimées » avant d’ajouter : « On a affaire à quelqu’un qui souffre de troubles psychiques importants », à la conduite « tout sauf rationnelle. »
Selon des sources proches du dossier, le jeune homme serait suivi pour un trouble psychiatrique et était en rupture de soins depuis plusieurs mois.
› Dr L. A.

Le travail de nuit des femmes aggrave le risque de cancer du sein

Le Monde.fr | 
Le risque de cancer du sein est fortement augmenté chez les femmes ayant travaillé de nuit, selon une étude menée par des chercheurs de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale (Inserm) et publiée lundi 18 juin sur le site de la revue International Journal of Cancer. Cette étude confirme d'autres résultats qui ont conduit en 2010 le Centre international de recherche contre le cancer à classer le travail de nuit comme "probablement cancérigène".
Florence Menegaux (Inserm-Université de Paris-Sud) et ses collègues ont monté l'étude Cecile (pour Cancer du sein en Côte-d'Or et Ille-et-Vilaine et environnement) qui, menée en France entre 2005 et 2008, a pris en compte le parcours professionnel de plus de 2 500 femmes : 1 232 ayant présenté un cancer du sein et 1 317 indemnes, qui servaient de groupe témoin. Parmi les femmes ayant un cancer du sein, 13% avaient, à un moment ou un autre de leur vie, travaillé de nuit, contre 11% dans le groupe de contrôle. La probabilité de développer un cancer du sein était ainsi accrue de 35% chez les femmes ayant travaillé de nuit et de 40% chez celles l'ayant fait pendant au moins quatre ans et demi.
Le mécanisme sous-jacent à cet effet cancérigène impliquerait une perturbation du rythme circadien, résultant de l'alternance du jour et de la nuit, et des cycles de veille et de sommeil. Bon nombre de fonctions biologiques et notamment de sécrétions hormonales fluctuent en fonction du rythme circadien. Leur perturbation chez les personnes travaillant de nuit ou avec des horaires décalés jouerait un rôle dans le développement de cancers, dont celui du sein chez la femme.
UNE FEMME SUR MILLE TOUCHÉE DANS LES PAYS DÉVELOPPÉS
Serait notamment impliquée une hormone possédant des effets protecteur vis-à-vis du cancer, la mélatonine, qui connaît un pic de sécrétion nocturne. Le fait d'être exposé à la lumière artificielle au cours de la nuit fait disparaître ce pic. Les troubles du sommeil sont également associés à une diminution des capacités de défense immunitaire. Enfin, l'altération de l'expression des gènes de notre horloge biologique favoriserait la prolifération cellulaire.
L'étude fait également apparaître que les femmes ayant travaillé de nuit plus de quatre années avant de mener leur première grossesse à son terme présentent un risque d'avoir un cancer du sein quasiment doublée (95% d'augmentation). Ce qui pourrait s'expliquer par le fait qu'avant d'avoir leur premier enfant, les femmes ont des glandes mammaires qui ne sont pas complètement différenciées et qui pourraient être plus sensibles aux effets d'une perturbation du rythme circadien.
Le cancer du sein est la première cause de mortalité par tumeur maligne chez les femmes. Chaque année, une femme sur mille est touchée dans les pays développés et 1,3 million de nouveaux cas sont détectés dans le monde. Le travail de nuit concerne 3,5 millions de personnes en France.

Les Livres de Philosophie

Madame de Murat et la «défense des dames». Un discours au féminin à la fin du règne de Louis XIV

Geneviève Clermidy-Patard
Juin 2012
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Le narcissisme
Le narcissisme par Denis

ISBN : 2130588182 
Éditeur : Presses Universitaires de France (2012)
A
« S’aimer soi-même est le début d’une passion qui dure toute la vie » écrivait Oscar Wilde.
Parce qu’il touche au rapport – pas toujours aisé – à soi-même, à « l’amour propre », le narcissisme est une notion centrale pour com-prendre les troubles ordinaires comme les pathologies plus sévères, mais aussi l’organisation même de la vie amoureuse et de la sexualité. Concept clé de la théorie psychanalytique, on le retrouve au cœur de la construction de la personnalité, du caractère et de l’identité. Il a fini par quitter le seul domaine de la psychanalyse pour être appliqué au champ social : les conséquences individuelles des changements de la société d’aujourd’hui nous rendraient-ils tous narcissiques ?
Cet ouvrage nous invite à l’exploration d’un espace qui va de la blessure narcissique à la rage ou à la dépression qu’elle déclenche, en passant par la pernicieuse perversion narcissique, et nous tend subrepticement un miroir.







Les Livres de Psychanalyse

Lacan, psychanalyste. Témoignages

Revue du Champ Lacanien n°11




Mai 2012 

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Les Livres de Psychanalyse

Freud et l'humour juif

Michel Steiner


Juin 2012 - In Press 

En 1905, lorsqu'il publie Le Mot d'esprit et ses rapports avec l'inconscient, Freud n'est pas loin d'écrire un recueil de blagues juives. Histoires de marieurs, histoires de schnorrers (tapeurs), histoires subversives... Freud y analyse avec une évidente délectation une vingtaine d'histoires juives. 
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vendredi 22 juin 2012

Pour les daltoniens, la mer n'est pas bleue, elle est belle

Le Monde.fr | 




Les troubles de la vision des couleurs affectent, dans les pays industrialisés, environ 8 % des hommes et 0,4 % des femmes, soit deux millions de personnes en France.
Les troubles de la vision des couleurs affectent, dans les pays industrialisés, environ 8 % des hommes et 0,4 % des femmes, soit deux millions de personnes en France. | AFP/MOHD RASFAN

Les anecdotes se ressemblent souvent : le sentiment d'incompréhension quand, à l'école, l'instituteur rend, l'air dépité, un dessin d'arbre dont les feuilles ont été coloriées en rouge ; le regard amusé d'un vendeur lorsque, dans un magasin, on essaie une chemise verte avec une cravate violette ; ou alors ces questions si agaçantes ("Mais alors, ces fleurs, tu les vois de quelle couleur ?""Et mon pantalon ?""Et pour regarder un tableau, tu fais comment ?"), qui donnent parfois le sentiment d'être un rat de laboratoire. "Mes parents m'ont apporté une réponse toute simple à ces questions incessantes, raconte Pierre Bouvier-Muller. Je réponds : 'Je le vois bleu avec des petits cœurs jaunes !' On ne m'embête plus avec ça."
Le daltonisme est un trouble de la vision des couleurs, une dyschromatopsie d'origine génétique, qui touche essentiellement les hommes (entre 8 et 10 % des hommes sont atteints dans les pays occidentaux). Les cas chez les femmes sont très rares, seules 0,4 % sont concernées. On réduit souvent le daltonisme à une confusion entre les couleurs rouges et vertes, mais il existe autant de types de daltonismes que de daltoniens, à des degrés très divers. Répondant à un appel à témoignages lancé sur Le Monde.fr, de nombreux internautes ont rendu compte de la diversité des daltonismes.
SE TOURNER EN DÉRISION
Pas vraiment un handicap, le daltonisme est néanmoins une singularité qui peut avoir une incidence sur la vie quotidienne et professionnelle."Cette vision altérée joue des tours, plus qu'elle ne handicape", explique un daltonien. Laurent Foucher, informaticien parisien de 42 ans, explique ainsi s'être fait sermonner par un médecin pour avoir consulté trop tardivement après deux hématomes qu'il n'avait pas vus sur sa jambe après une chute. "Récemment, en pleine préparation du dîner, j'ai cru que l'on cuisinait une mousse au chocolat alors qu'il s'agissait d'épinards", explique Samuel Raveneau, animateur socio-culturel à Lyon. "Etre daltonien me permet avant tout de me tourner en dérision", souligne-t-il.
D'autres ont renoncé à s'habiller seuls, n'investissent que dans des vêtements de couleur sombre, et s'en réfèrent entièrement à leur conjoint pour l'aménagement de leur domicile. De nombreux daltoniens font cependant carrière dans des professions qui utilisent les couleurs, dans l'électronique, le graphisme, la photographie, ou la peinture en bâtiment. Christophe Charlet, enseignant en topographie, dit avoir"appris les couleurs des signes conventionnels des piquets de topographie". "J'aborde les couleurs avec les élèves de telle façon qu'ils soient les premiers à dire la couleur. Quand je me trompe, j'arrive à noyer le poisson en souriant." 
Dans l'électronique, les daltoniens font appel à leur bon sens et à l'aide d'un collègue. Un système d'étiquetage permet souvent d'éviter de nombreuses confusions. L'informatique facilite également la vie des daltoniens : "Avec l'aide de la palette de couleurs de Photoshop, j'ai appris quelles plages de couleurs j'étais incapable de discerner",explique Louis Kovalevsky. Mais les programmes informatiques et sites Internet ne sont pas tous conçus pour répondre aux spécificités des daltoniens. Carl Dupont, Parisien de 45 ans, regrette "l'absence de prise en compte de ce problème sur le Net, notamment pour signaler des liens hypertexte".
UNE OUVERTURE
Parce qu'il touche à notre perception du monde extérieur, le daltonisme intrigue. Que voit-on avec des yeux extérieurs ? Peut-on croire ce que nous offre notre vision ? Jean-Pierre Debraine, 58 ans, dont la vision se rapproche du noir et blanc, explique avoir vu récemment le film The Artist, de Michel Hazanavicius et ne pas s'être rendu compte que le film était en noir et blanc, lui qui est habitué à distinguer les nuances de gris et a reconnu toutes les "couleurs" des costumes portés par les acteurs ! Beaucoup de daltoniens sont fiers de leur singularité, qui renforce leur perception sensorielle et inspire leur imagination. "Le daltonisme, ce n'est pas que la confusion des couleurs. C'est aussi une sensibilité à ce que des yeux normaux ne voient pas toujours", vante Stéphane S.
Eric Gonzalez, commerçant orléanais de 53 ans, explique : "Quand un œil sans altération voit une peinture, il ne se pose aucune question. Le daltonien, lui, est obligé d'analyser les volumes, les profondeurs, les tonalités de couleurs, c'est-à-dire les ombres et les lumières, les champs et les contre-champs. Nous, on ne se laisse pas avoir par toute la symbolique des couleurs : bleu comme la mer, jaune comme le soleil, vert comme l'herbe ! Pour nous, c'est beau comme la mer, chaud comme le soleil, doux comme l'herbe !" Mikael Albert, Nantais de 30 ans, renchérit : "J'aime être daltonien, cela me différencie sans être trop handicapant." Pour Sébastien El Beze, conseiller principal d'éducation à Paris, ce "mini-handicap est une ouverture, une aide philosophique qui permet de réfléchir au lien entre perception et réalité. Je ne souhaiterais pas qu'on m'ôte cette particularité qui me rappelle au quotidien mon lien à la nature."


La naissance de l'hystérie


22.06.2012 - 10:00

Emission Les Nouveaux chemins de la connaissance
du lundi au vendredi de 10h à 11
Comment fut inventée l'hystérie???? 
Pourquoi l’hystérie ? Pourquoi observer les hystériques ? Pourquoi les photographier ? C’est une étrange idée en effet que de vouloir tout voir et consigner ainsi la grammaire des passions humaines ? Il est possible que cette idée ait germé dans la tête des littérateurs avant de se concrétiser dans la neurologie. Elle a sans doute pris forme aux alentours des années 1830 et s’est confirmée après 1850. [...]



jeudi 21 juin 2012

Les actes de la XVème Journée Nationale de l’Hospitalisation A Domicile
Le 8 décembre 2011, s’est tenue, la XVème édition de la Journée Nationale de l’Hospitalisation A Domicile, réunissant plus de 400 personnes appartenant au monde de la santé, gestionnaires d’établissements, membres des administrations ou des organismes payeurs, professionnels de santé libéraux ou hospitaliers, autour du thème de « l’éthique au cœur des pratiques » et d’Emmanuel HIRSCH, grand témoin de cette matinée.
La FNEHAD vient de publier les actes de cette manifestation qui transcrivent les riches échanges pluri-professionnels de cette journée, tenus au cours des trois tables rondes qui ont permis d’apporter des éléments de réponse à ces questions fondamentales : Comment concilier les exigences de l’hospitalisation à domicile et le respect des choix du patient ? Comment préserver l’équilibre familial dans un projet de soins complexe qui sollicite tant les aidants ? Comment concilier viabilité économique des établissements et progression du coût des prises en charge ?
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Réseau infirmier, un nouveau réseau social professionnel



mercredi 20 juin 2012

« Gériatre, un métier d’avenir ! »


Il a la voix douce, presque chuchotante, des gestes calmes et une drôle de manière de retrousser son nez en appuyant son index dessus lorsqu'il réfléchit. Alfred Nabalma, 58 ans, est le gériatre de l'hôpital d'Avallon. Il est arrivé en France à la fin des années 90, après des études de médecine au Niger et quelques années d'activité professionnelle dans son pays natal, le Burkina.
Au début, il exerçait en radiologie. L'hôpital d'Avallon avait alors une maternité, un bloc de chirurgie, un service de réanimation et même un département pédiatrie. Un à un, ces services ont fermé. Pas assez rentables, mal adaptés, désertés. Comme le confiait l'ancien préfet de ville, Mourad Chenaf, "les gens d'ici disent tous qu'il faut absolument préserver un hôpital à Avallon mais 65 % de ceux qui vivent sur le bassin vont se faire soigner ailleurs".
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La leçon de vie des autistes sur les planches

LE MONDE | 

Les Amants de Séville, opéra-bouffe écrit par le psychiatre Gilles Roland-Manuel et mis en scène par Tristan Petitgirard.
Les Amants de Séville, opéra-bouffe écrit par le psychiatre Gilles Roland-Manuel et mis en scène par Tristan Petitgirard. | D.R.

Un peu avant le filage du spectacle, elle avait prévenu : "Pour moi, le chant c'est... ça me fait revivre !" Avec son grand regard vert et décidé, Patricia, une jeune femme autiste de 31 ans, se prêtait à l'exercice de l'interview avec vivacité mais cherchait ses mots. En la voyant sur scène incarner Chérubin et entonner, en italien, un air célèbre du Mariage de Figaro, de Mozart, tout est devenu limpide. Soutenue dans le chant par Bénédicte, son éducatrice, Patricia est allée chercher des notes très hautes, sans casser sa voix, ouvrant ses bras vers la comédienne Lori Armenia, à qui elle donnait la réplique, et aussi vers le public. C'était un beau solo de chant lyrique, puissant.
Cette force, on la retrouve tout au long des Amants de Séville, l'opéra-bouffe présenté cette semaine au Théâtre Monfort, à Paris, à l'occasion du Festival du futur composé, parrainé par les chanteurs Natalie Dessay et Laurent Naouri, avec la journaliste Anne-Sophie Lapix. Imaginé par le psychiatre Gilles Roland-Manuel et mis en scène par Tristan Petitgirard, ce spectacle a la particularité de réunir sur scène de jeunes handicapés mentaux et des chanteurs, comédiens, musiciens et danseurs non handicapés comme Benjamin Penamaria ou Anas Seguin. Une distribution mixte, pour un opéra créé "sur mesure" par un psychiatre passionné de chant lyrique et animé par l'envie de valoriser les qualités artistiques de ses patients.
"En écrivant le livret de ce spectacle, j'ai voulu faire se rencontrer le Don Juan de Mozart et Carmen, de Bizet : deux héros sévillans. J'ai aussi ajouté le personnage de Chérubin et des airs du Mariage de Figaro, qui est également sévillan !", explique Gilles Roland-Manuel. A la fois imaginatif et cohérent, cet opéra iconoclaste baigne également dans l'atmosphère du flamenco et même de la tauromachie. "J'avais envie de composer quelque chose pour ces jeunes, que je vois tous les jours dans des circonstances trèsdifférentes. Ni eux ni moi ne sommes formatés pour nous lancer dans un projet pareil. Mais l'idée est justement de se dire qu'à titre exceptionnel nous allons faire quelque chose d'impossible. Car il y a chez ces jeunes des énergies, des possibilités parfois gigantesques, qui ne sont pas toujours les mêmes que celles de la plupart des gens", poursuit ce psychiatre charismatique de 65 ans, connu aussi pour avoir créé avec Dris El- Kesri et ses patients autistes d'Antony le journal Le Papotin.

Répétition des "Amants de Séville"

Si l'objectif des Amants de Séville est d'abord de présenter un spectacle "à la hauteur" des attentes du public d'un théâtre réputé, il s'agit aussi de promouvoir l'implication de jeunes gens souffrant de troubles autistiques ou apparentés dans des pratiques culturelles exigeantes. "Ce n'est pas une fête de fin d'année", avertit Christophe, l'un des éducateurs participant au spectacle et veillant à accompagner l'effort des jeunes autistes : "On les aide pour les placements, pour le chant... Mais leschoses peuvent aussi se passer dans l'autre sens. Parfois, ils nous soufflent le texte, car certains d'entre eux ont une bien meilleure mémoire que la nôtre."
Membre de la chorale d'Al, rassemblant des chanteurs autistes, Patricia rappelle avoir "épaté" Catherine Boni, sa professeure de chant, en apprenant vingt opéras en seulement deux ans. Comme Nathanaël, lui aussi autiste, et comédien professionnel au Théâtre du Cristal, elle espère que cet opéra sera un tremplin pour d'autres propositions. "On ne joue pas pour nous-mêmes, on joue pour le public", dit le jeune homme, qui incarne brillamment Leporello (le valet de Don Juan).
Soucieux de trouver les mots justes, il ajoute avec douceur et conviction : "On est habités par ce spectacle, par le flamenco... Et je pense que, lorsqu'on est sincères avec nous-mêmes, l'émotion passe mieux !" Confiant justement avoir reçu "la plus grande claque émotionnelle et humaine" de sa vie, le metteur en scène, Tristan Petitgirard, reste admiratif face à la capacité de dépassement de soi des jeunes autistes avec lesquels il répète depuis près d'un an.
Pour lui, c'est comme si la musique passait à travers leur pathologie, jusqu'à les transcender. "L'une des caractéristiques des autistes est d'être renfermés sur eux. D'une certaine manière, ce spectacle parvient à montrer le contraire", dit-il, avant de balayer une autre idée reçue : "Souvent, dans les spectacles joués par des handicapés, on a envie d'une sorte de légèreté absolue, parfois niaise. Ce n'est pas le cas dans cet opéra. Car en fait ils sont comme nous, ils aiment toucher à des sujets profonds, des personnages complexes."
Sans chercher à dissimuler leurs troubles, Patricia, Nathanaël et les nombreux autres interprètes des Amants de Séville, quittent ainsi leurs oripeaux de handicapés (parfois très lourds) pour incarner d'autres personnages, le temps d'un opéra, captivant et stimulant. "Il ne faut pas oublier que, dans le domaine de l'autisme, on améliore, on participe à des progrès, mais on n'a jamais guéri personne. C'est quand même dur", conclut le psychiatre Gilles Roland-Manuel avec lucidité.
Les Amants de Séville, dans le cadre du Festival du futur composé, au Théâtre Monfort, 106, rue Brancion, Paris 15e. Jusqu'au 24 juin, à 20 h 30 (le dimanche à 16 heures), réservations Fnac, 25 € tarif plein/16 € tarif réduit. Durée : 2 heures environ avec entracte.

RTC
TELE LIEGE

Liège: un service mobile de soins psychiatriques à domicile

Le Centre hospitalier régional La Citadelle et ISoSL, l'Intercommunale de soins spécialisés de Liège, lancent un nouveau service dans le secteur de la santé mentale: l'ETAC, Equipe de traitement ambulatoire de crise.
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Et si l’on créait un vrai congé de paternité?

18 juin 2012 
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Comment réinventer la solidarité

LE MONDE | 

De la dynamique qui l'avait porté au pouvoir en 2007 à l'entre-deux-tours de la présidentielle, le discours politique de Nicolas Sarkozy aura été marqué par la stigmatisation des assistés. Ceux-ci n'ont cessé d'être désignés comme boucs émissaires de toutes les colères et de toutes les frustrations prêtées aux travailleurs modestes qui n'arrivent plus à s'en sortir, mais sans pour autant bénéficier de l'aide de l'Etat.
Nicolas Sarkozy s'est fait le héraut du ressentiment des couches populaires envers des assistés qui se trouvent juste au-dessous d'eux dans l'espace social. Sans retenue ni ménagement, il a entretenu, exploité, élargi une faille qui existe bel et bien, au sein même des catégories les plus modestes, entre ceux qui émargent dans les systèmes publics d'assistance et ceux qui vivent d'emplois précaires.
De ce point de vue, sa présidence a entériné la fin du consensus républicain autour de l'assistance. La réforme portant création du revenu de solidarité active (RSA), votée le 1er décembre 2008, de manière symbolique vingt ans jour pour jour après la création du revenu minimum d'insertion (RMI), avait pour fonction de tourner officiellement la page. Malgré celle-ci, la promesse de faire reculer la pauvreté d'un tiers en cinq ans n'a pas été tenue.
Au contraire, avec 8,2 millions de pauvres (13,5 % de la population en 2009), chiffre en augmentation et dont l'évolution future risque d'être encore plus dramatique du fait de l'augmentation continue du chômage et de la précarité, la question sociale s'inscrit au premier plan des enjeux qui attendent le nouveau pouvoir.
En matière sociale, Nicolas Sarkozy laisse un héritage à la fois politique et institutionnel que le président nouvellement élu, François Hollande, devra profondément amender s'il veut mettre en oeuvre la politique de justice sociale, centrée notamment sur la jeunesse, qu'il a mise au coeur de son ambition pour la France. Pour le comprendre, il faut d'abord rappeler dans quelle dynamique sociale et politique les réformes sociales de Nicolas Sarkozy se sont inscrites avant d'en mesurer les effets et d'en déduire les défis du quinquennat qui s'ouvre.
Depuis trois décennies maintenant, la situation du modèle français est marquée par la déconnexion profonde entre deux piliers de la protection sociale. Il y a d'un côté l'assurance, celle des travailleurs, reposant sur les cotisations et les institutions de sécurité sociale, et de l'autre l'assistance, celle des pauvres, financée par l'impôt et placée sous conditions de ressources. L'indemnisation des grands risques sociaux définis après-guerre d'un côté, les prestations compensatoires de "solidarité" qui n'ont cessé de s'étendre depuis la création du revenu minimum d'insertion (RMI) en 1988 de l'autre.
Les résultats du RSA, trois ans après sa création en 2009, ne sont pas à la hauteur des espérances. Ce dispositif a-t-il cependant permis de mettre en fin à la stigmatisation de l'assistanat ? Rien n'est moins sûr, les diatribes du ministre des affaires européennes Laurent Wauquiez sur le "cancer de la société française" en mai 2011 et la fin de la campagne électorale ont marqué la résurgence d'une tension fondamentale et qui ne disparaîtra pas avec l'arrivée de la gauche au pouvoir. Avant d'invoquer, sans doute trop rapidement, "l'insécurité culturelle" ou "identitaire" dont le vote Front national serait le symptôme, la persistance d'un malaise vis-à-vis de l'assistance au sein même des couches sociales qui en sont les plus proches doit nous conduire à identifier les défis du prochain quinquennat en matière sociale.
Tout le défi pour le gouvernement est en effet de réconcilier lutte contre la pauvreté et lutte contre la précarité. Comment apporter du soutien à ceux qui sont privés d'emploi sans susciter le ressentiment des travailleurs précaires ? Comment recréer de la solidarité sans accroître les brèches qui ont été ouvertes et sciemment élargies entre pauvres et moins pauvres ?
Ces défis obligent la gauche à un aggiornamento profond par rapport à des politiques (RMI, couverture-maladie universelle, etc.) qui constituent une grande partie de son héritage en matière sociale lors des périodes où elle a exercé le pouvoir. Sans renier ces aides, il faut les réinscrire dans une ambition plus globale de solidarité, qui ne se limite plus à l'assistance, qui est à la fois insuffisante pour ceux qui la reçoivent et insupportable pour ceux qui en sont privés pour quelques euros de trop. La lutte contre la pauvreté passe d'abord par la fin des discriminations dues à l'âge en vigueur actuellement. En France, aujourd'hui, les 18-25 ans sont les plus touchés par la pauvreté.
Frappés par le chômage dans des proportions près de deux fois supérieures à celles des autres catégories d'âge, dépourvus de toute aide de grande ampleur, les jeunes sont les grandes victimes d'une protection sociale qui distribue d'abord la richesse vers ceux qui ont acquis les positions les plus solides et vers les générations qui ont bénéficié d'une présence stable sur le marché du travail. Pis, avec le quotient familial, ces jeunes sont considérés comme devant être protégés par le biais de leur famille.
Or les inégalités entre celles-ci sont très fortes. La famille comme instrument de solidarité pour les moins de 25 ans constitue une injustice notoire. Il faut, pour pallier l'inéquité dans la redistribution occasionnée par le quotient familial, le réformer et ouvrir le RSA à la majorité civile (18 ans) sans créer de dispositif spécifique qui étiquetterait négativement les jeunes. La pauvreté qui sévit dans cette catégorie de la population l'exige. Le principe de la lutte contre les discriminations l'impose.
Plus largement, la "défamilialisation" de la protection sociale, avec la création d'un service public de la petite enfance, reste un des enjeux cruciaux pour réconcilier activité (des femmes notamment) et solidarité dans des conditions qui n'identifient pas la reprise d'emploi à une punition pour des allocataires soupçonnés de paresse. A côté de cette première démarche d'extension du RSA aux jeunes sans travail et sans protection, une autre réforme doit être menée : il s'agit de substituer la fiscalité à l'assistance pour lutter contre les bas salaires.
Comme Dominique Méda et ses collègues l'ont expliqué (Le Monde du 21 avril), le non-recours aux dispositifs d'assistance parmi les travailleurs modestes (mesuré par le taux de non-recours de plus de 60 % au RSA) incite à la plus grande prudence vis-à-vis d'une extension du RSA. C'est par la fiscalité, en s'adressant au citoyen, qu'il sera possible de pallier la déstabilisation croissante des strates inférieures du marché du travail.
Enfin, les débats sur l'élargissement de l'indemnisation du chômage et la flexisécurité doivent être repris pour réinscrire la protection sociale dans une dynamique d'universalisation et d'adaptation au nouveau cours économique. Les années 1990 et 2000 ont été marquées par des réflexions intenses sur la manière de réarticuler la protection sociale, conçue pour protéger l'emploi industriel d'un salarié masculin, avec les enjeux de la tertiarisation, de la flexibilité croissante des parcours d'emploi et avec l'éclatement des formes familiales du fait de l'augmentation du nombre de séparations. La protection sociale française doit se réorienter pour s'adapter à la nouvelle conjoncture économique. Elle doit se tourner vers la personne et moins sur le statut d'emploi.
Elle doit tendre vers une plus grande égalité dans l'attribution des ressources. Cela vaut pour l'éducation, où les inégalités territoriales restent massives, cela vaut pour la formation continue, qui doit être mise au service de la mobilité sociale des moins qualifiés et non de l'excellence d'une mince couche de travailleurs hyperproductifs. Les défis sont immenses et ils traversent toutes les "questions", de genre, de ségrégation territoriale, de discrimination ethnique, de génération, qui ont émergé ces dernières années. La pauvreté est plus forte chez les femmes, plus concentrée dans les quartiers défavorisés, et elle frappe plus les étrangers.
Elle est plus prégnante chez les jeunes et les actifs, mais elle remonte chez les personnes âgées. Elle est toujours plus sévère chez les moins qualifiés. Elle doit donc être au coeur de tous les pans de l'action publique et non réduite à une maigre assistance qui permet à peine d'assurer la survie de ceux qui la reçoivent. La lutte contre ce phénomène doit s'inscrire dans la réflexion sur la réforme de chaque pilier de la protection sociale.
Si une partie de la population doit être aidée, soutenue, l'assistance ne peut et ne doit plus être utilisée pour pallier les failles et les inégalités croissantes de notre système de protection sociale. La solidarité est nécessaire. Elle sera d'autant plus légitime qu'elle ne sera utilisée que dans les situations de grande pauvreté, en laissant aux protections universelles contre les risques sociaux le soin de prévenir l'entrée dans une citoyenneté sociale plus faible et moins légitime, avec tous les effets corrosifs, individuels et collectifs, que cette "chute" entraîne.
A l'aube d'un nouveau quinquennat marqué, espérons-le, par une lutte déterminée contre la précarité et la pauvreté et, à tout le moins, par la fin de la stigmatisation des assistés à qui des devoirs croissants n'ont cessé d'être imposés, il ne semble pas inutile de rappeler que c'est d'abord par des protections générales qu'une société lutte le plus efficacement contre ces fléaux, dont rien n'assure qu'ils soient des reliquats du passé ou des effets temporaires de la crise.
Sociologue, maître de conférences à l'université Paris-Descartes, membre du Cerlis, le Centre de recherche sur les liens sociaux (Paris-Descartes / CNRS). Il est l'auteur du "Nouvel âge de la solidarité. Pauvreté, précarité et politiques publiques" (Seuil, 104 p., 11,80 €) et de "L'Autonomie des assistés" (PUF, 2009). Il est également rédacteur en chef de la Vie des idées.fr et a été membre du Comité national d'évaluation du revenu de solidarité active de 2009 à 2011.

L'échec du revenu de solidarité active
L'histoire du revenu minimum d'insertion (RMI), devenu l'emblème de "l'assistanat", est en soi significative. Créé par Michel Rocard en 1988 pour pallier les situations de détresse sociale nées du chômage de masse, le RMI s'est transformé en instrument d'indemnisation de ce même chômage au gré des réformes de l'Unedic. Le RMI n'a en effet cessé de voir ses effectifs croître, non parce qu'il entretiendrait la mauvaise volonté des personnes mais parce qu'il a compensé le détricotage de la protection contre le risque chômage.
Ce rôle de plus en plus large rempli par le RMI est cependant devenu de plus en plus insupportable à mesure que le développement des emplois précaires, à temps partiel, faiblement rémunérés, est venu rapprocher objectivement les revenus d'un salarié modeste (une femme non qualifiée ayant un emploi à mi-temps payé au smic) de ceux d'un allocataire de l'assistance.
Ainsi, depuis la fin des années 1990, la préoccupation centrale a été de renforcer les"devoirs" mis en face des "droits" et de lutter contre la désincitation à la reprise d'un emploi que l'assistance est supposée créer. Cette situation de clivage croissant entre salariés modestes et assistés, populations proches par ce qu'elles vivent mais éloignées par la manière dont elles se représentent du fait qu'elles sont placées de part et d'autre des seuils de l'ouverture des droits à l'assistance, a fait l'objet de toutes les attentions.
Nicolas Sarkozy a été élu, entre autres, en affirmant qu'il fallait rendre le travail payant par rapport à l'assistanat. Créé dans le cadre de l'ouverture à des personnalités de gauche, le revenu de solidarité active (RSA) devait, entre autres, réparer cette injustice faite aux travailleurs modestes. Le RMI a été fusionné avec la prestation d'assistance pour les familles monoparentales et s'est vu adjoindre un nouveau dispositif de complément de revenu pour les travailleurs, leur permettant de cumuler jusqu'à 62 % des revenus issus du travail avec ceux de l'assistance.
Du point de vue de la lutte contre la pauvreté, la dynamique d'insertion par le travail que le RSA devait entraîner a été battue en brèche par la crise. Le RSA a aussi connu des évolutions différenciées en fonction de ses deux composantes. Le RSA socle, c'est-à-dire l'ensemble des anciennes prestations RMI et allocation parent isolé, a vu leurs effectifs croître, passant de 1,3 million d'allocataires en juin 2009 à environ 1,6 million fin 2011. Le rôle de l'assistance a été renforcé par la crise. Le nouveau dispositif, le RSA complément d'activité, voit quant à lui ses effectifs plafonner autour de 465 000 allocataires (fin 2011), alors que plus d'1,5 million de personnes y sont éligibles.
Désolant paradoxe : en ouvrant l'assistance aux travailleurs modestes, le RSA a fait apparaître en pleine lumière que la fraude souvent dénoncée avait pour envers un non-recours massif aux prestations sociales.
Plus des deux tiers des personnes préfèrent se tenir à l'écart des prestations qui leur sont destinées. Un manque à distribuer important en résulte pour l'Etat ! Seuls 70 000 foyers (150 000 individus) sont sortis de la zone des bas revenus grâce au RSA. Rien n'a changé pour les autres. Etant donné l'augmentation des dépenses contraintes, cela signifie qu'ils ont continué à s'appauvrir. Le RSA n'a pas seulement échoué en raison de son contexte d'application, il a également échoué parce que son principe directeur (les individus choisissent de ne pas travailler parce qu'ils n'y ont pas d'intérêt financier) est, à quelques exceptions près, sans fondement dans la réalité.


Nicolas Duvoux